Karzak a écrit:
C'est comme ça que fonctionne l'économie, j'entends bien et suis d'accord. mais là on parle d'un art. Et pour moi, la production artistique ne doit pas être "censurée" par le "marché". Heureusement, ô heureusement, qu'il y a des BDs qui ne marchent pas commercialement mais qui sortent quand même et que certains pourront considérer comme des petits bijoux. Van Gogh de son vivant il vendait pas/peu/pas cher. Heureusement qu'il a continué à produire des oeuvres qui ont pu être découvertes plus tard.
Oui, mais il faut bien distinguer l'art, le "produit", de l'artiste, "l'auteur".
Dans la logique qui nous est imposée actuellement, dans ce monde libéral que j'exècre (malgré ce que j'écris, je n'adhère pas du tout à ce monde fait uniquement de rapports d'argent), il n'y a que les chiffres de vente qui comptent.
Et Van Gogh, il a eu une vie misérable.
Est-ce que les auteurs de Bd veulent une vie à la Van Gogh ?
Je ne pense pas, et c'est leur situation, aujourd'hui, qui est préoccupante, pas le devenir des oeuvres (en plus, les oeuvres de Van Gogh sont devenues un placement, plus que de l'art ; un placement sans risque, et net d'impôts... elle est pas belle, la vie des riches ?).
Xavier Guilbert a écrit:C'est une vision de l'économie. Pas forcément la seule.
André Schiffrin, dans son ouvrage L'édition sans éditeur, faisait valoir une autre vision de l'économie culturelle, dans laquelle importait l'existence de l'oeuvre, et non pas seulement sa valeur marchande.
Je ne vois pas trop ce que cela signifie, à part exprimer à peu près la même chose que Karzak.
Et alors, même remarque : en quoi cela pourrait améliorer la situation des artistes, si c'est seulement la vie des oeuvres qui compte ?
Sauf à faire de la culture un service public, mais alors tout travailleur voudra que son domaine soit aussi protégé, de l'agriculteur à l'ouvrier de chantier en passant par le boucher-charcutier ou l'électricien et le plombier (essayez de faire ses ces deux là, tiens !).
Dans chaque corps de métier, ce qui compte, ce n'est pas la valeur marchande (du produit ou du service), mais l'existence de ce produit ou service, si on va par là.
Et du coup, bin le seul exemple qui se rapproche d'une telle société, c'est l'URSS ; et on a vu ce que ça donnait...
Bon, je caricature, mais je vais vous surprendre : je rêve d'une telle société, débarrassée de ce rapport à l'argent. Je suis persuadé que cela arrivera, dans le futur, et qu'on se demandera comment, nous, à notre époque, nous avons pu supporter un tel système économique basé sur l'argent (comme on se demande comment les sociétés du passé ont pu accepter l'esclavage).
Anianka a écrit:on conteste pas, le problème c'est que les auteurs sont rémunérés en dessous du smic, voir du seuil de pauvreté.
les éditeurs devraient fournir une rémunération fixe supérieure à ce qu'ils font actuellement, car les auteurs supportent une grosse partie du risque (de non vente) et que les éditeurs (les gros) ne prennent pas leur part de risque.
Au nom de quoi les éditeurs devraient augmenter les auteurs, puisque les auteurs continuent d'accepter les contrats qu'on leur propose ?
Je fais dans la provocation, mais c'est le noeud du problème...
Il y a des auteurs, pour accepter l'inacceptable ; et tant que cela sera comme ça, cela continuera. Les éditeurs ne sont pas des oeuvres de charité.
Est-ce à la loi de venir réguler cela ?
Je ne le crois pas, parce que, comme dit plus haut, tous les autres corps de métier, eux aussi exploités, vont aussi demander des comptes à l'Etat. De la caissière à temps partiel au routier, en passant par les aides-soignantes ou les sage-femmes (même si, concernant ces deux derniers métiers, l'Etat a les moyens d'intervenir, puisque beaucoup d'hopitaux sont des établissements publics, et les EHPAD aussi).