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C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition - 2010-2021

Pour discuter de tous les sujets généraux autour de la bande dessinée, des libraires, des éditeurs et des auteurs

Re: C'est la crise ?

Messagede Steve-C » 04/07/2010 06:30

Message précédent :
Joseph Behe a écrit:d'abord parce que ce sont les auteurs qui écrivent et qui dessinent.
Ce sont donc d'abord eux qui "surproduisent"
mais cette raison "de base" étant trop simple voire simpliste, vous ne la retiendrez pas.


Oui et non ! Un auteur sa "surproduire" seulement s'il est payé au lance pierre ! J'ai un pote qui a surproduit 4 albums d'affilée pour tout simplement pouvoir en vivre correctement : Certains l'expliquent dans leur interview
Par exemple Kordey dixit : un souhait de maintenir une bonne qualité de vie et de subvenir aux besoins de ma famille.

Mon collègue, payé à 140 (dessin + scénar) + 80 euros pour la couleur était forcé à cette surprod, sinon 220 euros -avant charges ;) par semaine, et bien tu vas pas loin avec ça, même une caissière de supermarché touche mieux :D

Et malgré des ventes supérieurs à 25000 ex par tome de sa série, il a jamais pu faire "augmenter" cette aumone,
ce prix misérable, la crise mon pauvre monsieur, la crise .... Bref, pleurnichages et fins de non recevoir [:bdgest]

Jusqu'a ce que, effectivement, il aille voir " ailleurs ". Et là, tout a changé, les prix ont bien plus que doublé par planches, ( Chez média, delcourt, soleil, casterman ... ils étaient tous dans les mêmes offres ) Résultat, il a choisi parmi ces offres et il va plus être obligé d'aligner les séries comme un bourrin et donc sa surproduction va cesser automatiquement.

Je dirai tout simplement que certains éditeurs, avec un oursin dans les poches, et âpres au gain, génèrent cette surproduction, avec leurs avances ridicules, et qu'effectivement, aller tester ailleurs doit être une règle absolue,
ne serait ce que pour " éliminer " les esclavagistes :fant2: :fant2: :fant2:
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Re: C'est la crise ?

Messagede Steve-C » 04/07/2010 06:40

Pour continuer dans cette logique d'avidité, j'avais aussi lu qu'un éditeur proposait 2000 euros, (pas 20000, 2000 !!! )
pour un 46cc, thématique sur le sport, soit 43 euros la planche :twisted: :twisted:

Un autre éditeur sur CFSl lui ne souhaitait pas payer d'avances sur travaux, mais juste 10% sur les ventes pour un 46 pages d'illustrations, imaginez le pactole avec 10% de droits et un tirage de 1500 exemplaires ?? [:bdgest] [:bdgest]

Je sais qu'avec la surproduction, les prix à la planches sont bas, mais il faudrait AUSSI que les margoulins de tous poils
soient éradiqués de cette profession, malheureusement, tant qu'il y aura des rêves, des gens bandant à l'idée d'être publiés, cette faune perdurera :diable:
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Re: C'est la crise ?

Messagede Algesiras » 04/07/2010 12:42

Joseph >
Or s'il présentait son projet d'emblée à plein d'éditeurs, il verrait si son projet intéresse plusieurs éditeur ou non.


Hahaha. Si c'était aussi simple. Tu ne t'es probablement jamais fait griller auprès d'un éditeur pour avoir osé présenter ton projet à d'autres (après lui avoir présenté à lui, hein, on imagine qu'il a eu la primeur), et avoir pris dans les dents la bonne crise de jalousie, la mise à l'écart et l'accusation de trahison.
En théorie, ratisser large, c'est ce qu'on devrait faire. En pratique, comme toujours, c'est un peu plus compliqué, donc je dirais de prendre ce conseil avec des pincettes.

Un éditeur aime aussi qu'on vienne le voir parce qu'on veut publier chez lui, parce qu'il a le quelque chose que n'ont pas les autres qui fait que des auteurs ont envie de s'associer à sa boîte et pas une autre. Cela je le comprends tout-à-fait. De même il aime qu'on lui amène un projet qui sera logique avec son catalogue. Si vous savez que cet éditeur par exemple est spécialisé dans l'autobiographie, vous n'allez pas lui proposer les aventures de Paf le chien sans risques qu'il fasse la gueule. Je ne vois pas pourquoi les auteurs seraient les seuls à apprécier être courtisés, les éditeurs aussi, ça me semble normal.

Ce que je ne comprends pas c'est que si l'éditeur aime un projet pourquoi il ne fait pas le maximum pour l'avoir en essayant de nous convaincre que c'est chez lui que le projet sera le mieux (et je ne parle pas forcément du prix de page) au lieu de faire le vexé devant la concurrence et de considérer les auteurs qui oseront tâter le terrain ailleurs en pestiférés. Je sais que c'est probablement de la bête stratégie, mais ça ne fonctionne pas. Et pourtant ça arrive souvent.
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Re: C'est la crise ?

Messagede yodada » 04/07/2010 12:43

Est-ce que le problème ça ne serait pas le public qui finalement a un goût très basic ?

Quand je vois les classements des meilleurs ventes, on reste dans le classique, c'est peu innovant !
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Re: C'est la crise ?

Messagede tom pouce » 04/07/2010 13:45

Il y a un autre problème aussi et, il me semble qu'il n'a pas été soulevé... Chez certains éditeurs , "les patrons passionnés" ne font plus partie du paysage de l'édition.
Bonjour aux actionnaires qui n'ont rien à cirer des "P'tits Mickey" tant que le pognon rentre très rapidement...
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Re: C'est la crise ?

Messagede PHILGUZZ » 04/07/2010 16:11

tom pouce a écrit:Il y a un autre problème aussi et, il me semble qu'il n'a pas été soulevé... Chez certains éditeurs , "les patrons passionnés" ne font plus partie du paysage de l'édition.
Bonjour aux actionnaires qui n'ont rien à cirer des "P'tits Mickey" tant que le pognon rentre très rapidement...


Comme Tom pouce, je crois que c'est cela le nerf du problème !
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Re: C'est la crise ?

Messagede Q64 » 04/07/2010 16:22

edgarmint a écrit: Il est dommage que les éditeurs, à quelques exceptions prêts, se soient faits discrets sur ce sujet. Ils aurait été intéressant qu'ils nous apportent leurs vues sur le sujet, maintenant, ils n'ont peut-être pas envie de venir défendre des motivations que le lecteur aura du mal à entendre.


Au restaurant on nous fait rarement visiter les cuisines ;)

Steve-C a écrit:Pour continuer dans cette logique d'avidité, j'avais aussi lu qu'un éditeur proposait 2000 euros, (pas 20000, 2000 !!! )
pour un 46cc, thématique sur le sport, soit 43 euros la planche :twisted: :twisted:

Un autre éditeur sur CFSl lui ne souhaitait pas payer d'avances sur travaux, mais juste 10% sur les ventes pour un 46 pages d'illustrations, imaginez le pactole avec 10% de droits et un tirage de 1500 exemplaires ?? [:bdgest] [:bdgest]

Je sais qu'avec la surproduction, les prix à la planches sont bas, mais il faudrait AUSSI que les margoulins de tous poils
soient éradiqués de cette profession, malheureusement, tant qu'il y aura des rêves, des gens bandant à l'idée d'être publiés, cette faune perdurera :diable:


Edifiant :grrrr:
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Re: C'est la crise ?

Messagede Koulou » 05/07/2010 07:56

Je vais tacher d'apporter ma participation à ce débat puisque qu'en tant qu'auteur récemment édité BDguest' à sollicité mon avis sur la question. Je ne peux témoigner que de ce que j'ai personnellement vécu. Pour ma part, mon Projet Titus (http://www.bdgest.com/forum/koulou-publie-sa-pemiere-bd-t9753.html?hilit=Koulou) à été envoyé simultanément à tous les éditeurs que je connaissais et chez qui j'aurais aimé être publié (les plus connus, Glénat, Delcourt, Soleil, Casterman, Dupuis, etc..) . Pour tout dire j'avais même calqué mon dossier sur les recommandations précises qu'on trouve sur le site de Delcourt. Mais tous ces éditeurs l'ont refusé, avec aucune autres explications que "ne correspond pas à notre ligne éditoriale". Faut dire qu'ils en reçoivent 40 par semaine des dossiers, ça aide pas à choisir et ça m'étonnerait qu'ils aient le temps de tous les regarder.

Donc voilà pour la mise en concurrence... Ensuite j'ai trouvé à être édité chez un petit éditeur indépendant, Grrr.. Art ([url]http:///grrrart.free.fr)[/url] rencontré par hasard. Qui lui à fait sont boulot. Sauf qu'il a pas trop de moyens, ni trop de place pour stocker ses livres; ni accès aux réseaux des librairies. Résultat on a tiré à 3000 exemplaires. J'ai été payé à la remise du travail 3000 euros (10% du prix de vente, la même chose que chez les plus grands éditeurs).
Pour moi, il a fait sont travail au sens noble du terme. Il a examiné mon projet, fonctionné au coup de cœur, et décidé de le publier quand il a estimé qu'il "saurait" à qui et comment vendre les albums. A présent ma série plait beaucoup et marche bien. Le tome deux est sortit en février dernier (le tome 1 était sorti en mai 2008) et je suis en train de travailler dur sur le tome 3 que j'aimerais avoir fini pour Noël.

Ce que je peux dire sur ma perception de la crise das la BD c'est ce que j'en ai vu en salon BD en dédicaces, et de ce que m'en a dit mon éditeur avec qui j'en cause souvent. Le monde de la BD a été rattrapé par le marketing, comme n'importe quel autre secteur économique. On a par rapport à y'a 20 ans, de plus ne plus d'éditeurs qui ne cherchent plus à découvrir des auteurs de talent, les faire progresser vers une qualité en le payant bien (genre d'idéal dans lequel j'ai grandi avec un père dessinateur dans les années 80 pour Métal Hurlant). La plupart aujourd'hui cherchent les bonnes affaires avant la concurrence et la qualité importe peu. Car le public n'a pas l'oeil formé. Je le vois bien quand je publie sur mon blog un dessin impafait. En général, personne voit les imperfections. Les éditeurs avides de profit rapides l'ont bien compris et n'hésitent plus à publier des BD très moyennes, très insuffisantes en terme de qualité graphique et scénarique. Le but étant de sortit le sujet commercial avant la concurrence, souvent vite fait mal fait et mal payé pour occuper les linéaires des librairies avant la concurrence. C'est ainsi qu'on voit fleurir les BD humoristiques sur les métiers, les sports, le portable, internet, etc... Selon eux des niches commerciales à occuper avant la concurrence.
Le fait est que du coup, la qualité souvent n'y est pas. Forcément, la qualité ça demande du temps. Mais l'acheteur ne sen rend pas vraiment compte sur le coup. Il achète le livre sur les postier pour son proche qui travaille à la poste. Si le dessin est moyen, il n'a pas l'œil forcément assez exercé pour s'en rendre compte. Il suffit que le dessin soit "classique" rassurant... si les gags ne sont pas drôles, ou déjà éculés, il ne le saura qu'après lecture. Ces livres-là noient le marché et vise des lecteurs qui, habituellement n'étaient pas bédéphiles et fonctionneront au coup de tête. Idem pour les 9 ou 10 tomes des blagues de blondes, des blagues de Toto, des blagues belges, des blagues juives... Et bientôt parait-il à paraitre: des blagues carambar. Franchement la BD n'avait pas besoin de ça. Ce sont tous des gags qu'on connait déjà. Et en général, l'éditeur pressé de publier avant la concurrence n'aura pas le temps de choisir le meilleurs dessinateur et le meilleur scénariste pour le sujet. Il s'en tape.
Le système de marketing est fait de telle façon que la qualité importe peut pour ces produit. Ils se vendront quand même, matraquage publicitaire oblige.

4000 BD parues en 2007. Pour ces raisons. Et comme nos libraires sont noyés sous les offices, et que leurs murs ne sont pas extensibles à l'infini, ils sont saturés de cs BD absolument pas indispensables. La crise vient d'une surproduction due au marketing. Les mauvaises BD publiées et vendues à grande échelle à grand renfort de pub donnent l'impression aux jeunes auteurs encore pas très au point qu'ils ont des chances d'être publiés à leur tour dans ce genre de thèmes commerciaux, de niches, et les projets en ce sens se multiplient. Je dirais donc que l'aspect marketing surproduit en lui même et incite les auteurs à surproduire. Soit en ne les payant pas assez comme j'ai lu plus haut, soit en leur faisant croire que "tout peut se vendre" même la merde. Alors ils y croient, ils espèrent et envoient toujours plus de projets aux éditeurs. Projets souvent insuffisants mais dont certains sont publiés quand même parce que l'éditeur y voit un créneau commercial intéressant, encore inoccupé et à occuper d'urgence avant le voisin. Et qu'importe si le niveau n'est pas top, faut grillé le concurrent. On a pas le temps d'attendre de le faire bien.

Dans ce système, il arrive encore que de bons et beaux projets soient découvert et publié, mais ce n'est plus le critère immédiat. La saturation des linéaire de rayon Bd est telle qu'un excellent projet peut être refusé parce que l'éditeur à déjà une série du même thème dans son catalogue ou parce qu'il sait qu'il touchera un publique plus grand et plus facile avec une BD commerciale comme j'ai cité plus haut.

Un autre problème incite à la surproduction: le système des offices. Ces ivres imposés aux libraires par les grands éditeurs. Le libraire reçoit toutes la collection de l'éditeur, payé par lui d'avance, et peut les renvoyer si invendus dans trois mois. Disons le clairement, tout cet argent sorti de sa poche l'incite à ouvrir les cartons et tenter de vendre les BD au lieu d'attendre trois mois pour les renvoyer et récupérer son argent. Ce système étouffe nos libraires et comporte un effet pervers qui consiste à sortir en vitesse une nouveauté pour éviter d'avoir à payer les perte d'une série qui à fait un flop. La nouveauté arrivant chez le libraire fera rentrer vite des sous que la série mauvaise aurait fait perdre. Résultat, sortir nouveauté sur nouveauté est fréquent, et comme cette vitesse de publication nuit à la qualité, les bide se multiplient et donc, la nécessité de sortir vite encore une nouveauté pour éponger ou éviter de sortir l'argent.
Je sais pas si j'explique bien mais c'est ce qu'on m'a expliqué du système actuel des offices.

Voilà, c'est tout ce que je sais de "cette crise" . J'espère que mon témoignage ajoutera au débat.
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Re: C'est la crise ?

Messagede yvantilleuil » 05/07/2010 08:48

Koulou a écrit:Un autre problème incite à la surproduction: le système des offices. Ces ivres imposés aux libraires par les grands éditeurs. Le libraire reçoit toutes la collection de l'éditeur, payé par lui d'avance, et peut les renvoyer si invendus dans trois mois. Disons le clairement, tout cet argent sorti de sa poche l'incite à ouvrir les cartons et tenter de vendre les BD au lieu d'attendre trois mois pour les renvoyer et récupérer son argent. Ce système étouffe nos libraires et comporte un effet pervers qui consiste à sortir en vitesse une nouveauté pour éviter d'avoir à payer les perte d'une série qui à fait un flop. La nouveauté arrivant chez le libraire fera rentrer vite des sous que la série mauvaise aurait fait perdre. Résultat, sortir nouveauté sur nouveauté est fréquent, et comme cette vitesse de publication nuit à la qualité, les bide se multiplient et donc, la nécessité de sortir vite encore une nouveauté pour éponger ou éviter de sortir l'argent.
Je sais pas si j'explique bien mais c'est ce qu'on m'a expliqué du système actuel des offices.


Si j'ai bien compris le système, l'éditeur envoie des cartons (de merdes) que le libraire doit payer d'avance. Si le libraire ne vend pas le contenu, il peut renvoyer le tout mais ne récupérera son argent que plusieurs mois plus tard. Pendant ce temps, il aura financé les flops de l'éditeur qui, lui, a tout intérêt à envoyer un carton encore plus gros la fois suivante pour continuer à entretenir ce système de financement à effet boule de neige et pour augmenter sa visibilité dans la vitrine du libraire. Le libraire qui finance l'éditeur et doit en plus financer le coût d'un stock de plus en plus important se rend compte qu'il doit écouler une partie des cartons afin de ne pas sombrer financièrement. L'éditeur n'a aucun intérêt à arrêter ce système de financement en produisant moins, le libraire ne semble pas avoir trop le choix et la boule de neige devient de plus en plus grosse et puis ... PAF ... la crise !!! Le lecteur achète moins et achète surtout de manière plus réfléchie ... les merdes (et malheureusement également les trucs plus élitistes) restent dans les cartons ... le chiffre d'affaires du libraire diminue, mais il doit continuer à financer la machine mise en place par les éditeurs ... Une chose est certaine, je suis content de n'être qu'un lecteur et pas un libraire car si j'ai bien compris le système c'est lui qui va trinquer en premier et, peut-être qu'après les éditeurs vont enfin changer de tactique et que la crise aura au moins une conséquence positive ... bien sûr, en attendant, l'éditeur qui pense forcément à court terme en espérant que la crise passera, va augmenter le prix des albums en espérant faire payer une partie de son système à la c** par les lecteurs :nononon:
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Re: C'est la crise ?

Messagede JC DERRIEN » 05/07/2010 09:41

Koulou, je ne suis pas vraiment d'accord avec toi.

1. C'est sans doute une question de point de vue, mais il y avait des trucs infâmes dans Metal Hurlant. Ce qui changeait par rapport à maintenant, c'est que tout ne sortait pas forcément en album.

2. Il faut arrêter de distinguer les albums dignes des albums indignes. Le lecteur consommateur des Pompiers n'achetera pas un album plus pointu s'il n'avait que ça à acheter. Un éditeur logique fait des coups commerciaux pour obtenir des hits afin de pouvoir financer ses albums coup de coeur (ou plus "difficiles"). S'il n'a pas de hits, il ne peut financer ses romans graphiques en noir et blanc. Je connais des éditeurs comme Bamboo qui aiment vraiment ce qu'ils font en bd humoristique job. On peut ne pas aimer leur travail, mais ce sont souvent des auteurs de Spirou ou du Journal de Mickey qui étaient mis de côté et qui peuvent ainsi rebosser. Tous ces albums ne sont pas forcément chez le libraire spécialisé, mais marchent surtout en grande surface. Ils ne cannibalisent pas les autres albums.

3. Il y a des albums très bien qui vendent à 1000,2000,3000 exemplaires. Il y a de plus en plus un public de niche ultraspécialisée, c'est ainsi. Il est illusoire de croire que tout album bien foutu vendra 20 000 exemplaires.

4. Les libraires choisissent le nombre d'albums qu'ils veulent par office. La visite des représentants sert à cela ; les représentants peuvent pousser certains titres phares (avec PLV offert, grosse remise) mais le libraire fait ce qu'il veut. Ce sont les éditeurs généralistes qui envoient un nombre supérieur à la demande des libraires (un des livres de Sarkozy pré président avait ainsi inondé le marché). Je sais de source sûre qu'un des "nouveaux" éditeurs bd a tenté cela et que cela a crée un tollé auprès des libraires spécialisés.
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Re: C'est la crise ?

Messagede JC DERRIEN » 05/07/2010 09:49

Il faut faire le distinguo aussi entre les auteurs qui bossent pour en vivre et ceux qui font des albums pour s'exprimer, alors qu'ils ont déjà un travail par ailleurs. Le second s'en fout un peu des prix planches, ce qu'il veut c'est de sortir SON album, alors que le premier a besoin d'un bon prix planche pour vivre décemment.
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Re: C'est la crise ?

Messagede stephane crety » 05/07/2010 10:17

de retour après un weekend dédicace.

tout a fait d'accord avec Mister Derrien.
croire que la solution à la crise passe par le "haut" , par la qualité, c'est un peu illusoire et naif..;Non pas que ce n'est pas possible, mais la qualité est déjà là(on ne cesse de le répéter..;la baisse de qualité de la production actuelle tient plus de la discussion du café du commerce que de l'analyse fine....il suffit pour cela de consulter les précédents catalogue et sorties...j'ai 2000 albums à la maison, des vieux trucs, et je peux vous assurer que j'ai des trucs pas glorieux...moi, je les aime, mais , comme dit précédemment, j'ai des gouts de chiotte :D ).
Koulou, tu fais relais à un discours redondant chez quelques éditeurs, que l'on peut résumer à cela..;"c'est pas à cause de moi, c'est a cause des autres..."
La définition de la mauvaise qualité, de la mierda publiée est à échelle variable, et souvent purement subjective..et étrangement les éditeurs considèrent que c'est les autres qui étouffent le marché sous des monceaux de bouse..dargaud versus delcourt-soleil, delcourt versus soleil, carabas versus tout les autres :shock: , Dupuis..ben, dupuis, de toutes manières, ils ne savent plus ou ils en sont....
et puis juger de ce qui est publiable, de ce qui l'est pas, ca prepare des autodafés gais et primesautier..pourquoi il n'y aurait pas des albums sur les pompiers(je suis pas client, mais je ne me vois pas jetter l'anatheme..)? dupuis l'a longtemps fait, Cauvin s'est fait une carriere la dessus...puis dupuis s'est fait chipper ce genre de concept.c'est donc que ces projets ne datent pas d'hier, qu'ils sont une part intrasèque de la bd...
il y a comme un refus de soi , dans le milieu de la bd...;oui ,la bd, c'est parfois prolo, potache, bas de plafond, mais c'est aussi de la bd, quoi qu'en pensent les pincés du derrière...la "Bobo-isation" de la bd n'est pas non plus une solution.
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Re: C'est la crise ?

Messagede luc Brunschwig » 05/07/2010 10:28

Hey les gars, respirer un grand coup et arrêtez la parano... je sais que ce n'est pas facile de faire passer un message dans toute sa subtilité par le biais d'un message sur un tchat, mais je n'ai pas l'impression que Koulou voulait jeter toute la BD populo au feu... je crois surtout qu'il regrettait que la plupart de ces BD soient faites comme des coups marketing et qu'on ne leur porte pas toute l'attention artistique qu'il mériterait (ben oui, pourquoi ne pas faire de super albums sur les "Pompiers", les tanatopracteurs...)
Le mainstream, le grand public, ça va du degré zéro de la création que sont les blondes à Monstres et Compagnie de Pixar... tout n'est que question d'implication, de professionnalisme et de moyen qu'on se donne. Alors longue vie au mainstream, mais bordel : pas à n'importe quoi non plus.
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Re: C'est la crise ?

Messagede stephane crety » 05/07/2010 10:38

mais euh ???? :D

désolé si j'ai lu ce que je voulais entendre...c'est fort possible, je suis un peu fatigué.
j'ai cru comprendre que la baisse de qualité etait liée à un "sous" genre, marketté à plein, et fait à-la-va-comme-je-te-pousse.symptome si ce n'est raison de la crise.
je vais avoir du mal à me faire l'avocat du diable, vus que je ne suis donc pas client de ce genre..et de fait , j'ai du mal à juger de la qualité et de sa fluctuation dans le temps.
Par contre , le marketting, les coups, ca ne date pas d'aujourd'hui.
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Re: C'est la crise ?

Messagede luc Brunschwig » 05/07/2010 11:18

Je reviens un instant sur l'idée du "tout venant" qui permet de financer des albums plus difficiles... c'est une belle idée, généreuse et importante, mais qui n'est vrai que si il y a un contrat moral fort entre l'éditeur et l'auteur... un contrat qui dit en deux mots "certains titres d'excellentes ou de moindre qualités ont trouvé un public important... les sous rentrent grâce à eux dans mes caisses... et j'en profite pour soutenir ton travail qui me semble plus difficile d'accès mais qui avec le temps pourrait trouver son public".
Le hic, aujourd'hui, c'est que ce contrat est brisé chez la plupart des éditeurs car 1) les séries populaires ne financent plus les BD qui ne vont pas trouver leur public (puisqu'on vire les auteurs si ils ne trouvent pas leur public instantanément ou presque), 2) les BD marketing, les coups sont devenus plus importants pour certains éditeurs que d'établir des auteurs avec une personnalité et/ou un univers récurrent (puisqu'on travaille dans la rentabilité instantané et non plus dans l'investissement sur des auteurs)... car il est plus important de satisfaire les actionnaires que de satisfaire les auteurs et les lecteurs. Et on n'investit plus (en terme de promo, d'encadrement et de prix de planches) que sur ce qui va rapporter quasi sûrement.
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Re: C'est la crise ?

Messagede fleur » 05/07/2010 19:04

JC DERRIEN a écrit:3. Il y a des albums très bien qui vendent à 1000,2000,3000 exemplaires. Il y a de plus en plus un public de niche ultraspécialisée, c'est ainsi. Il est illusoire de croire que tout album bien foutu vendra 20 000 exemplaires.


Je n'y connais pas grand chose dans l'aspect économique de la BD :oops:
des albums comme Lulu femme nue de Davodeau par exemple, c'est tiré en combien d'exemplaires?
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Re: C'est la crise ?

Messagede yvantilleuil » 05/07/2010 19:14

fleur a écrit:Je n'y connais pas grand chose dans l'aspect économique de la BD :oops:
des albums comme Lulu femme nue de Davodeau par exemple, c'est tiré en combien d'exemplaires?


Ah bien oui tiens, on l'a tiré combien de fois Lulu pendant qu'elle était nue à cause de cette foutue crise et un Davodeau qui n'avait même plus de quoi la vêtir ? :D
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Re: C'est la crise ?

Messagede Algesiras » 05/07/2010 20:55

Juste pour faire mentir ceux qui disent qu'à la Japan-Expo les gens n'ont aucune culture BD franco-belge ou méprisent ses personnages:
Et si vous ne reconnaissez pas le perso c'est vous qu'êtes mal! ^____^

yvantilleul > aurais-tu fait cette "plaisanterie" si le personnage de Lulu avait été un homme?
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Re: C'est la crise ?

Messagede Sylvain Cordurie » 05/07/2010 23:02

luc Brunschwig a écrit:Je reviens un instant sur l'idée du "tout venant" qui permet de financer des albums plus difficiles... c'est une belle idée, généreuse et importante, mais qui n'est vrai que si il y a un contrat moral fort entre l'éditeur et l'auteur... un contrat qui dit en deux mots "certains titres d'excellentes ou de moindre qualités ont trouvé un public important... les sous rentrent grâce à eux dans mes caisses... et j'en profite pour soutenir ton travail qui me semble plus difficile d'accès mais qui avec le temps pourrait trouver son public".

:)
Il n'y a contrat moral que si les auteurs qui font entrer les sous participent de cette logique. Sinon, c'est juste une décision de l'éditeur.
luc Brunschwig a écrit:Le hic, aujourd'hui, c'est que ce contrat est brisé chez la plupart des éditeurs car 1) les séries populaires ne financent plus les BD qui ne vont pas trouver leur public (puisqu'on vire les auteurs si ils ne trouvent pas leur public instantanément ou presque), 2) les BD marketing, les coups sont devenus plus importants pour certains éditeurs que d'établir des auteurs avec une personnalité et/ou un univers récurrent (puisqu'on travaille dans la rentabilité instantané et non plus dans l'investissement sur des auteurs)... car il est plus important de satisfaire les actionnaires que de satisfaire les auteurs et les lecteurs. Et on n'investit plus (en terme de promo, d'encadrement et de prix de planches) que sur ce qui va rapporter quasi sûrement.

Que les BDs marketing à la Dupuis (par exemple) se soient développées en copié/collé de Bamboo, c'est certain.
Vrai aussi que les éditeurs se sont découverts une vocation pour un publier en abondance, parce que pognon-pognon. C'est somme toute un réflexe assez logique.
Maintenant, je ne suis pas sûr que les BDs marketing s'adressent à tous les lecteurs. Et si par mégarde les éditeurs devaient vraiment oublier les auteurs avec une personnalité et/ou un univers récurrent pour reprendre ta définition, ils ne feraient que favoriser l'émergence de nouvelles maisons ou la consolidation de modestes déjà existantes.
Comme Steph et quelques autres aiment à le dire, la Nature a horreur du vide.
Delcourt et Soleil doivent en partie leur montée au fait qu'à une époque, les Dupuis et Dargaud n'ont pas su répondre à (ou ont choisi de l'ignorer) une attente des lecteurs. Même aujourd'hui, elles sont encore en décalage avec une partie du lectorat.
Pour moi, c'est avant tout une question d'intelligence politique. Ce qui tu laisses ou abandonnes, un autre le récupère. Et bing, voilà un concurrent qui un jour viendra se greffer sur ton coeur de cible.

Tiens... Un des trucs les plus dingues que j'ai entendu chez les éditeurs, c'est la fantasy, c'est plus dans le vent... faut plus en faire... ou, d'une manière à peine voilée, la fantasy, c'est pour Soleil. Quelle réaction short sighted ! Le genre qui a permis à un éditeur de se construire et de compter parmi les plus importants du marché... Voilà un exemple d'abandon qui concerne un genre pourtant populaire.

La BD que tu aimes, Luc, au pire, elle changera de crèmerie... ça se fera peut-être dans la douleur, mais il y a aura du monde pour reprendre le flambeau. Et construire avec.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Bedlam » 05/07/2010 23:19

Par rapport aux offices, les premiers ventes finançant les prochaines, c'est tout de même un peu la base du fonctionnement d'une maison d'édition, on ne peut pas leur jeter la pierre. Le soucis effectivement, c'est que ça n'a fait que s'accélérer depuis le début. Et ils sont d'une certaine façon "obligés" de toujours publier des suites à succès comme des nouveautés inconnues pour garder une certaine rentabilité.
Maintenant, les éditeurs évitent justement de pâtir des probables retours de flammes. Pour les libraires, même si dans la plupart des cas, il faut attendre trois mois avant de tout retourner, on peut aujourd'hui retourner dès réception des nouveautés. Bien évidemment, ce serait idiot, vu qu'on les commandent, on va tenter de tous les vendre. Mais comme le délai est dorénavant réduit, les éditeurs ne profitent plus forcément d'une importante avance de trésorerie alors là encore, il faut qu'ils sortent de plus en plus d'albums pour compenser. C'est un peu un cercle vicieux mais ça fait aussi partie intégrante du système. C'est juste qu'il y a une accélération du phénomène qui noie un peu tout le monde sous les nouveautés.
D'ailleurs les éditeurs semblent finalement en souffrir également vu qu'ils ne peuvent plus forcément suivre les auteurs et les projets de manière rigoureuse à ce qu'il semble se dire par ici.

A propos d'autre chose, c'est peut-être un constat personnel mais il me semble que le public bédéphile a bien évolué au fil du temps.
Auparavant, la BD c'était que pour les enfants (un discours que je n'entends plus que de la bouche de personne du troisième age), maintenant, elle est plus considéré pour un public adulte auprès du large public j'entends. Même si la révolution manga semble ramener l'idée qu'il s'adresse uniquement aux adolescents : pas trop jeune parce que c'est violent et pas trop vieux parce que c'est pas intelligent... je caricature hein, je ne suis pas un grand amateur mais Y'en a des biens comme dirait un chanteur à succès.
Enfin du coup, le public a un peu changé je crois et notamment la venue d'un public "bobo" comme il a été dit, qui découvre une autre facette de la bd et passe du coup du roman classique au roman graphique. Enfin, j'ai cru distinguer ça avec la résurrection de Futuropolis. Si certains des passionnés de la première heure s'y intéresse fortement, je vois aussi un public d'amateur de grande littérature. Mais du coup c'est un public de plus pour une niche de plus car rare sont ceux de ce groupe qui se tourne vers la BD mainstream.

Un conseil aux lecteurs/clients : travaillez plus pour gagner plus et acheter plein de bds. :D


Petite anecdote récente, comme souvent, j'ai vu une pub pour des bédés à la gare. En l'occurence, il s'agissait d'IRS, l'argument flash sur la grande affiche était "plus d'un million d'exemplaires vendus". On ressent bien l'influence marketing "si ça se vend, c'est que c'est bien". Bon, c'est une pratique courante surtout dans le monde de l'édition (autant BD que littérature) et qui est sans aucun doute efficace mais une petite phrase accrocheur sur le scénario, je trouve que ça aurait plus de cachet. (mais ça doit fonctionner moins bien).
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Re: C'est la crise ?

Messagede Steve-C » 06/07/2010 05:50

luc Brunschwig a écrit: un contrat qui dit en deux mots "certains titres d'excellentes ou de moindre qualités ont trouvé un public important... les sous rentrent grâce à eux dans mes caisses... et j'en profite pour soutenir ton travail qui me semble plus difficile d'accès mais qui avec le temps pourrait trouver son public".
Le hic, aujourd'hui, c'est que ce contrat est brisé chez la plupart des éditeurs car 1) les séries populaires ne financent plus les BD qui ne vont pas trouver leur public (puisqu'on vire les auteurs si ils ne trouvent pas leur public instantanément ou presque)


Avant, c'était ainsi, les blocksbusters survendus permettaient à d'autres séries plus difficiles d'accès d'exister,
maintenant, comme tu dis, au 1er flop, les auteurs sont virés illico et sans ménagements !
Sauf ... si t'es copain coquin voisin avec l'éditeur ! La lecture des panels de ventes montre des trucs hallucinants : genre
un album avec MEP à 4000 et qui s'en sort plutôt bien, en ces temps de crise avec+ de 3300 ventes,donc épuisement presque total de la mise en place faiblarde, mais tant pis pour les auteurs, ce n'est pas un bon résultat, et ils
sont quand même foutus dehors et vite vite, sans égards, pas de suite, game over :cry:

Et des séries ( genre identique) - chez le même éditeur - qui en sont à leur tomes 4 ou 5, et dont les ventes cumulées de chaque tome sont bien en dessous des ventes de l'album cité plus haut ( Cf GFK, livres-hebdo ) Bref, d'un point de vue purement économique, c'est totalement absurde, mais ... c'est ainsi :shock:
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