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C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition - 2010-2021

Pour discuter de tous les sujets généraux autour de la bande dessinée, des libraires, des éditeurs et des auteurs

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede nexus4 » 02/02/2020 10:30

Message précédent :
Une partie de intervention de Vehlmann et de Bonneval :
https://twitter.com/PenelopeB/status/12 ... 22753?s=20
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede EYE OF DOOM » 02/02/2020 10:39


Excellent !
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Cooltrane » 02/02/2020 10:53

Je préfère citer Bolt dans ce sujet-ci, plutôt que dans Long Bec, car c'est plus généraliste comme question.

Bolt a écrit:Un topic dans le forum franco-belge qui est en plein de le sujet:
clap-de-fin-pour-les-editions-du-long-bec-t92513.html


Quelques commentaires intéressants sur la situation de l'édition:

mOTUS (scénariste chez l'éditeur Des bulles dans l'océan): Vous aviez qui comme diffuseur ?

Roger Seiter: Delsol et distribution Hachette

Georges De Varly (De Varly Editions): Je suis avec Hachette comme distributeur et ils ont bien insisté pour que je ne prenne pas de diffuseur à cause des retours. Vous n'aviez pas eu le même conseil?

Roger Seiter: C'est un vaste débat. Ce qui a vraiment posé problème en 2019, ce sont effectivement les retours. Mais avec plus d'une trentaine de titres par an, il fallait un diffuseur.

Mike Crocbart (scénariste chez l'éditeur Cerises & Coquelicots): Et la distribution se passait bien ? Nous c'était la cata industrielle. Le succès relatif et les liens de confiance que nous avons tissé avec les libraires et les lecteurs, nous le devons en grande partie à notre effort sur le terrain. Makassar (note: distributeur et diffuseur pour pas mal d'éditeurs en France, petits et moyens comme Vertige Graphic, Ici Même, Presque Lune, Même pas mal, iLatina, Filidalo, Toth, Les Rêveurs, Lapin Editions, Editions de la Cerise, Mécanique Générale, 21G, Ototo, Taifu Comics, Isan Manga...) et consorts du même tonneau (on en a changé 3 fois, avec à chaque fois le même dédain) , n'ont clairement jamais joué le jeu. L'éditeur, en ce qui nous concerne, subissait leur bon vouloir et trainait les pieds.

Roger Seiter: Comme dit plus haut, ce sont les retours qui nous ont plombé en 2019. Les mises en place étaient correctes, mais les retours nous bouffaient toute la trésorerie.

Georges De Varly: Il est clair que sans diffuseur je met 3 ans pour vendre la même chose que va faire un diffuseur en 3 mois. Mais par contre avec hachette c'est de la vente ferme pas de retour ou presque pas. Donc pas de remboursement. C'est pour cela que je donne plus d'avance sur droit, c'est directement des ka 1er vente.


Je vois (un peu, du moins) la différence entre le distributeur et le diffuseur (qui n'est pas obligatoirement dans la chaine pour les petits éditeurs), mais j'ai pas trop compris en quoi le 2è intervient (ou pas) dans les retours (qui se font chez le distributeur).

Et si les retours (payables ou remboursables immédiatement apparemment)... :?

Enfin bref, c'est un peu nébuleux, là

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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede nexus4 » 03/02/2020 01:54

Xavier Guilbert a écrit:Un début de réponse ici:
La réglementation (Code de la sécurité sociale : article L382-1 et suivants) est commune donc identique pour la MDASS (Maison Des Artistes - Sécurité Sociale) et pour l’AGESSA (Association pour la Gestion de la Sécurité Sociale des Auteurs). Or, par « confort de gestion », l’AGESSA n’applique pas la loi, il en résulte des préjudices parfaitement injustifiables et une inégalité de traitement entre les deux organismes sociaux des artistes auteurs. [...] Faute de gestion individualisée, l’AGESSA n’appelle pas les cotisations vieillesse aux 94% d’artistes auteurs qui sont précomptés par des tiers. Les artistes auteurs concernés découvrent donc à leur retraite qu’ils n’ont pas cotisé et par conséquent qu’ils n’ont validé aucun trimestre pour leur retraite…


Un résumé sur France 2.

https://www.francetvinfo.fr/economie/em ... 06259.html
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 03/02/2020 10:14

nexus4 a écrit:
Xavier Guilbert a écrit:Un début de réponse ici:
La réglementation (Code de la sécurité sociale : article L382-1 et suivants) est commune donc identique pour la MDASS (Maison Des Artistes - Sécurité Sociale) et pour l’AGESSA (Association pour la Gestion de la Sécurité Sociale des Auteurs). Or, par « confort de gestion », l’AGESSA n’applique pas la loi, il en résulte des préjudices parfaitement injustifiables et une inégalité de traitement entre les deux organismes sociaux des artistes auteurs. [...] Faute de gestion individualisée, l’AGESSA n’appelle pas les cotisations vieillesse aux 94% d’artistes auteurs qui sont précomptés par des tiers. Les artistes auteurs concernés découvrent donc à leur retraite qu’ils n’ont pas cotisé et par conséquent qu’ils n’ont validé aucun trimestre pour leur retraite…


Un résumé sur France 2.

https://www.francetvinfo.fr/economie/em ... 06259.html


Pas d’ambiguïté dans mes propos, pour commencer :
Ce qui arrive à ces auteurs sans retraite, c'est terrible.

Maintenant, hélas, ça n'arrive pas qu'à eux.
Ma grand-mère (paix à son âme), petite bonne pendant une partie de sa vie "professionnelle" (est-ce qu'on peut parler d'un métier, à 12 ans ?) puis ouvrière sans qualification ou femme de ménage, n'a pas eu la retraite qu'elle méritait, la faute à des patrons indélicats qui "oubliaient" de la déclarer, sans lui dire bien sur.

Des gens comme ma Mam Goz, il y en a plein.
La loi devrait les protéger ; ce n'est pas le cas.
Encore un exemple de loi faite pour les voyous.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede xof 24 » 03/02/2020 11:18

Cooltrane a écrit:Je préfère citer Bolt dans ce sujet-ci, plutôt que dans Long Bec, car c'est plus généraliste comme question.



Je vois (un peu, du moins) la différence entre le distributeur et le diffuseur (qui n'est pas obligatoirement dans la chaine pour les petits éditeurs), mais j'ai pas trop compris en quoi le 2è intervient (ou pas) dans les retours (qui se font chez le distributeur).

Et si les retours (payables ou remboursables immédiatement apparemment)... :?

Enfin bref, c'est un peu nébuleux, là

Qq'un peu m'expliquer SV
P


tofre a écrit:

Tiens, c'est nouveau ça la soustraitance qui coute plus cher que la traitance. :fant2:

Souvent lorsque tu soustraites c'est à un spécialiste qui ne fait que ça et qui optimise ses coûts par une une plus grand activité. En gros quand il y a besoin d'une personne pour réaliser une tache de distribution et/ou diffusion pour un éditeur, il n'en faut pas forcément 3 pour trois éditeurs parce que le premier n'était peut-être employé qu'à 70%. Il y a donc possibilité d'optimisation.
Hors optimiser lorsque tu es éditeur/diffuseur/distributeur ce n'est pas forcément aussi facile. le gars qui distribue ne peux pas forcément éditer, etc.

Je crois que c'est se fourvoyer que de faire un raccourci sur le fait que certains s'en mettent plus dans les poches que d'autres. Je crois plutôt que ce sont des choix stratégiques
.



Editeur, diffuseur, distributeur, libraire sont 4 métiers très différents:

- Editeur c'est gérer des hommes, plus que ca, des artistes avec des choix artistiques et commerciaux pour essayer de mettre en phase gout du public (ou du "public visé") et production éditoriale. Certains sont très axés sur plaire à la masse, d'autres font des livres pour se faire plaisir et coller avec un public trié selon leurs critères.

- Diffuseur c'est vendre aux libraires et/ou aux supermarchés les titres des éditeurs. C'est donc gérer des commerciaux.
Cela nécessite une bonne connaissance des "produits" et une bonne présence sur le terrain. L'éditeur va choisir son diffuseur en fonction de ces critères. Je vais prendre un exemple, même si c'est sujet à facher certains...
Un éditeur du Comptoir des Indépendants (l'Association etc...) sera très bien traité qualitativement par le Comptoir mais il faut avouer vu la taille de la structure et ses volumes, la présence sur le terrain des représ. est plutôt assez mauvaise.
Un "petit" éditeur traité par Flamarrion sera moins bien traité qualitativement (Flammarion ne diffuse pas que de la BD) mais ses équipes sont plus conséquentes donc offrent une meilleure présence sur le terrain.

- Distributeur c'est gérer des stocks et des flux. Tous les échanges de marchandises et monétaires sont réalisés entre libraire et distributeur. Le distributeur conditionne les qtés commandées par le libraire au diffuseur pour rendre disponible les cartons quelques jours avant la date de sortie officielle des nouveautées, ou quelques jours après une commande d'ouvrages en stock. C'est le libraire qui doit enlever les colis et qui paie tous les frais de transport. Le distributeur receptionne les colis de retours des libraires et selon la stratégie de l'éditeur remet en stock les ouvrages ou détruit les livres.

- Libraire enfin, le métier le plus complexe car les strucures sont plus petites et il s'agit d'ouvrir et de manutentionner des cartons, de connaître ses "produits", de manutentionner des cartons, de connaître ses clients et leurs goûts, de manutentionner des cartons, d'essayer de trouver de nouveaux clients, de se pêter le dos à manutentionner des cartons, d'optimiser les couts de transports, d'essayer de faire disparaitre ces Cartons de M.... préalablement ouvert, d'essayer de se démarquer de ses collègues en offrant de meilleurs services ou + produits, de gérer une trésorerie qui ressemble souvent à un string tendu, de renvoyer des retours, de faire des devis, de faire la compta, de faire la femme de ménage, de gérer des tonnes de litiges avec transporteurs et distributeur, de se battre pour gagner ou conserver ses conditions commerciales, de pousser les murs de septembre à décembre, de garder la motivation même si on arrive pas à se payer etc... (j'arrête là, je vais pas décourager avant l'heure les derniers utopistes)

Devinez quel est mon métier ? :mrgreen: :siffle:


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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Pouffy » 03/02/2020 15:30

Tiens, c'est nouveau ça la soustraitance qui coute plus cher que la traitance. :fant2:


Je ne sais pas qui a sorti ça mais on pourrait en discuter pendant des heures. Bref de la sous-traitance qui coute plus cher j'en vois tous les jours dans mon métier (c'est même la majorité des cas).
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede nexus4 » 03/02/2020 15:36

LT pour Libé :
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Cooltrane » 03/02/2020 16:09

xof 24 a écrit:
Cooltrane a écrit:Je vois (un peu, du moins) la différence entre le distributeur et le diffuseur (qui n'est pas obligatoirement dans la chaine pour les petits éditeurs), mais j'ai pas trop compris en quoi le 2è (le diffusdeur, quoi) intervient (ou pas) dans les retours (qui se font chez le distributeur, pas chez le diffuseur).
Et si les retours (payables ou remboursables immédiatement apparemment)... :?

Enfin bref, c'est un peu nébuleux, là

Qq'un peu m'expliquer SVP


tofre a écrit:
Editeur, diffuseur, distributeur, libraire sont 4 métiers très différents:



Oui, je disais connaitre un peu les différents rôles (merci qd mm ;) ), mais cela ne répond pas à ma question suite aux réponses de Seiter dans l'interview posté par Bolt.
Seiter met en cause son diffuseur et les retours de non-vendus pour sa trésorerie déficiente (du moins, c'est ce que j'en ai déduit) et je ne vois tjs pas le lien direct.

On peut imaginer le diffuseur loupant une cible et grossièrement surestimer qu'un bouquin se vendra à 200 exemplaires à Bourg-La-Reine et il ne s'en vend que 3 (ou 13), donc 187 retours au distributeur qqes mois plus tard (et sans doute remboursables chez eux en 30 jours ouvrables). Dans ce cas-là, on peut comprendre la doléance des ELB, mais quel libraire connait aussi mal sa clientèle que pour se laisser refiler autant de bouquins qu'il ne parviendra pas à se débarrasser.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Erik Arnoux » 03/02/2020 17:23

Ce que tu ne piges pas, c'est que si tu es éditeur, tu payes les retours de ce qui n'a pas été vendu au diffuseur, à raison de 1 € par album retourné, quel que soit l'état, souvent bon à jeter et impossible à remettre dans le circuit... En clair, ils prennent à l'aller pour la mise en place ET au retour pour tes invendus, en fait, ils sont toujours gagnants...

Multiplie par trente titres sur ton année, tu vas vite comprendre c'est plusieurs milliers d'euros à sortir pour des non-ventes, évidemment pas couvertes par tes ventes de l'autre côté...

... Surtout avec ton rapport de 13 ventes (donc peanuts) et 187 retours. Avec un taux de retours de 90% ce qui est la réalité parfois alors que le seuil à ne surtout pas dépasser tourne autour de 30% maxi... Ramené aux vrais chiffres, c'est plus clair ?
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Brian Addav » 03/02/2020 17:53

Et pour Cooltrane, il faut aussi expliquer que les retours peuvent se faire très longtemps après la mise en place, surtout si tu es un éditeur de moindre poids.
C'est très bien expliqué par les billets annuels des éditions ça et là (je ne me trompe pas d'éditeur ?), on le cite régulièrement sur le topic.


Pour schématiser de manière très grossière, tu sors 10 bds. Tu vas en mettre en place 10 000 de chaque, parce que ce que tu fais c'est bien, que les libraires aiment ton taf etc...
Donc tu te fais payer 10x10 000 bds. (avec le diffuseur qui prend sa com pour le placement en librairie).
T'as plein de cash qui rentre. Youpi.
Bon, tu sais que tu vas pas en vendre 10 000, mais au moins la moitié.

Tes retours, ils peuvent arriver un an, voir deux ans après. Et tu peux te retrouver deux ans après, à devoir sortir du cash pour payer tes retours.
C'est pour ça que les éditeurs parlent souvent du tirage, de la mise en place, plutôt que des ventes, car ils n'ont les chiffres que bien plus tard. (bon, d'un autre côté, même deux ans après, ils les donnent jamais).

Si t'avais bien prévu le coup en terme de vente, c'est bon, mais si les ventes ont foiré, tu ne le sauras qu'un an, que deux ans après. Tu peux te retrouver deux ans après à devoir sortir du cash pour des invendus.
Dans l'exemple, si au final, tes bds ont fait un four, et que tu doives rembourser non pas 5000 invendus pour chaque mais 7000, ta trésorerie, elle a mal au fion si par malheur t'as pas prévu assez en cashflow...

C'est en gros ce qui est arrivé à 12bis et sûrement à Long Bec.

Et les gros éditeurs, eux, ont un énorme avantage. Généralement, ils ne remboursent pas les invendus en cash mais en nouvelles bds à placer. Car ils ont le nombre pour.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Pat1065 » 03/02/2020 17:57

Très éclairant et surtout édifiant tout ça :shock:
Merci à vous tous, pros et grands experts, pour vos apports :ok: :respect:
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Erik Arnoux » 03/02/2020 18:32

@B.A. qui dit : "(...) tu sors 10 bds. Tu vas en mettre en place 10 000 de chaque, parce que ce que tu fais c'est bien, que les libraires aiment ton taf etc... Donc tu te fais payer 10x10 000 bds. (avec le diffuseur qui prend sa com pour le placement en librairie).T'as plein de cash qui rentre. Youpi. Bon, tu sais que tu vas pas en vendre 10 000, mais au moins la moitié. C'est en gros ce qui est arrivé à 12bis et sûrement à Long Bec."

Et à Sandawe dont pas mal de titres affichaient entre 70 et 90% de taux de retours.

Bon, C'est très théorique, parce que tu fais des calculs et des additions qui n'ont pas de réalité tangible.

Déjà qui met en place de nos jours 10 BD à 10 000 exemplaires dans les petites structures ? absolument personne. Tu peux diviser par 3 d'entrée. Une nouveauté en mise en place tourne si tout va bien autour de 4000/5000 pas plus et c'est une fourchette haute, mais avec des perspectives de réassort. Mais dans les faits pour beaucoup c'est souvent bien moins.

Attention on parle bien de petites structures et évidemment pas des majors, hein...

Exemple, parce que ça je connais, mise en place du quatrième "Sara Lone", en France (hors Belgique) pour Sandawe par la Diff ? 2500 ex. (!) soit 50% de ce qu'ils avaient promis de faire en réunion, là où tout le monde a une grande gueule, se hausse du col et se gargarise de superlatifs, mais est incapable de tenir l'objectif. Oh ils se sont pas trop battus pour ça, leur client belge étant sans doute jugé sans ambition et sans moyen de pression, incapable il est vrai de leur imposer un but à atteindre, sans levier autre que le produit himself. Suivi de 1500 réassorts sitôt la semaine de sortie, les libraires réagissant somme toute assez vite...
Dernière édition par Erik Arnoux le 03/02/2020 19:36, édité 5 fois.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede nicolas pothier » 03/02/2020 19:14

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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Cooltrane » 03/02/2020 19:31

Merci à Brian aussi pour son explication.


Erik Arnoux a écrit:Ce que tu ne piges pas, c'est que si tu es éditeur, tu payes les retours de ce qui n'a pas été vendu au diffuseur, à raison de 1 € par album retourné, quel que soit l'état, souvent bon à jeter et impossible à remettre dans le circuit... En clair, ils prennent à l'aller pour la mise en place ET au retour pour tes invendus, en fait, ils sont toujours gagnants...

Multiplie par trente titres sur ton année, tu vas vite comprendre c'est plusieurs milliers d'euros à sortir pour des non-ventes, évidemment pas couvertes par tes ventes de l'autre côté...

... Surtout avec ton rapport de 13 ventes (donc peanuts) et 187 retours. Avec un taux de retours de 90% ce qui est la réalité parfois alors que le seuil à ne surtout pas dépasser tourne autour de 30% maxi... Ramené aux vrais chiffres, c'est plus clair ?


Ha du coup, c'est déjà plus clair... merci ;)

Je croyais que les flux financiers éditeurs-libraires passaient par le distributeur (puisque c'est lui qui gère les stocks et les envois) et non le diffuseur.

c'est d'ailleurs étonnant que ce soit le distributeur qui est la pièce rajoutée à la chaine (devenant sous-traitant pour finir), alors que je voyais plutôt le diffuseur l'être (un mercenaire, quoi)
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Pat1065 » 03/02/2020 19:35

nicolas pothier a écrit:Petit résumé de la situation en image en en humour.

https://www.youtube.com/watch?v=8iyjgj5OzZQ&fbclid=IwAR0eetzLm0wNDf28l1AmQc-7DhCvbiZoDl2anE33u47oxWDBmRsC8-rx7EQ

:lol: :lol: Vraiment excellent, super détournement, bravo !! :respect:
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Brian Addav » 03/02/2020 22:11

Erik Arnoux a écrit:Bon, C'est très théorique, parce que tu fais des calculs et des additions qui n'ont pas de réalité tangible.

Déjà qui met en place de nos jours 10 BD à 10 000 exemplaires dans les petites structures ? absolument personne. Tu peux diviser par 3 d'entrée. Une nouveauté en mise en place tourne si tout va bien autour de 4000/5000 pas plus et c'est une fourchette haute, mais avec des perspectives de réassort. Mais dans les faits pour beaucoup c'est souvent bien moins.


Non, mais y'avait des mots importants dans mon introduction :
Brian Addav a écrit:Pour schématiser de manière très grossière,
:D

mon exemple avait pour but de faire prendre conscience que les retours, avec leur temps de latence, pouvait avoir des conséquences désastreuses sur la trésorerie d'un éditeur. Donc des chiffres bien ronds, ça parle mieux :siffle:

Je re-cite les excellentes éditions ça et là, qui font tous les ans un bilan et chez qui on voit que les ventes et retours s'étalent sur deux ans :
http://infoscaetla.over-blog.com/2020/0 ... libre.html
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Erik Arnoux » 03/02/2020 22:34

@BA: schématiser de "manière très grossière", ok, mais du coup on est loin de la réalité que je connais quand même un peu pour la vivre au quotidien et ta démonstration perd en efficacité, faut pas évoquer des chiffres sans commune mesure avec ce qui est la réalité parce qu'on perd le sens même du propos, par ailleurs en partie juste. En toute amitié.

Quand aux retours, j'ai souligné plus haut le poids financier qu'ils font peser sur une trésorerie fragile.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Brian Addav » 03/02/2020 22:38

Nan mais c'était pour expliquer à Cooltrane quoi. :D [:kusanagui:6]
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Erik Arnoux » 03/02/2020 22:39

tu penses qu'il a compris, alors...? :-D
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede chris24 » 04/02/2020 09:09

Le système des retours c'est bien, ça permet bien sûr aux libraires de s'achalander sans risque. Par contre que les retours puissent se faire 2 ans après ça c'est juste du grand n'importe quoi ! J'estime que passé un délai de 3 mois le libraire devrait savoir s'il garde ou pas. Comment gérer correctement son entreprise si tu peux pas prévoir les choses jusqu'à 2 ans ? Ça me semble hallucinant qu'un tel procédé soit possible et qu'il ait été mis en place...
.
.

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