icecool a écrit:L'idée est d'installer "la lecture" à portée des consommateurs, dans des lieux où elle n'est pas encore mais où des foules se rendent pourtant sur des temps de loisirs.
Cette idée part du présupposé que "la bande dessinée, c'est chouette, et si les gens n'en lisent pas, c'est parce qu'ils n'ont pas eu l'occasion de la rencontrer" (avec la variante qui est que "si les gens n'en lisent pas, c'est que c'est trop cher"). Sauf que les études sur le lectorat font un portrait bien différent: non seulement une très large majorité des gens sont ou ont été lecteurs de bande dessinée (on n'a que 29% de lecteurs "actifs" pour 48% d'anciens lecteurs au sein de la population, et uniquement 22% des personnes âgées de plus de 11 ans déclarant n'avoir jamais lu de bande dessinée), mais les freins à une lecture plus investie sont en priorité de ne pas trouver des ouvrages intéressants, le temps arrivant en seconde position. La question financière, je l'ai souvent répété, arrive loin derrière, et ressort comme secondaire (ce qui est normal: on est sur de la valeur perçue, i.e. si c'est intéressant, je suis prêt à payer pour).
Voici la liste des réponses pour les anciens lecteurs, plusieurs réponses possibles (d'où un total supérieur à 100).
41% - La bande dessinée ne vous intéresse plus
40% - Vous avez moins de temps pour lire
35% - Vous préférez d’autres lectures ou d’autres loisirs
7% - Les bandes dessinées coûtent trop cher
4% - Vous êtes déçu par l’évolution de la bande dessinée
4% - Vous ne savez pas s’il y a des genres de bandes dessinées qui pourraient vous intéresser
4% - Votre entourage ne s’intéresse pas à la bande dessinée
2% - Vos auteurs préférés ne publient plus
1% - Vous ne pouvez pas acheter ou emprunter les bandes dessinées qui vous intéressent à côté de chez vous
13% - Pour une autre raison
3% - Ne se souvient plus
Source: étude sur le lectorat de bande dessinée 2011, BPI/DEPS/TMO Régions.
A mon sens, on gagnerait plus à travailler sur la reconnaissance symbolique de la bande dessinée et la valorisation/encouragement d'un discours critique à son égard, plutôt que d'essayer de revendre une fois de plus les succès d'hier en version discount dans des lieux peu valorisants pour la culture.