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C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition - 2010-2021

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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 11/08/2021 07:47

Message précédent :
cedd79 a écrit:Sans aucune animosité, tu fondes tes affirmations sur des croyances, et non sur des connaissances. Tu devrais peut-être potasser un peu la question avant d'affirmer des vérités qui n'existent que des imaginaires collectifs, ou le tien. Dommage.

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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede reddef » 11/08/2021 08:48

Xavier Guilbert a écrit:
cedd79 a écrit:Sans aucune animosité, tu fondes tes affirmations sur des croyances, et non sur des connaissances. Tu devrais peut-être potasser un peu la question avant d'affirmer des vérités qui n'existent que des imaginaires collectifs, ou le tien. Dommage.

Bienvenue dans un "débat" avec yannzeman.

Pas mieux.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 11/08/2021 09:38

cedd79 a écrit:
yannzeman a écrit:Oui, oui, je me suis emmêlé, les SOFICA financent les projets, pas le CNC !
Je suis allé trop vite ce matin (je suis au bureau, fini les vacances alors je suis moins concentré...).
Mais c'est tout de même un subventionnement public déguisé, du fait de la niche fiscale. L'audiovisuel français est gavé de financement public, pour un résultat qui devrait être bénéfique mais qui a surtout servi à payer les salaires des "stars" françaises.

Et vous admettrez que le CNC est financé à 100% par de l'argent public, celui des taxes prélevées. Le CNC joue le rôle du collecteur d'impot, auparavant dévolu à la DGFIP.



Heu... Non.

Les contributions sont des accords passés entre les diffuseurs et le CNC, en conformités avec le code du cinéma et de l'audiovisuel qu'ils construisent ensemble. Ce n'est pas du tout comparable avec une taxe comme la TVA ou un impôt comme la CET.

Faux.
Ce ne sont pas des contributions mais des taxes, comme la TVA ; j'en parle plus loin.


Ce n'est pas non plus le ministère de la culture ou une collectivité qui finance le CNC. Ce sont les professionnels qui participent au soutien de leur propre industrie, et ce sont eux qui en ont décidé ainsi.

Faux.
Le CNC est un établissement public.
https://www.vie-publique.fr/fiches/20246-definition-dun-etablissement-public
Un établissement public (EP) est une personne morale de droit public disposant d’une autonomie administrative et financière afin de remplir une mission d’intérêt général, précisément définie, sous le contrôle de la collectivité publique dont il dépend (État, région, département ou commune).

Son statut en fait donc, d'emblée, un organisme étatique soumis aux lois de finances publiques, et non une bande de potes travaillant dans le même secteur. Le fait que le CNC soit régulièrement contrôlé par la Cour des Comptes démontre également qu'il s'agit d'argent public, et non de cotisations.
Le financement du CNC est étroitement lié à des taxes - et non des contributions spontanées, je le répète - taxes qui sont discutées au Parlement, et dont vous trouverez la liste ci-dessous :
http://www.senat.fr/rap/a20-143-43/a20-143-43_mono.html

Ne vous laissez pas troubler par la phrase
le soutien public apporté au cinéma ne repose pas sur le budget de l'État

car c'est une vaste fumisterie, consistant à "sortir" artificiellement certaines dépenses de l'Etat (de la présentation) du budget général de l'Etat, pour éviter d'augmenter encore plus les déficits.



L'argent généré par les professionnel est réinjecté dans la machine.

Faux.
L'argent public issu des différentes taxes est réinjecté, et il est généré, non par les professionnels mais par la consommation des français - directement avec la taxe sur les achats de billets de cinéma, indirectement à travers la taxe sur les éditeurs et distributeurs de services vidéos, parce que vous vous doutez bien que ceux-ci répercutent cette taxe sur les consommateurs.

Encore une fois, ce sont des taxes, dont la définition est la suivante :
Prélèvement à caractère fiscal, destiné à alimenter la trésorerie de l'État, d'une collectivité locale ou d'un établissement public administratif - ce qu'est le CNC -en contrepartie d'un service rendu aux administrés.



Certaines collectivités y contribuent (comme les régions), mais c'est leur choix, et en aucun cas une obligation légale. Leurs apports restent très anecdotiques dans les plans de financements (hormis pour Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma, mais c'est une exception).

Je n'ai jamais écrit le contraire. Là, vous me faites un faux procès.
Par contre, les subventions des régions sont également de l'argent public, qui s'ajoute à tout l'argent public déjà versé, directement par le CNC, indirectement à travers les niches fiscales que sont les SOFICA.


De plus, comme explicité plus haut, seule, en moyenne, 30 % des plans de financement sont publics, dont l'apport du CNC. Le reste est privé (je ne vais pas refaire tout mon commentaire précédent).

Mais moi si.
Les SOFICA, créées par une loi de 1985, et donc pas une initiative privée, n'existent que parce que elles représentent des niches fiscales, avec de l'argent public non perçu - et donc, ce manque à gagner pour l'Etat français est un cadeau fiscal, un crédit d'impôt.
S'imaginer que c'est du vrai financement privé est mensonger, ou du moins, très incomplet. Il y a en réalité une part de financement public dans les SOFICA aussi.


Donc affirmer que l’audiovisuel français est gavé d'argent public, c'est absolument faux (s'il n'y a que ça, c'est vrai que le nucléaire, la téléphonie ou l'automobile ne sont pas gavés d'argent public...). Là encore, cf. mon précédent commentaire.

Si, l'argent public est partout dans le milieu du cinéma, plus que dans tout autre domaine.
Mais là aussi, vous me faites un procès d'intention. Je n'ai jamais écrit que c'était le seul domaine d'activité où l'argent public existe. C'est juste que c'est le domaine où l'argent public est le plus présent.
C'est un choix politique qui a été fait, et pour autant, si cela fait travailler du monde, ça ne donne pas franchement d'excellents résultats qualitatifs.


Pour ce qui est de la DGFIP, elle n'a jamais collecté d'impôt pour le cinéma et l'audiovisuel (mise à par la contribution à l'audiovisuel public, pour France TV et Radio France). La TSA, puis la TST ont toujours été collectées par le CNC, une nouvelle fois sous l'impulsion des acteurs du secteur eux-même.

C'est faux.
Aucune taxe, en France, ne peut être décidée ("sous l'impulsion de") par un secteur professionnel. Ce sont des taxes votées par le Parlement, je le répète.

Un exemple qui le démontre, à travers des actions en justice et des sanctions consistant à rembourser une taxe par Bercy.
https://www.bfmtv.com/tech/le-financement-du-cinema-francais-desavoue-par-la-justice-europeenne_AN-201810110033.html

Je ne pense pas que le Ministère des Finances Publics rembourse des cotisations... :-D


Enfin, quant aux subventions qui paient les revenus des "stars" ce n'est plus possible depuis plusieurs années (2014 ou 2015). Les cachets sont plafonnés. Le reste est à la charge de la production. Et dire que le budget du CNC sert surtout à payer les salaires de ces "stars" démontre une totale méconnaissance de cette économie, ses modes de financements (comme l'avance sur recette ou les gestions collectives) et son exploitation.

C'est pourtant le reproche qui lui a été fait, à tel point que les règles ont du changer en 2014, effectivement. C'est bien que le problème était prégnant. Et que de l'argent public servait à payer les cachets des stars, que vous le vouliez ou non. Car le budget des films était grevé par ces cachets exorbitants, eu égard aux résultats des films en salle. Les "stars" françaises demandaient bien plus, en proportion de leur notoriété mondiale et des résulats en salle, que leurs homologues américains, un comble.
Vous dites que dorénavant les cachets sont plafonnés. Tiens donc ?
Depuis quand une industrie privée plafonne des salaires spontanément ?
C'est bien parce que le CNC, établissement public je le rappelle, l'a décidé, que les cachets ont été plafonnés.
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2014/12/04/cinema-comment-le-cnc-va-plafonner-les-cachets-des-stars_4534740_3476.html
Cela démontre le poids de l'argent public dans le financement d'une industrie qui se dit privée !


Sans aucune animosité, tu fondes tes affirmations sur des croyances, et non sur des connaissances. Tu devrais peut-être potasser un peu la question avant d'affirmer des vérités qui n'existent que des imaginaires collectifs, ou le tien. Dommage.


Je vois surtout que vous ne maitrisez pas les Finances Publiques.


toine74 a écrit:Je me permets de rajouter que les subventions pour le cinéma/séries ne sont pas qu'une spécialité françaises. Ici (Amérique du Nord), il y a une guerre entre les régions/villes pour attirer les tournages et les post-productions (effets spéciaux), c'est à qui donnera le plus d'avantages (sous forme de crédit d'impôt ou d'aides à la création). La majorité des films Marvel sont tournés au Canada, principalement à Montréal qui s'est fait une spécialité de fournir des packages très intéressants aux géants d'Hollywood.

Pour donner une idée, Jungle Cruise (le dernier Disney, donc pas une compagnie dans le besoin) a bénéficié de subventions du Québec et de la région de Budapest.


Oui, ça je le sais.

Mais il n'existe nul part au monde le système des intermittents du spectacle, système de subventionnement déguisé qui s'ajoute aux nombreux financements publics, et qui fait que l'audiovisuel français est gavé d'argent public.
Il faut tout prendre en compte, quand on parle d'un sujet.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede cedd79 » 12/08/2021 13:51

Mouais... Ton argumentation me fait penser à ces virologues improvisés sur Facebook, qui ne savent pas la différence entre un microbe, une bactérie et un virus, et qui pourtant ont leur avis bien tranché quant aux méthodes de propagation d'un virus. Ici, c'est la même chose avec l'audiovisuel, sans jamais avoir poussé la porte d'une boite de prod. Ce n'est pas un mal, hein, mais arrête d'imaginer de comment ça fonctionne sur... du vent ; ça ne mène nul part. C'est un peu vide tout ça.

Si tu ne connais pas la différences entre les mécanismes de mise en place et perception de la TVA et de la TST-D, que tu n'as aucune d'idée de comment se passent les négociations SMA ou comment s'organise une répartition de RNPP, et encore moins la gestion des plafonds publics des copro nationales (il n'y a qu'à lire tes réponses pour s'en rendre compte), mais que tu as un avis tranché sur la question, c'est compliqué d'échanger sérieusement sur ce sujet et de t'apporter des premiers éléments pour te faire ton avis en fonction des réalités.

Il ne suffit pas de balancer deux trois liens, parcourus en diagonale sur le web, pour proposer des arguments de fonds, surtout sur des sujets aussi complexes que le financement de l'audiovisuel en Europe, et auxquels manifestement tu piges que dalle. La preuve, par exemple, avec le pauvre argument des intermittents du spectacle, qui n'est ni plus ni moins qu'un régime salarié ; rien à voire avec un quelconque système de subventionnement, comme le laissent à penser certains spécialistes improvisés qui ne savent même la différence entre l'Unédic et le Pôle Emploi. A ta décharge, puisque tu ne connais rien au financement de l'audiovisuel, il est normal que tu ne comprennes rien à l'organisation des différents régimes salariés sous les conventions collectives de l'annexe 8.

Une nouvelle fois, je te le dis sans animosité, fais quand même attention de ne pas trop te confronter à des professionnels dans le monde physique, avec tes notions si fragiles, tu risques de passer pour un cave (même s'ils ne te le disent pas, pour te ménager).

Autant en arrêter là et revenir au sujet des ce forum, c'est à dire la BD.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede tzynn » 12/08/2021 14:22

De tte façon ça ne changera pas le sort des auteurs à court terme, parce qu’auteur c’est comme footballeur, ça reste une possibilité d’ascenseur social. Et même s’il y a un seul élu pour 100 auteurs, ça n’empêchera pas chacun d’avoir envie d’essayer. Ce n’est d’ailleurs pas moi qui vais leur jeter la pierre.

Il y aura tjrs plus de déçus que d’heureux mais au moins chacun a une chance d’essayer. Et c’est ça qui est peut-être aussi le mieux dans le système actuel: chacun a une possibilité. Il n’y a quasi plus de filtre entre l’auteur et le lecteur. Tout passe. Après comme toujours il y a une part de chance mais c’est le cas de tous les domaines et de tout temps.

Après peut on repartir mieux les gains? Probablement. Est ce que ça sera suffisant pour nourrir toute personne qui décide de devenir auteur, probablement pas.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede cedd79 » 12/08/2021 14:35

Le succès repose sur talent, de la chance, quelques relations, être là au bon endroit au bon moment, et beaucoup de travail.

Mais vivre de son métier correctement, dépend, à mon humble avis, avant tout d'une organisation sociale au niveau d'une filière professionnelle. Générer des millions tout en sous-payant les créateurs est un non-sens. Mais je ne fais que de la redite avec les centaine de pages qui me succèdent. ;)
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede tzynn » 12/08/2021 14:53

cedd79 a écrit:Le succès repose sur talent, de la chance, quelques relations, être là au bon endroit au bon moment, et beaucoup de travail.

Mais vivre de son métier correctement, dépend, à mon humble avis, avant tout d'une organisation sociale au niveau d'une filière professionnelle. Générer des millions tout en sous-payant les créateurs est un non-sens. Mais je ne fais que de la redite avec les centaine de pages qui me succèdent. ;)


Aucun éditeur ne génère des millions sur un titre ou une série sans bien payer ses auteurs ;)
On mélange je pense deux choses: réussite individuelle et redistribution sur tous les auteurs.

Après c’est aux auteurs de s’organiser pour se faire mieux respecter globalement mais cela reste un métier individuel ou en lien avec ses proches. Je n’ai d’ailleurs rencontré aucun auteur qui vend très très bien qui m’a dit qu’il était prêt à diviser ses gains par deux ou trois pour que la filière dans son ensemble aille mieux. Par contre chacun a sa chance de faire un carton et ça c’est top. C’est aussi ce qui attire, c’est qu’il y a moyen de tirer les bénéfices de ses histoires si ça marche bien. Tout comme au foot finalement où certains ont du mal à en vivre mais d’autres sont des stars internationales qui gagnent en une année ce que je gagnerais en 200 ans.

Après, il est certain qu’aller gratter des sous chez le distributeur pour le filer aux auteurs ne serait pas un mal, mais si un auteur vend 500 bds tous les 3 ans, ça ne changera rien pour l’auteur en question et ne le fera pas vraiment mieux vivre.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede cedd79 » 12/08/2021 14:57

Je pensais plutôt au niveau de la filière toute entière : auteur + éditeur + distributeur + diffuseur + libraire, mais au niveau d'un seule série, hein ! :D

Mais d'autres bien plus calés que moi sur la question l'on déjà évoqué mille fois. Je ne dis rien de nouveau.

Complètement d'accord avec toi sur le fait que les syndicats ont toute leur place dans ces négociations qui me semblent... Compliquées...
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Messagede Erik Arnoux » 12/08/2021 16:19

Un syndicat dans un métier d'individualiste par essence même, c'est peine perdue. Comme politiser le sujet. Grand bien leur fasse, mais tzynn a raison dans toute sa réponse ci-dessus..,
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede tzynn » 12/08/2021 16:24

Globalement la répartition c’est (à qlq % près)
10% pour les auteurs
10% pour la fabrication
30% pour le libraire
6% pour l’état
22% pour l’éditeur
22% pour le distributeur qui reprend distributeur / diffuseur

Là dedans l’éditeur et les auteurs sont ceux qui prennent les risques: le premier de ne pas toucher assez, le second sur l’avance si elle n’est pas remboursée, le marketing et sur les retours. Le libraire a moins de risques sauf les comptes fermes, mais a aussi moins de revenus potentiels puisqu’il est limité à son point de vente physique. La vente virtuel étant plus simple. Finalement là où il y a le moins de risque et le plus de marge c’est le distributeur qui est juste un hub logistique et la vente virtuelle. C’est là qu’il faut aller chercher.

Je lis souvent que c’est les auteurs vs les éditeurs qui se gavent mais des éditeurs qui meurent c’est monnaie courante, comme quoi ça doit pas être si simple. Et puis si ça l’était, tout le monde serait éditeur.

Après comme je le disais, on peut passer à 15, 20 ou même 40% de droits, un auteur qui ne vend pas n’en vivra pas et il ne faut pas laisser croire le contraire comme un miroir aux alouettes qu’on peut parfois lire.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede cedd79 » 12/08/2021 16:28

tzynn a écrit:Globalement la répartition c’est (à qlq % près)
10% pour les auteurs
10% pour la fabrication
30% pour le libraire
6% pour l’état
22% pour l’éditeur
22% pour le distributeur qui reprend distributeur / diffuseur

Là dedans l’éditeur et les auteurs sont ceux qui prennent les risques: le premier de ne pas toucher assez, le second sur l’avance si elle n’est pas remboursée, le marketing et sur les retours. Le libraire a moins de risques sauf les comptes fermes, mais a aussi moins de revenus potentiels puisqu’il est limité à son point de vente physique. La vente virtuel étant plus simple. Finalement là où il y a le moins de risque et le plus de marge c’est le distributeur qui est juste un hub logistique et la vente virtuelle. C’est là qu’il faut aller chercher.

Après comme je le disais, on peut passer à 15, 20 ou même 40% de droits, un auteur qui ne vend pas n’en vivra pas et il ne faut pas laisser croire le contraire comme un miroir aux alouettes qu’on peut parfois lire.


Quand tu dis 10% pour l'auteur, tu parles brut ou net ?
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede tzynn » 12/08/2021 16:32

Sur la répartition du prix du bouquin. Après les questions de brut, net, taux d’imposition dépendent de la situation de chacun.
Un auteur en Belgique, s’il est malin, paie qlq % d’impôts sur ses revenus, et avec les exonérations peut frôler le 0% par exemple.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede cedd79 » 12/08/2021 16:33

Je pensais plutôt aux cotisations sociales de l'URSSAF Limousin et de l'IRCEC. L’imposition, c'est autre chose, puisque pour payer des impôts, il faut déjà atteindre un certain montant de revenus.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede tzynn » 12/08/2021 16:38

cedd79 a écrit:Je pensais plutôt aux cotisations sociales de l'URSSAF Limousin et de l'IRCEC. L’imposition, c'est autre chose, puisque pour payer des impôts, il faut déjà atteindre un certain montant de revenus.


J’englobe le tout. En Belgique, tu peux approcher de quelques centaines d’euros tout compris de cotisations et impôts en tant qu’auteur si tu sais comment faire. En France probablement moins.

Après les auteurs de Mortele Adèle qui vendent 6 à 8 millions de bouquins ne sont probablement pas à plaindre. Même s’ils ne touchent que 10% du prix du bouquin il doit y avoir moyen de vivre. A côté de ça j’ai croisé un auteur (mais de romans) qui lui vendait 50 exemplaires de ses bouquins qd il en écrivait un nouveau et il était content. On peut le tourner dans tous les sens, il n’a aucune chance d’en vivre sauf à compter sur la générosité de ceux qui ont bien vendus. Mais si les auteurs prennent des risques, c’est bien pour avoir un bon retour en cas de succès, pas juste pour supporter les non-succès des autres
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede cedd79 » 12/08/2021 16:47

En France, c'est le diffuseur (l'éditeur pour les livres, le producteur pour les films) qui s'occupe de précompter (c'est à dire retenir) les cotisations sociale sur les droits touchés.

Ces droits sont reversés aux différents organismes sociaux. Ils sont de l'ordre de 16 à 17% pour ce qui est de la sécurité sociale en tant que telle (maladie, invalidité, précarité, maternité, retraite de base, etc.) et 4 à 8% pour la retraite complémentaire, sachant qu'en-dessous d'un certain seuil de revenus, cette cotisation retraire n'est pas due.

La bonne chose, c'est que depuis la réforme de la sécurité sociale des auteurs, ceux-ci sont protégés dès le premier euro de droits perçus. Ils ont aussi maintenant la possibilité de s'auto-éditer à compte d'auteur (à la condition de créer une entreprise individuelle) ; ce qui n'était pas possible avant.

C'est vrai que dans ma réflexion, je ne pensais pas forcément à l'auteur qui vend 50 exemplaires. Mais pour le coup, pour moi, cela revient au même pour un entrepreneur qui n'a pas de client. On n'est plus sur une question de succès, mais simplement pérennité pragmatique de l'activité professionnelle.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede klorophylle 34 » 12/08/2021 17:02

Au final il va falloir se rendre compte d'un truc, le schéma est simple:

-Une pléiade de sorties dont chacun ou chacune aimerait bien en vivre (démarche légitime) sauf que comme beaucoup de corps de métiers il y a les cartons, les succès d'estime, les inaperçus et les grosses daubes (oui c'est bien de parler parité ou revenu décent, mais tout le monde n'y aura pas accès au vu de sa production).
Sauf qu'un autre gros hic, beaucoup d'auteurs pensent à tort mériter d'en vivre alors que leurs travaux ne sont pas et loin de là des succès autant commerciaux que qualificatifs.
-Ensuite quand tu revendique un truc aussi juste soit'il, il faudrait une solidarité, or comme le dit Tzynn dans ce milieu hormis ceux qui galèrent qui sont unis (et encore), les autres hormis en parler ne bougeront pas!.

Tu surproduit donc forcément tu laisse une armada de personnes sur la route, est ce choquant, ben c'est comme beaucoup de métiers, soit tu t'impose, soit tu coule et passe à autre chose (et qu'on arrête avec "mais c'est ma passion", ou "je ne sais faire que ça").
Si chacun devait vivre de sa passion ça se saurait depuis longtemps.

Tu vend 300 albums, ben quelque soit la raison, songe à envisager l'hypothèse que tu vivra ne pas de la BD.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 12/08/2021 17:19

tzynn a écrit:Globalement la répartition c’est (à qlq % près)
10% pour les auteurs
10% pour la fabrication
30% pour le libraire
6% pour l’état
22% pour l’éditeur
22% pour le distributeur qui reprend distributeur / diffuseur

Là dedans l’éditeur et les auteurs sont ceux qui prennent les risques: le premier de ne pas toucher assez, le second sur l’avance si elle n’est pas remboursée, le marketing et sur les retours. Le libraire a moins de risques sauf les comptes fermes, mais a aussi moins de revenus potentiels puisqu’il est limité à son point de vente physique. La vente virtuel étant plus simple. Finalement là où il y a le moins de risque et le plus de marge c’est le distributeur qui est juste un hub logistique et la vente virtuelle. C’est là qu’il faut aller chercher.

Je lis souvent que c’est les auteurs vs les éditeurs qui se gavent mais des éditeurs qui meurent c’est monnaie courante, comme quoi ça doit pas être si simple. Et puis si ça l’était, tout le monde serait éditeur.


J'ai un gros problème avec cette répartition (qui se base sur le prix HT du livre), parce qu'avant tout il s'agit d'une moyenne (ou plutôt, d'une sorte de côte mal taillée) réalisée pour le livre. Or, d'une part, une moyenne est une donnée extrêmement pauvre, en cela qu'elle peut cacher des situations extrêmement différentes. Par exemple, les trois ensembles suivants correspondent à une moyenne de 10: (8, 8, 9, 9, 10, 10, 11, 11, 12, 12) / (2, 4, 6, 8, 10, 10, 12, 14, 16, 18) / (1, 1, 1, 1, 1, 1, 2, 2, 3, 87)
Ce qui compte, souvent, c'est la distribution (prise dans le sens mathématique du terme).
Par exemple, on voit que côté bande dessinée, l'étude 2016 des EGBD indiquait que le meilleur pourcentage reçu au cours des 5 dernières années par les auteurs était en moyenne de 8,6% (médiane à 9%), et que seul le 3e quartile était à 10%.

Mais au-delà de ces considérations, j'ai un énorme problème avec cette vision simplifiée qui met sur un pied d'égalité auteur et éditeur dans la prise de risque. Il y a des différences fondamentales entre les deux, que je vais essayer de résumer ici:
- l'auteur ne table que sur un seul livre (le sien) pour assurer ses revenus; l'éditeur table sur plusieurs livres, et donc prend moins de risques au final;
- l'éditeur propose à l'auteur une avance puis une rémunération de l'exploitation de son oeuvre (et non pas un financement à la création, c'est important), qu'il base sur ses projections de ventes -- sachant que pour les principaux grands groupes, ils maîtrisent également la distribution/diffusion, donc une large part de la chaîne (seul Glénat n'a pas sa propre structure, à la différence de Média Participations / Delcourt / Madrigall / Hachette). Il est donc possible à l'éditeur d'ajuster sa proposition financière en fonction de ses prévisions -- et si jamais ces prévisions ne sont pas atteintes, c'est qu'il n'a pas bien fait son boulot;
- l'évolution des modèles de rémunérations des auteurs (avec le système généralisé des avances) permet aux éditeurs de dire qu'ils perdent de l'argent sur la plupart des ouvrages, puisque les avances ne sont pas recouvertes. Pas *entièrement* recouvertes, faudrait-il préciser à chaque fois, sachant qu'il est très possible qu'un éditeur rentre dans ses frais (toutes dépenses confondues) sur un ouvrage qui n'a pas encore atteint le point de remboursement des avances. Parce que jusqu'à ce point, ce n'est pas 20% que l'éditeur empoche, mais 30% du prix HT dans la répartition ci-dessus.

Bref, ces trois facteurs (mutualisation des risques sur plusieurs livres, ajustement des avances en fonction des prévisions des ventes sur un outil de distribution directement contrôlé par l'éditeur, et évolution de la structure de rémunération) montrent bien combien cette "prise de risque" est partagée très inégalement entre auteur et éditeur. Et pourtant, dans la répartition, c'est l'éditeur qui récupère deux fois plus que l'auteur.
On notera par ailleurs que côté auteurs de bande dessinée, ce ne sont pas les "auteurs qui vendent 50 bouquins tous les trois ans" qui sont monté au créneau pour dire que non, ils ne pouvaient plus continuer à vivre de leur métier dans les conditions actuelles, mais bien des auteurs en vue, chez des grands éditeurs. Et ça, ça devrait faire réfléchir.
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Messagede Erik Arnoux » 12/08/2021 17:24

klorophylle 34 qui synthétise parfaitement a écrit:Au final il va falloir se rendre compte d'un truc, (…) tu ne vivras pas de la BD.

Et tout est dit, c'est exactement ça, c'est pour ça aussi que à part les 4 jours annuels de surexcitation politisée médiatique à Angoulême "on est tous des frères" (et des sœurs, houla !) retombant ensuite comme un soufflé à peine sorti du four, il ne se passe et ne se passera rien. Chacun pour soi. Cynique ? Même pas. Parce que c'est comme ça que se vit le job.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede cedd79 » 12/08/2021 17:27

Xavier Guilbert a écrit:J'ai un gros problème avec cette répartition (qui se base sur le prix HT du livre), parce qu'avant tout il s'agit d'une moyenne (ou plutôt, d'une sorte de côte mal taillée) réalisée pour le livre. Or, d'une part, une moyenne est une donnée extrêmement pauvre, en cela qu'elle peut cacher des situations extrêmement différentes. Par exemple, les trois ensembles suivants correspondent à une moyenne de 10: (8, 8, 9, 9, 10, 10, 11, 11, 12, 12) / (2, 4, 6, 8, 10, 10, 12, 14, 16, 18) / (1, 1, 1, 1, 1, 1, 2, 2, 3, 87)
Ce qui compte, souvent, c'est la distribution (prise dans le sens mathématique du terme).
Par exemple, on voit que côté bande dessinée, l'étude 2016 des EGBD indiquait que le meilleur pourcentage reçu au cours des 5 dernières années par les auteurs était en moyenne de 8,6% (médiane à 9%), et que seul le 3e quartile était à 10%.

Mais au-delà de ces considérations, j'ai un énorme problème avec cette vision simplifiée qui met sur un pied d'égalité auteur et éditeur dans la prise de risque. Il y a des différences fondamentales entre les deux, que je vais essayer de résumer ici:
- l'auteur ne table que sur un seul livre (le sien) pour assurer ses revenus; l'éditeur table sur plusieurs livres, et donc prend moins de risques au final;
- l'éditeur propose à l'auteur une avance puis une rémunération de l'exploitation de son oeuvre (et non pas un financement à la création, c'est important), qu'il base sur ses projections de ventes -- sachant que pour les principaux grands groupes, ils maîtrisent également la distribution/diffusion, donc une large part de la chaîne (seul Glénat n'a pas sa propre structure, à la différence de Média Participations / Delcourt / Madrigall / Hachette). Il est donc possible à l'éditeur d'ajuster sa proposition financière en fonction de ses prévisions -- et si jamais ces prévisions ne sont pas atteintes, c'est qu'il n'a pas bien fait son boulot;
- l'évolution des modèles de rémunérations des auteurs (avec le système généralisé des avances) permet aux éditeurs de dire qu'ils perdent de l'argent sur la plupart des ouvrages, puisque les avances ne sont pas recouvertes. Pas *entièrement* recouvertes, faudrait-il préciser à chaque fois, sachant qu'il est très possible qu'un éditeur rentre dans ses frais (toutes dépenses confondues) sur un ouvrage qui n'a pas encore atteint le point de remboursement des avances. Parce que jusqu'à ce point, ce n'est pas 20% que l'éditeur empoche, mais 30% du prix HT dans la répartition ci-dessus.

Bref, ces trois facteurs (mutualisation des risques sur plusieurs livres, ajustement des avances en fonction des prévisions des ventes sur un outil de distribution directement contrôlé par l'éditeur, et évolution de la structure de rémunération) montrent bien combien cette "prise de risque" est partagée très inégalement entre auteur et éditeur. Et pourtant, dans la répartition, c'est l'éditeur qui récupère deux fois plus que l'auteur.
On notera par ailleurs que côté auteurs de bande dessinée, ce ne sont pas les "auteurs qui vendent 50 bouquins tous les trois ans" qui sont monté au créneau pour dire que non, ils ne pouvaient plus continuer à vivre de leur métier dans les conditions actuelles, mais bien des auteurs en vue, chez des grands éditeurs. Et ça, ça devrait faire réfléchir.


Merci pour ces éclaircissements.

A noter que dans mon métier (je suis dans l'audiovisuel), j'ai vu des avances déjà versées réclamées aux auteurs, lors de difficultés financières rencontrées par l'entreprise de production. Je ne sais pas si le cas se produit dans le livre.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede tzynn » 12/08/2021 17:27

Xavier Guilbert a écrit:
tzynn a écrit:Globalement la répartition c’est (à qlq % près)
10% pour les auteurs
10% pour la fabrication
30% pour le libraire
6% pour l’état
22% pour l’éditeur
22% pour le distributeur qui reprend distributeur / diffuseur

Là dedans l’éditeur et les auteurs sont ceux qui prennent les risques: le premier de ne pas toucher assez, le second sur l’avance si elle n’est pas remboursée, le marketing et sur les retours. Le libraire a moins de risques sauf les comptes fermes, mais a aussi moins de revenus potentiels puisqu’il est limité à son point de vente physique. La vente virtuel étant plus simple. Finalement là où il y a le moins de risque et le plus de marge c’est le distributeur qui est juste un hub logistique et la vente virtuelle. C’est là qu’il faut aller chercher.

Je lis souvent que c’est les auteurs vs les éditeurs qui se gavent mais des éditeurs qui meurent c’est monnaie courante, comme quoi ça doit pas être si simple. Et puis si ça l’était, tout le monde serait éditeur.


J'ai un gros problème avec cette répartition (qui se base sur le prix HT du livre), parce qu'avant tout il s'agit d'une moyenne (ou plutôt, d'une sorte de côte mal taillée) réalisée pour le livre. Or, d'une part, une moyenne est une donnée extrêmement pauvre, en cela qu'elle peut cacher des situations extrêmement différentes. Par exemple, les trois ensembles suivants correspondent à une moyenne de 10: (8, 8, 9, 9, 10, 10, 11, 11, 12, 12) / (2, 4, 6, 8, 10, 10, 12, 14, 16, 18) / (1, 1, 1, 1, 1, 1, 2, 2, 3, 87)
Ce qui compte, souvent, c'est la distribution (prise dans le sens mathématique du terme).
Par exemple, on voit que côté bande dessinée, l'étude 2016 des EGBD indiquait que le meilleur pourcentage reçu au cours des 5 dernières années par les auteurs était en moyenne de 8,6% (médiane à 9%), et que seul le 3e quartile était à 10%.

Mais au-delà de ces considérations, j'ai un énorme problème avec cette vision simplifiée qui met sur un pied d'égalité auteur et éditeur dans la prise de risque. Il y a des différences fondamentales entre les deux, que je vais essayer de résumer ici:
- l'auteur ne table que sur un seul livre (le sien) pour assurer ses revenus; l'éditeur table sur plusieurs livres, et donc prend moins de risques au final;
- l'éditeur propose à l'auteur une avance puis une rémunération de l'exploitation de son oeuvre (et non pas un financement à la création, c'est important), qu'il base sur ses projections de ventes -- sachant que pour les principaux grands groupes, ils maîtrisent également la distribution/diffusion, donc une large part de la chaîne (seul Glénat n'a pas sa propre structure, à la différence de Média Participations / Delcourt / Madrigall / Hachette). Il est donc possible à l'éditeur d'ajuster sa proposition financière en fonction de ses prévisions -- et si jamais ces prévisions ne sont pas atteintes, c'est qu'il n'a pas bien fait son boulot;
- l'évolution des modèles de rémunérations des auteurs (avec le système généralisé des avances) permet aux éditeurs de dire qu'ils perdent de l'argent sur la plupart des ouvrages, puisque les avances ne sont pas recouvertes. Pas *entièrement* recouvertes, faudrait-il préciser à chaque fois, sachant qu'il est très possible qu'un éditeur rentre dans ses frais (toutes dépenses confondues) sur un ouvrage qui n'a pas encore atteint le point de remboursement des avances. Parce que jusqu'à ce point, ce n'est pas 20% que l'éditeur empoche, mais 30% du prix HT dans la répartition ci-dessus.

Bref, ces trois facteurs (mutualisation des risques sur plusieurs livres, ajustement des avances en fonction des prévisions des ventes sur un outil de distribution directement contrôlé par l'éditeur, et évolution de la structure de rémunération) montrent bien combien cette "prise de risque" est partagée très inégalement entre auteur et éditeur. Et pourtant, dans la répartition, c'est l'éditeur qui récupère deux fois plus que l'auteur.
On notera par ailleurs que côté auteurs de bande dessinée, ce ne sont pas les "auteurs qui vendent 50 bouquins tous les trois ans" qui sont monté au créneau pour dire que non, ils ne pouvaient plus continuer à vivre de leur métier dans les conditions actuelles, mais bien des auteurs en vue, chez des grands éditeurs. Et ça, ça devrait faire réfléchir.


Oui, parce que l’éditeur prend le rôle de distributeur qui est le plus lucratif et qui amortit le risque comme tu l’écris toi-même.

Après pour la question des risques, on pourrait retourner le point: quel risque prend un auteur reconnu à faire son 22e Largo Winch ou son 35e Thorgal, alors que l’éditeur prend des risques sur bcp d’albums et pas juste sur un seul. ;)

Je ne pense pas que l’éditeur (le département éditeur si tu veux) soit le mauvais dans l’équation. Il prend des risques aussi, à l’inverse - comme je l’écrivais - des distributeurs (ou départements distribution si tu préfères) et libraires virtuels qui ont peu de frais, pas de risques et de grosses marges. C’est là qu’il faut chercher. Et on est pas chez les bisounours, même à 20% de droits bcp n’en vivront pas
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 12/08/2021 17:29

cedd79 a écrit:Merci pour ces éclaircissements. A noter que dans mon métier (je suis dans l'audiovisuel), j'ai vu des avances déjà versées réclamées aux auteurs, lors de difficultés financières que rencontrées par l'entreprise de production. Je ne sais pas si le cas se produit dans le livre.

Pas que je sache.
Par contre, un grand éditeur s'était fait taper sur les doigts pour avoir voulu essayer d'imposer une récupération "transversale" des avances: actuellement, chaque ouvrage correspond à un contrat, ce qui fait que les avances non recouvertes sur un ouvrage ne peuvent pas être récupérées sur un autre du même auteur qui aurait remboursé les siennes. Ce grand éditeur voulait instaurer ce système, qui aurait limité plus encore la rémunération des auteurs. De mémoire, le SNAC-BD était intervenu, et l'éditeur en question avait fait machine arrière.
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