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C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition - 2010-2021

Pour discuter de tous les sujets généraux autour de la bande dessinée, des libraires, des éditeurs et des auteurs

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Pouffy » 04/01/2020 17:48

Message précédent :
Xavier Guilbert a écrit:41% - La bande dessinée ne vous intéresse plus


J'ai du mal à comprendre cette réponse... surtout que ça fonctionne souvent par vague (comme beaucoup de loisir d'ailleurs).

Xavier Guilbert a écrit:40% - Vous avez moins de temps pour lire


Là il faut travailler sur l'optimisation du temps :
- diminuer le temps de lecture par oeuvre, ce qui est déjà fait en partie avec des BDs plus fluide à la lecture,
- maximiser les occasion de temps de lecture avec des œuvres plus transportables... les éditeurs de BD franco-belges font exactement l'inverse.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede icecool » 04/01/2020 17:56

Pouffy a écrit:
Xavier Guilbert a écrit:41% - La bande dessinée ne vous intéresse plus


J'ai du mal à comprendre cette réponse... surtout que ça fonctionne souvent par vague (comme beaucoup de loisir d'ailleurs).



C'est une formulation qui reflète pourtant le cœur du problème, avec le coût : " Je n'en lis pas, par méconnaissance, désintérêt et manque de temps". Il est effectivement aberrant d'en être encore là pour une bonne part du grand public en 2020, au-delà du désintérêt (relatif) pour la lecture en général :
cf. ainsi :
https://www.actualitte.com/article/mond ... ries/98558
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Nirm » 04/01/2020 18:00

icecool a écrit:L'idée est d'installer "la lecture" à portée des consommateurs, dans des lieux où elle n'est pas encore mais où des foules se rendent pourtant sur des temps de loisirs. Dans les fast food, les gens lisent (journaux mis à disposition, magazines culturels de la marque, portables et ordis en wifi...) tout en mangeant.

Bof...
Déjà en tant que parents, lire en mangeant, ça me gêne. Et lire au McDo lol... quand tu as le WiFi et un portable ou des jeux, leur choix est fait.

Mais ensuite, ce serait dire que si la BD FB n'est pas lue par les jeunes c'est parce quon ne leur en propose pas et qu'ils n'ont pas le temps... et ça, pour qui voit des enfants de 7 à 12 ans aujourd'hui c'est faux.
Tous les mômes connaissent la BD, c'est au moment du choix que ça se plante, sauf s'ils ont été habitués à prendre du temps pour lire et apprécier cette forme.

Si les mangas marchent, peut-être qu'il faut plus analyser le contenu et la forme (sans les dénigrer ce qui est difficile vu l'audimat ici) pour comprendre ce qui plaît aux jeunes.
Tu débarques ? Suis le guide
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 04/01/2020 18:18

icecool a écrit:Du coup, mes arguments ne sont pas si mauvais...
- de temps, + de désintérêt, coûts jugés trop élevés. Bref la sempiternelle quadrature du cercle à résoudre.

Sauf que c'est limite fallacieux que de mettre les quatre premiers items sur un pied d'égalité. Pour moi, les trois premiers se recoupent (et sont tous autour de 40% de réponses données, soit très loin devant le troisième): on n'a pas de temps pour quelque chose qui ne nous intéresse pas, ou moins que d'autres choses auxquelles on donne sa priorité.

Le prix, mentionné par seulement 7% des anciens lecteurs, est véritablement marginal.

icecool a écrit:Voyons aussi le boom des emprunts en médiathèque : plus de 13,5 millions d'albums empruntés (pour 8,5 millions d'acheteurs BD/mangas/comics de plus de 15 ans, soit 15,5 % de la population) !

Est-ce véritablement un boom? Il faudrait considérer les chiffres pour des périodes antérieures pour s'en assurer. On pourrait avoir le même discours triomphaliste pour la bande dessinée (ce que ne manque pas de faire l'étude GfK pour les Rencontres Nationales de la Librairie que tu cites ici, sauf erreur), alors qu'il y a une lente érosion du lectorat de la bande dessinée depuis trente ans.
Et juste pour remettre les choses en perspectives, on a 29% de lecteurs, et seulement 15,5% d'acheteurs -- soit un lecteur sur deux qui n'achète pas. Pour un médium sensé déchaîner les passions, je ne trouve pas que ce soit un indicateur d'implication particulièrement rassurant (mais il paraît que je suis particulièrement pessimiste).

icecool a écrit:A l'âge adulte, s'intéresseront-ils autant à ce médium s'il n'est pas accessible "partout", ce qui est évidemment la force du jeu vidéo ou de la vidéo (sur portable) ?

Mais encore une fois, la bande dessinée est accessible partout, si l'on écarte la question du numérique relève des éditeurs, qui, il est vrai, ne sont pas particulièrement actifs sur ce domaine, et qui, il faut le reconnaître, est encore moins rémunérateur que les formats souples des albums.
Et la force du jeu vidéo ou de la vidéo n'est pas tant son accessibilité que la manière dont ils ont pu devenir des pratiques sociales. Le manga, dans cette dimension, a réussi à cristalliser quelque chose, au même titre que certains succès comme Les Légendaires. Ce sont des titres dont on parle dans la cour d'école, que l'on s'échange et que l'on relit sans cesse.
A l'inverse, les grands succès de la bande dessinée franco-belge, ce sont de vieux trucs réalisés pour des quinquas en mal de nostalgie (je force le trait, volontairement): reprises d'Astérix, de Blake & Mortimer, de XIII, de Lucky Luke. Et ce n'est pas avec ça qu'on va donner envie aux ados de devenir des lecteurs de bande dessinée. Les vrais phénomènes culturels, ce sont Pénéloppe Bagieu avec Culottées, L'arabe du futur ou Marion Montaigne avec Dans la combi de Thomas Pesquet.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 04/01/2020 18:23

icecool a écrit:Voyons aussi le boom des emprunts en médiathèque : plus de 13,5 millions d'albums empruntés (pour 8,5 millions d'acheteurs BD/mangas/comics de plus de 15 ans, soit 15,5 % de la population) !

Correction qui a son importance: ce sont 13,5 millions de livres empruntés, et la bande dessinée représente 27% du total (donc 3,6 millions d'ouvrages) pour 2018. Cf. ici.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 04/01/2020 19:13

Xavier Guilbert a écrit:
Voici la liste des réponses pour les anciens lecteurs, plusieurs réponses possibles (d'où un total supérieur à 100).
41% - La bande dessinée ne vous intéresse plus
40% - Vous avez moins de temps pour lire
35% - Vous préférez d’autres lectures ou d’autres loisirs
7% - Les bandes dessinées coûtent trop cher
4% - Vous êtes déçu par l’évolution de la bande dessinée
4% - Vous ne savez pas s’il y a des genres de bandes dessinées qui pourraient vous intéresser
4% - Votre entourage ne s’intéresse pas à la bande dessinée
2% - Vos auteurs préférés ne publient plus
1% - Vous ne pouvez pas acheter ou emprunter les bandes dessinées qui vous intéressent à côté de chez vous
13% - Pour une autre raison
3% - Ne se souvient plus
Source: étude sur le lectorat de bande dessinée 2011, BPI/DEPS/TMO Régions.




Sauf que ces réponses brutes, qui datent d'il y a 9 ans, mériteraient qu'on s'y attarde, et qu'on sache ce qu'il y a derrière.

Qui sont ces "anciens lecteurs" ?
Quel age ont-ils ?
Si ce sont des jeunes actifs franciliens, je vous confirme qu'ils n'ont pas le temps pour lire, vu qu'ils passent leur temps dans les transports en commun (ou un roman ou un jeu vidéo sera plus facile à transporter) ; ajoutez à cela une vie de famille, et la BD devient vite accessoire pour la plupart.

Après, intéressons-nous aux réponses :

41% - La bande dessinée ne vous intéresse plus
Les a-t-on interrogé sur les raisons qui font que la Bd ne les intéresse plus ?
Quelles étaient les réponses ?
En Bd FB, entre l'offre pour les plus jeunes et celle des vieux, existe-t-il une offre ados et jeunes actifs ?


40% - Vous avez moins de temps pour lire
Pourquoi ?
Mêmes questions que précédemment, finalement ; qui sont-ils et ne trouvent-ils pas le temps de lire ? Peut-être parce qu'ils s'occupent autrement, avec d'autres loisirs (type jeux vidéos) qui s'adressent plus à eux.
Il y a plein de jeux vidéos violents, dans des mondes apocalyptiques, où ça bastonne ; en BD, y'a pas vraiment la même offre, beaucoup plus sage (sauf en manga, comme par hasard, ou ça peut vraiment être plus trash)

35% - Vous préférez d’autres lectures ou d’autres loisirs
Mais lesquels, et surtout pourquoi ?
Là encore, les thèmes abordés en Bd sont peut-être trop sages, côté FB ; et si les anciens lecteurs se tournent vers d'autres loisirs, peut-être que le prix de ces autres loisirs est déterminant, non ?
C'est trop facile de dire que le prix n'a pas d'importance, sans creuser un peu.

Et sinon, dénigrer les romans pour les plus petits offerts dans les happy meal de macdo, c'est un peu facile, car je vous confirme que certains étaient bien écrit, et une ouverture comme une autre à la lecture.
Imaginer de remplacer ces romans par des BD serait peut-être une solution ; investir les lieux où la Bd n'existe plus (parce que les macdo, c'est populaire, c'est dans les quartier et dans les villes moyennes).
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 04/01/2020 20:33

yannzeman a écrit:Sauf que ces réponses brutes, qui datent d'il y a 9 ans, mériteraient qu'on s'y attarde, et qu'on sache ce qu'il y a derrière.

Tout d'abord, ce ne sont pas des "réponses brutes". Ce sont des réponses collectées auprès d'un large échantillon (plus de 2000 anciens lecteurs) pondéré selon la méthode des quotas, et donc représentatif de la population française âgée de plus de 15 ans. C'est important de le dire, car ce sont des données de qualité et sérieuses.
Par ailleurs, le fait qu'elles datent de 9 ans ne les disqualifient pas, tout simplement parce que les pratiques culturelles évoluent plutôt lentement. Alors certes, c'est une image du lectorat qui date, mais les diverses études publiées depuis (comme l'étude GfK pour les RNL) ont confirmé ces résultats, et restent dans des ordres de grandeurs similaires.
Il faut rajouter que les études plus récentes n'ont pas la même qualité, puisqu'elles ont été généralement réalisées sur des populations moins représentatives (les acheteurs de bande dessinée, pour l'étude GfK en question, par exemple) et n'ont jamais exploré plus en détail les pratiques de lecture. Raison de plus de souligner qu'il ne s'agit pas ici de "réponses brutes" qui n'iraient pas en profondeur, mais bien d'une étude aussi détaillée que possible dans le cadre d'un dispositif lourd visant à interroger un échantillon le plus large possible (plus de 4600 répondants pour l'étude dans son ensemble, ce qui est très conséquent).

yannzeman a écrit:Qui sont ces "anciens lecteurs" ?
Quel age ont-ils ?

Voici la répartition en âge des anciens lecteurs
15-17 ans - 4%
18-24 ans - 10%
25-29 ans - 8%
30-39 ans - 17%
40-49 ans - 19%
50-59 ans - 18%
60 ans et plus - 24%

yannzeman a écrit:Si ce sont des jeunes actifs franciliens, je vous confirme qu'ils n'ont pas le temps pour lire, vu qu'ils passent leur temps dans les transports en commun (ou un roman ou un jeu vidéo sera plus facile à transporter) ; ajoutez à cela une vie de famille, et la BD devient vite accessoire pour la plupart.

Etant moi-même francilien, j'ai souvent vu des gens lire de la bande dessinée (romans graphiques, mangas, comics, etc.) dans le métro. Par ailleurs, les études des pratiques culturelles montrent toutes l'importance des zones urbaines, et la prédominance de Paris. Ce qui contredit donc fortement ce jugement à l'emporte-pièce de "les jeunes actifs franciliens n'ont pas le temps pour lire". Les faits sont têtus.

Pour le reste, ce genre d'étude ne permet pas d'aller en profondeur sur certains points -- il faudrait pour cela une autre stratégie d'enquête, basées sur des entretiens.

yannzeman a écrit:En Bd FB, entre l'offre pour les plus jeunes et celle des vieux, existe-t-il une offre ados et jeunes actifs ?

Oui.

yannzeman a écrit:Il y a plein de jeux vidéos violents, dans des mondes apocalyptiques, où ça bastonne ; en BD, y'a pas vraiment la même offre, beaucoup plus sage (sauf en manga, comme par hasard, ou ça peut vraiment être plus trash)

Pas d'accord. Comics ou production franco-belge sont riches et proposent un éventail très large d'univers et de propositions narratives. Au même titre que l'offre en jeu vidéo, qui est décrite ici de manière caricaturale.

yannzeman a écrit:Là encore, les thèmes abordés en Bd sont peut-être trop sages, côté FB ; et si les anciens lecteurs se tournent vers d'autres loisirs, peut-être que le prix de ces autres loisirs est déterminant, non ?
C'est trop facile de dire que le prix n'a pas d'importance, sans creuser un peu.

Les lecteurs eux-mêmes disent que le prix n'a pas d'importance pour eux.
Il n'est pas de plus sourd que celui qui ne veut pas entendre.

yannzeman a écrit:Et sinon, dénigrer les romans pour les plus petits offerts dans les happy meal de macdo, c'est un peu facile, car je vous confirme que certains étaient bien écrit, et une ouverture comme une autre à la lecture.
Imaginer de remplacer ces romans par des BD serait peut-être une solution ; investir les lieux où la Bd n'existe plus (parce que les macdo, c'est populaire, c'est dans les quartier et dans les villes moyennes).

Je n'émettais aucun jugement sur les livres distribués. Par contre, je reste convaincu que c'est une mauvaise solution, qui sert uniquement à donner bonne conscience aux éditeurs et auteurs qui y contribuent (opération visible, à défaut d'être efficace) et qui permet à McDonald's de s'acheter une bonne conduite (on appelle ça le "greenwashing"). Bref, je n'y vois que des défauts, la bande dessinée mérite bien mieux.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede chris24 » 05/01/2020 00:13

icecool a écrit:"Nouveau" ou "renouvellement" plutôt, dans l'idée cette fois que "la nature a horreur du vide" : hors des librairies, lieux privilégiés de ventes (ou malheureusement touts ne se rendent pas... à l'inverse d'une grande surface ou - peut-être - d'un espace culturel), il faudrait voir ou revoir tout ce qui n'existe plus : bd au format poche, petits formats divers, magazines bd dans l'esprit des histoires "à suivre", etc. Chez les libraires, doivent demeurer non seulement les produits les plus luxueux (tirages de tête, intégrales, etc.) mais aussi les produits dérivés (figurines pop, posters, etc.) et des versions alternatives des classiques (couverture différente, cahier graphique intégré aux albums, etc.). L'on peut aussi songer à tout le marché de l'occasion et de la fidélisation via des remises ou produits réservés à la seule clientèle. De leurs côtés, cafés et fast-foods auront sans doute bientôt des espaces dédiés aussi aux jeux vidéo et aux mangas. C'est déjà le cas il me semble à Paris, Marseille, Lyon, Toulouse avec le concept de manga-café (cf. par exemple https://www.mangacafe.fr/le-manga-cafe-v2/ ; voir aussi le BD Café de Lille : https://www.yelp.fr/biz/bd-caf%C3%A9-lille). Bref, de la différenciation dans l'intérêt de tous !

Je n'y crois absolument pas à ta version. Perso j'ai absolument pas envie d'acheter du poche avec un format inadapté, un papier merdique, une couv qui va trinquer dès la première lecture, avec pour seul objectif un prix le plus bas possible. En plus il a été déjà expliqué et réexpliqué ici que ce n'est pas commercialement viable, ni pour l'éditeur, ni pour le libraire, et encore moins pour l'auteur vu que la marge sur la fabrication n'est pas déterminante pour diviser le tarif en 3, au mieux on gagnerait 2 €/2,50 € sur le prix d'un album. Seul le lecteur, celui qui veut bouffer de la BD à s'en faire péter les rétines, peu importe le reste, seul celui-là serait gagnant dans cette histoire de BD Poche à vil coût (et ahma c'est le même qui va lire gratos que ce soit dans le rayon ou en piraté, dont le but est de payer le moins possible et de bouffer gratos, comme toujours. Il y en a un qui se reconnaîtra, qui avoue dans un topic n'avoir acheté l'année dernière qu'un seul comic mais d'en avoir pourtant lu énormément, trop drôle...) Règne de la quantité et signe du temps...

Est-ce que la BD des stations Total a relancé le marché de la BD en la démocratisant auprès de personnes ne lisant pas de BD ? Je n'y crois pas une seconde. Celui qui n'a rien à cirer de la BD ne la prend pas, si tu as un gosse qui en lit tu la prends et ça n'a rien changé. Idem pour un McDo. On a juste une opération commerciale de Total qui a finalement fait perdre de l'argent à tout le monde (et surtout aux auteurs), mais pas à Total qui s'offre une belle pub au passage.

Donc perso, je n'ai ni envie d'acheter une BD Kleenex, ni de devoir sortir à chaque fois 50 € ou plus pour une édition alternative de qualité. Là à mon avis avec ce système le marché va droit dans le mur parce qu'il ne correspond absolument pas à notre mentalité et à notre culture. Ne pas oublier que la BD c'est aussi forcément un bel objet, un beau livre. Ce n'est pas des caractères qu'on imprime, c'est un ouvrage artistique et donc on attend un bel objet. C'est pas pour rien que la BD kiosque est morte en tout cas chez nous. Le problème de la crise n'est absolument pas de devoir sortir 15-20 € pour un album, la BD étant généralement un bel objet on en a pour son argent. Chacun en achète la quantité qu'il peut (le marché d'occas existe pour les plus voraces et d'autres solutions moins éthiques donc).

Si le sujet c'est la crise, c'est la crise pour qui ? Les auteurs. Personne d'autre. Donc c'est une équation simple à résoudre, inutile d'aller remettre tout le système en question jusqu'à la forme du libre et la façon de vendre : les auteurs doivent gagner plus. Le nerf de la guerre est là. Nulle part ailleurs. Ça veut dire que c'est à l'éditeur/diffuseur de relarguer un peu de piécettes vers le bas de la chaine alimentaire qui le nourri. Si au lieu de gagner 8-9 % les auteurs gagnaient 12-15 % il n'y aurait sans doute plus de crise. Et rétrocéder 50 cts par album c'est franchement pas la mer à boire pour eux et pourtant ça changerait tout pour beaucoup d'auteurs.

Une idée pour ne pas que les éditeurs se sentent "pris à la gorge" et soient mis en situation de faillite ( lol ) : peut-être rémunérer plus les jeunes talents qui valent vraiment le coup et moins des mastodontes qui se retrouveront de toute façon sur la quantité. Un Edouard Cour par ex ou encore un Rémi Courrierec (Big Crunch) qui serait peut-être encore du métier s'il avait mieux gagné sa vie, auraient mérité d'être mieux soutenus financièrement en début de carrière, là où un Trondheim et autres bulldozer du même acabit pourraient se contenter des 8-9 % avec lesquels ils vivent très bien vu les tirages de leurs titres.

Et peut-être savoir dire non aussi à quantité d'auteurs qui se lancent et dont les éditeurs savent que ça ne marchera pas. Réduire les 5000 sorties de 30 % me paraitrait sain et salutaire, ça laisserait plus de temps aux BD de qualités d'être présentées et ça éviteraient à quantité d'auteurs de se retrouver dans des situations financières non tenables. Pour ceux-là qui voudraient malgré tout persévérer dans une voie qu'on leur déconseille, il resterait encore le blog numérique pour se faire connaître.
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« Dans un art narratif, le plus important c'est la narration. Le dessin est là pour être un outil par rapport à cette narration » Bastien Vivès
« Le monde est une immense roue en mouvement. Il faut être fou pour courir dans une roue » Jérémie Moreau
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Erik Arnoux » 05/01/2020 09:49

chris24 ton analyse est lucide et rejoint le constat qu'on peut tous faire aussi en tant que pro, qu'on soit auteur ou éditeur. Je ne vois rien a rajouter, parce que j'aurais pu écrire la même chose, à la virgule près.

Si ce n'est qu'augmenter le % des auteurs ne changerait pas grand chose, vu les ventes de plus en plus basses qui ne permettent pas de rembourser nos avances, tu peux toujours donner davantage en % sur le contrat mais ça demeure juste un chiffre sur le papier et rien de plus. L'éditeur essaye de te séduire en te disant :" t'as vu , t'es à 15 % !" mais faute de ne pas vendre davantage que quelques milliers qui n'atteignent pas le seuil d'équilibre, t'en verras pas plus la couleur...

Le mieux c'est d'obtenir la meilleure avance possible négociée au depart, mais fait pas se leurrer, les éditeurs connaissant des chutes de vente vertigineuses pour 90% des nouveaux titres vont simplement adapter à la baisse drastiquement leurs avances pour mathématiquement s'y retrouver, sont pas fous. c'est d'ailleurs déjà le cas. Si ton avance correspond à 15000 ventes mais que tu dépasses pas 3000 au final, le calcul est vite vu: hop un forfait.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Erik Arnoux » 05/01/2020 09:56

PS: ah et "réduire le nombre d'albums sur le marché" ? Ce serait sage et on en parle chaque année... mais c'est pas près d'arriver, aucun éditeur parmi les majors ne le fera le premier en tout cas, car ils fonctionnent entre eux en parts de marché et pas un ne veut laisser une place à la concurrence pour ainsi leur permettre d'augmenter leurs parts. Sans oublier les gars à compte d'auteur de plus en plus nombreux en festival, le crowdfunding et autres sorties qui s'ajoutent au nombre d'albums qui ne trouveront pas leur place, le lectorat se réduisant comme peau de chagrin alors que l'offre augmente...
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede icecool » 05/01/2020 11:18

chris24 a écrit:Je n'y crois absolument pas à ta version. Perso j'ai absolument pas envie d'acheter du poche avec un format inadapté, un papier merdique, une couv qui va trinquer dès la première lecture, avec pour seul objectif un prix le plus bas possible.


C'est tout le problème : passer son temps à se déclarer victime et dire en boucle "c'est la crise"... sans entrevoir de solution ni rien tenter.

Trop d'auteurs ? Oui et non : quantité d'albums ne devraient pas être, alors que de nombreux récits pourraient alimenter des périodiques, des petits formats, etc.

Quant au poche, son inexistence actuelle est une aberration totale : beau papier et bonus y sont parfaitement possibles (pour un prix aux alentours des 6,50 à 8,50 € ; cf. une fois de plus ce qui été fait avec les Magnard BD ou dans la fameuse Petite Bédéthèque des Savoirs du Lombard, avec des titres à 10 €) et cela permettrait un accès plus aisé (et plus simple à transporter) à nombre de titres. Un système qui n'empêcherait nullement les collectionneurs d'acquérir la version cartonnée de leurs rêves. C'est aux éditeurs de trouver ici comme ailleurs le bon prix et la juste part à reverser aux auteurs.

Les opérations du genre de celles de Total sont on le sait entièrement promotionnelles : tout comme les 48h bd ou autres ofres ponctuelles en grandes surfaces. Peut-être existe-t-il un moyen d'améliorer ces propositions en ciblant d'autres lieux, plus propices au temps de lectures (raisons pour laquelle je proposais les cafés, fast-foods, etc. ; dans de précédents posts, j'avais évoqué les librairies et points presse de gares, très propices à la vente de bd aux formats poche/album/intégrale) ?
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede icecool » 05/01/2020 11:23

Xavier Guilbert a écrit:Correction qui a son importance: ce sont 13,5 millions de livres empruntés, et la bande dessinée représente 27% du total (donc 3,6 millions d'ouvrages) pour 2018. Cf. ici.


Bonne précision car ce chiffrage de 13,5 est repris (et malmené...) un peu partout, à unique destination de la bande dessinée !
Voir par exemples :
https://www.lindependant.fr/2019/12/18/ ... 613347.php
https://www.ladepeche.fr/2019/12/18/lan ... 613351.php

ou cet extrait récent de La Montagne :

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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 05/01/2020 11:42

Pouffy a écrit:
Xavier Guilbert a écrit:41% - La bande dessinée ne vous intéresse plus

J'ai du mal à comprendre cette réponse... surtout que ça fonctionne souvent par vague (comme beaucoup de loisir d'ailleurs).

Pas vraiment, il peut y avoir une lassitude durable. Peut-être cela signifie-t'il seulement que cette proposition ne te convient pas à toi. Mais visiblement, elle a évoqué quelque chose de fort pour plus de 40% des anciens lecteurs.

Pouffy a écrit:
Xavier Guilbert a écrit:40% - Vous avez moins de temps pour lire

Là il faut travailler sur l'optimisation du temps :
- diminuer le temps de lecture par oeuvre, ce qui est déjà fait en partie avec des BDs plus fluide à la lecture,
- maximiser les occasion de temps de lecture avec des œuvres plus transportables... les éditeurs de BD franco-belges font exactement l'inverse.

Par forcément. D'une part, tu pars du présupposé que c'est une pratique investie, qu'il faudrait conserver. Or, il est très possible que ce ne soit pas le cas pour certains, qui vont donc simplement l'abandonner (parce que bon, pas le temps). On note ainsi que la période de 18-29 ans est charnière, puisqu'elle cumule beaucoup de transformations: changement de statut (étudiant puis entrée dans la vie active), changement de revenus, changement de situation personnelle (installation seul-e ou en couple), etc. Toutes ces transformations opèrent une recomposition des loisirs, dans une nouvelle donne radicalement différente de ce qu'elle pouvait être auparavant (et je ne parle même pas de l'arrivée des enfants). Les priorités changent, le temps disponible aussi.

J'en profite pour signaler pour les curieux que l'étude 2011 a donné lieu à plusieurs publications: tout d'abord, les résultats de l'étude elle-même, dont une partie a été reprise et commentée sur Neuvième art 2.0; ensuite, un ouvrage explorant plus avant ces résultats, publié numériquement par la BPI (ouvrage auquel j'ai participé).
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 05/01/2020 11:44

icecool a écrit:Bonne précision car ce chiffrage de 13,5 est repris (et malmené...) un peu partout, à unique destination de la bande dessinée !

Oui, j'ai vu ça après t'avoir répondu. Je crois que le problème vient de l'argumentaire même de BD2020, j'ai vu le chiffre repris sur un site officiel.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede icecool » 05/01/2020 12:22

Pour en avoir beaucoup discuté, tant avec mon entourage qu'avec un nombre assez considérable d'adolescents (le collège charentais où j'exerce en totalise 650 cette année), les réponses sont assez unanimes : je les classe par ordre de fréquence :

- Je préfère acheter d'autres choses (jeux, habits, romans, musique, etc.)
- "Je n'aime pas lire !" ou "C'est pour les vieux (mangas mis à part) !"
- Je n'y connais rien... ou pas grand chose.
- Cela me paraît trop cher : "J'ai lu l'album en un quart d'heure !"
- Je préfère d'autres styles de livres.

Comme le rappelle Xavier, il est clair que la période 15 - 30 ans favorise plus les études, le temps passé avec les ami(e)s en sorties ou loisirs divers, et moins les temps de lectures personnelles, ce au-delà des goûts/passions ou des "obligations" (lecture de magazines ou livres pour se forger une culture, être au courant de l'actualité ou propre volonté de découvrir un auteur/genre).
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede chris24 » 05/01/2020 16:53

icecool a écrit:
chris24 a écrit:Je n'y crois absolument pas à ta version. Perso j'ai absolument pas envie d'acheter du poche avec un format inadapté, un papier merdique, une couv qui va trinquer dès la première lecture, avec pour seul objectif un prix le plus bas possible.


C'est tout le problème : passer son temps à se déclarer victime et dire en boucle "c'est la crise"... sans entrevoir de solution ni rien tenter.

D'où tu sors ça ?
1) je ne me déclare pas victime, la BD telle qu'elle est me convient parfaitement en tant qu'acheteur. Les albums sont de bonne fabrication généralement, avec même peut-être une volonté à la hausse de proposer de belles choses (couv. au vernis sélectif, à découpe, au touché soft, dos toilé, embossage, etc.)
Si tu ne parles pas de moi mais de manière plus générale, la majorité des auteurs disent ne pas vivre correctement de leur travail, ils veulent une meilleure rémunération. La solution est là pour eux mais ce n'est pas à eux de mettre en œuvre les solution pour y parvenir. Ils ont déjà leur part de travail il me semble. C'est donc aux éditeurs/diffuseurs en amont de voir comment les rémunérer mieux.
2) pour moi la solution n'est pas là où tu la vois car elle est tout simplement incohérente du point de vue éditorial, du libraire et de l'auteur. Tu restes du seul point de vue de l'acheteur qui aurait accès à plus de BD à un moindre coût mais tu ne projettes pas ton analyse depuis tous les points de vue pour voir les répercussions et si c'est envisageable. Mets-toi dans la peau d'un éditeur et vois si tu gagnes quelque chose à perdre 90 % de ta rentabilité à partir du moment le seul paramètre de manœuvre que tu peux faire varier est le coût de fabrication et qu'on te rabâche qu'il est à peu de chose prêt similaire entre une édition de poche merdique et un album cartonné. La différence est environ de 2 €/2,50 €. Tu fais comment pour rattraper les 10 € de perte par album sur toute la chaine ? Et encore on ne parle même pas du coût de diffusion qui va être bien augmenté aussi en raison de l'accroissement du volume. Même si ces albums de poche prennent moins de place tu as peut-être 30 % de volume en plus à traiter, acheminer, distribuer. Au coût du gasoil, etc. c'est loin d'être anodin comme répercussion...

Quant au poche, son inexistence actuelle est une aberration totale : beau papier et bonus y sont parfaitement possibles (pour un prix aux alentours des 6,50 à 8,50 € ; cf. une fois de plus ce qui été fait avec les Magnard BD ou dans la fameuse Petite Bédéthèque des Savoirs du Lombard, avec des titres à 10 €) et cela permettrait un accès plus aisé (et plus simple à transporter) à nombre de titres. Un système qui n'empêcherait nullement les collectionneurs d'acquérir la version cartonnée de leurs rêves. C'est aux éditeurs de trouver ici comme ailleurs le bon prix et la juste part à reverser aux auteurs.

Là au lieu de faire varier le coût de fabrication de 2/2,50 € tu le réduis à 1 € peut-être par rapport à un album cartonné. Mais tu as divisé le prix de l'album par 2. Explique-moi comment tu fais pour rattraper la perte de 50 % sur le prix des albums alors.

Sans parler du fait que les librairies ne sont pas extensibles et le coût de revient au m² implique aussi une rentabilité. Si tu commences à devoir avoir systématiquement 2 versions de tous les albums c'est ingérable. Et ça veut dire aussi que tu vas encore réduire de moitié le temps d'exposition des nouveautés. Avec 5000 sorties par an et la fenêtre réduite sur 8/9 mois en fait il n'y a déjà que très peu temps pour exposer les albums et en faire la promotion. Combien de fois m'est-il arrivé de passer une semaine après la sortie d'un titre et de ne pas le voir dans les nouveautés mais déjà rangé dans les bacs... Tu imagines combien les chances de vente sont réduites une fois que le titre est sorti des projecteurs. Ben là tu les divises par 2. C'est sûr que ça va aider les auteurs ça. Le libraire croule déjà sous les cartons et les arrivages incessants et tu voudrais doubler leur somme de travail pour vendre des albums sur lesquels ils vont toucher 2 à 3 fois moins de marge ? Ça va les intéresser aussi je pense...

Bref, le poche c'est se tirer une balle dans le pied. Il n'y a qu'un seul gagnant dans l'histoire, le lecteur (pour un temps).

Les opérations du genre de celles de Total sont on le sait entièrement promotionnelles : tout comme les 48h bd ou autres ofres ponctuelles en grandes surfaces. Peut-être existe-t-il un moyen d'améliorer ces propositions en ciblant d'autres lieux, plus propices au temps de lectures (raisons pour laquelle je proposais les cafés, fast-foods, etc. ; dans de précédents posts, j'avais évoqué les librairies et points presse de gares, très propices à la vente de bd aux formats poche/album/intégrale) ?

A la limite, le seul truc que je verrais ce serait la BD de type "journal", avec papier recyclé, impression N&B, A4 ou même plutôt A5, simplement plié, comme un journal, pour réduire au minimum du minimum les coûts de fabrication et surtout ne pas marcher sur les plate-bandes de la BD de qualité telle qu'elle existe aujourd'hui. Mais qui publier ? Certainement pas tout. La seule opportunité que je verrais — pour ne pas nuire aux auteurs avant toute chose — concernerait des titres qui n'ont eu aucun succès malgré certaines qualités réelles, ce qui pourrait aider à les faire connaître. Mais en aucun cas ramener ces éditions dans les points de vente traditionnels pour les raisons évoquées plus haut. Un peu comme on trouve du roman de gare quoi, on aurait de la BD de gare. Ça pourrait aider un tant soit peu ces auteurs malchanceux (c'est parfois un mauvais timing, une concurrence de titres forts au même moment, un manque de communication, etc. et pas toujours un manque de qualité de l'album). Ça aiderait ces auteurs malchanceux-là, ça ne résoudrait pas la crise pour autant.

Et là j'en reviens à mes propos concernant le nombre de sorties. Si au lieu de vouloir conserver sa part de marché par un remplissage, une occupation de mètres linéaires, on cherchait à mieux vendre les titres pour lesquels on croit vraiment. Ces titres qu'on vendrait au rabais dans les gares faute de mieux auraient peut-être connu plus de succès en librairie...
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede chris24 » 05/01/2020 17:29

Erik Arnoux a écrit:chris24 ton analyse est lucide et rejoint le constat qu'on peut tous faire aussi en tant que pro, qu'on soit auteur ou éditeur. Je ne vois rien a rajouter, parce que j'aurais pu écrire la même chose, à la virgule près.

Si ce n'est qu'augmenter le % des auteurs ne changerait pas grand chose, vu les ventes de plus en plus basses qui ne permettent pas de rembourser nos avances, tu peux toujours donner davantage en % sur le contrat mais ça demeure juste un chiffre sur le papier et rien de plus. L'éditeur essaye de te séduire en te disant :" t'as vu , t'es à 15 % !" mais faute de ne pas vendre davantage que quelques milliers qui n'atteignent pas le seuil d'équilibre, t'en verras pas plus la couleur...

Le mieux c'est d'obtenir la meilleure avance possible négociée au depart, mais fait pas se leurrer, les éditeurs connaissant des chutes de vente vertigineuses pour 90% des nouveaux titres vont simplement adapter à la baisse drastiquement leurs avances pour mathématiquement s'y retrouver, sont pas fous. c'est d'ailleurs déjà le cas. Si ton avance correspond à 15000 ventes mais que tu dépasses pas 3000 au final, le calcul est vite vu: hop un forfait.

Je comprends. Seulement là on touche sans doute plutôt à la part qui revient à l'auteur. S'il veut vivre de son travail et même bien en vivre, encore faut-il que sa production soit de qualité pour le lui permettre. Et là tout le monde n'a pas le même talent. Il y a forcément de la disparité et nombre d'auteurs qui n'y parviendront pas.

Augmenter le pourcentage de 50 % c'est quand même accroitre de 50 % la vitesse de remboursement de cette avance. Bien sûr, si le titre fait 3000 au lieu de 15000 ventes escomptés ça ne changera rien, j'en conviens. Mais pour celui qui aurait vendu 10000, celui-là atteindrait le seuil où il commencerait à toucher des droits sur chaque nouvelle vente. Ça n'est pas rien. Donc une partie des auteurs verraient accroitre leurs revenus.

Cela reporte la responsabilité sur la qualité du travail de l'auteur en premier lieu (la qualité initiale), mais aussi sur la communication de l'éditeur sur le titre et sur la visibilité en librairie. Donc on en revient au problème de la quantité dans la chaine pour cette partie. Moins de titres = plus de temps pour présenter et vendre les titres en lice. Il faudrait un "G10" des éditeurs les plus importants en part de marché pour parvenir à un consensus. On garde la même proportion de parts de marché en réduisant le nombre de titres mais en augmentant le temps de visibilité. Ainsi l'équation ne serait plus d'occuper le nombre de ml en faisant défiler les nouveautés, mais le temps d'occupation de certains titres.

Maintenant si comme tu dis l'éditeur peut augmenter directement l'avance sur droits, évidemment c'est encore mieux. Peut-être même que cela serait largement compensé s'il éditait moins de titres dont il sait sans doute pertinemment qu'un bon nombre n'ont aucune ou très peu de chances de marcher...

Et peut-être encore une fois compenser aussi ce soutien aux auteurs en difficulté en ne changeant pas la donne pour ceux dont le succès est rencontré et qui vivent très bien de leur métier. Une sorte de barème dégressif en fonction du succès donc, pour favoriser la création (de qualité)... Un auteur qui vend à 100.000 et plus chacun de ses titres n'attend sans doute pas après ces changements réclamés. Et là par contre ça peut faire une belle différence sur le manque à gagner pour l'éditeur. S'il devait effectivement donner 50 % de droits en plus aux auteurs à succès cela pourrait représenter des sommes colossales. Tandis que donner 5000 € d'avance sur droits et 15 % de droits d'auteur sur la partie à rembourser pourrait changer la donne pour beaucoup d'entre eux sans mettre en péril les éditeurs. Peut-être même que passé un certain seuil on pourrait réduire de 1 % les droits d'auteur de blockbuster. Un album vendu à 200.000 ex par exemple se verrait réduire d'un chouïa ses droits pour financer les auteurs. Un tout petit effort pour lisser les inégalités et faciliter aussi le passage des éditeurs vers une rémunérations plus juste et plus en faveur de ceux qui ne vivent pas suffisamment bien de leur travail de qualité.

En gros cela reviendrait à tirer vers le haut le rang du bas et à écrémer plus strictement les auteurs édités. Savoir dire non à quelqu'un qui ferait mieux de choisir un autre métier dès le départ. Ou bien lui donner une chance mais en BD de zone B (le journal à la gare dont je parlais précédemment), ou le numérique...
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Erik Arnoux » 05/01/2020 17:51

Oui, merci pour ta démonstration, tout ceci est certes intellectuellement intéressant et mathématiquement plausible, dans l'absolu... mais reste du domaine du théorique, concrètement.

D'abord parce que malheureusement rien de tout ça ne se fera et, même si je le déplore, la proportion du pourcentage auteur ne changera pas du simple au double. Parce que les ventes s'effondrent sur énormément de titres. Même atteindre les 10 000 que tu évoques comme chiffre devient quasi un exploit et fais de toi un auteur de best sellers, ce qui est proprement ahurissant !

D'autant que si je regarde de près, mes dernières avances sont davantage remboursées autour de... 18 000 ventes (!) en plus. (Et que donc on ne commencerait à toucher des droits, 0,40 par album... qu'à compter du 18 001ème album)

Autant dire que même en triplant le chiffre % sur mon contrat, c'est quasi inatteignables, dans les faits. Il me revient que quand en 85 j'ai signé mon premier album chez Glénat, on m'avait prévenu gentiment mais fermement qu'une série lancée vendant moins de 15 000 de son premier tome était considérée comme échec patenté et qu'on hésiterait à signer la suite... comme j'avais vendu 13 800 au premier relevé, j'ai balisé, bien déçu... mais c'est passé. Alors que rembourser une avance sur droit de nos jours à ce niveau devient de plus en plus rare et ça ne va pas aller en s'arrangeant, avec la multiplicité des sorties.

Et puis les chiffres annoncés sont souvent erronés et surévalués, c'est flagrant quand on compare ce qui se dit, ce qu'on prétend dans le métier, souvent très évasif et toujours avec un chiffre rond... et les relevés de comptes qu'on reçoit...
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 05/01/2020 18:15

Xavier Guilbert a écrit:
yannzeman a écrit:Sauf que ces réponses brutes, qui datent d'il y a 9 ans, mériteraient qu'on s'y attarde, et qu'on sache ce qu'il y a derrière.

Tout d'abord, ce ne sont pas des "réponses brutes". Ce sont des réponses collectées auprès d'un large échantillon (plus de 2000 anciens lecteurs) pondéré selon la méthode des quotas, et donc représentatif de la population française âgée de plus de 15 ans. C'est important de le dire, car ce sont des données de qualité et sérieuses.

Je n'ai pas mis en cause le sérieux des réponses, juste le fait de nous donner ces chiffres sans détail, ne permet pas d'en tirer grand chose. Comme nous argumentons, je signale simplement que ces chiffres peuvent tout et rien dire, et ne sont pas sufissant en eux-même.



Par ailleurs, le fait qu'elles datent de 9 ans ne les disqualifient pas, tout simplement parce que les pratiques culturelles évoluent plutôt lentement. Alors certes, c'est une image du lectorat qui date, mais les diverses études publiées depuis (comme l'étude GfK pour les RNL) ont confirmé ces résultats, et restent dans des ordres de grandeurs similaires.

En 9 ans, l'offre Bd a évolué, avec des intégrales en plus grand nombre d'avant, un marché de l'occasion qui a grandi, des loisirs concurrents qui prennent de l'ampleur (Netflix et compagnie), et le numérique gratuit, qui n'était pas aussi performant à ce moment là.
9 ans, c'est quand même pas mal.
Mais j'admet q'un sondage datant d'il y a 9 ans reste pertinent.


Il faut rajouter que les études plus récentes n'ont pas la même qualité, puisqu'elles ont été généralement réalisées sur des populations moins représentatives (les acheteurs de bande dessinée, pour l'étude GfK en question, par exemple) et n'ont jamais exploré plus en détail les pratiques de lecture. Raison de plus de souligner qu'il ne s'agit pas ici de "réponses brutes" qui n'iraient pas en profondeur, mais bien d'une étude aussi détaillée que possible dans le cadre d'un dispositif lourd visant à interroger un échantillon le plus large possible (plus de 4600 répondants pour l'étude dans son ensemble, ce qui est très conséquent).

yannzeman a écrit:Qui sont ces "anciens lecteurs" ?
Quel age ont-ils ?

Voici la répartition en âge des anciens lecteurs
15-17 ans - 4%
18-24 ans - 10%
25-29 ans - 8%
30-39 ans - 17%
40-49 ans - 19%
50-59 ans - 18%
60 ans et plus - 24%

Merci.
Cela montre que la lassitude (en tout cas, le désintérêt) augmente avec l'âge ; sans doute que l'offre ne correspond plus aux attentes, mais aussi qu'à l'age où on devient parent (généralement à 30 ans), le désintérêt est multiplié par 2, ce qui peut aussi s'expliquer par des choix budgétaires. Les enfants, ça coute cher, j'en sais quelque chose ! :-D

Mais aussi, le désintérêt avec l'age est un phénomène courant, pas seulement réservé à la BD. Je ne vais pratiquement plus au cinéma, à cause d'une offre pas au niveau (souvent, c'est du réchauffé, ou trop débile, ou trop orienté ados, ou trop plombant) et de la concurrence d'autres médias (internet), surtout financièrement
Je possédais la carte UGC illimité, et je me suis rendu compte que j'étais prélevé de 240 euros par an, pour aller voir des films que je finissais par me forcer à aller voir, alors qu'en payant ma place à l'unité, pour les seuls films que je veux vraiment voir, ça me coute beaucoup moins. Et pour les autres films, la Tv me suffit amplement.

Et puis, la concurrence des séries Tv est terrible, pour la BD (d'ou ma "fixette" sur Netflix), car faites l'essai dans votre entourage : tout le monde regarde des séries, mais combien lisent des BD ?
Edifiant.
Parce que les séries sont bien faites, ne nous font pas attendre plus d'un an max, et sont financièrement abordables - gratuites ou à 11 euros par mois - et c'est important, oui oui.


yannzeman a écrit:Si ce sont des jeunes actifs franciliens, je vous confirme qu'ils n'ont pas le temps pour lire, vu qu'ils passent leur temps dans les transports en commun (ou un roman ou un jeu vidéo sera plus facile à transporter) ; ajoutez à cela une vie de famille, et la BD devient vite accessoire pour la plupart.

Etant moi-même francilien, j'ai souvent vu des gens lire de la bande dessinée (romans graphiques, mangas, comics, etc.) dans le métro. Par ailleurs, les études des pratiques culturelles montrent toutes l'importance des zones urbaines, et la prédominance de Paris. Ce qui contredit donc fortement ce jugement à l'emporte-pièce de "les jeunes actifs franciliens n'ont pas le temps pour lire". Les faits sont têtus.

Et moi aussi (breton, fatalement...).
J'ai été parisien (et pas francilien) pendant 42 ans, et j'y retourne encore de temps en temps dans l'année.
D'abord, le francilien prend avant tout le RER, avant le métro ; et dans les deux cas, je peux affirmer que les lecteurs de BD dans les transports en commun se comptent sur les doigts d'une main estropiée. Surtout aux heures de pointe, où il n'y a pas la place pour ouvrir ne serait-ce qu'un comics ou un manga, et à peine un roman. Surtout sur la ligne 13, ou le RER A.
Moi-même, je préférais rentrer chez moi pour lire mes achats, parce que dans le métro, je n'ai jamais apprécié.


Pour le reste, ce genre d'étude ne permet pas d'aller en profondeur sur certains points -- il faudrait pour cela une autre stratégie d'enquête, basées sur des entretiens.

yannzeman a écrit:En Bd FB, entre l'offre pour les plus jeunes et celle des vieux, existe-t-il une offre ados et jeunes actifs ?

Oui.

yannzeman a écrit:Il y a plein de jeux vidéos violents, dans des mondes apocalyptiques, où ça bastonne ; en BD, y'a pas vraiment la même offre, beaucoup plus sage (sauf en manga, comme par hasard, ou ça peut vraiment être plus trash)

Pas d'accord. Comics ou production franco-belge sont riches et proposent un éventail très large d'univers et de propositions narratives. Au même titre que l'offre en jeu vidéo, qui est décrite ici de manière caricaturale.

L'offre en FB (mais aussi en comics) est assez loin du compte, par rapport à ce qui est proposé en jeux vidéos ; l'infiltration et le FPS sont légions dans les jeux, ça shoote à tout va, dans des mondes en guerre ou en fin de vie (je n'ai pas inventé les "medal of honor" ou "call of duty"), mais leur équivalent Bd n'existe pas vraiment (sauf "Gung ho", mais il n'y en a pas tant que ça dans le même genre, et souvent ça ne va pas au bout, comme le regretté "légions de la haine").

Je vois bien, aussi, que les mangas sont très différents des BD, ils osent beaucoup plus, sont plus raccord de ce point de vue là avec les jeux vidéos, et proposent des suites rapidement, parce que les gens n'aiment pas attendre, quelle que soit l'époque.


yannzeman a écrit:Là encore, les thèmes abordés en Bd sont peut-être trop sages, côté FB ; et si les anciens lecteurs se tournent vers d'autres loisirs, peut-être que le prix de ces autres loisirs est déterminant, non ?
C'est trop facile de dire que le prix n'a pas d'importance, sans creuser un peu.

Les lecteurs eux-mêmes disent que le prix n'a pas d'importance pour eux.
Il n'est pas de plus sourd que celui qui ne veut pas entendre.

Je l'ai montré, rien ne dit que le prix n'entre pas en ligne de compte.
Si vous avez indiqué que vous n'êtes plus intéressé par la BD, rien ne dit que vous n'aviez pas en tête que pour moins cher, vous aviez plus d'offre dans d'autres médias. Simplement, en répondant "moins de temps pour la BD" ou "plus intéressé par d'autres loisirs", vous incluez peut-être le facteur prix dedans ?


yannzeman a écrit:Et sinon, dénigrer les romans pour les plus petits offerts dans les happy meal de macdo, c'est un peu facile, car je vous confirme que certains étaient bien écrit, et une ouverture comme une autre à la lecture.
Imaginer de remplacer ces romans par des BD serait peut-être une solution ; investir les lieux où la Bd n'existe plus (parce que les macdo, c'est populaire, c'est dans les quartier et dans les villes moyennes).

Je n'émettais aucun jugement sur les livres distribués.

Dans un message, je m'adresse parfois à tous ceux qui lisent, pas seulement au rédacteur du message cité.

Par contre, je reste convaincu que c'est une mauvaise solution, qui sert uniquement à donner bonne conscience aux éditeurs et auteurs qui y contribuent (opération visible, à défaut d'être efficace) et qui permet à McDonald's de s'acheter une bonne conduite (on appelle ça le "greenwashing"). Bref, je n'y vois que des défauts, la bande dessinée mérite bien mieux.


Et bien je ne suis pas d'accord.
Les macdo rendent service, brassent beaucoup de monde, une population pas toujours très cultivée, et qui revient souvent dans ces lieux ; généralement, il y a des jouets dans les menus enfants, mais parfois des livres, et c'est une très bonne idée, pas juste un acte de bonne conscience.
(le greenwashing, c'est plutôt l'action de nous faire croire qu'en supprimant les pailles de ses boissons, macdo oeuvre pour la planète, alors qu'ils ne traitent toujours pas leurs déchets, jetant tout dans la même poubelle, et générant toujours autant d'emballages non recyclables)

Quelqu'un a cité les albums Total.
C'est différent, car ils ne sont pas distribués à chaque achat ; alors que pour macdo, les romans illustrés sont fournis systématiquement, sans qu'on les demande (sauf promo accompagnée d'un jouet, comme pour les 60 ans d'Astérix en ce moment par exemple).
Je n'ai jamais eu entre les mains une BD Total, mais par contre, plusieurs romans illustrés de macdo (écrits par Levy, entre autre).

La BD devrait réinvestir les classes populaires, au lieu de se transformer en loisir de riche.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Erik Arnoux » 05/01/2020 18:20

Euh, les amis, quand vous citez, élaguez un peu plutôt que de nous repasser TOUT le texte, réponses incluses...
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede rennois » 05/01/2020 18:33

Je rejoins Erik : même si ça peut être éventuellement intéressant pour mes connaissances personnelles, ou tout simplement découvrir un autre éclairage ou avis de membre, se farder des pavés pareils, non merci. Je ne commence même pas à lire dans ces cas-là :?

ps : pas que Yann, hein, voir avant et bien avant...
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