kilfou a écrit:mon point de vue de libraire spé, en province, ville de 40k habitants, agglo de 100k (donc ça ne vaut que pour l'anecdote hein, merci de ne pas généraliser)
B&M, c'est ex-aequo avec Carbone et Silicium ma meilleure vente de 2020, et dire que je ne le pousse pas est un euphémisme.
Un box à l'entrée de la librairie, à côté du box Lucky Luke et de celui de L'Arabe du futur
Acheteur type la 40/50aine, pour continuer la collection. Evidemment y a des plus âgés, y a des fans. Beaucoup d'achat comme cadeaux pour le papa/papy. Vraiment à la marge des jeunes de la trentaine pour continuer la collec
Ha si vous voulez des chiffres, chez moi en 2020 (donc avec 2 mois de fermeture totale et 1 mois de click & collect) en CA
Bd tous genre : +11.6%
Mangas : +52% ((dont +100% en shonen
Comics : 19%
Romans graphiques (mon genre de prédilectin pour simplifier, en tous cas ce que je conseille le plus) : +62%
Jeunesse : +48%
Xavier Guilbert a écrit:Je sais que c'est la thèse que tu défends bec et ongles, mais elle me semble très discutable.
D'une part, les ventes des "B&M" ont sérieusement baissé depuis les premières reprises: en 2001, "L'étrange rendez-vous" (t15) était vendu à 460 000 exemplaires à fin d'année; en 2020, "Le cri du Moloch" (t27) vend un petit peu moins de 180 000 exemplaires.
D'autre part, la présentation de GfK, montre que les achats de bandes dessinées "de genre" (catégorie dans laquelle se trouve B&M) sont destinés à 13% pour des moins de 14 ans, à 23% pour des 15-29 ans, à 36% pour des 30-50 ans, et à 27% pour des 50 ans et plus -- dont un profil nettement plus âgé que la moyenne, qui donné 65% des achats destinés à des moins de 30 ans (là, on est à 63% à plus de 30 ans). On peut d'ailleurs imaginer que le profil du lectorat de B&M est sensiblement plus âgé, vu que cette catégorie inclut également SF et Fantasy, lecture généralement plus ancrées dans l'adolescence et le début de la vie d'adulte.
On a donc un lectorat de B&M qui est très nettement plus âgé que la moyenne des lecteurs de bande dessinée, qui diminue (mécaniquement). Et un niveau de ventes qui était haut grâce à la notoriété de la marque et la prévalence du "cadeau de Noël" dans les dynamiques commerciales -- facteurs qui sont aussi valables pour Astérix, mais avec une assiette plus large du fait du caractère plus transgénérationnel du héros.
Mais à voir les profils des lectorats d'aujourd'hui, je parierais plus sur le manga comme le format de demain. Vu la richesse de l'offre aujourd'hui, je ne vois pas vraiment la nécessité d'un basculement vers la bande dessinée franco-belge -- et si même ce basculement s'opère, je doute fort que ce soit en direction de ces classiques franco-belge à la narration compassée.
Merci pour ce retour et ces réponses.
Si le lecteur de "B&M" a 40/50 ans en moyenne pour vous, comment est-il devenu lecteur de "B&M" ?
A quel age ?
Et s'il perpétue cet achat par complétisme/habitude, ça ne lui est pas venu d'un seul coup. Le "vieux lecteur" a commencé à plus jeune, fatalement. A une époque pas si lointaine où "B& M" était pourtant déjà une série "de vieux" d'une autre génération.
Personnellement, j'ai commencé à les lire à partir de 20 ans (juste pour donner un exemple, hein) au début des années 90.
Je veux dire par là que les générations se renouvellent ; on ne devient pas "vieux lecteurs" d'un seul coup, et il n'y a aucune nostalgie chez les acheteurs actuels de "B&M" puisque cela n'a jamais été une lecture de leur génération. Le "vieux lecteur" de 40/50 a découvert ce titre à partir des années 90, quand il avait 15-20 ans minimum.
Et pourtant, c'est toujours un carton des ventes (demandez aux éditeurs concurrents !)
Il est donc parfaitement imaginable qu'une partie du lectorat de "B&M" soit plus jeune que vous ne le pensez. Et qui viendra ajouter sa strate à celle des générations précédentes, comme pour les "Tintin", les "LL", les "Astérix".
Alors que l'indéniable succès actuel de "l'arabe du futur", je ne suis pas sur qu'il se vérifie dans le temps, par exemple.
Autre remarque, comparer les ventes de "B&M" de 2001 et de maintenant n'a pas de sens ; on nous rabache que la vente par titres ne cesse de baisser depuis des années, en raison de la surproduction. Et puis, les tomes précédents de "B&M" se sont vendus à des niveaux bien supérieurs à ce dernier tome, si je me souviens bien. La moyenne des ventes de "B&M" de ces 5 dernières années, c'est le chiffre à reprendre pour une comparaison honnète, non ?
Après, je demande à voir ce que deviendront les lecteurs de manga.
Se cantonneront-ils aux mangas ?
Arrêteront-ils le manga (et la BD en général) par lassitude/désintérêt ?
On a déjà le recul d'une génération, celle née avec "Akira" ; que sont-ils devenus ?