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C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition - 2010-2021

Pour discuter de tous les sujets généraux autour de la bande dessinée, des libraires, des éditeurs et des auteurs

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede toine74 » 22/04/2020 18:59

Message précédent :
yannzeman a écrit:...

il faut surtout regarder le taux de retour de ces publications.
Si un petit éditeur sort 700 exemplaires d'un album qui se vendra au final à 350, et si dans le même temps, le gros éditeur sort 15000 exemplaires et en vend 12000, à mon sens, la surproduction est à attribuer au petit éditeur qui n'a pas attiré un public assez important, mais occupé une place dans la vitrine/rayon.

...


Ca marche aussi dans l'autre sens :geek: . Allary ne doit pas avoir beaucoup de retour des albums de Sattouf alors que Soleil reçoit des palettes d'invendus tous les mois. Soleil doit-il libérer du linéaire ?

(à la place de Sattouf, tu peux mettre Fabcaro chez Six pieds ou Ferris chez Monsieur Toussaint Louverture, ça marche aussi ;) )
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Messagede Erik Arnoux » 23/04/2020 07:16

yannzeman a écrit:les gros éditeurs publient n'importe quoi, en espérant qu'il y ait quelque chose qui marche dans le lot.
(...) mais ces albums rencontrent quand même un public, bien plus important que les petits éditeurs. Quand il y a échec, c'est quand même des albums vendus à des milliers d'exemplaires, non ?

Ben non, c'est pareil, de source directe, les majors vendent aussi parfois bien moins de 1000 ex, j'ai souvenir pour un et pas des moindres, de plusieurs titres ne dépassant pas 200 ventes selon l'aveu du directeur de collection !
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Bolt » 23/04/2020 07:21

yodada a écrit:Dépôt de bilan du distributeur Presstalis : un nouveau coup dur pour la presse BD

https://www.actuabd.com/Depot-de-bilan- ... -presse-BD

La saga des NMPP/Presstalis n'aura décidément jamais de fin...
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede alambix » 23/04/2020 07:57

Yann, je ne comprends pas ce raisonnement ...
Sortir des albums qui ne marchent pas, c'est de la surproduction, qui nuirait à la BD ?
Donc, in fine, pour que la BD aille mieux, il ne faudrait sortir que des titres qui "marchent" ? Bref, ne considérer qu'une vision commerciale de la BD ?
Oui, financièrement peut-être que la BD se porterait mieux. Mais artistiquement ?

En gros, les titres qui marchent aujourd'hui marcheraient encore mieux. Ceux qui ne marchent pas disparaitraient purement et simplement.
"Les pauvres c'est fait pour être très pauvre, et les riches très riches" ?
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede choregraphe » 23/04/2020 08:50

Pourquoi sortir des albums qui ne marchent pas :

exemple : Les voitures sujet ringard il y a dix ans redémarre par hasard suite a Bamboo il me semble avec ce qui deviendra la collection Calandre.

Les concurrents voyant qu'il y a un marché se lancent dans cette niche et sortent tous des séries liées a ce sujet pour prendre leur part.
Pour beaucoup cela sera un flop, puis ringardisera ces produits rapidement entraînant même l'editeur qui avait relancé ce concept.

Aujourd'hui l'absence de vrai ligne éditoriale avec de vrais choix assumés liés a des directeurs de collections qui ne s'engagent pas derrière les projet tout en le soutenant.
Ils viennent d’école de commerce et parlent en segmentation du marche et se moquent de l'art, donnée qu'il n'arrivent pas a quantifier et leur questionnement va etre mais pourquoi on n'a pas nos 25% de part de marché dans le segment voiture. que l'album soit bon ou mauvais l'erreur sera imputée au commercial qui a mal mis en avant ce produit.
Apres le choix en dernier reste toujours celui des acheteurs et il faut que l'album trouve son lectorat.

Quelques exemples qui a sortent du lot en ce moment :

Collections :
Noctambule
1000 Feuilles
Ecritures

Editeurs :
Fururopolis et Denoel graphic
Rue de Sevres
Casterman ( Mais il faudrait qu'ils arretent d'imposer les couvertures aux auteurs [:bdgest] )

Discutés du ressenti avec les auteurs qui sont publiés dans ces collections et de moindre mesure chez les editeurs cités et généralement ils sont assez content du travail effectué par leur editeur et responsable de collection.

Comme par miracle se sont aussi des editeurs qui vont continuer a mettre en avant un produit 6 mois après leur sortie

Si un libraire pouvait confirmer ce ressenti
Dernière édition par choregraphe le 23/04/2020 10:26, édité 1 fois.
Et si vous faissiez un petit tour par la

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Pas mieux...

Messagede Erik Arnoux » 23/04/2020 08:57

@choreg: c'est exactement ça. Notamment pour les jeunots issus d'écoles de commerce, oh combien !
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Pouffy » 23/04/2020 09:08

alambix a écrit:Donc, in fine, pour que la BD aille mieux, il ne faudrait sortir que des titres qui "marchent" ? Bref, ne considérer qu'une vision commerciale de la BD ?


Sauf que c'est impossible à anticiper et encore moins à rentabiliser... c'est tout le problème du marché actuel (et pas que dans la BD).

Ca explique une partie de la surproduction.
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Re: Pas mieux...

Messagede zourbi le grec » 23/04/2020 09:09

Erik Arnoux a écrit:@choreg: c'est exactement ça. Notamment pour les jeunots issus d'écoles de commerce, oh combien !

Si c'est le cas, alors la bd est morte.
Il suffit de voir ce qu'est devenu le cinéma hollywoodien mené par les comptables : zéro prise de risque, des histoires écrites pour plaire au plus grand nombre, les mêmes vieux acteurs bankables, des beaux effets spéciaux et de l'action en continue pour habiller le vide :(

J'espère que la bd ne va pas tomber si bas
"Pour qu'il y ait le moins de mécontents possibles il faut toujours taper sur les mêmes."
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Re: Pas mieux...

Messagede ubr84 » 23/04/2020 09:24

zourbi le grec a écrit:
Erik Arnoux a écrit:@choreg: c'est exactement ça. Notamment pour les jeunots issus d'écoles de commerce, oh combien !

Si c'est le cas, alors la bd est morte.
Il suffit de voir ce qu'est devenu le cinéma hollywoodien mené par les comptables : zéro prise de risque, des histoires écrites pour plaire au plus grand nombre, les mêmes vieux acteurs bankables, des beaux effets spéciaux et de l'action en continue pour habiller le vide :(

J'espère que la bd ne va pas tomber si bas


Le cinéma hollywoodien n'est pas LE cinéma ;) Qui par ailleurs se porte à merveille.

Donc la BD n'est pas morte, un certain pan de la BD est morte...
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Bolt » 23/04/2020 09:38

Bolt a écrit:
Bolt a écrit:Chez BoDoï, première partie d'un entretien fleuve avec Ahmed Agne, cofondateur et directeur de Ki-oon, où il parle forcément de l'évolution du marché du manga en France:
Ahmed Agne : « Plus aucun éditeur ne peut se centrer que sur des blockbusters »

Deuxième partie:
Ahmed Agne, Ki-oon (2/3) : « Tout le monde envie le marché français »

Troisième et dernière partie:
« La vraie victoire : convertir ceux qui sont persuadés que le manga n’est pas pour eux »
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede choregraphe » 23/04/2020 10:51

Bolt a écrit:
Bolt a écrit:
Bolt a écrit:Chez BoDoï, première partie d'un entretien fleuve avec Ahmed Agne, cofondateur et directeur de Ki-oon, où il parle forcément de l'évolution du marché du manga en France:
Ahmed Agne : « Plus aucun éditeur ne peut se centrer que sur des blockbusters »

Deuxième partie:
Ahmed Agne, Ki-oon (2/3) : « Tout le monde envie le marché français »

Troisième et dernière partie:
« La vraie victoire : convertir ceux qui sont persuadés que le manga n’est pas pour eux »


Ormis nos amis Belge, je pense que beaucoup de pays européens envient notre marché
en franco-belge ou en Manga et meme en Comics
Nous sommes et je parle de tête
Le deuxième marché mondial du manga
Le premier en FB ( Nos amis éditeurs Allemand, Espagnols, Anglais pleurent quand ils se comparent a nous )
Les Nouvelles Lunes semblent avoir aussi un marché

Les 80% du marché US ne songent qu'a l'adaptation cinématographique, ce qui laisse peu de place pour les sujets de fond

J'ai jeté un oeil sur ma collection :
3% de manga
a 95% ma fille qui lit sur écran la plupart du temps sauf quelques série quelle suit encore
Un one pice c'a vous plombe une collection
Sinon pour moi une dizaine tout au plus de manga
des coups heureux





4 ou 5 malheureux


Je continuerai a acheter du manga quand je trouverai des choses qui me parlent
Aujourd'hui face a surproduction je privilégie :
Les roman graphiques
une dizaine d'auteurs dont je prend toute la production
les séries en 3/4 tomes annoncés
Trois quatres series a grosse réputation ( Par exemple je vais regarder systématiquement les Spirou vus par .. )
Il y a des bons et des mauvais et je ne prendrai que les bons
pour la série mère si je les trouve en vide grenier a la rigueur

Apres il y a Bdgest et le conseil de certains membres quitte a commander chez mon libraire l'album
Plus les coups de cœur en Festival

On doit tous se mettre des règles face a cette surproduction, ce n'est même pas un problème de coût mais plus de place et de temps.
Le confinement vient de me permettre de vider ma PAL de retard suite a Angoulême
Et si vous faissiez un petit tour par la

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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 23/04/2020 11:01

Erik Arnoux a écrit:
yannzeman a écrit:les gros éditeurs publient n'importe quoi, en espérant qu'il y ait quelque chose qui marche dans le lot.
(...) mais ces albums rencontrent quand même un public, bien plus important que les petits éditeurs. Quand il y a échec, c'est quand même des albums vendus à des milliers d'exemplaires, non ?

Ben non, c'est pareil, de source directe, les majors vendent aussi parfois bien moins de 1000 ex, j'ai souvenir pour un et pas des moindres, de plusieurs titres ne dépassant pas 200 ventes selon l'aveu du directeur de collection !


Sur les séries concept, j'ai du mal à croire qu'elles perdurent (style "les elfes", "conquètes", "androïdes", "sherlock holmes society"...) si les albums se vendent aussi peu. C'est économiquement impossible.
C'est à cela que je répondais, en disant que par surproduction, personnellement, je ne pense pas à ces albums là. Même si, à titre personnel, je ne les lis pas, car je déteste certains aspects de la série concept (point positif : publier rapidement ; points négatifs : succession d'auteurs de niveau inégal, et pas forcément de lien d'un album à l'autre).
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Thierry_2 » 23/04/2020 11:03

yannzeman a écrit:
Thierry_2 a écrit:Puis, quand je vais chez un libraire, la majorité des titres exposés sont ceux issus des gros éditeurs. Les petits éditeurs, alternatifs, indépendants... quel que soit le nom qu'on leur donne ont leur zone dédiée qui ne représente qu'une part réduite de l'offre mise en avant, en général sur le côté. La concurrence a lieu entre les titres de ses structures, mais un Cornélius ne fera jamais d'ombre à un mainstream parce qu'ils sont rarement en compétition pour le même espace.
La précarité d'un auteur dargaud ne sera pas causée par la concurrence déloyale d'une production Ca & Là mais par la concurrence directe des titres similaires publiés par d'autres structures, plus ou moins grande .


Là, je fais une réponse à part, parce que ça le mérite.

Quand je dis que toutes les librairies spécialisées Bd (du réseau canalbd ou bdnet) se ressemblent, et mettent en avant les mêmes titres, grand publics, il y a des libraires ou forumeurs qui poussent des cris d'orfraie, parce que "chez eux, ce n'est pas comme ça, blablabla"...

alors, il faudrait savoir ! :-D

(et j'attends encore les photos des libraires du réseau canalbd qui jurent organiser leur espace différemment, en mettant en avant ce qu'ils aiment et pas forcément les titres les plus vendeurs...)

Non, tu extrapole pour conforter ton point de vue.
Dans toutes les librairies, qu'elle soient CanalBD ou autre, il y a toujours une segmentation dans la présentation des titres.
Le franco-belge est rarement mélangé avec les mangas, les comics et les indé/alter. Il peut y avoir une relative porosité, mais cela reste très cloisonné.
Ce n'est pas une question de cahier des charges ou d'uniformisation. C'est simplement de la même manière que dans une épicerie, le thé et le café ne sont pas mélangé, et que dand un même rayon, on ne trouve pas un kilo de pomme à côté d'un paquet de pâte, d'un paquet de lessive, etc.
Il y a une segmentation plus ou moins marquée, pour la clarté et la facilité pour l'acheteur.
Il ne faut pas oublier non plus que la production indépendantes et alternative n'atteint pas tous les libraires? Certaines sont plus ancrées localement et les libraires adaptent leur commande selon leur clientèle. Cerains ne prendront que très peu certains types d'ouvrage parce que leur clientèle ne s'y intéresse pas. J'en ai connu un qui, à l'époque, refusait toujours de prendre les BD de Tibet parce qu'il ne les vendait pas. D'autres ont très peu de manga ou de comics, ou de truc d'avions ou de bagnoles...
De fait, un libraire sait que son chiffre d'affaire se fera plus sur certains segments. Ce sont les titres qu'il va mettre le plus en évidence. C'est du commerce de base. C'est aussi ce qu'on appelle du produit d'appel. Cele ne veut pas dire qu'il va négliger le reste où qu'il ne va pas mettre en avant d'autres titres, qui ne sont pas nécessairement des têtes de gondole. par exemple la Bombe que Jaune pousse très fort, ou Brusel qui a fait un gros travaill sur Shangri-La.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede marone222 » 23/04/2020 11:26

Thierry_2 a écrit:
...De fait, un libraire sait que son chiffre d'affaire se fera plus sur certains segments. Ce sont les titres qu'il va mettre le plus en évidence. C'est du commerce de base. C'est aussi ce qu'on appelle du produit d'appel. Cele ne veut pas dire qu'il va négliger le reste où qu'il ne va pas mettre en avant d'autres titres, qui ne sont pas nécessairement des têtes de gondole. ...


C'est exactement cela, le libraire a besoin de faire du volume pour que son business soit rentable, donc il mettra en avant les blockbusters. Et il mettra également en avant d'autres titres, plus confidentiels, qu'il jugera de qualité...CE n'est pas antinomique...
C'est pour cela que le débat sur la surproduction (gros éditeurs versus petits éditeurs) n'a à mon avis pas de sens... Au final, c'est le lecteur (et le libraire dans une certaine mesure) par ses choix, qui régule le marché.
A noter que les librairies Canal BD ont en général un espace agencé par genre
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede alambix » 23/04/2020 11:28

Thierry_2 a écrit:Dans toutes les librairies, qu'elle soient CanalBD ou autre, il y a toujours une segmentation dans la présentation des titres.
Le franco-belge est rarement mélangé avec les mangas, les comics et les indé/alter. Il peut y avoir une relative porosité, mais cela reste très cloisonné.
Ce n'est pas une question de cahier des charges ou d'uniformisation. C'est simplement de la même manière que dans une épicerie, le thé et le café ne sont pas mélangé, et que dand un même rayon, on ne trouve pas un kilo de pomme à côté d'un paquet de pâte, d'un paquet de lessive, etc.


Pour le coup, pas vraiment d'accord.
Déjà, la comparaison entre l'implantation d'une librairie et celle d'un supermarché est très hasardeuse ... De même pour la comparaison entre une Bd et un paquet de pâtes.
Ensuite, ta comparaison n'est pas bonne. Les pommes et la lessives, ce sont 2 produits complétement différents. Alors que les mangas et les comics, c'est le même produit (des BD). ta comparaison serait plus efficace sur les pâtes aux oeufs et les nouilles chinoises. Ou sur le café en poudre et celui en capsules, qui sont dans le même rayon, mais séparé.

Ensuite, faut quand même savoir que l'implantation type des supermarchés, la même depuis les années 60, n'est plus à la mode.
Oui, les supermarchés fonctionnent toujours de cette manière, parce que leur cœur de cible c'est la ménagère, et que faire les courses c'est pas forcément un plaisir. Donc, on regroupe un maximum pour faire gagner du temps au client.
Pour les autres commerces, cette implantation est loin d'être une règle.
Prends les boutiques déco. Tu vas trouver les grosses enseignes qui vont tout organiser en rayon façon supermarché.
Et puis tu vas trouver les autres, les petites boutiques de centre-ville qui sont tenus par des passionné(e)s qui vont créer des ambiances, des thèmes, regroupant des produits assez hétéroclites, et vont complétement s'éloigner du modèle "ici c'est le rayon lampes, là le rayon tableau, et là-bas le rayon vaisselle".

Les libraires, c'est la même chose. Tu n'es pas obligé d'implanter ici un rayon FB, là les mangas, et au fond les comics.
On répète ici-même assez souvent que la BD n'est pas cloisonnée, qu'il faut accepter de s'ouvrir et ne pas s'enfermer dans des genres.
Pourquoi un libraire serait obligé de classer ses titres par simple "origine" géographique, plutôt que par thème ? Si on prend le thème à la mode des BD post-apocalyptique, je trouve beaucoup plus cohérent (et créatif) de regrouper l'ensemble des BDs abordant ce thème, plutôt que de les séparer simplement parce qu'un comics c'est pas un manga.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Bolt » 23/04/2020 11:48

Thierry Groensteen pour Neuvième Art s'entretient (par e-mail, confinement oblige) avec le porte-parole et le secrétaire du SEA (Syndicat des Editeurs Alternatifs) Jean-Louis Gauthey (Cornélius) et Benoît Preteseille (Ion):
http://neuviemeart.citebd.org/spip.php?article1294

Quelques extraits:

Comment évolue le nombre d’adhérents ? Les entrants sont-ils cooptés ? Y a-t-il des refusés ? Pour quelle raison ?

BP : Le SEA rassemble une cinquantaine d’éditeurs. L’intégration d’un nouveau membre se fait par un vote majoritaire. Les refus se font sur la base des critères définis dans notre charte et nos statuts, dont les principaux sont d’être une maison d’édition de création, de ne pas être affilié à un groupe d’édition et de ne pas publier plus de 40 titres par an. Notre charte est accessible sur notre site, lesea.fr.

Quelle est votre définition de la notion d’éditeur alternatif ?

JLG : La notion d’éditeur alternatif s’est imposée tardivement, la première appellation ayant longtemps été « éditeur indépendant ». C’est sous l’impulsion du SEA que cette formule un peu creuse a été délaissée ; beaucoup d’éditeurs industriels sont détenteurs de leur capital et peuvent être à ce titre considérés comme « indépendants ». Nous préférons la notion d’alternative car elle reflète mieux notre action, tant sur le plan historique que sur le plan pratique. Les éditeurs du SEA, dans leur approche de l’édition comme dans leur production, sont une alternative aux méthodes et produits industriels qui dominent le marché du livre.

La ligne de partage avec les grands éditeurs s’est-elle déplacée, depuis les années 1990 ?

JLG : L’idée d’une ligne de partage impliquerait que le marché est découpé, de manière tacite ou négociée, entre les différents éditeurs, quelle que soit leur obédience. Ce n’est pas le cas. La démarche des éditeurs du SEA étant de se positionner comme une alternative aux méthodes et aux productions de l’industrie du livre, nous n’entrons pas en rivalité avec les publieurs et les grands groupes. D’une certaine manière, nos pratiques étant très divergentes, nous ne faisons pas le même métier. Que des éditeurs industriels voient dans nos catalogues des directions ou des partis pris qu’ils tentent d’imiter dans une volonté commerciale n’est pas nouveau. C’est parfois un problème. Mais c’est aussi la preuve que l’édition telle que nous la pratiquons a contribué à modifier le paysage éditorial et que notre action n’est pas vaine. Par ailleurs, ces ersatz industriels sont d’excellentes alertes qui rappellent que l’axiome de toute alternative est de se réinventer en permanence.

Il y a parmi les éditeurs adhérents une diversité de statuts, mais aussi dans les choix éditoriaux et les rythmes de publication. Cela engendre-t-il des difficultés (par ex. le fait que Çà et là, Insula, Delirium font seulement de la traduction et pas de création) ?

BP : Les structures font des choix éditoriaux différents, ont des tailles différentes, des modes de gestion différentes, mais la plupart ont en commun une certaine précarité. Vous trouverez peu de membres qui ont plus de deux salariés par exemple. Tous les points que nous débattons en assemblée ou sur le forum ne touchent pas forcément toutes les structures, mais nous avons de nombreux points communs : l’engagement en faveur de la création, la volonté de respecter et de soutenir les auteurs et les autrices, des difficultés à montrer nos livres dans un milieu saturé...

Plusieurs structures « historiques » ont à présent 30 ans d’ancienneté (L’Association, Cornélius, Les Requins Marteaux, Atrabile, PLG…) Cette pérennisation vaut-elle consolidation, ou chacune de ces structures reste-t-elle malgré tout fragile ?

JLG : Ces structures, qui ont fait le choix d’une production limitée, sont fragiles par nature. Un succès ne peut garantir la survie d’une maison d’édition alternative. Il lui apporte au mieux une aisance et une capacité d’action accrue. Marjane Satrapi ou Fabcaro ont largement contribué aux succès de L’Association ou de 6 Pieds sous terre. Mais ils ne peuvent à eux seuls assurer la pérennité de ces éditeurs. On observe même qu’un succès peut parfois être fatal à certaines maisons, encourageant un développement artificiel que l’activité réelle ne peut soutenir.

Certains d’entre vous ont-ils été la proie de tentatives de rachats par de plus gros ?

JLG : Bien sûr, c’est inévitable. Mais la majorité des adhérents du SEA est préservée de cette tentation par le statut associatif qu’ils ont choisi. Ceux qui se sont constitués en société (comme Çà & Là, Cornélius ou Le Lézard Noir, par exemple) sont régulièrement approchés par des groupes d’édition désireux de capter une identité et de la rendre plus profitable. Ce qui dénote une forme de candeur de la part de ces acteurs dominants.

Pouvez-vous nous présenter le modèle de contrat d’édition simplifié que vous avez mis en œuvre, et sa philosophie. Tous les adhérents y ont-ils souscrit ?

JLG : Ce contrat a vocation d’exemple, au-delà des adhérents du SEA, qui sont libres de l’utiliser ou de l’adapter à leur guise — le SEA n’a pas de dimension coercitive. Nous avons travaillé avec des juristes au dépouillement de ce qui apparaissait jusqu’alors comme la norme. Beaucoup de choses nous semblaient contestables ou illégitimes dans les accords qui liaient traditionnellement les maisons d’éditions aux auteurs et aux autrices. L’essentiel de notre travail a donc été de retrancher certaines clauses abusives ou incompréhensibles et de rendre l’ensemble lisible par tous. Les différentes formes de rémunération ont été revues au profit des auteurs et des autrices, notamment sur les droits primaires et les droits étrangers. Nous avons aussi supprimé tout ce qui relevait des droits annexes, considérant qu’un contrat d’édition ne peut pas s’étendre à d’autres domaines que celui du livre sans faire l’objet de contrats parallèles, ouvrant à d’autres droits et à d’autres engagements.

Vous avez fait le choix d’accorder 10 % de droits aux auteurs. Quelles sont vos autres solutions ou préconisations pour soutenir les auteurs en situation difficile ?

BP : Le métier d’auteur est difficile, le respect est une première chose à rétablir. Le modèle de contrat du SEA a été conçu dans cet esprit d’équité. Quand le SNE affirme qu’il est normal que les droits d’auteur puissent être inférieur à 10 % pour un livre, c’est irrespectueux, et le passage au numérique est souvent l’occasion de contrats indignes. Les modes de gestion de la sécurité sociale et du système de retraite ont montré de grandes négligences par le passé, le relais passé à l’Urssaf ne s’est pas vraiment déroulé dans une grande sérénité non plus. Les syndicats de défense des auteurs et autrices sont actifs et ont un discours que nous soutenons régulièrement sur ces sujets.

Faites-vous des conditions particulières aux libraires ?

JLG : Cet aspect des choses échappe malheureusement à la majorité d’entre nous dès lors qu’ils sont liés à un diffuseur par contrat, puisque cet accord est une délégation commerciale dans laquelle une partie de nos prérogatives sont abandonnées au profit de la stratégie du diffuseur. Nous ne pouvons donc intervenir qu’à la marge ou dans le cadre d’une négociation particulière avec le diffuseur. Ce qui, je le reconnais, est parfois frustrant.
BP : Au-delà de l’aspect financier, nous avons des relations particulières avec certaines librairies. Des rencontres, expositions ou signatures s’organisent de façon dense et régulière avec des partenaires qui apprécient nos publications. Des moments privilégiés de présentation de nouveautés ont également été organisés. Le réseau des librairies indépendantes est crucial pour nos structures.


Pour situer, la liste des membres du SEA, dont certains sont bien connus des suiveurs du forum alternatif:
2024
Adverse
Arbitraire
L’Articho
L’Association
Atrabile
Belloloco
Bien, monsieur.
Biscoto
Çà et Là
La Cafetière
La Cerise
La Cinquième Couche
Cornélius
Croc en Jambe
Delirium
Éditions du Blouson Noir
L’Égouttoir
L’Employé du moi
FLBLB
FRMK
Hécatombe
Ici-Même
ION
Insula
Lapin
Le Lézard noir
Matière
Même pas mal
Misma
NA
Nada éditions
L’Œuf
La Pastèque
Polystyrène
PLG
Presque Lune
Rackham
Radio as Paper
Les Requins Marteaux
Les Rêveurs
Six Pieds sous Terre
Super Loto
Tanibis
The Hoochie Coochie
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede nexus4 » 23/04/2020 12:32

En Angleterre

Amazon verse plus de 280 000 € pour aider les librairies indépendantes

L’impensable s’est produit : une opération caritative mise en ligne pour aider les libraires a démarré à l’initiative de quelques acteurs de l’industrie. Or, le fonds, doté de 130.000 £ a soudainement vu la cagnotte monter à 380.000 £. Un don significatif, opéré par un bien mystérieux internaute. Désormais dévoilé.


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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 23/04/2020 12:43

alambix a écrit:Yann, je ne comprends pas ce raisonnement ...
Sortir des albums qui ne marchent pas, c'est de la surproduction, qui nuirait à la BD ?
Donc, in fine, pour que la BD aille mieux, il ne faudrait sortir que des titres qui "marchent" ? Bref, ne considérer qu'une vision commerciale de la BD ?
Oui, financièrement peut-être que la BD se porterait mieux. Mais artistiquement ?

En gros, les titres qui marchent aujourd'hui marcheraient encore mieux. Ceux qui ne marchent pas disparaitraient purement et simplement.
"Les pauvres c'est fait pour être très pauvre, et les riches très riches" ?


La surproduction, c'est avant tout dans les rayons qu'elle se voit.
Pour déterminer si une BD est digne d'intérêt, c'est plus subjectif, donc autant rester dans les éléments objectifs.

Sortir un album dont on sait pertinemment qu'il ne sera éditée qu'à 500 exemplaires, parce que, au mieux l'éditeur espère en vendre 400, c'est pour moi de la surproduction.
Je préfère les BD qui visent un public plus large ; quitte à se planter, parce que la recette du succès, contrairement à ce qu'affirment certains ici, n'est pas si facile que ça à appliquer. Il ne suffit pas de copier ce qui marche ; dans la durée, ça ne paye pas, si le talent n'est pas au rendez-vous.

L'aspect artistique, c'est bien, mais ça ne nourrie pas son auteur.

Et encore une fois, je le répète pour éviter la caricature, j'ai tenu à réagir face à l'affirmation d'un éditeur qui disait dans ses tweet que la surproduction n'était pas la faute des petits éditeurs, mais uniquement des gros.
Affirmation que je trouve un peu légère, pour les raisons évoquées.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 23/04/2020 12:50

nexus4 a écrit:En Angleterre

Amazon verse plus de 280 000 € pour aider les librairies indépendantes

L’impensable s’est produit : une opération caritative mise en ligne pour aider les libraires a démarré à l’initiative de quelques acteurs de l’industrie. Or, le fonds, doté de 130.000 £ a soudainement vu la cagnotte monter à 380.000 £. Un don significatif, opéré par un bien mystérieux internaute. Désormais dévoilé.


Rien chez nous pour l'instant.


...sauf ce que verse le CNL, un organisme public doté de fonds publics, tous les ans (3.58 millions d'euros en 2018) aux libraires.
Plus le système du chomage partiel, pour les libraires ayant des salariés.

Quand on compare des situations, il faut ne négliger aucun aspect.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede toine74 » 23/04/2020 13:05

Sauf que les fonds du CNL viennent d'une "cotisation" des professionels du métier (les taux ont été cités quelque part dans le sujet). Il ne s'agit donc pas d'argent public (au sens de financé par les impôts).

Pour le chômage partiel, c'est une mesure qui s'adresse à toutes les entreprises, ce n'est pas spécialement pour les libraires et les Anglais ont également mis en place un système similaire pour aider leur économie.

Le don d'Amazon est juste une tentative de greenwashing d'un titan qui veut redorer son image pour trois francs six sous.
Dernière édition par toine74 le 23/04/2020 13:30, édité 3 fois.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Karzak » 23/04/2020 13:16

yannzeman a écrit:La surproduction, c'est avant tout dans les rayons qu'elle se voit.
Pour déterminer si une BD est digne d'intérêt, c'est plus subjectif, donc autant rester dans les éléments objectifs.

Sortir un album dont on sait pertinemment qu'il ne sera éditée qu'à 500 exemplaires, parce que, au mieux l'éditeur espère en vendre 400, c'est pour moi de la surproduction.


Je t'ai posé la question mais tu n'as pas réagi, je renouvelle donc : quelle est ta solution face à ce "constat" ? On interdit les petits éditeurs ? On crée une police de l'art chargée de limiter la créativité des auteurs ?
Je vois pas bien où nous mène ton constat.
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