icecool a écrit:chris24 a écrit:Je n'y crois absolument pas à ta version. Perso j'ai absolument pas envie d'acheter du poche avec un format inadapté, un papier merdique, une couv qui va trinquer dès la première lecture, avec pour seul objectif un prix le plus bas possible.
C'est tout le problème : passer son temps à se déclarer victime et dire en boucle "c'est la crise"... sans entrevoir de solution ni rien tenter.
D'où tu sors ça ?
1) je ne me déclare pas victime, la BD telle qu'elle est me convient parfaitement en tant qu'acheteur. Les albums sont de bonne fabrication généralement, avec même peut-être une volonté à la hausse de proposer de belles choses (couv. au vernis sélectif, à découpe, au touché soft, dos toilé, embossage, etc.)
Si tu ne parles pas de moi mais de manière plus générale, la majorité des auteurs disent ne pas vivre correctement de leur travail, ils veulent une meilleure rémunération. La solution est là pour eux mais ce n'est pas à eux de mettre en œuvre les solution pour y parvenir. Ils ont déjà leur part de travail il me semble. C'est donc aux éditeurs/diffuseurs en amont de voir comment les rémunérer mieux.
2) pour moi la solution n'est pas là où tu la vois car elle est tout simplement incohérente du point de vue éditorial, du libraire et de l'auteur. Tu restes du seul point de vue de l'acheteur qui aurait accès à plus de BD à un moindre coût mais tu ne projettes pas ton analyse depuis tous les points de vue pour voir les répercussions et si c'est envisageable. Mets-toi dans la peau d'un éditeur et vois si tu gagnes quelque chose à perdre 90 % de ta rentabilité à partir du moment le seul paramètre de manœuvre que tu peux faire varier est le coût de fabrication et qu'on te rabâche qu'il est à peu de chose prêt similaire entre une édition de poche merdique et un album cartonné. La différence est environ de 2 €/2,50 €. Tu fais comment pour rattraper les 10 € de perte par album sur toute la chaine ? Et encore on ne parle même pas du coût de diffusion qui va être bien augmenté aussi en raison de l'accroissement du volume. Même si ces albums de poche prennent moins de place tu as peut-être 30 % de volume en plus à traiter, acheminer, distribuer. Au coût du gasoil, etc. c'est loin d'être anodin comme répercussion...
Quant au poche, son inexistence actuelle est une aberration totale : beau papier et bonus y sont parfaitement possibles (pour un prix aux alentours des 6,50 à 8,50 € ; cf. une fois de plus ce qui été fait avec les Magnard BD ou dans la fameuse Petite Bédéthèque des Savoirs du Lombard, avec des titres à 10 €) et cela permettrait un accès plus aisé (et plus simple à transporter) à nombre de titres. Un système qui n'empêcherait nullement les collectionneurs d'acquérir la version cartonnée de leurs rêves. C'est aux éditeurs de trouver ici comme ailleurs le bon prix et la juste part à reverser aux auteurs.
Là au lieu de faire varier le coût de fabrication de 2/2,50 € tu le réduis à 1 € peut-être par rapport à un album cartonné. Mais tu as divisé le prix de l'album par 2. Explique-moi comment tu fais pour rattraper la perte de 50 % sur le prix des albums alors.
Sans parler du fait que les librairies ne sont pas extensibles et le coût de revient au m² implique aussi une rentabilité. Si tu commences à devoir avoir systématiquement 2 versions de tous les albums c'est ingérable. Et ça veut dire aussi que tu vas encore réduire de moitié le temps d'exposition des nouveautés. Avec 5000 sorties par an et la fenêtre réduite sur 8/9 mois en fait il n'y a déjà que très peu temps pour exposer les albums et en faire la promotion. Combien de fois m'est-il arrivé de passer une semaine après la sortie d'un titre et de ne pas le voir dans les nouveautés mais déjà rangé dans les bacs... Tu imagines combien les chances de vente sont réduites une fois que le titre est sorti des projecteurs. Ben là tu les divises par 2. C'est sûr que ça va aider les auteurs ça. Le libraire croule déjà sous les cartons et les arrivages incessants et tu voudrais doubler leur somme de travail pour vendre des albums sur lesquels ils vont toucher 2 à 3 fois moins de marge ? Ça va les intéresser aussi je pense...
Bref, le poche c'est se tirer une balle dans le pied. Il n'y a qu'un seul gagnant dans l'histoire, le lecteur (pour un temps).
Les opérations du genre de celles de Total sont on le sait entièrement promotionnelles : tout comme les 48h bd ou autres ofres ponctuelles en grandes surfaces. Peut-être existe-t-il un moyen d'améliorer ces propositions en ciblant d'autres lieux, plus propices au temps de lectures (raisons pour laquelle je proposais les cafés, fast-foods, etc. ; dans de précédents posts, j'avais évoqué les librairies et points presse de gares, très propices à la vente de bd aux formats poche/album/intégrale) ?
A la limite, le seul truc que je verrais ce serait la BD de type "journal", avec papier recyclé, impression N&B, A4 ou même plutôt A5, simplement plié, comme un journal, pour réduire au minimum du minimum les coûts de fabrication et surtout ne pas marcher sur les plate-bandes de la BD de qualité telle qu'elle existe aujourd'hui. Mais qui publier ? Certainement pas tout. La seule opportunité que je verrais — pour ne pas nuire aux auteurs avant toute chose — concernerait des titres qui n'ont eu aucun succès malgré certaines qualités réelles, ce qui pourrait aider à les faire connaître. Mais en aucun cas ramener ces éditions dans les points de vente traditionnels pour les raisons évoquées plus haut. Un peu comme on trouve du roman de gare quoi, on aurait de la BD de gare. Ça pourrait aider un tant soit peu ces auteurs malchanceux (c'est parfois un mauvais timing, une concurrence de titres forts au même moment, un manque de communication, etc. et pas toujours un manque de qualité de l'album). Ça aiderait ces auteurs malchanceux-là, ça ne résoudrait pas la crise pour autant.
Et là j'en reviens à mes propos concernant le nombre de sorties. Si au lieu de vouloir conserver sa part de marché par un remplissage, une occupation de mètres linéaires, on cherchait à mieux vendre les titres pour lesquels on croit vraiment. Ces titres qu'on vendrait au rabais dans les gares faute de mieux auraient peut-être connu plus de succès en librairie...