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C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition - 2010-2021

Pour discuter de tous les sujets généraux autour de la bande dessinée, des libraires, des éditeurs et des auteurs

Re: C'est la crise ?

Messagede Sylvain Cordurie » 02/07/2010 12:07

Message précédent :
Polle a écrit:ce sylvain cordurié me semble bien sur de lui, il a écrit quoi déjà ? :diable:

Pas plus qu'un autre. ;)
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Re: C'est la crise ?

Messagede JC DERRIEN » 02/07/2010 12:08

Un "jeune" scénariste peut très bien s'exercer à d'autres styles d'écriture avant de se lancer dans la bd. Il n'aura pas forcément toutes les clés, mais il sera forcément plus aguerri qu'un novice. Certains scénaristes (dont moi) viennent du dessin animé, de la télé ou du cinéma. Et, surtout selon moi, certains jeunes dessinateurs devraient se concentrer avant tout sur la narration et déléguer le scénario à un partenaire pour leurs premiers albums.
Libre ensuite à eux de s'exprimer en auteur complet par la suite.
Combien de graphistes brillants sont très faibles en narration (et, par extension, en compositions de scènes et dialogues), alors que la bd, c'est avant tout une narration fluide, claire...
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Re: C'est la crise ?

Messagede Sylvain Cordurie » 02/07/2010 12:21

Sylvain_Runberg a écrit:Quand Luc a accepté de suivre le projet, il ne faisait pas le boulot de Sébastien (et ça n'avait rien à voir avec le fait que ce soit aussi un ami. Personnellement, je suis ami avec plusieurs éditeurs et aucun d'entre eux ne me signeraient sur la base de ces liens. Eux aussi ont des comptes à rendre et crois moi, ils m'ont déjà refusé des projets ;).

Luc offrait un plus, un complément, quelque chose qui n'existe pas dans la Bande Dessinée. Un travail de scriptdoctoring, qui n'est pas celui de l'éditeur, même si ceux-ci le font parfois en partie. Mais c'était là l'intérêt de l'expérience : vue la masse de livres qu'ils doivent suivre, les éditeurs ne peuvent pas le faire pleinement. Donc, pourquoi ne pas faire évoluer le métier dans ce sens ?

Si les éditeurs ne prennent pas les auteurs/scriptdoctor pour des bénévoles, pourquoi pas.
Mais vu la production, vu le contexte, vu les habitudes, je ne les vois pas rémunérer ce travail à la hauteur de ce qu'il vaut. En faire un job en soi.
Ce n'est pas qu'une question d'argent, mais de cohérence...

Sylvain_Runberg a écrit:Pour le livre de 150 pages, je pose la question parce que la réalité est que nous avons eu un mal fou à nous faire publier...parce que c'était un ouvrage de 150 pages. Et que là, un système économique, celui lié au format FB (et que je ne critique pas en soit) n'est pas fait pour accueillir ce type de récit (du moins si l'on décide de payer les auteurs un minimum pour sa réalisation, sans pour autant vendre le livre à un prix hors d'atteinte pour la plupart des lecteurs, Jean-David Morvan a déjà évoqué cette problématique ici je crois :).
S.

Ok.
Mais tu aurais le même problème sans le 46 pages, parce qu'un autre format dominant s'imposerait (inévitable, pour des raisons économiques...) et qu'il ne répondrait aux attentes de tous les auteurs.
On n'en sort pas.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Sylvain Cordurie » 02/07/2010 12:25

luc Brunschwig a écrit:Hmmm est ce que l'éditeur abandonne ses prérogatives en faisant appel à un script doctor ???
Un peu sans doute, c'est pourquoi aujourd'hui, le même Sébastien qui dirigeait 4 collections chez Dupuis a décidé qu'il fallait 3 directeurs de collections chez Futuropolis (4 à une époque, quand je faisais partie de l'équipe artistique) pour encadrer à peine une soixantaine de livres (plutôt moins, Seb a décidé de réduire un peu la voilure pour toujours mieux encadrer les livres en question avec ses deux complices que sont Claude Gendrot et Alain David)...

Là, ok.
Entre 20 et 30 bouquins, le DdC peut faire sereinement son taff.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Sylvain_Runberg » 02/07/2010 12:33

Cher Stéphane (tu peux me tutoyer ;), je pense que la profession évolue, c'est normal, et que dans cette évolution les éditeurs devraient prendre en compte l'augmentation du nombre du livres publiés dans la manière même d'accompagner les auteurs (pour la petite histoire, je travaillais en librairie en 1998 et je me souviens que cette année, on dépassait les 850 nouveautés et que l'on considérait que c'était déjà beaucoup, jeunes naïfs que nous étions :). Le scriptdoctoring pourrait être envisagé comme une évolution, une aide complémentaire, l'éditeur gardant évidemment ce qui fait (devrait être ?) le cœur de son métier, décider de ce qu'il veut publier et assurer une bonne relation avec les auteurs, sans pour autant s'interdire de les accompagner dans la réalisation du livre à paraître.

Sylvain, le scriptdoctoring doit être rémunéré, bien entendu, et en ce qui concerne la personne qui me suivait (Luc), c'était évidemment le cas.

Pour les formats, le problème de la prédominance du format 46 pages, c'est que ça limite aussi en terme de création (même si on peut évidemment faire de très belles choses dans ce format, mais on s'en interdit aussi, notamment en termes de mises en ambiances, de temps accordé au développement de certains aspects du récit forcément mis de côté sur 46 pages, tout ce qui fait la force des meilleurs récits publiés au Japon ou aux USA par exemple, bref, quelqu'un a déjà évoqué ça sur ce forum,).


Sylvain.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Sylvain_Runberg » 02/07/2010 12:37

En fait, pour le 46 pages, je vais préciser ma pensée. C'est le format ""un livre de 46 pages par an" qui est peut-être parfois trop limité. Publier 3 livres de 46 pages en une année offre déjà d'autres perspectives, mais là, ça demande comme l'a déjà dit un autre intervenant une manière différente de fonctionner, en équipe probablement. Et je comprends que certains auteurs ne soient pas tentés.

S.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Pierre-Paul » 02/07/2010 13:59

je ne peux pas m'empécher de revenir, il fait 35° dehors, ça chauffe aussi dans la tête :lol:

finalement le script doctoring équivaut à un travail à 4 mains sur le scénario, le "docteur" devrait avoir son nom sur la couve' également, et au lieu d'être rémunéré au forfait pour services rendus il pourrait demander des droits d'auteurs. Je cherche la petite bête, sans doute, c'est simplement une réflexion.
Sylvain (Runberg), les Mic Mc Adam réalisés avec Luc, était-ce sous le mode "coaching" ou sur le mode "répartition des tâches"? Dans un échange privé il y a qq temps tu m'avais dit que c'était la seconde solution, je viens de relire l'album de cloture de cette (excellente) série et le mot d'introduction en page 2 me fait penser qu'il s'agit bien de ton album, sous la direction (éclairée ;-) ) de Luc.
Pour en avoir fait brièvement l'expérience avec un scénariste chevronné, je pense que l'écriture à 4 mains n'est pas facile, il y a des compromis à faire, des désaccords à gérer, il vaut mieux être flexible d'esprit et ne pas avoir un égo déplacé si on veut aller dans cette direction là.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Q64 » 02/07/2010 14:08

ET a écrit:
Q64 a écrit:
ET a écrit:Je crois que la raison est beaucoup plus terre à terre : il n'y a pas assez d'acheteurs francophones pour éponger la production en français ou bien l'ensemble des sommes engagées par les acheteurs est au maximum du possible.
Imageons par l'absurde : toute la production actuelle est constituée d'albums remarquables. Que se passe t-il ? la même chose, tous les acteurs de la chaîne du livre ne pourront pas en vivre (décemment).
Le gateau ne grossira plus, des convives devront se retirer.


Le marché de la BD en France c'est 300M d'€ ( je crois )
Ramené par tète ça fait 300M : 60M = 5,00€
5,00€ par français et par an c'est vraiment trés peu ( en valeur absolue ) et meme pour un produit culturel
Dans ma famille et mes amis, personne n'en lit :roll:
Je crois que le fond du probléme n'est pas là ;)


Les chiffres nous les avons (cf les liens du 1er post, Ratier et surtout celui de guilbert qui est particulièrement édifiant).
Le marché de la BD francophone, ce n'est pas 60 millions de personnes,
ça plairait sûrement aux professionnels du livre, mais faut pas rêver ;) .
Le nombre d'amateurs est intéressant à connaître, mais c'est surtout ce que dépensent globalement ces gens qui importe, et là on est à un palier (et si c'est le dernier, ...)
xavier Guilbert a écrit:Depuis trois ans, les ventes en volumes reculent, pour un chiffre d’affaire qui se maintient en-dessous du seuil des 320 millions d’euros annuels.
http://www.du9.org/Numerologie-edition-2009


Tu as raison,
Mais je n'ai pas tort ;)
Pour nous ( lecteurs ) la BD est une passion
Pour les auteurs , c'est une profession, donc un "gagne pain"
Pour les éditeurs c'est un business

Je suis commercial ( salarié ) pas patron; mais un business ça s'appréhende avec du marketing, des parts de marché, de la rentabilité, de la concurence ...
Qu'on le veuille , ou non
C'est nous ( lecteurs - clients ) qui réalisons ce CA, mais ce sont les éditeurs qui tirent les ficelles
Et à lire les posts des auteurs, chez les éditeurs, ce n'est pas la création ou l'accompagnement des auteurs qui prime, mais bien les préocupations économiques:
CA, ventes, stocks, contrats ...
Toujours par rapport à un prévisionnel et au N-1 ( résultats à la meme période l'année passée )
C'est ainsi dans toutes les sociétés, y compris les PME
Les éditeurs cherchent par tous les moyens à élargir le cercle des consommateurs
-On a donc vu se généraliser des BDs "faciles" et trés grand public, qui sortent à cadences soutenues et sont massivement diffusées en hyper: les blondes, les psys, les pompiers ... et qui trustent les podiums
Tous s'y sont engouffrés, et certains éditeurs ne vendent que ça
-Des linéaires de plus en plus grands de mangas rapidement traduits aprés leur parution en EO
.../...

Aussi, si effectivement le marché français n'est pas tout à fait de 60M de consommateurs potentiels ( car il faut quand meme maitriser le français pour lire une BD ... meme les blondes ;) ) 5,00€ par an et par personne c'est trés peu

La plus grande réussite Business de ces derniéres années , c'est ... la téléphonie mobile
A l'origine en France, le consensus était que l'équipement ne concernerait que 20% des français, et prendrait du temps
Aujourd'hui on est à prés de 90% d'équipement par personne, et un forfait moyen de 29,00€ ... par mois :geek:
Quand on veut, ... on peut :D

Mais le plus surprenant sur ce topic c'est qu'il y a beaucoup d'intervenants ( auteurs, libraires et lecteurs ) , beaucoup d'argumentation, beaucoup de choses à dire, et beaucoup de choses dites ... mais pas de transversalité auteurs - lecteurs :?
Autant il y en a pour l'"aprés vente" sur les topics des BDs parues, mais là, pas ou trés peu pour l'"avant-vente"
Comme je l'ai déja dit plus haut, je crois qu'il y a véritablement un probléme de confiance entre les 2 parties
Et alors avec certains éditeurs, j'en parle meme pas :siffle:
Ce que nous appelons une rose, sous un autre nom sentirait aussi bon
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Re: C'est la crise ?

Messagede Krys TOFF » 02/07/2010 14:22

Sujet vaste et il est intéressant de voir de nombreux auteurs en parler avec autant de passion depuis quelques jours.
Par contre, il y a peu d’avis de lecteurs en comparaison, du coup voici le mien. Je ne connais rien aux problèmes des auteurs, aux avances et aux flux de distribution. Je parle en tant que modeste amateur de BD.

Cette « crise » de la BD a 2 aspects vu par les lecteurs : le choix de plus en plus énorme de BD, et en même temps un choix restreint si on n’a pas un libraire spécialisé près de chez soi. Même à la FNAC, dans les Virgin Megastores ou à Cultura il est très difficile de trouver certaines BD et ce sont toujours le même style de BD qui est mis en avant.

Je me souviens de mon époque d’étudiant (il y a près de 20 ans maintenant) où, lorsque j’allais à la FNAC des Halles, je pouvais parler à un « conseiller » du rayon BD, qui connaissait les bouquins qui étaient en vente. Maintenant, il y a des vendeurs qui n’ont en général pas lu le quart de ce qui est disponible dans les rayons.
Je ne ferai pas le parallèle avec les « petits » libraires spécialisés car je n’en ai pas près de chez moi (je ne vais plus sur Paris), mais le constat dans les « grandes surfaces spécialisées » (GSS) est édifiant.

Pour trouver Block 109 en Mars 2010 (l’album étant sorti en février), j’ai du faire 3 magasins avant d’en trouver 2 perdus au milieu du rayon comics chez Cultura. Pas un exemplaire à la FNAC ni au Virgin près de chez moi, les responsables du rayon ne sachant même pas ce qu’était cette BD. Par contre, il y avait encore des tas de Lanfeust Odyssey sur les présentoirs de devant, BD pourtant sortie plusieurs mois auparavant.

Bref, soit ces GSS ne font pas leur travail de mise en avant des nouveautés, tous éditeurs confondus, soit les « petits » éditeurs n’arrivent pas à « valoriser » leurs BDs auprès de ce circuit de distribution. Pour moi, il apparait clairement que ces GSS ne considèrent plus les BDs comme des objets de qualité mais simplement comme des produits et ne prennent dans leurs linéraires que ce qu’ils savent être facilement vendable, un peu comme un supermarché. C’est triste à dire, mais certaines séries à notoriété « moyenne » (en comparaison de Lanfeust ou XIII) comme Seuls sont même mieux misent en avant au supermarché Carrefour qu’au Virgin Megastore d’à côté ! Et pourtant, les supermarchés sont réputés pour ne jamais faire grand cas du rayon BD…

Et le libraire/presse du coin alors ? Et bien il a les périodiques (Super Picsou Géant etc), le dernier Blake et Mortimer et quelques Astérix ou Lucky Luke. Rien d’autre.

Puisque les GSS en font pas correctement leur travail, privilégiant clairement la grosse cavalerie (que vous nommez « mainstream »), ce qu’il faut développer pour promouvoir les BDs en France et ainsi élargir la « base » d’acheteurs potentiels c’est clairement que les éditeurs fassent de la communication auprès des maisons de la presse. Pourquoi se restreindre aux réseaux type Canal BD ? Pour avoir une BD chez mon petit libraire, je dois lui commander puis attendre 1 à 4 semaines pour la recevoir (selon la BD et l’éditeur). Pourtant, si chaque éditeur envoie à chaque maison de la presse un catalogue trimestriel (ou même 3 : un ciblé enfants, un pour ados et un adultes) que le libraire mette à disposition pour consultation, et en réduisant le délai d’appro à moins d’une semaine, je suis persuadé qu’il en vendrait des BDs le libraire/presse ! Et sans avoir besoin d'une grande surface de vente.

A l’heure actuelle, les maisons de la presse font aussi face à une crise et à une baisse de ventes de journaux (surtout les quotidiens). Quand je parle à mon petit libraire de vendre des BDs, il me dit que c’est plus simple pour lui de vendre des DVDs (vous savez, ceux avec un fascicule, sous plastique, à 19€99). Est-ce vraiment le travail d’un libraire de presse de vendre des DVDs ?

Parce que le vrai problème est là : le nombre d’acheteurs réguliers, ceux qui ont commencé la BD tout jeunes avec Astérix, stagne, voire régresse avec la baisse du pouvoir d’achat, tandis que les acheteurs occasionnels ne trouvent que du « mainstream » qui ne correspond pas forcément à leur demande. S’il y avait une offre de BDs plus variée en supermarchés ou en GSS, il y aurait forcément plus d’acheteurs potentiels. Ce n’est pas parce que j’achète des pâtes que je dois aimer Les Blondes ou Les Pompiers.

J’ai fait l’expérience avec des collègues ces derniers mois : je leur ai prêté quelques BDs pour leur montrer que la BD n’est pas que Tintin ou Astérix (en l’occurrence je leur ai prêté la trilogie S.O.S. bonheur, Block 109, la pentalogie Quintett et Le Baron Rouge – Frères ennemis). Résultat : les 3 personnes à qui j’ai prêté ces BDs sont toutes les 3 devenues acheteuses de BDs, car elles ont découvert que la BD ce n’était pas que des petits Mickeys.

Par contre, les 3 ont le même type de recherche : BDs qui ne sont pas des séries, ou alors courtes, avec des « belles » BD (beau papier, couv cartonnée si possible, plutôt grand format) et avec un seul dessinateur. Clairement, s’ils ont aimé l’histoire de Quintett, ils n’ont pas apprécié le changement de graphisme. Leurs achats ? Grand Prix, Le Dessinateur et Block 109 déjà cité. Pourquoi ces choix ? Parce que Grand Prix comme Le Dessinateurs sont en 2 ou 3 tomes, que ces tomes sont déjà parus ou bien déjà annoncés et que ce ne sont pas des séries « à rallonge ».

Donc, de la croissance pour ce type de BD est possible, suffit juste de mettre en contact les personnes avec les BDs qui pourraient les intéresser, ce que les supermarchés et les GSS ne savent pas (ou ne savent plus pour les GSS) faire.

Pour les ados, c’est plus compliqué. J’ai l’exemple avec mes gamins : ils sont branchés Naruto ou Mickey Parade, la BD pour eux n’est pas une collection et les ouvrages sont considérés comme des denrées « jetables ». Ils lisent aussi mes Gaston Lagaffe ou Lucky Luke, mais ne comprennent pas le bien fondé d’un livre si grand.

Ils sont les acheteurs de demain, et là, la révolution numérique type iPad n’est pour eux pas un avenir lointain. Ils n’arrivent pas à comprendre l’intérêt de « l’objet » BD en soit. Pourtant, lire Gaston leur plaît, c’est clairement le format qui leur déplaît. Parce que lire des BDs au format « poche », à couverture souple si possible et pas chère, c’est leur référence. J’ai tous les Tintin à la maison, ils ne les lisent jamais. J’ai acheté, pour voir, 2 Tintin au petit format (moitié moins grand qu’un album normal), et ils les ont lus plusieurs fois déjà. Pour autant, ils n’ont pas voulu lire les autres tomes en format classique… !


Il y a donc vraiment 2 types de lecteurs sur lesquels il y a du potentiel :
- d’une part les adultes (trentenaires minimum) avides de beaux objets, des bonnes histoires mais pas de séries trop longues et qui veulent une certaine homogénéité graphique (donc pas de séries type Quintett ou Destins).
- les ados qui peuvent aimer autre chose que du manga, mais dans un format type manga.

Voilà, c’était le point de vu d’un simple lecteur, amateur de BD. Je ne prétends pas détenir la solution miracle, j’essaye juste de montrer que la BD a de beaux jours devant elle, mais qu’elle se doit d’évoluer avec son temps, et avec les envies de ses lecteurs.
Il y a (et il y aura aussi toujours je pense) des amateurs de Lanfeust, XIII, Les Blondes ou Astérix au format Franco-Belge classique, mais ce n’est désormais plus là que se trouvent les « leviers de la croissance » pour l’industrie de la BD. L’avenir est multi-formats, ciblé selon les profils de lecteurs visés.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Sylvain_Runberg » 02/07/2010 15:00

Salut Pierre-Paul,

Alors ce coup de chaleur :) ? Sinon, le scriptdoctoring n'est pas du tout de la co-scénarisation. Le scriptdoctor pointe certaines faiblesses ou améliorations possibles s'il en voit sur une histoire crée par un autre, éventuellement donne des pistes de solutions mais il n'écrit rien, ce n'est pas un travail d'auteur.

Les Mic-Mac Adam réalisés avec Luc étaient en revanche de la co-scénarisation, à quatre mains oui. On a discuté et crée ensemble le récit, fait un synopsis en pingpong et ensuite on faisait en gros une séquence chacun au découpage, relue par l'autre, avec remarques éventuelles.

S.
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Re: C'est la crise ?

Messagede nexus4 » 02/07/2010 15:00

JC DERRIEN a écrit:Je change de sujet deux minutes : hier, je suis allé avec mon fils à la Japan Expo. J'avais déjà tenté l'experience il y a quelques années, mais la surface est encore plus énorme aujourdhui. Alors que le Cosplay, il y a quelques années, était un micro phénomène, 75% des visiteurs hier étaient habillés comme leurs héros préférés (au pire, ils portaient un t shirt de leur série favorite). Et ce n'était pas une armée de Naruto ou de Mario, mais beaucoup de séries obscures (genre DOUBT) avaient leur fan arborant la panoplie.
Ca dépasse de loin le snobisme des premières années, c'est devenu un phénomène de masse.
Dans la FB, c'est un fait : il n'y a quasiment plus de héros phares.
Je n'ai vu là bas ni de Largo Winch, ni de Thorgal, de Schtroumpf, ni de Nävis (sorry Jean David ;) ), mais il y avait des Stormtroopers, des Jedis (donc pas uniquement du Japonais), des Chevaliers du Zodiaque...
Est ce le jeune public qui nous a abandonné ou est ce nous, auteurs, qui les avons quitté ?

Ah on a eu la même réflexion en les voyant hier. Je me disais justement que la force des manga c'est des personnages avec une identité forte, marquante, identifiable d'un coup d'oeil (bonnet a réyure vertes, bandeau avec un symbole, hache à 3 lames etc.). C'est plus des personnages à ce point là, c'est presque des logos. Dans une vision d'export, on a pas grand chose a proposer. Astérix, Luky Luke, Tintin, Spirou et pi valou, c'est plié - bon faut rajouter les filles nävis, pelisse, cixi mais ca va pas chercher bien loin.
Comme par hasard, c'est les séries qui marchent et s'exportent.
Je me disais aussi que le dessin realistes (qui représente une bonne par de marché chez nous) ne se prête pas du tout au cosplay. Qui va se déguiser en Largo Winch ou en scorpion. Ca ressemble a rien. :P
Ceci dit reproduir le phénomene cosplay chez nous serait une bonne idée parcequ'on rigole bcp plus à la japan expo qu'avec les mecs qui font la tronche a Angoulême (ou autres) avec leurs problèmes de sac dans les files de dédicaces.

Sinon, je sais pas JDM pourra confirmer, on m'a dit que le ministère de la culture japonnais avait une cellule pour comprendre pourquoi nous sommes si consommateurs de leur culture Anim/Manga/Jeux vidéo. A priori on est le premier marché d'export et de loin (c'est keskon m'a dit, j'en sais rien).
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Re: C'est la crise ?

Messagede toine74 » 02/07/2010 15:13

Pour tout ce qui est cosplay, tient pas mal du fait que les héros sont déclinés à toutes les sauces (le manga, les dessins animés, le film animé, les gadgets, etc). Le matraquage marketing créé un effet de masse. Les éditeurs ont su en profiter et encouragent le phénomène en organisant des concours de déguisement lors des conventions. A la longue, je suis sûr que ça se nourrit tout seul et que certains participants déguisés ne lisent même pas les titres d'où sont issus les héros qu'ils représentent :fant2: .

Quand j'étais petit, dans les fêtes, il y avait des déguisements de Tintin et cie, les Schtroumpfs mais pas de Goldorak...
« Les gouvernants ont décidé de retarder la concrétisation de l'utopie tant que les citoyens ne seront pas parvenus à un consensus. »

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Re: C'est la crise ?

Messagede Brian Addav » 02/07/2010 15:18

y'a peut-être aussi que les cosplay visent une tout autre tranche d'âge que les schtroumpfs et cie... non ?
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Re: C'est la crise ?

Messagede Sylvain_Runberg » 02/07/2010 15:23

Sur la possibilité d'exporter du FB, pour côtoyer beaucoup d'européens à l'étranger, venant en général de pays où la BD n'est pas du tout aussi développée qu'en France et en Belgique, la vision (fausse ou du moins très partielle) qu'en on ces gens (je parle d'un public adulte) et la raison pour laquelle ils ne s'y intéressent pas est que pour eux soit la BD ne s'adresse qu'aux enfants, soit c'est uniquement à vocation humoristique, et notamment les strips, où alors le reste est du niveau de ce qu'on appellerait pour faire court du mauvais roman de gare : de l'action à deux balles, des personnages caricaturaux, des filles en petites tenues sans autre raison que de montrer des filles en petites tenues, des intrigues minimales ou/et irréalistes.

Et quand j'essaye de leur faire lire de la BD, il y a quand même une récurrence. La plupart des très grosses séries franco-belges qui cartonnent chez nous leurs tombent des mains, vraiment, mais si tu leur fais lire du "DMZ", "Le Combat Ordinaire" où des série plus contemporaines à l'inspiration cinématographique évidente comme "Long John Silver", là, en général, ils reviennent étonnés et accrochés : "c'est comme un (bon) film ou un (bon) roman ou une (bonne) série TV". Et le fait que "Persépolis" soit aussi un des plus gros succès BD à l'étranger est à mon sens assez représentatif de cela aussi.

S.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Brian Addav » 02/07/2010 15:28

http://www.bdzoom.com/spip.php?article4346

BDZoom revient sur le premier tour de table sur le numérique entre le SNE et le SNAC.
Il y a un passage très intéressant:

A la remarque des délégués du SNAC qui demandent pourquoi un auteur n’irait finalement pas directement voir Apple, Amazon ou Google, qui proposent notamment des droits d’auteur nettement plus élevés, le SNE répond qu’en effet, il est impossible d’éviter cela. Cependant, pour les éditeurs, ces géants d’internet restent de simples diffuseurs de contenu, or le métier d’éditeur est bien plus que cela, et c’est prendre un très gros risque que d’aller se perdre dans les innombrables références d’un Apple ou Google. Un véritable éditeur, lui, travaille le projet avec les auteurs, et [b]assure par ailleurs toute une partie marketing que ne fera pas un géant d’internet.[/b] Pour le SNE, la solution de l’indépendance des auteurs vis-à-vis de leurs éditeurs traditionnels est une chimère, un mirage dangereux qui va faire beaucoup de déçus. Le SNE estime que ce serait se tirer une balle dans le pied que de se lancer dans ce genre d’aventure. De plus, si les auteurs décidaient en masse de s’auto-éditer sur Internet, cela fragiliserait dangereusement tout un secteur, mettant en péril autant d’emplois, et sciant la branche qui soutient les auteurs depuis plusieurs décennies. Ce ne serait donc une bonne opération pour personne.


Vous voyez qu'il n'y a pas de quoi s'inquiéter, les éditeurs ont la même vision que vous du métier :D
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Re: C'est la crise ?

Messagede Steve-C » 02/07/2010 16:11

Un véritable éditeur, lui, travaille le projet avec les auteurs, et assure par ailleurs toute une partie marketing
:fant2: :fant2: :fant2: :fant2:

Edit, j'avais pas vu, y a marqué " véritable " :oops:
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Re: C'est la crise ?

Messagede nexus4 » 02/07/2010 17:02

Notez que ca m'arrive de bosser avec des éditeurs qui en ont trop rien a faire de ce qui sort.
- Je voudrais "Les aventures de Bidoche et Ratapoil T.5" en preview c'est jouable ?
- C'est quoi ca ?
- Ben ca sort demain chez toi
- GERTRUUUUDE, CA TE DIT KEKCHOSE LES AVENTURES DE BIPOIL ET RATAPLOCHE ?
- Bidoche et Ratapoil
- Nan, c'est pas à moi ça
- Ah ben c'est à moi. Oui bon, tu veux en faire quoi ?
- Une preview
- Boarf
- C'est pas bien ?
- Si mais bon, on va pas en vendre des masses
- Oui mais bon, graphiquement ca me plait, je prends.
- Bon ok

J'exagere un poil mais pas trop. :D
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Re: C'est la crise ?

Messagede edgarmint » 02/07/2010 17:22

ça tourne un peu en rond là ;)

Maintenant, s'il y avait une solution miracle qui satisfasse toutes les parties, ça se saurait ! Il est dommage que les éditeurs, à quelques exceptions prêts, se soient faits discrets sur ce sujet. Ils aurait été intéressant qu'ils nous apportent leurs vues sur le sujet, maintenant, ils n'ont peut-être pas envie de venir défendre des motivations que le lecteur aura du mal à entendre.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Sly » 02/07/2010 18:21

stephane crety a écrit:cependant, pour ne pas dépeindre un tableau uniformément noir de ces éditeurs(je vous aime !!!!), force est de constater qu'un échec n'est pas un point final et que souvent, l'éditeur souhaitent réitérer l'expérience avec ces auteurs...

Je crains que malheureusement la raison principale qui fait que le premier album ne soit que rarement un point final est tout simplement cette logique de flux que tu explique : il faut des auteurs pour sortir des albums :?
"... et on n'attend pas votre soeur ? ..."

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Re: C'est la crise ?

Messagede Joseph Behe » 03/07/2010 23:23

La surproduction c'est aussi la faute des auteurs.

d'abord parce que ce sont les auteurs qui écrivent et qui dessinent.
Ce sont donc d'abord eux qui "surproduisent"
mais cette raison "de base" étant trop simple voire simpliste, vous ne la retiendrez pas.

voici une autre approche du problème.
Quand un auteur a un projet, il le présente à un éditeur. Si l'éditeur s'y intéresse, l'auteur, trop content de signer n'ira pas voir de second éditeur. Si l'éditeur ne s'y intéresse pas, il sera obligé d'en voir un second, jusqu'à ce qu'il puisse vendre son projet.
Or s'il présentait son projet d'emblée à plein d'éditeurs, il verrait si son projet intéresse plusieurs éditeur ou non.

J'ai tendance à penser qu'un projet qui n'intéresse pas au moins deux ou trois éditeurs n'est pas un bon projet.
d'ailleurs, un projet qui n'intéresse pas fortement les éditeurs aura-t-il le potentiel d'intéresser des libraires et des lecteurs?
Pour en avoir souvent discuté avec des auteurs, rares, très rares, très très rares sont les auteurs qui mettent les éditeurs en concurrence.
trop souvent l'auteur saute sur le contrat comme une mouche sur...
la confiture.

l'éditeur cherchant à surproduire y trouve son compte, puisqu'il peut alors imposer ses conditions.
Résultat pour l'éditeur : plus il surproduit, plus les projets sont bon marché et les auteurs dociles.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Steve-C » 04/07/2010 06:30

Joseph Behe a écrit:d'abord parce que ce sont les auteurs qui écrivent et qui dessinent.
Ce sont donc d'abord eux qui "surproduisent"
mais cette raison "de base" étant trop simple voire simpliste, vous ne la retiendrez pas.


Oui et non ! Un auteur sa "surproduire" seulement s'il est payé au lance pierre ! J'ai un pote qui a surproduit 4 albums d'affilée pour tout simplement pouvoir en vivre correctement : Certains l'expliquent dans leur interview
Par exemple Kordey dixit : un souhait de maintenir une bonne qualité de vie et de subvenir aux besoins de ma famille.

Mon collègue, payé à 140 (dessin + scénar) + 80 euros pour la couleur était forcé à cette surprod, sinon 220 euros -avant charges ;) par semaine, et bien tu vas pas loin avec ça, même une caissière de supermarché touche mieux :D

Et malgré des ventes supérieurs à 25000 ex par tome de sa série, il a jamais pu faire "augmenter" cette aumone,
ce prix misérable, la crise mon pauvre monsieur, la crise .... Bref, pleurnichages et fins de non recevoir [:bdgest]

Jusqu'a ce que, effectivement, il aille voir " ailleurs ". Et là, tout a changé, les prix ont bien plus que doublé par planches, ( Chez média, delcourt, soleil, casterman ... ils étaient tous dans les mêmes offres ) Résultat, il a choisi parmi ces offres et il va plus être obligé d'aligner les séries comme un bourrin et donc sa surproduction va cesser automatiquement.

Je dirai tout simplement que certains éditeurs, avec un oursin dans les poches, et âpres au gain, génèrent cette surproduction, avec leurs avances ridicules, et qu'effectivement, aller tester ailleurs doit être une règle absolue,
ne serait ce que pour " éliminer " les esclavagistes :fant2: :fant2: :fant2:
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