yannzeman a écrit:Si le lecteur de "B&M" a 40/50 ans en moyenne pour vous, comment est-il devenu lecteur de "B&M" ?
A quel age ?
Et s'il perpétue cet achat par complétisme/habitude, ça ne lui est pas venu d'un seul coup. Le "vieux lecteur" a commencé à plus jeune, fatalement. A une époque pas si lointaine où "B& M" était pourtant déjà une série "de vieux" d'une autre génération.
[...]
Il est donc parfaitement imaginable qu'une partie du lectorat de "B&M" soit plus jeune que vous ne le pensez. Et qui viendra ajouter sa strate à celle des générations précédentes, comme pour les "Tintin", les "LL", les "Astérix".
Je pense qu'il y a une part du (jeune) lectorat qui est un lectorat d'opportunité: il lit ce qui lui tombe sous la main, de manière un peu indifférenciée. C'est bien, c'est comme ça que se constitue une culture (et qui me fait m'interroger sur la manière dont les pratiques évolueront avec une bibliothèque de livres numériques, mais c'est une préoccupation personnelle). Mais cela constitue-t'il un attachement fort au personnage? J'en doute. Pour preuve, la sortie de
Tintin au Pays des Soviets en couleur n'a pas bouleversé le marché, alors que ce récit n'avait pas été réédité depuis un demi-siècle.
Mais bon, soyons un peu honnête aussi: B&M, c'est une narration super datée, assez laborieuse, avec un dessin d'un classicisme effroyable... pour ma part, je n'ai pas réussi à terminer le dernier. Sans compter que c'est très ancré dans une Angleterre (et une science-fiction) des années 60. Bref, j'ai du mal à voir ce qu'un.e jeune d'aujourd'hui pourrait y trouver d'attrayant, surtout quand on voit l'éventail des alternatives qui s'offrent à lui/elle.
yannzeman a écrit:Alors que l'indéniable succès actuel de "l'arabe du futur", je ne suis pas sur qu'il se vérifie dans le temps, par exemple.
Au niveau des chiffres de vente, c'est normal, puisque l'on ne fonctionne pas sur le même modèle (c'est comparer des torchons et des serviettes):
l'Arabe du Futur est un récit avec une fin, publié en différents volumes qui sont autant de chapitres d'une seule histoire. Une fois tous les chapitres publiés, on aura peut-être droit à une intégrale, mais il est clair qu'il n'y aura plus de nouveautés pour venir soutenir les ventes.
Ce qui n'est pas le cas pour B&M, série à fin ouverte à laquelle on rajoute régulièrement de nouveaux épisodes.
Par contre, pour ce qui est de l'importance historique au sein de la bande dessinée, je pense que
L'Arabe du Futur sera en bonne place. Cf. l'impact d'un
Persepolis, qui reste encore une référence.
yannzeman a écrit:Autre remarque, comparer les ventes de "B&M" de 2001 et de maintenant n'a pas de sens ; on nous rabache que la vente par titres ne cesse de baisser depuis des années, en raison de la surproduction. Et puis, les tomes précédents de "B&M" se sont vendus à des niveaux bien supérieurs à ce dernier tome, si je me souviens bien. La moyenne des ventes de "B&M" de ces 5 dernières années, c'est le chiffre à reprendre pour une comparaison honnète, non ?
Je ne vois pas en quoi cela en ferait une comparaison honnête -- ça m'a plus l'air d'être une tentative de minimiser les dégâts, histoire d'avancer un point comme quoi ben oui, ça se vend pas si mal que ça.
Pour le t27, à fin 2020: 180ku
Pour le t26, à fin 2019: 197ku
Pour le Schuiten, à fin 2019: 184ku
Pour le t25, à fin 2018: 281ku
Pour le t24, à fin 2016: 280ku
On reste toujours très en deçà des ventes de 2001.
Et tu ne peux pas avoir le beurre et l'argent du beurre: d'un côté, dire que B&M fonctionne super bien parce que c'est le top de la bande dessinée, et de l'autre dire que oui bon ça vend moins parce que la surproduction.
yannzeman a écrit:Après, je demande à voir ce que deviendront les lecteurs de manga.
Se cantonneront-ils aux mangas ?
Arrêteront-ils le manga (et la BD en général) par lassitude/désintérêt ?
On a déjà le recul d'une génération, celle née avec "Akira" ; que sont-ils devenus ?
En fait, les profils du lectorat manga actuel sont éloquents à ce sujet: on voit que l'on est gros lecteur de manga jusqu'à 40 ans, en gros -- ce qui correspond à la première génération de lecteurs à y avoir été confrontés. Donc non, les lecteurs de manga ne le lâchent pas pour autre chose, ils continuent.