eBry a écrit:Xavier, combien de mangas produits pour un Naruto qui marche super bien?
Des centaines de mangas â 1.000 exemplaires ou moins pour une demi-douzaine de titres qui tirent en multiples de 10.000, ce n'est pas une réussite comparé aux 20.000 exemplaires minimum par titre Dupuis jusqu'aux années 1980.
Encore faut-il comparer ce qui est comparable.
Le Dupuis d'avant les années 1980 est le Dupuis adossé au
Journal de Spirou, dans un contexte où l'album représente une deuxième vie pour les séries les plus populaires du journal. Il n'est alors pas surprenant que la plupart de ces ouvrages, bénéficiant d'une notoriété déjà établie et d'une assise de lecteurs éprouvée, réalisent des ventes conséquentes. L'inverse relèverait au contraire de l'accident industriel.
Or, si l'on considère le manga au Japon, le système fonctionne exactement de la même manière, à une différence près: les magazines fonctionnent beaucoup, beaucoup mieux que la trottinette à Dupuis. Selon l'OJD, le
Journal de Spirou connaît son pic de diffusion au milieu des années 1960, frôlant les 200 000 exemplaires. Sur la période 1960-1975, c'est en gros un plateau à 150 000 exemplaires, avant de s'effondrer au début des années 1980 et de passer en-dessous de 100 000 exemplaires. En 1985, le
Shônen Jump vendait autour de... 4 millions d'exemplaires (pour une population double de celle de la France), pour atteindre un pic en 1993-4 à 6,2 millions. En 2013, il vendait encore 2,8 millions d'exemplaires au numéro.
Ca force le respect.
eBry a écrit:Et encore, en France et en Belgique on a normalement la crème de la crème du manga vu que l'on peut choisir avec du retard parmi ce qui a déjà marché au Japon.
Leurs blockbusters épuisent le filon jusqu'à la corde. C'est la seule raison d'arrêter une série pour eux. C'est raconté dans Bakuman...
Alors, sauf votre respect...
1. prendre ses renseignements dans Bakuman, qui est une fiction et qui met en avant essentiellement le modèle éditorial de Shüeisha, sa maison d'édition, n'est peut-être pas le meilleur moyen de tirer des renseignements solides sur le mode de fonctionnement d'un marché. Ou alors, Pauvre Lambil est un documentaire sociologique sur la situation des auteurs de bande dessinée belges...
2. le marché français du manga, très dynamique, est loin de ne prendre que la crème de la crème. On écrème, certes, mais les critères sont plus liés au marché français et à ses spécificités, qu'à des critères de qualité intrinsèque des manga. Il y a des auteurs incontournables qui sont complètement ignorés par les éditeurs français, et des genres qu'on ne traduit pas tout simplement parce qu'ils ne fonctionnent pas chez nous.
Quant aux blockbusters qui épuisent le filon jusqu'à la corde, encore une fois, attention aux généralisations hâtives. Il y a bien sûr l'exemple de Dragon Ball, érigé en symbole, mais c'est à ma connaissance un cas relativement isolé. Je ne saurais trop vous conseiller de jeter un oeil à
ce texte...