Karzak a écrit:chris24 a écrit:Plusieurs choses qui ont fini par me sauter aux yeux quand même à la longue :
- le coût du diffuseur est juste énorme. Presque 31.000 € vont dans sa poche juste pour faire transiter ce tirage de 10.000 BD pris en exemple dans les différents points de vente, le ré-achalandage et gérer les retours libraire. Peut-être que pour les BD à très gros débit il y a un achalandage quotidien, mais pour celle où je vais, c'est 2 fois par semaine. Sachant que les camions font une tournée, qu'ils livrent d'autres BD en même temps et plusieurs librairies par jour ça m'a pas l'air d'être un mauvais plan cette histoire-là !
Il y a 5000 BD éditées par an environ, je vous laisse imaginer le volume et ce que ça représente en chiffre d'affaire.
On a le chiffre d'affaire globale de la BD par an ? Histoire de voir ce que ça représente avec les 22 % alloués au diffuseur !
- Je n'étais pas trop raccord avec le point de vue de yannzeman quant au fait de réduire la quantité de BD éditées pour vendre plus. Et je ne le suis toujours pas D'ailleurs. Moi qu'il en sorte 3000 ou 5000, je ne prendrai que les 100 qui m'intéressent et qui se situent dans le haut du panier donc ça changera pas grand chose dans mes achats. Mais sur les 5000 éditées il doit y en avoir un bon paquet qui sont des daubes éditées à 1000 ex. et qui font quelques centaines de ventes seulement...
Là où je veux en venir c'est que comme on l'a vu précédemment, il y a des frais fixes inévitables à tout projet d'édition qui se transforment en perte sèche si c'est un flan. Et c'est pas tant le coût de l'imprimeur mais surtout de l'avance sur droit qui va coûter cher.
Si on part de l'hypothèse que 1000 BD éditées vont faire un flop assuré, et si on évitait de les éditer pour se concentrer sur les 4000 de meilleure qualité, alors on réduirait les pertes sèches. Du coup on augmente les bénéfices et la rentabilité. Ce qui permet en retour de mieux payer les auteurs édités.
L'idée semble plutôt fonctionner mais c'est peut-être à cette étape (cf. gras) que ça coincerait : je ne suis pas certain qu'il soit simple d'anticiper un flop. Quand l'éditeur y va c'est parce qu'il est convaincu que ça va fonctionner. L'auteur il est aussi convaincu de son truc (j'espère) ... du coup ça devient difficile d'identifier les 1000 en question.
Sans parler du fait qu'il peut y avoir (et il y a, dans certains cas, c'est certain) une différence entre le succès commercial et la qualité de l'album. Pour schématiser, tu as des daubes (non non, ne refaisons pas le débat sur ce qu'est une daube
) qui vont se vendre super bien et tu as des
BDs un peu "compliquées", difficiles d'accès, qui vont avoir un public très très limité mais qui, pour ce public, sont d'une grande qualité ...
Pas simple ...
La réponse est dans la question.
En terme de vente, la qualité n'entre pas en compte.
Vous l'écrivez vous-même : un public limité en nombre, donc de faibles ventes. Un éditeur qui ne possède pas de best-seller(s) à son catalogue (pour amortir les pertes des albums qui se vendent moins bien) ne devrait pas éditer ça, et cela laissera plus de visibilité pour les autres albums, ceux qui ont une chance de mieux se vendre.
Et je reprend mon argumentaire concernant l'intérêt d'une baisse de l'offre qui permettrait une meilleure répartition des revenus tout en ne faisait pas baisser le volume des ventes :
Lorsque j'allais plus souvent au cinéma, si je voyais un bon film, cela me donnait envie d'en voir d'autres ; par contre, si je tombais sur un navet, je n'allais pas voir d'autres films pendant un temps.
et donc, si je lis une bonne BD (généralement, ce qui est bon se vend bien), je vais vouloir en lire d'autres, et donc retourner chez mon libraire. Si le marché est inondé de BD moyennes (pour être gentil), cela ne va pas aider.
Et comme le souligne Pouffy, s'agissant des mangas, un écrémage est fait au moment de la prépublication dans les magazines, au Japon. Mais cela n'empêche pas que, au final, la baisse de l'offre ne diminue pas la demande, bien au contraire.
Alors si il n'y a plus cet écrémage, concernant les BD FB, du fait de la disparition des magazines de prépublication, c'est à l'éditeur de faire cet écrémage : c'est quand même pas compliqué de refuser d'éditer certaines BD, ne serait-ce qu'en raison de graphismes pas encore au point, ou pour des scénarii vraiment nazes.
Il y aura toujours des contre-exemples, des projets vraiment aboutis, mais qui n'ont pas trouvé leur public :
la semaine dernière, j'ai retrouvé (et relu) "AD Police", un vieux manga des années 90 que j'aime beaucoup, dont son auteur Tony Takezaki (fan assumé de Otomo), a ensuite proposé "Génocyber". Hélas, "Génocyber" n'a pas trouvé son public au japon, et s'est arrêté très vite. Pourtant, je trouvais ça super bien.
Mais globalement, les mauvais projets, un oeil averti (d'éditeur) devrait les détecter sans problème, et empêcher leur publication.