C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition - 2010-2021

[Pouffy]

Message précédent :

Plus sérieusement, proposer un tel projet sur une zone humide (même une ancienne carrière) est quand même ahurissant alors que partout la biodiversité est en chute libre (sans parler du rôle de puit de CO2 de ce genre de milieu). Y a pas des zones industrielles en déliquéscences (bien pourvues en accès) où on pourrait caser ce genre de parc ?

Pour rappel... on parle de la Charente.

[nexus4]

8e baromètre des relations auteurs/éditeurs

https://www.scam.fr/Actualit%C3%A9s/Dos ... %A9diteurs

[LeJoker]

Les stats sont quand même déroutantes. On nous dit d'un côté que les auteurs sont dans un effroyable niveau de pauvreté, on nous dit que la situation est grave, et on trouve tout de même 70% d'entre eux satisfaits de leurs relations avec le monde de l'édition.

[Erik Arnoux]

on nous dit que la situation est grave et on trouve tout de même 70% d'entre eux satisfaits de leurs relations avec le monde de l'édition.

Parce que selon la façon dont la question est posée, ce sont en fin de compte deux choses tout à fait différentes. Le contexte commercial d'un marché très compliqué d'une part et le relationnel humain avec tes interlocuteurs et éditeurs d'autre part.

[LeJoker]

Bah oui, parce que c'est bien connu, les deux domaines sont hermétiquement séparés. "tu me payes mal, mais je t'aime bien".

cela relève du trouble psychologique à traiter (dépendance dans une relation toxique, comme les femmes battues).

[Erik Arnoux]

Bah, d'abord tout n'est pas qu'une question de blé dans une démarche artistique et ensuite ok, on peut s'en amuser de façon un brin caricaturale... ou simplement entendre qu'il y a une différence notable entre le marché et ses difficultés, les négociations "serrées et douloureuses" (sic) qui seront pour chacun un cas particulier, selon ses états de service, et que ce n'est pas lié obligatoirement avec les rapports personnels qu'on peut entretenir avec ses "éditeurs" terme générique désormais usuel pour designer celle ou celui qui est ton interlocuteur et interface au sein d'une maison d'édition X ou Y dont il est employé ... (ah oui, on ne dit plus directeur de collection) Quand on bosse sur un projet pendant des mois et des mois, c'est mieux de ressentir que l'enthousiasme est de mise

Par exemple... J'ai eu sur un titre un éditeur odieux et méprisant (le patron) mais mes interlocutrices éditrices qui géraient le travail au quotidien - et qui elles n'en pouvaient mais - étaient des pros super efficaces, tentant d'arrondir les angles au mieux tout au long de la réalisation du travail.

[nexus4]

"tu me payes mal, mais je t'aime bien".

C'est quand même le cas d'énormément de gens. Les relations humaines arrondissent les angles à défaut des fins de mois.

[nexus4]

Je vous recommande fortement le thread de Xavier Guilbert sur Twitter, limpide, comme il sait faire :
https://twitter.com/xguilbert/status/13 ... 85314?s=20

Pour les allergiques, vous pouvez tout lire d'une traite ici :
https://threadreaderapp.com/thread/1369 ... 85314.html

[tzynn]

Deux trois remarques à chaud:

Bein c'est comme tout, plus un auteur vend, plus la tendance change. Trondheim expliquait qu'il avait un montant non remboursable pour chaque album + les droits d'auteurs. On ne doit pas être loin pour d'autres auteurs qui ont su trouver leur place et qui ont pu monter leurs taux et enveloppe non remboursable.

Il y a des éditeurs qui font 0 avance et tout en droit d'auteurs (avec un plus haut taux) en fonction du nombre d'albums vendus. Je ne suis pas sur que ce soit mieux

La situation est très différente d'un pays à l'autre, les éditeurs payant des taxes et impots, alors que dans certains pays les droits d'auteurs flirtent avec le 0 absolu en taxation et impositions diverses.

Après, je suis curieux de voir ce que va donner la structure lancée par des auteurs. Etonnament, une fois qu'ils sont éditeurs, ça ne change pas du tout au tout.

On parle de revenus, mais il faut parler couts également. Et ceux des éditeurs ne me semble pas clair que pour pouvoir conclure qlq chose facilement. Quels sont les couts liés à un album pour le % indiqué, hors frais généraux?

Enfin j'ai été étonné de lire récemment qu'on était presque à un exemplaire détruit pour un exemplaire vendu, globalement en termes de couts ça doit impacter qd même un peu aussi les revenus.

Je ne dis pas que les éditeurs sont des anges, mais ça me semble fort à charge qd même...

[Fanbd21]

Merci nexus pour le lien du 8ème baromètre. C'est très intéressant.

[Erik Arnoux]

(...) étonné de lire récemment qu'on était presque à un exemplaire détruit pour un exemplaire vendu, globalement en termes de coûts ça doit impacter quand même un peu aussi les revenus.

Alors au prix coûtant un album 46 pages classique 24/32 va tourner peu ou prou entre 1.30 et 2 € en impression/reliure en gros pour du standard, le chiffre fluctuant avec le tirage, la qualité du papier, de la couv, le volume annuel de l'éditeur etc etc...

Vu le prix du stockage, peu de scrupules à pilonner pour retirer du neuf en cas de besoin. Sans oublier que les albums sont fragiles et les acheteurs attentifs à ne pas prendre des livres abîmés, ce qui est logique.

Et du coup, une grande partie des retours est pilonnée après tri pour récupérer les intacts parce que très souvent les albums reviennent vraiment bien esquintés, donc invendable et ne peuvent retourner réapprovisionner le circuit.

De ce qu'on m'a expliqué sur le sujet il y a quelques années, c'était plutôt: sur un tirage lambda on a approximativement un ratio des 2/3 en ventes et de 1/3 d' irrécupérables qui seront détruits.

Si on schématise, tu tires 18 000 exemplaires pour en vendre 13 000... avec 5 000 qui passeront à la trappe.

[tzynn]

Donc si le cout de production d'un bouquin est de 10% sur le total du prix, cela veut dire, couts de retours et de pilonnage compris, on va se retrouver avec un cout réel de 13 à 15%

[Erik Arnoux]

J'imagine que tout ça est bien évidemment connu et calculé, forcement que les éditeurs tiennent compte de tous ces paramètres financiers.

En fait le seul qui se goinfre, c'est le diffuseur, que ça vende ou pas, il prend sa dîme à chaque passage, fait payer les retours, le stock, etc...

[cronos59]

Éditeur ne doit pas être un métier facile, certains sont obligés de se réfugier au Panama pour pouvoir survivre.

[tzynn]

En fait le seul qui se goinfre, c'est le diffuseur, que ça vende ou pas, il prend sa dîme à chaque passage, fait payer les retours, le stock, etc...

Je pense aussi, mais personne n'en parle

[euh... si vous le dites]

Plus sérieusement, proposer un tel projet sur une zone humide (même une ancienne carrière) est quand même ahurissant alors que partout la biodiversité est en chute libre (sans parler du rôle de puit de CO2 de ce genre de milieu). Y a pas des zones industrielles en déliquéscences (bien pourvues en accès) où on pourrait caser ce genre de parc ?

Le projet Lego à Gosselies (Charleroi) que tzynn évoque plus haut permettrait en effet la reconversion d'un ancien site industriel.

[Brian Addav]

En fait le seul qui se goinfre, c'est le diffuseur, que ça vende ou pas, il prend sa dîme à chaque passage, fait payer les retours, le stock, etc...

Je pense aussi, mais personne n'en parle

Sur les 600 pages du topic, un peu je pense
(genre p77 tiens, au hasard )

[cedd79]

Éditeur ne doit pas être un métier facile, certains sont obligés de se réfugier au Panama pour pouvoir survivre.

J'aurais dû être éditeur !!!

[tzynn]

En fait le seul qui se goinfre, c'est le diffuseur, que ça vende ou pas, il prend sa dîme à chaque passage, fait payer les retours, le stock, etc...

Je pense aussi, mais personne n'en parle

Sur les 600 pages du topic, un peu je pense
(genre p77 tiens, au hasard )

Dans ce sujet ci, mais dans le milieu j'ai l'impression que c'est surtout auteur vs éditeur seulement

[pabelbaba]

J’avais essayé sur les rezosocios d’en parler à des auteurs. Ils s’en foutent et ne pensent qu’à l’éditeur. A leur décharge il a parfois les deux casquettes.

[klorophylle 34]

Cela devient aussi très dur pour le lecteur, que ce soit le budget, mais surtout le choix, bon ce matin tour en librairie, je prend
2 tomes des 5 terres, le dernier mort et détéré, le grimoire d'Alfie, le tome 1 d'ennemis.
Bilan 62 euros, mais hors ces faits là je me rend compte que je suis sorti en laissant pleins de titres qui me tentait et là tu te rends compte que cela devient un cercle vicieux.
Tu aura beau acheter au possible, la production et les sorties sont telles que forcément un tas de titres vont mourir né et d'autres avec le temps.

le vrai gros problème aujourd'hui ce n'est pas l'offre et la demande, c'est l'offre et la possibilité de la suivre.

Bien sûr on me dira faut restreindre tes choix, mais cela revient bien à ce que j'écrit, y'a vraiment, vraiment trop de sorties par rapport au potentiel lecteurs(trices).