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C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition - 2010-2021

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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Brian Addav » 06/08/2021 19:01

Message précédent :
Les éditeurs ont pas l'air d'avoir trop de pbs. Ils vendent plus d'albums.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede PEB » 06/08/2021 19:02

Brian Addav a écrit:Les ventes moyennes l'éditeur il s'en fout, ce sont les auteurs que ça concerne.
L'éditeur, son pb, c'est de vendre plein de bouquins au total et de rentrer dans ses frais...


Et je pense le raisonnement un peu simpliste: économiquement, c'est plus rentable de vendre 1 bouquin à 100 000 exemplaires que 100 000 bouquins à 1 exemplaire!

Donc l'éditeur ne s'en fout pas, de la baisse moyenne des ventes. Sauf qu'il y est pour quelque chose, l'auteur pas!
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Brian Addav » 06/08/2021 19:06

PEB a écrit:
Brian Addav a écrit:Les ventes moyennes l'éditeur il s'en fout, ce sont les auteurs que ça concerne.
L'éditeur, son pb, c'est de vendre plein de bouquins au total et de rentrer dans ses frais...


Et je pense le raisonnement un peu simpliste: économiquement, c'est plus rentable de vendre 1 bouquin à 100 000 exemplaires que 100 000 bouquins à 1 exemplaire!

Donc l'éditeur ne s'en fout pas, de la baisse moyenne des ventes. Sauf qu'il y est pour quelque chose, l'auteur pas!


Sauf qu'avant, tous les éditeurs vendaient 35M de bouquins avec 500 nouveautés, et qu'aujourd'hui, ils en vendent plus de 50M avec 5000 nouveautés, que les coûts d'impression ont chuté, que les frais de production aussi, et que les salaires des auteurs idems.


D'ailleurs est-ce que les éditeurs se plaignent de la surproduction ?
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede PEB » 06/08/2021 19:15

C'est une bonne question, et je serai curieux de connaître la réponse…

J'ai tout de même ma petite idée. Les différents rapports semblent indiquer qu'il y a des gagnants et des perdants: la croissance du manga et à un degré moindre des comics va de pair avec un effritement du FB classique. Donc je pense que les grands éditeurs de FB doivent se plaindre de la surproduction, pas les nouveaux venus…

La baisse des coûts d'impression que tu évoques fort justement participe d'ailleurs à cette fameuse surproduction, qui paupérise les auteurs établis et ne permet pas à la majorité des nouveaux venus de vivre correctement: grâce à elle, pour un même investissement, un éditeur peut produire plus de titres différents pour tenter de décrocher le jackpot…
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 06/08/2021 19:17

Je me permets de citer Stéphane Beaujean, avec sa tribune "Bande dessinée, l'éléphant dans la pièce" publiée dans Libération en janvier 2020:
En reposant de plus en plus sur des ouvrages uniques aux modèles de rentabilité fluctuants, l’éditeur a perdu en visibilité sur son échéancier. Or que faites-vous quand vous ne pouvez plus aussi précisément prévoir vos revenus ? Vous vous protégez en maîtrisant vos dépenses. Vous comprimez le risque financier. La baisse des coûts de fabrication a, entre 2000 et 2010, permis d’absorber ce risque. Mais à l’orée des années 2010, il ne restait plus que la part de l’auteur sur laquelle négocier pour trouver la flexibilité nécessaire à la poursuite d’une croissance construite sur une production démultipliée.

En affinant cette politique, les maisons d’édition ont fini par être capables de produire presque 50 % à 60 % de livres non rentables, ou à perte. Leur capacité à mutualiser les revenus générés par les livres entre les auteurs est donc très importante - presque miraculeuse. Mais depuis plusieurs années, elle semble avoir atteint son plafond. C’est à partir de ce moment-là que s’est dégradée la situation des auteurs, coincés dans un environnement où multiplier les livres aux capacités de ventes incertaines ne restait possible qu’en compressant les coûts de création et fabrication - et donc le risque - au plus bas.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede PEB » 06/08/2021 21:19

Qu'est-ce qu'un "ouvrage unique aux modèles de rentabilité fluctuants" ?

Pour le reste, le mécanisme est bien là: on rogne et dilue (entre eux) la part des auteurs dans une production surabondante permettant de générer du profit en multipliant les chances (statistiques) de toucher le jackpot sur quelques titres, sachant que "presque 50 % à 60 % de livres [sont] non rentables, ou à perte"...
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Nirm » 06/08/2021 22:12

Un one shot dont on n'est pas sûr du succès, je suppose.
Tu débarques ? Suis le guide
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 06/08/2021 22:37

Dans sa tribune, Stéphane explique comment l'évolution de l'offre des éditeurs délaissant les séries pour les romans graphiques a rendu moins prévisibles les ventes. Donc oui, le terme de "ouvrage unique" s'oppose au format sériel (et la tribune démontre, chiffres à l'appui, combien la création franco-belge a pu souffrir de cette évolution).
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 06/08/2021 23:06

Franchement, ça parait tellement évident que le RG n'est pas l'avenir de la BD...

Je ne cesse de le dire : une fois paru, le RG n'a pas d'avenir, il ne sera pas réédité (sauf pour de rares exceptions, trop rares pour en faire un modèle économique). L'année d'après, il n'existe déjà plus, sauf dans la mémoire de quelques spécialistes, mais pas du large public.

Mais en plus de cela, le RG est une énorme risque financier ; l'éditeur ne sait jamais si ça va se vendre, puisque, contrairement à chaque tome d'une série, il est une création pure, sans passé, sans fidèles lecteurs. Et généralement d'un format plus volumineux, donc plus cher à produire, et donc avec plus de risques financiers à la clé.

Les anciens le savaient, ils ont montré la voie :
la série fidélise et donc garantie des ventes sur des décennies (quand ça marche, bien sur) ; l'album unitaire est plus casse-gueule et beaucoup moins durable dans le temps.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Pouffy » 06/08/2021 23:14

yannzeman a écrit:la série fidélise et donc garantie des ventes sur des décennies (quand ça marche, bien sur) ; l'album unitaire est plus casse-gueule et beaucoup moins durable dans le temps.


Oui, pour ça on a les mangas :D
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Brian Addav » 07/08/2021 07:10

C'est un jour sans fin ici [:lega]

Et désolé, imprimer un bouquin n'est plus un énorme risque financier de nos jours pour les gros éditeurs.
Et c'est bien pour ça qu'ils en impriment plein.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Pouffy » 07/08/2021 08:37

Brian Addav a écrit:C'est un jour sans fin ici [:lega]


On ne va pas refaire yannzeman :D

Brian Addav a écrit:Et désolé, imprimer un bouquin n'est plus un énorme risque financier de nos jours pour les gros éditeurs.
Et c'est bien pour ça qu'ils en impriment plein.


Oui le risque dans lancer une série est surtout pour l'acheteur.

J'ai essayé de mesurer l'impact de la "surproduction" sur mes achats. Dans les années 90, je pouvais acheter tout ce que sortait mes éditeurs phares de l'époque. Dans les années 2000, j'étais obligé de me limiter à certaines collection ou certains auteurs, à partir de 2010... c'est la pêche à l'aimant.

Il faudrait décortiqué le forum pour faire des stats, mais de mémoire c'est vers 2006 ou 2007 qu'ici ça a commencé à râler sur la prolifération des tome 1 sans suite (notamment chez Soleil). Quand tu regardes les coups de cœurs de BDGest... il y a de plus en plus de one-shot et de moins en moins de série (et globalement de moins en moins de coups de cœurs).

Bref tu ne peux plus te fier à un éditeur ou une collection.

De nos jours, le rôle du distributeur demeure prépondérant mais celui d'éditeur est faible.
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Messagede Erik Arnoux » 07/08/2021 09:24

de mémoire c'est vers 2006 ou 2007 qu'ici ça a commencé à râler sur la prolifération des tome 1 sans suite (notamment chez Soleil).


Le phénomène date de bien avant, chez Soleil. J'ai sorti un titre chez eux en 2001 et au moment de la signature avec Mourad en 99, c'était déjà connu et fréquemment le cas.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Brian Addav » 07/08/2021 10:16

Pouffy a écrit:
Brian Addav a écrit:C'est un jour sans fin ici [:lega]


On ne va pas refaire yannzeman :D

Brian Addav a écrit:Et désolé, imprimer un bouquin n'est plus un énorme risque financier de nos jours pour les gros éditeurs.
Et c'est bien pour ça qu'ils en impriment plein.


Oui le risque dans lancer une série est surtout pour l'acheteur.

J'ai essayé de mesurer l'impact de la "surproduction" sur mes achats. Dans les années 90, je pouvais acheter tout ce que sortait mes éditeurs phares de l'époque. Dans les années 2000, j'étais obligé de me limiter à certaines collection ou certains auteurs, à partir de 2010... c'est la pêche à l'aimant.

Il faudrait décortiqué le forum pour faire des stats, mais de mémoire c'est vers 2006 ou 2007 qu'ici ça a commencé à râler sur la prolifération des tome 1 sans suite (notamment chez Soleil). Quand tu regardes les coups de cœurs de BDGest... il y a de plus en plus de one-shot et de moins en moins de série (et globalement de moins en moins de coups de cœurs).

Bref tu ne peux plus te fier à un éditeur ou une collection.

De nos jours, le rôle du distributeur demeure prépondérant mais celui d'éditeur est faible.



Je vous invite à rechercher dans ce même topic les graphes que Nexus avait sorti sur la surproduction et sur ces fameux tome 1....
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 07/08/2021 22:47

Pouffy a écrit:
yannzeman a écrit:la série fidélise et donc garantie des ventes sur des décennies (quand ça marche, bien sur) ; l'album unitaire est plus casse-gueule et beaucoup moins durable dans le temps.


Oui, pour ça on a les mangas :D


Et ?
Une fois que vous avez sorti cette évidence, il faut en déduire quoi ?

Parce que du point de vue du modèle économique, ça ressemble quand même à une formule gagnante : des histoires à suivre, des suites qui ne se font pas attendre, une prépublication qui permet de faire le tri, un format d'impression qui permet de proposer des produits à prix accessible, et des oeuvres accessibles et destinées au plus grand nombre.

Autrefois, la BD FB savait faire ça.

Aujourd'hui, ce sont les comics qui montrent l'exemple, avec les opérations DC à 4,90 euros, et la riposte Marvel avec les superhéros à 5,99 euros (mais albums cartonnés). Une politique de prix agressifs, pour aller chercher les futurs lecteurs, sur des séries et pas sur des OGN. Parce que la série fidélise.

Pendant ce temps là, Casterman propose des RG en format poche à 10 euros.
Un peu cher, la réédition de BD en format poche...


Brian Addav a écrit:C'est un jour sans fin ici [:lega]

Et désolé, imprimer un bouquin n'est plus un énorme risque financier de nos jours pour les gros éditeurs.
Et c'est bien pour ça qu'ils en impriment plein.


Non, je parlais du risque financier de faire travailler des auteurs plusieurs années sur un bouquin, équivalent à plusieurs tomes de BD FB classique, qui au final ne se vendra peut-être pas. Et qu'on retrouve ensuite dans les NOZ.

Et quand bien même il se vend, quel est son avenir ?
"Les indes fourbes", ça s'est bien vendu, mais 2 ans plus tard ?
Pas de suite possible, des rééditions qui plafonneront fatalement, bref pas beaucoup de moyens de faire perdurer le succès.
Contrairement à une série, où quand c'est bien fait, 30 ans après, elle peut encore cartonner ("Blake et Mortimer"), ou au moins bien se vendre ("Lefranc").

On verra ce que aura donné l'opération Casterman, les RG de poche à 10 euros. Si elle permet de redonner d'autres vies à ces RG, ou s'ils sombreront dans l'oubli.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede toine74 » 08/08/2021 01:15

Les séries jeunesses actuelles qui cartonnent, il y en a plein : Mortelle Adèle, Les Légendaires, Petit poilu... . Pas sûr que les éditeurs vont réussir à capter ce lectorat avec des titres usés jusqu'à la corde comme Lefranc ou B&M. Ce type de reboot vise les nostalgiques que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître et les lecteurs très occasionnels (genre une ou deux BD/an achetées au supermarché).

Les opérations BD à bas prix, c'est juste des opérations ponctuelles pour occuper les présentoirs ou simplement se montrer et, très peut-être, trouver des nouveaux lecteurs.

Les lecteurs de OS s'intéressent soit à une problématique/un genre de récit. soit à des auteurs spécifiques. Les Indes fourbes capitalise sur le lectorat de Guarnido/Ayroles et fait certainement vivre leurs catalogues respectifs. Les OS ont des vies différentes que les séries, c'est un fait, mais les lecteurs sont fidèles.Il n'y a qu'à voir les succès de Bilal, Larcenet ou même Fabcaro.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 08/08/2021 22:14

toine74 a écrit:Les séries jeunesses actuelles qui cartonnent, il y en a plein : Mortelle Adèle, Les Légendaires, Petit poilu... . Pas sûr que les éditeurs vont réussir à capter ce lectorat avec des titres usés jusqu'à la corde comme Lefranc ou B&M. Ce type de reboot vise les nostalgiques que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître et les lecteurs très occasionnels (genre une ou deux BD/an achetées au supermarché).


Mais de quels nostalgiques parlez-vous ?

Les "Blake et Mortimer" datent des années 1950 à 1967.
"Sato I" (1977) et "Sato II" (1990) sont à part, car ils sont mauvais, il ne peut pas y avoir de nostalgie pour ceux là.

Quand j'ai découvert "Blake et Mortimer", j'avais 18 ou 19 ans (en 1988 ou 1989). Je n'ai pas connu cette série lors de sa prépublication dans le journal de Tintin. Mais ça m'a plu, à une époque où on avait eu "star wars", "indiana jones", "Terminator", "alien" "rambo", "rocky", "lethal weapon", etc...

Cette série, pour se vendre autant, agglomère des lecteurs bien au delà des lecteurs nostalgiques des années 50 (qui ne sont pas tous restés des lecteurs de BD, du reste ; mon père n'en lit plus depuis longtemps). Idem pour "Lefranc", dont les plus beaux albums datent d'avant ma naissance, et dont je n'aimais pas les albums parus dans le journal de Tintin lorsque je le lisais (à partir de 1977).

Il y a tout simplement des gens qui ne sont pas de cette époque mais qui aiment les années 50 et 60 (regardez le succès de la série TV "les petits meurtres d'agatha Christie", sur France 2, ou de "Mad Men", ou du seul film valable de la franchise X-Men, "X-Men : first class", ou "OSS 117"), l'élégance et le charme parfois désué qui s'en dégage, ainsi que un design fort.

Quand on fait un film sur "les 3 mousquetaires", on ne dit pas que ce sont les nostalgiques qui vont le voir. Et bien c'est pareil pour des BD se déroulant dans les années 30-40-50 ou 60 (et même 70 ou 80, maintenant).

Quand on est ado et que pour l'école, on doit lire du Maupassant, du Zola, du Stendhal, du Balzac, et qu'on se rend compte qu'on aime ça, on n'est pas non plus nostalgique.

Vraiment, il faut arrêter avec la nostalgie et accepter que ça puisse plaire tout simplement parce que la recette est bonne et transcende les époques.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede toine74 » 09/08/2021 00:49

Tu mélanges un peu les serviettes avec les torchons ;) .

Par contre, tu as raison, certains titres, on ne sait pas trop poutquoi ou comment, deviennent avec le temps des classiques (Les Trois mousquetaires est un bel exemple). Blake et Mortimer, grâce au talent de Jacobs et à la formidable machine marketing Dargaud, le sont devenus. Ce "rang" de classique fait qu'ils sont entrés dans l'imaginaire collectif et rien que leur nom est synonyme de carton éditorial. Evidemment, il faut que le boulot soit bien fait et, pour celà, Dargaud n'a pas fait les choses à moitié (Van Hamme, Ted Benoît, Juillard comme têtes d'affiche, ça le fait aussi).

Maintenant, le principal reproche que je faits à ce reboot (ou ceux d'autres séries de l'âge d'or), est, outre le côté purement mercantile d'éditeurs désirant s'assurer de belles ventes sans trop de risque, c'est la disparition du ressenti de l'auteur. C'est particulièrement frappant pour B&M dans lequel Jacobs avait réussi à mettre toutes les peurs de son époque ainsi qu'une bonne partie de lui-même. Aussi réussis que peuvent être certains des albums subséquents, ils leur manquera toujours cette sensibilité. Sans oublier, sur la longueur, l'épuisement naturels des héros (le choix de les bloquer dans les années 50-60 y est aussi pour beaucoup).

Pour ce qui est de la nostalgie dont tu fais si grand cas, celle-ci va bien au-delà seul ressenti personnel. Il y a eu des études là-dessus. En résumé, notre nostalgie est plus "large" que notre âge et débute des années avant notre naissance. Lors de nos premières années, nous sommes baignés dans un monde façonné par nos proches (parents, grand-parents, cousins, etc.), ce qui fait que notre "vécu" est imprégné d'impressions pouvant venir de loin (suivant la structure de sa famille et des connexions sociales de celle-ci). Cette nostalgie est quelque chose de très fortement ancré, les publicitaires et les scénaristes l'ont bien compris. (attention, je ne dis pas que c'est la seule explication de nos goûts, c'est juste une composante de comment et pourquoi ils existent).

Plus généralement, regarder en arrière rassure et fait du bien, mais il ne faut pas oublier le présent et les trésors de BD (les futurs classiques de demain !) qui sortent aujourd'hui ! Non seulement, celles-ci bénéficient de tout ce que le Neuvième art a pu produire jusque là, mais, surtout, elles parlent de nous et de maintenant.

euh... on parlait de quoi au fait ? :lol:
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede fleur » 09/08/2021 10:52

C'est intéressant Toine

toine74 a écrit:Maintenant, le principal reproche que je faits à ce reboot (ou ceux d'autres séries de l'âge d'or), est, outre le côté purement mercantile d'éditeurs désirant s'assurer de belles ventes sans trop de risque, c'est la disparition du ressenti de l'auteur. [...] Aussi réussis que peuvent être certains des albums subséquents, ils leur manquera toujours cette sensibilité.

Je crois que ça me le fera toujours sur Astérix malgré le très grand talent des auteurs actuels.

Pour ce qui est de la nostalgie dont tu fais si grand cas, celle-ci va bien au-delà seul ressenti personnel. Il y a eu des études là-dessus. En résumé, notre nostalgie est plus "large" que notre âge et débute des années avant notre naissance. Lors de nos premières années, nous sommes baignés dans un monde façonné par nos proches (parents, grand-parents, cousins, etc.), ce qui fait que notre "vécu" est imprégné d'impressions pouvant venir de loin (suivant la structure de sa famille et des connexions sociales de celle-ci). Cette nostalgie est quelque chose de très fortement ancré, les publicitaires et les scénaristes l'ont bien compris.

Ma nostalgie à moi, c'est lire des belles histoires qui stimulent mon imaginaire, flattent ma sensibilité esthétique, dont les personnages ne sont pas trop stéréotypés et en effet où j'y retrouve des valeurs qui me sont chères. Je demande pas grand chose :D

C'est vrai qu'il sort en ce moment de vrais petits bijoux. Je viens de lire "Jours de sable" et c'est un excellent album. Mais ce sont en majorité des documentaires. On n'invente plus des belles histoires cohérentes et crédibles qui vous emmènent dans un autre univers, on essaie de vous apprendre le réel (passé, présent ou futur) en le romançant.
Je me demande si cette évolution n'est pas liée à celle de la formation des auteurs, des milieux dont ils sont issus etc...

Aujourd'hui, j'ai du mal à trouver des albums qui m'emportent, mais je dois avoir changé aussi, je suis peut-être plus difficile à emporter.
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Messagede Erik Arnoux » 09/08/2021 12:01

fleur a écrit:On n'invente plus des belles histoires cohérentes et crédibles qui vous emmènent dans un autre univers, on essaie de vous apprendre le réel (passé, présent ou futur) en le romançant. (…) Aujourd'hui, j'ai du mal à trouver des albums qui m'emportent

Pas du tout d'accord, Fleur, il y en a heureusement toujours beaucoup sur le marché et en préparation, faut juste chercher, devant l'avalanche de nouveautés (pas simple, je te le concede, quand on arrive chez un libraire) et en tant que lecteur je trouve régulièrement mon bonheur (sans ramener à moi, je ne fais que ça, et pas mal de copains aussi parce que c'est effectivement la BD qu'on aime)

Et pour les documentaires ou les biopics qui déboulent (et j'en prépare deux... :D ), j'ai les chaînes thématiques du câble qui me proposeront toujours plus complet que des titres dessinés de quelques dizaines de pages, où il me manquera toujours un truc aussi bons soient-ils. (d'autant qu'il y en a des nuls et partisans aussi)
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede nexus4 » 09/08/2021 12:09

La BD du réel is the new "Pour les nuls". ;)
Et j'en ai gros.
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