Thierry_2 a écrit:Cette rentabilité plus rapide à atteindre est due à quoi ? Baisse de la rémunération des auteurs ? Evolution techniques au niveau de l'impression ? Concentration économique ? Gestion plus efficace (ne fut-ce que la gestion des stocks qui devait être un cauchemar) ?
De mes discussions avec des éditeurs, l'ensemble de la chaîne se numérise, ce qui permet de fluidifier des étapes. Cela va plus vite, c'est plus facile à mettre en place, et niveau de l'imprimerie, les coûts ont baissé, permettant des tirages plus réduits tout en restant intéressants d'un point de vue commercial.
C'est aussi, à ce que l'on m'a dit, l'une des raisons pour l'inflation de la production: après des années à avoir été limités par les contraintes techniques, les éditeurs se sont un peu laissés aller une fois que fabriquer un livre est devenu facile, produisant alors plus que de raison -- simplement parce qu'ils le pouvaient.
Thierry_2 a écrit:Evidemment, s'il ne perd pas d'argent sur un premier tome qui se vend peu, il sait aussi que, traditionnellement, les "tome 2" se vendent un peu moins bien et peut décider de stopper la série s'il ne croit pas que les ventes vont décoller par la suite.
A l'inverse, c'est là que l'on voit l'impact négatif de l'informatisation de la chaîne. Autant cela a permis de gagner en efficacité et en rentabilité sur la fabrication, autant le suivi précis des historiques de vente et la centralisation des commandes a entraîné une évolution mécanique à la baisse des ventes des séries.
Pour illustrer avec un exemple simple: imaginons un volume 1 avec une mise en place de 1000 exemplaires qui vend 800; pour le volume 2, le libraire va se référer aux ventes, et donc commander 800 ou 850... et vendre 650; arrivé le volume 3, les commandes vont être de 700, pour des ventes à 500, etc. La réduction progressive de la mise en place entraîne une réduction mécanique des ventes, et l'informatisation (et la centralisation des commandes) renforce de manière globale et systématique cette évolution.
L'effet de série (dans lequel les ventes du dernier volume revitalisent l'ensemble des ventes de la série) ne fonctionne plus autant: au lieu de s'attacher à recruter de nouveaux lecteurs, on exploite la masse existante qui s'érode progressivement.