de yannzeman » 07/08/2020 08:45
Vous avez de la chance de constater qu'un public nombreux et très jeune se rend dans vos librairies respectives.
Mais attention au trompe-l'oeil.
D'abord, les librairies spécialisées BD sont en très petit nombre dans tout le territoire.
Et, pour y aller quand même assez souvent dans l'année, pas que dans la région où je réside actuellement (l'alsace), je constate que ces lieux ne sont pas envahis de jeunes.
Où sont les ados ?
Il y a bien quelques trentenaires, mais au prix ou sont les BD, ils ne sont pas les plus nombreux non plus.
Je croise surtout des gens comme moi, à partir de 40 et plutôt 50 ans (mon âge) et au delà. Ils sont accompagnés par leurs enfants, parfois, mais des enfants qui viennent seuls dans ces librairies, j'en vois très peu.
Question de budget (une BD, ça coute la peau des couilles, en comparaison d'autres loisirs) mais pas que.
Il y a des années, quand le manga s'est démocratisé et développé en France, je voyais des hordes de jeunes, ados pour la plupart, se précipiter dans les librairies. Je ne constate plus ce phénomène, tous genres confondus. La BD n'est plus hype.
La BD jeunesse propose une offre pléthorique, plus variée qu'avant ?
Pour quel résultat ?
Est-ce que tout ça se vend bien ?
Autrefois, les jeunes étaient la cible des éditeurs, le gros des troupes.
Les meilleures ventes reflétaient cela. Elles ont donné ces bataillons de vieux lecteurs qui nourrissent les éditeurs.
Aujourd'hui, les meilleures ventes sont des albums pour les vieux. Pour sortir des top ventes Astérix/Blake&Mortimer/Lucky Luke qui sont clairement destinés aux vieux, quels sont les autres top vendeurs ?
Riad Sattouf s'adresse-t-il à un public d'ado, avec "l'arabe du futur" et "les cahiers d'Esther" ?
Je ne le pense pas.
Parce que le public qui achète, hors manga, de la BD est âgé. Minimum 35 ans.
(et oui, 35 ans, c'est âgé, parce que tout une génération de 15 à 35 ans se détourne de la BD, souvent sans en avoir lu avant ; autant de lecteurs perdus pour la plupart)
Il ne suffit pas de proposer de la BD jeunesse riche, variée et "tellement meilleure qu'autrefois" ; il faut aussi travailler sur la façon de la proposer. S'en tenir à un vieux modèle économique, basé quasi-uniquement sur la papier est une erreur, me concernant, quand d'autres pans de l'édition prouvent qu'un autre modèle économique fonctionne.