Thierry_2 a écrit:Il y avait avant des ventes de fond qui continuait, mais l'offre a évolué en privilégiant les one-shots et les cycles courts. Une fois les tirages épuisés (ou pilonnés), à partir de quand une série disparaît de fait des catalogues (au mieux en espérant une potentielle réimpression ou une intégrale)?
Il me semble que la grande rupture, c'est la disparition de la prépublication, et le déplacement du marché du magazine vers le livre. Non seulement cela a changé profondément la structure de la rémunération des auteurs (avec ce glissement d'un prix à la page vers des avances sur droits), mais cela a fait disparaître à la fois la vitrine d'une démarche éditoriale, mais également un laboratoire de développement d'auteurs et/ou de récits (et dont seuls les plus aboutis et/ou populaires étaient ensuite publiés en album).
Le mouvement vers les one-shots et les cycles courts est en partie une conséquence de la focalisation progressive sur l'album. Une série devenant une prise de risque, on cherche à limiter les dégâts potentiels en se resserrant sur des choses plus limitées. Il faut tempérer cela néanmoins, dans le sens où l'arrivée des one-shots et cycles courts a été aussi à l'origine d'une plus grande diversité des propositions d'auteurs, en sortant notamment du format (narratif mais aussi thématique) de "l'aventure en 48CC".
La difficulté qu'ont les éditeurs aujourd'hui, c'est qu'ils ont un fonds conséquent à gérer, au sein duquel existent des séries qu'il n'est plus rentable d'exploiter. Le numérique pourrait être une solution, mais les éditeurs y sont allés à reculons, et n'ont pas vraiment trouvé de solution qui attire véritablement leurs lecteurs. Résultat: on fait du désherbages, et les seuls titres à bénéficier de rééditions ou d'intégrales sont ceux qui se vendent bien.
A noter que cette dynamique se retrouve de manière encore plus exacerbée sur le segment du manga, puisque la fin d'un contrat d'exploitation signale impérativement un arrêt de commercialisation, et la disparition rapide du titre. Je me suis promis un jour de procéder à un inventaire détaillé de cette dimension (l'arrêt de commercialisation), mais le temps me manque toujours.