thyuig a écrit:En parlant de "dignes" et "d'indignes" évoqués plus haut, il m'a fallu un petit quart d'heure pour dénicher à la Fnac le dernier tome de Commando Coloniale, série que je consacre à l'unanimité avec moi-même comme ultra digne. Et là ça me pose un problème, pour moi ces deux auteurs font un quasi sans-faute depuis 10 ans, CCommando Coloniale s'insrit dans un registre mainstream on ne peut plus qualitatif et intelligent : par qualitatif j'entends que le dessin et le scénario sont extrémement soignés, que les dialogues y sont ciselés et par intélligent je dirais que l'environement historique et le choix du traitement (les FFL dans les colonies) sont ici aussi superbement lumineux. Appollo maîtrise son sujet, Brüno itou. ALors où le bât blesse-t-il me direz-vous ? Ben dans le fait que cette série rare l'est aussi sur les gondole ! Le problème de la surproduction vient de mon point de vue complétement de ce fait, ces très bonnes séries qui renouvellent le genre ne vivent pas ou mal sur les étales.
je concède que la Fnac est peut-être pas emblématique, j'y étais pour autre chose, j'en ai profité pour faire ma popotte quoi.
C'était mon petit coup de gueule du moment, mais vous en avez vus beaucoup, vous, des séries comme Commando Coloniale dans le mainstream récent ?
reddef a écrit:On peut être snob ET "gauchiste".
(sinon, t'es de Québec ?)
zourbi le grec a écrit:C'est bien de blâmer les dérives de la société de consommation mais c'est encore mieux d'agir. Dans le monde actuel, nous avons un seul pouvoir, c'est celui de consommer les produits que nous voulons.
Peu importe que la masse consomme de la merde, du moment que les bonnes bd existent et qu'on en a connaissance (grâce à des médias de qualité comme ce forum ). Il faut raisonner par rapport à soi et ignorer la majorité qui n'est qu'une hypothétique entité statistique (c'est vrai, combien connaissez-vous de gens qui consomment exactement comme la moyenne ?) et réaliser que nous sommes nombreux même si nous sommes minoritaires, a vouloir et pouvoir échapper à cette consommation débile et frénétique.
Yes, we can
HubIguane a écrit:suzix@BDP a écrit:Mais le mieux pour moi, afin de limiter les chances de ne rien rater, c'est d'aller à la FNAC chaque semaine car le petit libraire n'a pas tout (comme Cultura d'ailleurs de plus en plus pauvre en BD).
la FNAC va de plus en plus vers le plus rentable !!! donc effectivement si tu as peur de rater une nouveauté qui tire à 50000 exemplaires ou plus, va à la FNAC !
yann gourhant a écrit:Après avoir passé quelques jours à éplucher les commentaires de ce sujet, ça semble difficile d'apporter du neuf, mais je vais quand même essayer.
La bande dessinée est un écosystème très complexe.
...
Le fonctionnement est le suivant: les artistes transgressent les frontières de l'art, le public réagit par le rejet ou l'indifférence, les institutions accréditent et intègrent les propositions des artistes. Ceci amène progressivement le public à accepter la transgression, ce qui provoque de nouvelles transgressions chez les artistes, etc…
On pourrait appliquer quasiment le même schéma pour la bande dessinée alternative.
En reprenant la même règle du jeu, on obtient:
1 – Les producteurs "transgressent" les notions de pagination (la collection 32 de Luc Brunschwig, par exemple), de série, de genre, de rythme narratif…
2 – Les lecteurs rejettent globalement ces originalités (on l'a vu ici, à plusieurs reprises).
3 – Les médias et les libraires saluent généralement ces propositions, ce qui amène à une évolution progressive du fond et de la forme.
yann gourhant a écrit:
Personne n'a mentionné le fait que tous les projets sont signés sur un synopsis! Quelques pages de présentation et hop, c'est dans la boîte!
Q64 a écrit: Et, tu l'as souligné làyann gourhant a écrit:
Personne n'a mentionné le fait que tous les projets sont signés sur un synopsis! Quelques pages de présentation et hop, c'est dans la boîte!
yann gourhant a écrit:1 – Les producteurs "transgressent" les notions de pagination (la collection 32 de Luc Brunschwig, par exemple), de série, de genre, de rythme narratif…
2 – Les lecteurs rejettent globalement ces originalités (on l'a vu ici, à plusieurs reprises).
3 – Les médias et les libraires saluent généralement ces propositions, ce qui amène à une évolution progressive du fond et de la forme.
yann gourhant a écrit:Il faudrait mener des études plus sérieuses, mais on voit quand même que ce schéma permet d'expliquer comment on est passé en quarante ans de la bande dessinée "à papa", à la bande dessinée contemporaine, et pourquoi cette bande dessinée contemporaine rencontre encore des résistances… Donc, il n'y a pas d'inquiétudes à avoir: dans 40 ans les albums contemplatifs de 300 pages couleur à 150€ seront dans la norme!
yann gourhant a écrit:Ceci amène progressivement le public à accepter la transgression, ce qui provoque de nouvelles transgressions chez les artistes, etc…
yann gourhant a écrit:1 – Du côté producteurs, il y a plusieurs choses qui me laissent perplexe. On parlait plus haut des "script doctors". Si c'est une belle idée dans le contexte actuel, il est quand même le symptôme d'une maladie à guérir (ben, ça sert à ça les docteurs, non?). Personne n'a mentionné le fait que tous les projets sont signés sur un synopsis! Quelques pages de présentation et hop, c'est dans la boîte! C'est un peu léger, non? Proposition: présenter des scénarios bouclés, au moins sur un tome. Et probablement plus de trois pages pour le dessin...
yann gourhant a écrit:La deuxième chose que j'ai constaté, c'est que la bande dessinée est un milieu qui tourne majoritairement en vase clos: les auteurs sont autodidactes et font de la BD, parce qu'ils sont avant tout "fans de BD". Les libraires sont également des gens passionnés et "fans de BD". Et les éditeurs sont souvent d'anciens auteurs ou libraires, donc finalement "fans de…"
Comme il y a peu de sang neuf, on obtient fatalement des mariages consanguins, avec les conséquences que l'on connaît… Proposition: lire des romans (et pas que du polar ou de la science-fiction), de la philo, de la psycho, regarder des films muets, visiter des expos d'art conceptuel (même si c'est chiant ). Bref, s'ouvrir à autre chose que le mainstream, pour mieux nourrir le mainstream.
yann gourhant a écrit:Proposition: créer des sections universitaires visant à développer la recherche historique et formelle, l'analyse des œuvres majeurs, des codes, du langage de la bande dessinée (qui existe pour le cinéma, et qui explique peut-être la différence de traitement entre le 7ème et le 9ème Art?)
Croaa a écrit:Q64 a écrit: Et, tu l'as souligné làyann gourhant a écrit:
Personne n'a mentionné le fait que tous les projets sont signés sur un synopsis! Quelques pages de présentation et hop, c'est dans la boîte!
Je pense qu'il n'y a pas vraiement d'alternative.
Q64 a écrit:
Le probléme est que la BD est à la fois un art ET une "industrie" majoritairement aux mains de financiers
La rentabilité, la croissance des bébéfices, les parts de marché ... l'emportent sur la créativité
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