yann gourhant a écrit:D'abord, il faudrait redéfinir les acteurs. Il y a:
1 – Ceux qui produisent: les auteurs et les éditeurs.
Je ne mettrais pas les deux sur le même plan. Ce n'est pas la même approche de la production, ni le même travail. Les éditeurs ne sont pas des créatifs. Ils sont plus proches des libraires, des organisateurs de festivals, etc. Je dirais: catégorie 1, ceux qui créent, les auteurs. Point barre.
2 – Ceux qui diffusent: les libraires, les médias (et les musées).
Catégorie que je requalifierais en "métiers du livre" pour y inclure les éditeurs (à distinguer de "métier d'auteur", surtout que les auteurs publiés n'en vivent pas forcément).
3 – Ceux qui lisent: ben, les lecteurs, quoi.
Oui mais il y a lecteur et lecteur, avec une grosse différence entre:
- la fille qui squatte le milieu pendant des années avant de passer du statut de lectrice au statut d'"auteure", le piston aidant;
< FACTEUR DE CRISE: COPINAGE- un collectionneur chevronné qui ne lit jamais les albums;
- un chasseur de dédicaces;
- un critique universitaire;
- un lecteur lambda comme moi, qui ne s'intéresse qu'aux albums, qui n'a rien à voir avec ce monde-là et qui fuit les festivals BD comme la peste noire.
En reprenant la même règle du jeu, on obtient:
1 – Les producteurs "transgressent" les notions de pagination, de série, de genre, de rythme narratif…
Je ne dirais pas les "producteurs", je dirais: certains auteurs courageux... Et encore, toute prétendue "originalité" n'est pas forcément bonne. Là non plus il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac.
2 – Les lecteurs rejettent globalement ces originalités (on l'a vu ici, à plusieurs reprises).
Pas convaincu. Que certains des ouvrages en question, ceux qui méritent mieux, souffrent d'une mauvaise promo, je l'admets.
< FACTEUR DE CRISE: CEUX QUI BENEFICIENT D'UNE BONNE PUBLICITE NE SONT PAS FORCEMENT CEUX QUI LE MERITENT3 – Les médias et les libraires saluent généralement ces propositions, ce qui amène à une évolution progressive du fond et de la forme.
La prétendue "indépendance" des libraires reste à démontrer: ils sont partie prenante dans les festivals BD, ils connaissent des auteurs, des éditeurs, des journalistes, tout ce petit monde s'arrange sous la table.
En fait les médias saluent leurs potes, pour que le public croit que c'est à ces auteurs-là qu'on doit certaines "innovations" qui, en fait, ont été piquées ailleurs.
< FACTEUR DE CRISE: PLAGIATla bande dessinée est un milieu qui tourne majoritairement en vase clos
Oui, avec des gens qui ont l'air très contents de "rester entre eux". C'est le problème des milieux sociaux en France, et probablement dans d'autres pays aussi. J'emploie à dessein le mot "problème" puisque cette tendance induit des injustices sur le plan professionnel ou éditorial. Il existerait une solution à ce problème: remplacer la pseudo-méthode de cooptation, qui est la norme actuelle, par une vraie méthode de compétence.
Concrètement:
- que les éditeurs définissent clairement leur ligne éditoriale (si eux-mêmes ne sont pas foutus de dire ce qu'ils veulent, ils peuvent aller se faire voir);
- que les éditeurs disent publiquement qu'ils ont besoin d'auteurs, et combien de dossiers envoyés par la Poste ils sont prêts à étudier (sinon ça veut dire qu'ils n'ont besoin de rien, alors ne leur envoyez rien: on verra s'ils arrivent à se démerder pour publier des livres sans auteurs);
- qu'on mette effectivement en place, comme déjà proposé, des écoles spécialisées ouvertes à tous.
Je ne le dis pas pour moi, je m'en fous. Je suis ailleurs et je plane. Je le dis pour éviter que certains, désireux de se faire publier, ne soient victimes de quelque manoeuvre...