Xavier Guilbert a écrit:Hm, les avis sont partagés sur le sujet de cette crise qui n'en serait pas une
C'est parce qu'on ne précise jamais le champ d'analyse.
"LA CRISE DE LA BD", en soi, ça ne veut rien dire ! C'est comme si toute la "chaîne" de la BD était tellement liée que ce n'était pas une chaîne protéiforme mais une seule et unique barre de métal...
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les auteurs sont en crise parce que la courbe de répartition des ventes est devenue plus pointue et moins haute : les blockbusters vendent moins, mais en plus ils sont moins nombreux. Les débutants, très nombreux, n'arrivent plus à dépasser le niveau de survie (l'espoir de "passer pro" (réellement) s'amenuise d'années en années, sauf à vivre de commandes). Les intermédiaires sont les plus touchés, qui descendent d'un cran et tombent dans la survie (pire qu'avant : soit on fait des succès durables, soit on survit. Pas d'auteurs moyens mais sereins comme dans le temps...).
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les libraires sont en crise parce que tout leur secteur est très concurrencé, par les VPC surtout (et que les loyers augmentent). Les ventes de BD dans leur ensemble augmentent ou stagnent encore un peu, et c'est un très grand marché, mais les ventes les plus importantes (là où la courbe ci-dessus est pointue) passent de moins en moins par eux, et la gestion au quotidien est une vrai cauchemar non rentable.
- les distributeurs (indépendants) ne sont pas en crise, car ils peuvent globalement adapter la voilure à la demande et n'ont pas tous leurs oeufs dans le même panier. Certains ont du mal, bien sûr, mais c'est parce qu'ils n'ont pas eu assez d'oeufs dans leur panier...
- les éditeurs ne sont pas en crise (sauf les petits, un peu trop téméraires et qui sont devenus trop nombreux, donc l'écrémage est normal). Les gros éditeurs, donc, profitent de bonnes ventes globales, et arrivent à équilibrer les comptes entre réussites et échecs (qui ne sont jamais aussi "subventionnés" qu'ils veulent bien le faire croire aux auteurs "défaillants"). Simplement, les progressions spectaculaires ne sont plus possibles et on vend peut-être plus facilement sa boite à un autre.
Donc lorsqu'on parle de crise, il faudrait spécifier de laquelle on parle :
- la crise des auteurs ? (répartition et concurrence multimédia)
- la crise des libraires ? (concurrence et frais)