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C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition - 2010-2021

Pour discuter de tous les sujets généraux autour de la bande dessinée, des libraires, des éditeurs et des auteurs

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Erik Arnoux » 06/01/2020 15:48

Message précédent :
Gaston68 a écrit:Mais les magasines comme l'Immanquable (que je ne lis pas / mais que je veux éventuellement offrir) ne tournent pas ? je ne sais pas depuis quand il est en rayon, mais ça fait déjà un moment, non ?


Ou CaseMate, mais là on est dans des journaux utilisant du matériel entièrement réalisé par les maisons d'éditions (qui payent ?), lesquelles passent aussi des pubs toutes les trois pages, avec une régie publicitaire qui assure avec des tarifs, disons élevés, pour une pleine page. Du coup, en ajoutant le rédactionnel élogieux et non à charge qui emballe le tout, c'est devenu une véritable vitrine pour les éditeurs à moindre coût pour eux que s'ils devaient gérer leur propre magazine et c'est sans doute au vu des pages de pub, tout à fait rentable pour ceux qui ont fait ce pari...

Quand au lecteur, il a un éventail sélectionné de ce qui se fait un peu partout. C'est donc assez particulier.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Gaston68 » 06/01/2020 15:55

Ok, bon à savoir. Merci!
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede toine74 » 06/01/2020 16:32

Une partie de la prépublication est passé sur la toile et c'est au lecteur de se prendre en charge et de s'informer de ce qui existe. C'est pourtant facile avec internet et bdgest ;) de faire le tri entre le bon grain et l'ivraie dans cette surproduction. De plus, il existe d'innombrables blogs/plateformes où des auteurs et des groupes d'auteurs en devenir présentent leur traval soit en ligne et soit en auto-édition.

Au déboulé : https://www.attaquesurprise.com/ , https://www.adultswim.com/comics/ ...
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede icecool » 06/01/2020 17:13

Je ne dis pas que le magazine bd est la solution ultime, ni une solution aisée, mais L'Immanquable - puisque ce titre a été évoqué - fonctionne tout de même depuis 2011 en proposant des séries qui paraissent ensuite en albums. C'est donc possible (idem pour Fluide Glacial ou Spirou) même si l'on doit les considérer naturellement comme des vitrines éditoriales !

Mais encore une fois : toute la matière prépubliée doit-elle devenir "album", je ne le pense pas...

Pour l'attente : le lectorat franco-belge y est déjà habitué (un album par an au mieux), donc aucun souci concernant les prépublications par épisodes.

Casemate (depuis 2008) et dBD (depuis 2006 pour sa formule actuelle) sont uniquement des magazines présentant l'univers du 9e art, sans prépublications autres que les planches commentées.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Nirm » 06/01/2020 18:02

Personne n'a dit que c'était impossible mais la question n'est pas de savoir s'il existe un exemple qui marche mais si aujourdhui face aux problématiques de la presse écrite (monopole et baisse des ventes) cela se vendra.
Pour le reste tout le monde est d'accord :
1) Un magazine mensuel, ok.
2) De prépublication pour que les auteurs aient un revenu stable ok.
3) Pour désengorger les rayonnages ok.

Bon maintenant, le vendre, on fait comment ?
J'ai cité des tentatives récentes qui ont planté ou ne sont pas assez régulières pour ton point 2
Les 2 historiques c'est sympa mais où en sont-ils, sont-ils vraiment destinés à la cible qui nous intéresse et lit peu, les ados, jeunes adultes ?
Qu'est-ce qui serait si attractif ? Comment ce serait rentable ?
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede icecool » 06/01/2020 18:17

Il y a d'autres exemples, assez divers en termes de contenus : La Revue dessinée et Topo, Nicole (mag des éditions Cornélius) ou bien sûr L'Echo des Savanes.

Si l'on connaît les grandes difficultés de la presse actuelle (baisse des ventes papier compensée partiellement par les abonnements numériques), certaines tentatives méritent que l'on s'y penchent :

https://www.lesechos.fr/2018/08/moins-d ... tes-976426
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Nirm » 06/01/2020 18:27

Nicole c'est annuel, 300 pages
La revue dessinée est plutôt reportages documentaires, avec un numéro tous les 3 mois, 220 pages.
L'écho des savanes a connu 2 ans d'arrêt avant de renaître avec Glenat sans vraiment exister aujourd'hui.
On a aussi les cahiers de la BD

Mais on a là une forte pagination, une ligne éditoriale claire et un lectorat ciblé bien loin des jeunes.
Alors peut-être que je fais une fixette là-dessus et que c'est peut-être pas le public que tu viserais mais dans ce cas, quel intérêt ?

Encore une fois je ne dis pas que ça ne marche pas, je dis que proposer aux jeunes en presse un mensuel, ça va être compliqué si tu veux en faire un moyen de rémunération et un laboratoire à talents.


Euh l'article dit
La baisse des ventes de la presse écrite n'est pas une fatalité. Ces derniers mois, les plus importants distributeurs de presse en France, Médiakiosk, Relay ou encore le groupe NAP à la tête de l'enseigne Maison de la Presse, ont procédé à plusieurs expérimentations pour ralentir, voire inverser cette tendance.

Parmi celles-ci, la réduction du nombre de titres s'est avérée particulièrement payante pour augmenter les ventes de journaux ou de magazines. Une conclusion intéressante, alors que le rapport Schwartz pour moderniser la distribution de la presse préconise d'« insuffler une nouvelle dynamique commerciale » dans le réseau de vente. Chaque année, les 1.500 Maisons de la Presse reçoivent plus de 7.700 titres différents, et une moyenne de 800 titres est disponible dans chaque kiosque et chaque Relay. Une partie des titres reçus par les distributeurs sont alors « systématiquement renvoyés », faute d'achat, explique Arnaud Ayrolles, président du groupe NAP. Pour les Maisons de la Presse, ce taux avoisine les 55 %, contre 40 % il y a une dizaine d'années

Donc proposer un nouveau magazine, alors que les acteurs de ce secteur restreignent les titres ?
Tu vois bien que lancer un magazine sera compliqué.
Raison de plus pour savoir qui tu vises et ce que tu veux proposer.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Erik Arnoux » 06/01/2020 18:30

@icecool: Poses-toi quand même la question de savoir si ceux que tu cites se vendent, et s'ils ne sont pas surendettés et en difficulté.

Et surtout, point essentiel, tu te doutes bien que si ce principe de journaux était un tant soit peu rentable, TOUS les éditeurs auraient le leur, sont pas fous et toujours prêts pour gagner de l'argent... mais pas pour en perdre. Donc non, ça ne marche pas, désaffection du public, à part les passionnés déjà acquis mais pas assez nombreux pour faire vivre un titre, dont encore une fois, tu n'imagines pas le coût.

On peut le déplorer, moi le premier en souvenir des plaisirs que ça m'apporta jadis (il y a euh... 50 ans...) avec Pilote, Tintin, et autre Spirou chaque semaine... mais c'est un fait, la presse bd n'a plus sa place et ne parvient décidément pas à se la refaire.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede zourbi le grec » 06/01/2020 18:35

Erik Arnoux a écrit:On peut le déplorer, moi le premier en souvenir des plaisirs que ça m'apporta jadis (il y a euh... 50 ans...) avec Pilote, Tintin, et autre Spirou... mais c'est un fait, la presse bd n'a plus sa place et ne parvient décidément pas à se la refaire.

Nous sommes des heureux mortels d'avoir connus l'âge d'or des publications bd avec de grands rédac' chef comme Goscinny, Delporte, Greg ... :-D
"Pour qu'il y ait le moins de mécontents possibles il faut toujours taper sur les mêmes."
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede icecool » 06/01/2020 19:21

Il va falloir réinventer le e-media, en relativisant du reste la trop fameuse "crise de la presse", qui est loin d'être générale depuis quelques années ; les titres spécialisés résistent, la part d'audience globable augmente grâce aux abonnements numériques, les groupes de presse se renforcent en monétisant l'accès à l'information, etc. Les modèles (oscillant entre crise, survie et résistance) ne sont pour autant pas toujours aisés à transposer dans l'univers BD, puisque lectorat et publicité sont indispensables.

Et - même si le lien est publicitaire - voir aussi ce qui est dit ici :
https://adintime.com/fr/blog/est-il-enc ... -2019--n32
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Nirm » 06/01/2020 20:13

Euh, il dit quoi cet article au juste ? Parce qu'à part des termes anglo-saxons je comprends pas trop ce qu'il est censé appuyer dans ton raisonnement.

Une recherche de 4 mots (évolution ventes presse papier) :
http://www.nous sachons.fr/amp/article/cu ... -en-baisse
https://www.europe1.fr/medias-tele/pres ... 575087.amp
https://www.lesechos.fr/2018/02/la-pres ... ues-984535
https://www.graphiline.com/article/2655 ... s-acpm-ojd
https://www.franceinter.fr/amp/economie ... economique

Des baisses de 3% annuels depuis 2015 en général. Et quand ça augmente c'est de 0,3 à 0,6% sur les abonnements payants.
France inter parle de 13 années consécutives de baisse...
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 07/01/2020 22:03

Nirm a écrit:Euh, il dit quoi cet article au juste ? Parce qu'à part des termes anglo-saxons je comprends pas trop ce qu'il est censé appuyer dans ton raisonnement.


J'ai retenu ceci, de cet "article publicitaire" :

-une augmentation globale du nombre de lecteurs (de presse, je suppose) en France, entre 2014 et 2017.
-une déclinaison du numérique en papier (avec des exemples).
-et inversement, des titres papiers qui se déclinent en numérique (avec des exemples),
-mais effectivement une baisse de 3,1% d'exemplaires en papier diffusés (=gratuits) ou payants,
-et une augmentation de 42% d'exemplaires numériques diffusés (=gratuits) ou payants.

...sauf que, dans les 2 cas, il y a du gratuit et du payant ("20 minutes" par exemple) et donc qu'est-ce qui décline le plus ?
le gratuit ou le payant ?
Ca, cet article ne le dit pas.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede icecool » 08/01/2020 09:47

L'idée générale, c'est que la fameuse "crise de la presse" n'existe en réalité que pour les titres d'infos généralistes, qui eux-mêmes ont parfois retrouvé de la vigueur grâce aux abonnés numériques. Les magazines spécialisés se portent bien mieux, surtout quand ils sont un certain monopole (les ventes de L'Equipe augmentent par exemple). Reste l'éternel souci des rentrées publicitaires et des bonnes mutations à trouver auprès du lectorat en jouant sur deux produits complémentaires : papier et site internet. Nombre de professionnels évoquent aussi l'actuel "bouillonnement de parutions". Un peu d'optimisme ?
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Erik Arnoux » 08/01/2020 22:04

icecool a écrit:Un peu d'optimisme ?


Parfait, tu n'as plus qu'à te lancer... :-D :D
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Bolt » 09/01/2020 16:34

Un chantier colossal, mais où est le rapport de Bruno Racine ?

Lors du lancement de l’année de la BD, tout le monde se souvient des mots de Jul, le parrain : « Le rapport Racine est un animal fabuleux, comme le Marsupilami ! On sait qu’on va le voir, mais on ne sait pas quand ! » Diatribe lancée devant le ministre Franck Riester qui avait soulevé une certaine gêne. Mais juste, ô combien !

Ce rapport est le résultat très attendu d’une ambitieuse mission sur l’acte de création, la mission « Bruno Racine ». Pré-annoncée au Festival BD d’Angoulême 2019, puis dévoilée à Livre Paris 2020, cette initiative du ministre est supposée apporter une réponse inédite aux multiples problématiques auxquelles les artistes-auteurs sont confrontés aujourd’hui. Un chantier considérable très attendu.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede nexus4 » 10/01/2020 11:22

Vincent Montagne, président de Média-Participations & Président du Syndicat National de l'Edition (SNE)
« dans ce contexte de fragilité des éditeurs et des auteurs, la tentation est grande de se tourner vers l’État pour légiférer. Mais la normalisation excessive peut conduire à l’appauvrissement de la création » ce qui est interprété par les auteurs (leurs représentants) comme une demande de ne pas se mêler de leurs affaires.

Faudrait voir le tout dans le contexte parceque là c'est juste la phrase qui tourne sur Twitter.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Thierry_2 » 10/01/2020 11:28

nexus4 a écrit:Vincent Montagne, président de Média-Participations & Président du Syndicat National de l'Edition (SNE)
« dans ce contexte de fragilité des éditeurs et des auteurs, la tentation est grande de se tourner vers l’État pour légiférer. Mais la normalisation excessive peut conduire à l’appauvrissement de la création » ce qui est interprété par les auteurs (leurs représentants) comme une demande de ne pas se mêler de leurs affaires.

Faudrait voir le tout dans le contexte parceque là c'est juste la phrase qui tourne sur Twitter.

il y a quand même une des deux catégories qu'il cite qui est beaucoup plus fragilisée que l'autre
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede tzynn » 10/01/2020 12:34

J'ai croisé bêtement sorties-bd.fr et bede.fr, et rien que la semaine prochaine on a près d'une petite centaine de sorties. [:lega]
Faut-il vraiment jouer l'étonnement que les titres se vendent moins bien à la pièce quand on dissémine les lecteurs sur autant de titres?

Je dois aussi avouer ne pas comprendre comment des auteurs se lancent actuellement sur le marché. Ca fait 20 ans que ça semble être la croix et la bannière, que certains sortent du métier, mais moins que le nombre de rentrants on dirait... C'est quand même fou...
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Erik Arnoux » 10/01/2020 13:09

@tzynn, comme je l'ai dit par ailleurs, c'est un métier passion et pas un plan de carrière avec une belle retraite au bout. Si j'avais voulu gagner du blé, je serais devenu avocat d'affaire ou bien, plus évident parce que c'était une option sérieusement envisageable, je me serais associé il y a 40 ans au sortir de l'ESAG avec d'autres potes diplômés qui fondaient une agence de pub à Paris, revendue ensuite une blinde après trente ans d'existence fructueuse... et je serais les doigts de pied en éventail au bord de ma piscine dans le Sud, avec en banque le résultat juteux de la vente de mes actions. Las, j'ai choisi de faire de la BD...

Trop con, hein :lol:

Et tu sais quoi ? Aucun regret. Donc je comprends très bien qu'on ait envie de publier à 20 ans, certain d'être capable de tirer son épingle du jeu sans se soucier de l'après...
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede icecool » 10/01/2020 13:38

Ce qu'en disaient les éditeurs... en janvier 2017 :

http://neuviemeart.citebd.org/spip.php?article1137

Avec notamment cet extrait des propos de Jean-Louis Gauthey (fondateur des éditions Cornélius) :

"Mon ressenti personnel, c’est qu’il y a, de toutes façons, une violence qui s’exerce dans ce milieu, mais depuis toujours. Et en ce moment, elle tourne en défaveur des auteurs. Est-ce que la question de fond, qui n’est pas abordée, autour de laquelle on tourne sans vraiment vouloir s’y confronter, ce n’est pas simplement : de la même façon qu’il y a une surabondance de livres, est-ce qu’il n’y a pas une surabondance d’auteurs ? "


Bref : de même que lorsque trop de boulangeries se font concurrence dans un quartier... Une évidence très dure à réaliser dans un idéal du "choix créatif" et du "métier d'auteur à plein temps".

... Et dans la suite des propos de Gauthey, une autre "évidence" :

"Alors, sur la promotion, je pense que c’est bien lié aux problématiques que l’on est en train d’évoquer : il est absolument impossible d’offrir une promotion digne de ce nom à autant d’auteurs, à autant de livres. Il faudrait créer des journaux, en fait."



Plus loin, c'est Xavier Guilbert qui précise avec force :

"On a rappelé les revues de prépublications, qui étaient un lieu d’apprentissage de l’auteur, mais il y a toute une dimension écartée à ce sujet : c’était aussi la constitution d’un lectorat, et en plus la constitution d’une vision éditoriale, le fait de la rendre visible. [...] Les revues qui constituaient les lieux de rencontres, d’expression, ont disparu. On s’est dit pendant quelques années que ça fonctionnerait sans, on en paie les frais aujourd’hui."


Tout est dit !
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Nirm » 10/01/2020 15:30

Là encore tu tronques quand ça t'arrange.
M. Gauthey (boss de Cornelius) dit :
Alors, sur la promotion, je pense que c’est bien lié aux problématiques que l’on est en train d’évoquer : il est absolument impossible d’offrir une promotion digne de ce nom à autant d’auteurs, à autant de livres. Il faudrait créer des journaux, en fait. Mais le premier problème, et c’est pour ça que je veux me détacher du seul prisme de l’auteur, c’est qu’il faudrait créer des lecteurs. Or, on est en train d’en perdre. Je vais rester là-dessus, et on y reviendra après.


Dans le même article on a :
Thomas Ragon éditeur chez Dargaud a écrit:Je parle pour un débutant, en gros, un premier livre... Quelqu’un qui commence, quoi, sur lequel on n’a aucune visibilité concernant l’aspect économique de la chose. Évidemment que nos patrons aimeraient bien qu’on fasse des livres où on demanderait aux auteurs de nous payer pour qu’ils soient édités. Ils en rêvent la nuit, je pense. Après, c’est selon les structures, et chez Dargaud, on ne propose pas en dessous de 10 000 €. Des fois, si, si le livre est fini, ou presque. Quand je parlais de rapport de force tout à l’heure, il est toujours là, ce rapport de force. Du départ jusqu’à la fin, ça évolue, et c’est selon le projet, la personne que vous avez en face de vous, selon le sujet… C’est au cas par cas.


Plus loin sur l'objectif des grosses maisons d'édition :
Jean-Pierre Mercier : Est-ce que tu n’as pas l’impression, malgré tout, que l’éditeur, dans sa relation avec l’auteur, a des responsabilités sociales ? Quand tu pars avec un auteur, si tu signes avec lui dans le cadre d’une série, un tome, deux tomes, trois tomes... Tu t’engages avec lui sur un certain temps. On en revient avec ce qu’on disait, il faut au minimum assurer les conditions d’un travail correct financièrement, pour que le travail puisse être fait dans des conditions décentes. Or, on entend des auteurs qui disent : « Je travaille 60 h par semaine pour gagner moins que le SMIC ». Je n’arrive pas à comprendre… comment en est-on arrivé à ce système où tu demandes à des auteurs un travail professionnel pour un résultat financier pour eux qui est absolument insuffisant ?

Thomas Ragon : Nous, on est là, les directeurs de collection, à travailler essentiellement avec les auteurs, et on se tape tout le travail annexe d’une maison d’édition normale : fabrication, marketing etc… Mais il ne faut quand même pas délirer. Les gens qui dirigent ces boîtes, ils ont fait des écoles de commerce, on leur a inculqué certaines manières de faire, on leur a dit que le monde tournait d’une certaine manière.

Thierry Joor (éditeur Delcourt) : Ce ne sont pas de mécènes, hein.

Thomas Ragon : Il y a de stratégies industrielles, commerciales. Certains choisissent, et ont clairement choisi, de manière très consciente, que le développement de leur entreprise se fera de manière horizontale, c’est à dire en multipliant les titres, en occupant l’espace dans les librairies. Je sais que moi, personnellement, j’ai vécu, il n’y a pas très longtemps, la question de décider, ou pas, de passer dans une stratégie identique. « Qu’est-ce qu’on fait, on perd des parts de marché. On fait quoi, 200 titres de plus par an ? » Voilà,
...

Jean-Louis Gauthey : La violence dont on parlait tout à l’heure, elle est dans cette question non résolue ‒ que les éditeurs ne souhaitent pas résoudre ‒ qui est de savoir combien de personnes on peut satisfaire raisonnablement. Et surtout, comment peut-on faire son travail de la meilleure des façons possibles. Quand on est à ma place, c’est très facile. Comme je le disais, l’argent je le trouve ailleurs. Donc au final, ma seule responsabilité, ce sont les gens, les auteurs avec qui je travaille. Et collectivement, on s’est posé la question : combien il était possible de faire de livres, chez Cornélius, et de les défendre équitablement ? Et c’est 20, en fait. Je ne vais pas détailler le pourquoi du comment, mais c’est 20. 20 maximum, pas 21. Donc en règle générale, on est entre 17 et 20, selon si on a pris plus ou moins de vacances. Mais cette question-là n’est pas du tout compatible avec le modèle que décrit Thomas, on en est même très loin, puisque ce sont des logiques de masse. Pour reprendre ce que je disais, le mot surproduction, je ne l’utilise plus. Puisque c’est un terme technique, et qui dit technique dit solution technique. Aujourd’hui, j’utilise le terme de surabondance, puisqu’il est plus à même de comprendre ce qu’on ressent lorsque l’on rentre dans une librairie. À savoir une forme d’écœurement. Tu parlais de supermarché, je ne supporte pas d’aller dans un supermarché faire mes courses, j’ai envie de dégueuler. Face à la multiplication d’une offre qui est restreinte, qui mime la diversité, alors qu’il n’y en a jamais. J’ai la nausée. Le problème, quand je rentre aujourd’hui dans une librairie, c’est que j’ai de plus en plus ce sentiment. Et le véritable ennemi, pour moi, c’est cette surabondance, cette offre obscène qui a une conséquence très directe : la victime directe de la surabondance, c’est la curiosité. Je l’éprouve moi-même, puisque je ne me fais pas envoyer les services de presse par les autres éditeurs, mais j’achète tout ce que je lis, ou alors je vais en médiathèque. Et donc, quand je vais en librairie, je dois toujours faire un travail sur moi-même pour m’éviter d’être capté par mon instinct grégaire qui m’emmènerait vers les choses que je reconnais. J’ai fait cette analyse, un jour, en rentrant chez moi, en regardant ce que j’avais acheté. C’est incroyable : sur 10 livres, j’en avais déjà 8 dans des éditions antérieures. C’est là que j’ai commencé à réfléchir à ce problème. Les fois suivantes, avant de sortir du magasin, je me suis arrêté et j’ai regardé ce que j’avais dans mon panier. Et je me suis corrigé, volontairement. Donc je fais ça maintenant, et je me porte vachement mieux. Mais c’est du boulot.


Donc oui, tout est dit.
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