Un aparté (j'aime les apartés
) mais je me pose une questions sur le marché de la bande dessinée, et je n'ai jamais obtenu de réponse claire.
Encore ce weekend, il y avait un reportage au JT de la RTBF pour parler de la nouvelle BD culte (
) qui vient de sortir: le tome 20 de XIII. Et l'argument principal: le phénomène qui va se vendre à 500.000 exemplaires.
En fait, c'est le
tirage qui est de 500.000 exemplaires, et les numérologies successives de Xavier Guilbert sur du9 ont mis en lumière la différence entre les tirages et les ventes réelles (voir
http://www.du9.org/Numerologie-edition-2010). SI je lis bien la ligne relative à XIII sur le table sur les 5 derniers tomes, la conclusion est que l'écart entre le tirage et les ventes réelles se creuse. Les trois derniers tomes de XIII (hors XIII mystery, les N-2, N-1 et 10) ont été tirés respectivement à 450.000, 500.000 et 550.000 exemplaires pour des ventes respectives de 316.000, 247.000 et 286.000 exemplaires).
Est-ce que ces chiffres sont crédibles ? Les ventes s'arrêtent arbitrairment au 31 décembre de l'année de sortie, et les sorties de XII sont généralement en fin d'année. J'ai lu plusieurs fois que les ventes d'un album se réalisaient essentiellement dans les premiers mois, voire les premières semaines, avec le coup de boost de fête de fin d'année. Les ventes de fonds ne représentent pas un volume énorme, même soutenu par des nouveautes (aux libraires de confirmer ou infirmer). Autrement dit, si la moitié du tirage est écoulé, disons, en 2 mois, et que Noël est passé, cela ne signifie-t-il pas que la "carrière" du titre est terminée ? Il en vendre encore au plus quelques dizaines de milliers dans les semaines qui suivent.
Si je compare avec le marché du DVD et du CD, passé des mises en places importantes, on trouve rapidement les mêmes produits en vente à prix réduit. A condition d'accepter d'attendre 6 mois à un ans, on trouve à peu près tous les grands films et la majorité des CD grand public en prix spécial. Si on ne trouvait pas aussi souvent les éditions prestiges ou double DVD collector, on pourrait penser qu'il s'agit de deuxièmes tirages pour soutenir la demande. Mais la présence de ces éditions de luxe me laisse penser qu'il s'agit d'écouler un excédent de stock.
Mais qu'arrive-t-il en matière de bande dessinée ? Si je me réfère aux chiffres de Xavier Guilbert, environ 40% du tirage reste sur le carreau (c'est pire pour certaines séries)
Tout n'arrive sans doute pas chez les libraires, une partie pourrait ne jamais quitter les entrepots. Le tirage n'est pas la mise en place qui dépend des commandes.
Les libraires sont sans doute tenu de prendre le super présentoir avec 100 albums bien qu'il savent qu'ils n'en vendront que 50, mais pourront les renvoyer en invendus. J'imagine que d'un point de vue marketing, il est préférable d'avoir un présentoir bien fourni que de d'avoir un présentoir d'un mètre 50 avec 4 albums dessus.
Alors si je prend les 550.000 - 286.000 - 50.000 de ventes post Noël= 214.000 invendus du dernier XIII, qu'est-ce qu'on en fait ?
L'éditeur ne le solde pas
L'éditeur ne les stocke pas jusqu'à tous les avoir vendu
Il les envoye au pilon ?
A partir de quand voit-on arriver des deuxième ou troisième édition du "dernier round" ou de "la version irlandaise" ?
Il n'y en a pas encore parce que le premier tirage dort encore chez l'éditeur ? Tout le premier tirage a été vendu (y compris les 250.000 pas vendu au 31 décembre) et il a fallu réimprimer ? Parce qu'après un certain laps de temps, les invendus sont pilonnés, quitte à réimprimer quelques mois plus tard ?
Evidemment, ce cas de figure ne s'applique pas pour la majorité des sorties. Dans la majorité des cas, le premier tirage est plutôt proche des ventes attendues, et ajusté au fil des tomes. Mais cet ajustement n'a pas l'air d'avoir lieu pour les blockbusters (la ligne des Lanfeust des Etoiles est édifiante)
Honnêtement, cela ne m'étonnerait qu'à moitié qu'apprendre que des dizaines de milliers de livres sont impromés sachant qu'ils finiront au pilon, mais cela me gênerait un peu.