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C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition - 2010-2021

Pour discuter de tous les sujets généraux autour de la bande dessinée, des libraires, des éditeurs et des auteurs

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede tzynn » 31/07/2019 15:36

Message précédent :
Nirm a écrit:Je ne saisis pas, quand on parle de la répartition du prix du livre, l'impression est un poste de dépense que l'on compte.
Pourquoi dire que l'éditeur le paie alors ?
Pour la gestion des invendus, elle représente quoi sachant que les libraires sont appelés à participer en fonction des quantités et du délai de ces retours ?


On compte en effet le cout de l'impression dans un poste dédié dans la répartition du prix de vente si l'album est vendu.

Par contre si l'album est imprimé mais non vendu, quelqu'un doit quand même prendre le cout de l'impression à sa charge. Et c'est l'éditeur qui le prend sous forme de perte sèche + cout du pilonnage
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede chris24 » 31/07/2019 15:42

Mais il paye pas l'imprimeur deux fois.
Que l'album soit vendu ou pilonné il a donné 10 % de l'enveloppe globale à l'imprimeur lors de l'impression au moment de sa commande.
Il n'y a pas lieu parler ensuite de prise en charge. On a déjà réparti 10 % de ces coûts pour la case imprimeur.
Ou alors tu dis "l'éditeur prend 30 %" et dans ce chiffre il inclus les frais de l'impression.
.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Karzak » 31/07/2019 15:53

chris24 a écrit:Mais il paye pas l'imprimeur deux fois.
Que l'album soit vendu ou pilonné il a donné 10 % de l'enveloppe globale à l'imprimeur lors de l'impression au moment de sa commande.
Il n'y a pas lieu parler ensuite de prise en charge. On a déjà réparti 10 % de ces coûts pour la case imprimeur.
Ou alors tu dis "l'éditeur prend 30 %" et dans ce chiffre il inclus les frais de l'impression.


Non je pense que l'idée c'est que les 20% éditeur ne tiennent que si tous les albums sont vendus. Si seulement la moitié est vendue, alors les 10% imprimeur auront bien été payés, mais la motié de ce coût sera supporté en perte par l'éditeur qui, in fine, n'aura pas 20% du total (prix x nombres d'albums) mais seulement 20% de ceux vendus, donc pas réellement 20% là où l'imprimeur a ses 10% quoi qu'il arrive.
Dernière édition par Karzak le 31/07/2019 15:56, édité 1 fois.
"Vous pouvez parler en toute franchise. Pour faire court, vous êtes ici chez les salopards, hein, c'est admis. On n'a pas des idées bien jojos et on n’a pas peur de le dire ! On fomente, on renégate, on laisse libre cours à notre fantaisie..."
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede tzynn » 31/07/2019 15:54

On peut faire le calcul simple sur un tirage d'une bd standard: un tirage de 10 000 exemplaires, avec 5000 invendus.

1. Revenus de l'éditeur: 5000 vendus *2.5€
2. Couts pour l'éditeur: 5000 invendus * impression et pilonnage soit 5000*1€.

Il lui reste donc 7500€ à la sortie si je ne me trompe pas, soit l'équivalent de 1.5€ de revenu par album.

Si on compte d'emblée l'impression dans les revenus éditeurs

1. Revenus de l'éditeur: 5000 vendus *3.5€
2. Couts pour l'éditeur: 5000 vendus * impression + 5000 invendus * impression et pilonnage soit au total 5000*1€ + 5000*1€.
Total: 7500€ à la sortie...

J'écris une connerie?
Dernière édition par tzynn le 31/07/2019 15:55, édité 1 fois.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede chris24 » 31/07/2019 15:56

Karzak a écrit:
chris24 a écrit:Mais il paye pas l'imprimeur deux fois.
Que l'album soit vendu ou pilonné il a donné 10 % de l'enveloppe globale à l'imprimeur lors de l'impression au moment de sa commande.
Il n'y a pas lieu parler ensuite de prise en charge. On a déjà réparti 10 % de ces coûts pour la case imprimeur.
Ou alors tu dis "l'éditeur prend 30 %" et dans ce chiffre il inclus les frais de l'impression.


Non je pense que l'idée c'est que les 20% éditeur ne tiennent que si tous les albums sont vendus. Si seulement la moitié est vendue, alors les 10% imprimeur auront bien été payés, mais la motié de ce coût sera supporté en perte par l'éditeur qui, in fine, n'aura pas 20% du total (prix x nombres d'albums) mais seulement 20% de ceux vendus, donc pas réellement 20% là où l'imprimeur a ses 10% quoi qu'il arrive.

En fait on ne peut pas parler en terme de pourcentage et en termes de bilan en même temps.

Pour l'un tu as la répartition des coûts qui ne tient pas compte de la rentabilité, pour l'autre tu as une équation qui englobe tous les paramètres et qui est calculée sur l’ensemble de l'activité de l'éditeur. Bien sûr si il fait tirer 5000 ex de telle BD et qu'il n'en vend que 200, il sera en déficit et de beaucoup. Mais si pour une autre il tire à 30.000 ex, et que tout est vendu dans la semaine et qu'il réimprime 50.000 ex derrière c'est plus du tout pareil. Et là il faudra le bilan comptable pour voir sa rentabilité sur la totalité de son activité...
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede tzynn » 31/07/2019 15:58

Bein si l'auteur a touché ses 10% comme avance. Si aucun album ne se vend, l'auteur a touché le montant équivalent aux 10% du tirage et l'éditeur a racqué. Après il se rembourse au fur et à mesure, mais c'est aussi une charge si tout le tirage n'est pas vendu...

Il y a des éditeurs en perte sèche, c'est que ce ne doit pas être de l'argent si facilement gagné qui se lisse sur l'ensemble de leurs productions. ;)
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Messagede Lapin Moutarde » 31/07/2019 16:53

tzynn a écrit:
Il y a des éditeurs en perte sèche, c'est que ce ne doit pas être de l'argent si facilement gagné qui se lisse sur l'ensemble de leurs productions. ;)

Oui c'est vrai, il y a eu quelques catastrophes commerciales où il y a eu des albums qui se sont vendus à moins de 100 exemplaires !
Mais éditeur est un métier à risque....limité ! très limité même
C'est un métier entre l'industrie et l'artistique.
Quoiqu'il arrive, l'éditeur finira par se refaire, ne serait-ce que par le succès que leur apporteront d'autres auteurs...alors boire la tasse de temps en temps en prenant des risques avec de nouveaux auteurs, c'est pas bien grave, c'est beaucoup plus grave pour les auteurs qui ont bossé 1 an sur un bouquin qui ne s'est pas vendu. :bave:
Rien de pire quand tu sabres le champagne avec ton éditeur pour arroser la sortie du tome 1 de ton album et que 3 mois après, il t'appelle pour t'annoncer que t'as rien vendu ou presque rien, et qu'il n'est pas question de faire un tome 2.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Nirm » 31/07/2019 17:03

tzynn a écrit:On peut faire le calcul simple sur un tirage d'une bd standard: un tirage de 10 000 exemplaires, avec 5000 invendus.

1. Revenus de l'éditeur: 5000 vendus *2.5€
2. Couts pour l'éditeur: 5000 invendus * impression et pilonnage soit 5000*1€.

Il lui reste donc 7500€ à la sortie si je ne me trompe pas, soit l'équivalent de 1.5€ de revenu par album.

Si on compte d'emblée l'impression dans les revenus éditeurs

1. Revenus de l'éditeur: 5000 vendus *3.5€
2. Couts pour l'éditeur: 5000 vendus * impression + 5000 invendus * impression et pilonnage soit au total 5000*1€ + 5000*1€.
Total: 7500€ à la sortie...

J'écris une connerie?

Pour moi, il y a un mélange parce que tu parles de revenus alors que tu comptes les gains.
Si tu veux parler de revenus et de coûts, il faut tout prendre et parler du prix total (déduction faite de la marge libraire) pour calculer les revenus
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede chris24 » 31/07/2019 18:07

Tzynn, j'ai édité pendant que tu répondais, je me suis aperçu de mon erreur juste après l'envoi pour ce qui est des 10 % de l'auteur...

Après ton mode de calcul me semble compliquer les choses plus que de les rendre claires.
Moi j'aurais mis ça comme ça :

Un éditeur veut éditer une BD à 10.000 ex.
La BD sera vendue admettons 14 € en librairie (vendue 10 € par l'éditeur)

Frais initiaux du projet :
- Il donne une avance sur droits à l'auteur (15.000 €) (fixe ou pas ? variable selon l'auteur ? Selon la pagination ?)
- L'imprimeur lui demande 1000 € (10 %) qui sont payés initialement, quoiqu'il advienne de l'album ensuite, succès ou pas.
On va dire que ça c'est le coût initial.
Ce projet reviendrait, pour ce volume de tirage, à 16.000 € d'entrée de jeu.

Puis :
- Il donne 10 % à l'auteur sur chaque vente ce qui lui sert à se rembourser de l'avance sur droits dans un premier temps. Pendant cette période la marge réelle de l'éditeur est donc de 30 %
- le diffuseur empoche 22 % sur le nombre d'albums distribués (j'imagine que ça marche au volume traité annuellement et qu'en moyenne ça donne ça)
- Le libraire a une marge de 35 % sur le prix final
- l'état prend 5 % de TVA (d'où sortent les 6 % ?)

Quand on parle de part de camembert, je pense que cela prend en compte globalement toutes les dépenses. Les frais de pilonnage, s'il y en a, doivent donc certainement être déjà pris en compte lorsque on dit que la part finale de l'éditeur est de 20 % sur le prix total du livre. Si ce n'était pas le cas à mon avis ça doit pas chercher loin de toute façon...

Idem pour les frais de retour des libraires : je pense qu'ils sont déjà englobés dans le calcul initial des 22 % de part de gâteau pour le diffuseur qui est en charge de la diffusion du stock, donc de l'achalandage comme des retours (qui se font à la même occasion).

Cas n°1 : 0 ventes :
16.000 € de perte.
Si rien n'est vendu il lui reste encore les frais de pilonnage à prendre en charge, s'il y en a.

Cas n°2 : 5000 ex. vendus (70.000 € de chiffre global) :
- l'éditeur a fait 50.000 € de chiffre, il empoche 14.000 € (20 %) du gâteau total
- l'auteur devrait toucher 7000 € (10 %) qui servent à rembourser l'éditeur de l'avance sur droits perçue (plus que 8000 € à rembourser)
- il paye 15.400 € (22%) au diffuseur
- les libraires ont fait 24.500 € de chiffre d'affaire (35 %) répartis sur l'ensemble des librairies au prorata de leurs ventes
- les impôts ont perçu 4200 € (6 %)
Reste 5000 ex. invendus à pilonner. Coût ?

Cas n°3 : 10.000 ex. vendus (140.000 € de chiffre global) :
- l'éditeur a fait 100.000 € de chiffre, il empoche 28.000 € (20 %) du gâteau total
- l'auteur devrait toucher 14.000 € (10 %) qui servent à rembourser l'éditeur de l'avance sur droits perçue (plus que 1000 € à rembourser)
- il paye 30.800 € (22%) au diffuseur
- les libraires ont fait 49.000 € de chiffre d'affaire (35 %) répartis sur l'ensemble des librairies au prorata de leurs ventes
- les impôts ont perçu 8400 € (6 %)
Reste 0 ex. invendus à pilonner. Coût : 0 €
.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede chris24 » 31/07/2019 18:37

Plusieurs choses qui ont fini par me sauter aux yeux quand même à la longue :

- le coût du diffuseur est juste énorme. Presque 31.000 € vont dans sa poche juste pour faire transiter ce tirage de 10.000 BD pris en exemple dans les différents points de vente, le ré-achalandage et gérer les retours libraire. Peut-être que pour les BD à très gros débit il y a un achalandage quotidien, mais pour celle où je vais, c'est 2 fois par semaine. Sachant que les camions font une tournée, qu'ils livrent d'autres BD en même temps et plusieurs librairies par jour ça m'a pas l'air d'être un mauvais plan cette histoire-là !

Il y a 5000 BD éditées par an environ, je vous laisse imaginer le volume et ce que ça représente en chiffre d'affaire.
On a le chiffre d'affaire globale de la BD par an ? Histoire de voir ce que ça représente avec les 22 % alloués au diffuseur ! :twisted:

- Je n'étais pas trop raccord avec le point de vue de yannzeman quant au fait de réduire la quantité de BD éditées pour vendre plus. Et je ne le suis toujours pas D'ailleurs. Moi qu'il en sorte 3000 ou 5000, je ne prendrai que les 100 qui m'intéressent et qui se situent dans le haut du panier donc ça changera pas grand chose dans mes achats. Mais sur les 5000 éditées il doit y en avoir un bon paquet qui sont des daubes éditées à 1000 ex. et qui font quelques centaines de ventes seulement...

Là où je veux en venir c'est que comme on l'a vu précédemment, il y a des frais fixes inévitables à tout projet d'édition qui se transforment en perte sèche si c'est un flan. Et c'est pas tant le coût de l'imprimeur mais surtout de l'avance sur droit qui va coûter cher. Si on part de l'hypothèse que 1000 BD éditées vont faire un flop assuré, et si on évitait de les éditer pour se concentrer sur les 4000 de meilleure qualité, alors on réduirait les pertes sèches. Du coup on augmente les bénéfices et la rentabilité. Ce qui permet en retour de mieux payer les auteurs édités.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Karzak » 31/07/2019 18:47

chris24 a écrit:Plusieurs choses qui ont fini par me sauter aux yeux quand même à la longue :

- le coût du diffuseur est juste énorme. Presque 31.000 € vont dans sa poche juste pour faire transiter ce tirage de 10.000 BD pris en exemple dans les différents points de vente, le ré-achalandage et gérer les retours libraire. Peut-être que pour les BD à très gros débit il y a un achalandage quotidien, mais pour celle où je vais, c'est 2 fois par semaine. Sachant que les camions font une tournée, qu'ils livrent d'autres BD en même temps et plusieurs librairies par jour ça m'a pas l'air d'être un mauvais plan cette histoire-là !

Il y a 5000 BD éditées par an environ, je vous laisse imaginer le volume et ce que ça représente en chiffre d'affaire.
On a le chiffre d'affaire globale de la BD par an ? Histoire de voir ce que ça représente avec les 22 % alloués au diffuseur ! :twisted:

- Je n'étais pas trop raccord avec le point de vue de yannzeman quant au fait de réduire la quantité de BD éditées pour vendre plus. Et je ne le suis toujours pas D'ailleurs. Moi qu'il en sorte 3000 ou 5000, je ne prendrai que les 100 qui m'intéressent et qui se situent dans le haut du panier donc ça changera pas grand chose dans mes achats. Mais sur les 5000 éditées il doit y en avoir un bon paquet qui sont des daubes éditées à 1000 ex. et qui font quelques centaines de ventes seulement...

Là où je veux en venir c'est que comme on l'a vu précédemment, il y a des frais fixes inévitables à tout projet d'édition qui se transforment en perte sèche si c'est un flan. Et c'est pas tant le coût de l'imprimeur mais surtout de l'avance sur droit qui va coûter cher. Si on part de l'hypothèse que 1000 BD éditées vont faire un flop assuré, et si on évitait de les éditer pour se concentrer sur les 4000 de meilleure qualité, alors on réduirait les pertes sèches. Du coup on augmente les bénéfices et la rentabilité. Ce qui permet en retour de mieux payer les auteurs édités.


L'idée semble plutôt fonctionner mais c'est peut-être à cette étape (cf. gras) que ça coincerait : je ne suis pas certain qu'il soit simple d'anticiper un flop. Quand l'éditeur y va c'est parce qu'il est convaincu que ça va fonctionner. L'auteur il est aussi convaincu de son truc (j'espère) ... du coup ça devient difficile d'identifier les 1000 en question.
Sans parler du fait qu'il peut y avoir (et il y a, dans certains cas, c'est certain) une différence entre le succès commercial et la qualité de l'album. Pour schématiser, tu as des daubes (non non, ne refaisons pas le débat sur ce qu'est une daube :-D ) qui vont se vendre super bien et tu as des BDs un peu "compliquées", difficiles d'accès, qui vont avoir un public très très limité mais qui, pour ce public, sont d'une grande qualité ...
Pas simple ... :(
"Vous pouvez parler en toute franchise. Pour faire court, vous êtes ici chez les salopards, hein, c'est admis. On n'a pas des idées bien jojos et on n’a pas peur de le dire ! On fomente, on renégate, on laisse libre cours à notre fantaisie..."
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede PHILGUZZ » 31/07/2019 19:04

chris24 a écrit:Plusieurs choses qui ont fini par me sauter aux yeux quand même à la longue :

- le coût du diffuseur est juste énorme. Presque 31.000 € vont dans sa poche juste pour faire transiter ce tirage de 10.000 BD pris en exemple dans les différents points de vente, le ré-achalandage et gérer les retours libraire. Peut-être que pour les BD à très gros débit il y a un achalandage quotidien, mais pour celle où je vais, c'est 2 fois par semaine. Sachant que les camions font une tournée, qu'ils livrent d'autres BD en même temps et plusieurs librairies par jour ça m'a pas l'air d'être un mauvais plan cette histoire-là !

Il y a 5000 BD éditées par an environ, je vous laisse imaginer le volume et ce que ça représente en chiffre d'affaire.
On a le chiffre d'affaire globale de la BD par an ? Histoire de voir ce que ça représente avec les 22 % alloués au diffuseur ! :twisted:

- Je n'étais pas trop raccord avec le point de vue de yannzeman quant au fait de réduire la quantité de BD éditées pour vendre plus. Et je ne le suis toujours pas D'ailleurs. Moi qu'il en sorte 3000 ou 5000, je ne prendrai que les 100 qui m'intéressent et qui se situent dans le haut du panier donc ça changera pas grand chose dans mes achats. Mais sur les 5000 éditées il doit y en avoir un bon paquet qui sont des daubes éditées à 1000 ex. et qui font quelques centaines de ventes seulement...

Là où je veux en venir c'est que comme on l'a vu précédemment, il y a des frais fixes inévitables à tout projet d'édition qui se transforment en perte sèche si c'est un flan. Et c'est pas tant le coût de l'imprimeur mais surtout de l'avance sur droit qui va coûter cher. Si on part de l'hypothèse que 1000 BD éditées vont faire un flop assuré, et si on évitait de les éditer pour se concentrer sur les 4000 de meilleure qualité, alors on réduirait les pertes sèches. Du coup on augmente les bénéfices et la rentabilité. Ce qui permet en retour de mieux payer les auteurs édités.


C'est peut-être pour cela que beaucoup d'éditeurs sont leur propres diffuseurs ou on leur propres sociétés de diffusion. :D
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Nirm » 31/07/2019 19:44

Karzak a écrit:Quand l'éditeur y va c'est parce qu'il est convaincu que ça va fonctionner. (

Ben non, aujourd'hui l'éditeur y va et en masse en se disant "dans le tas, je ferai un hit" tout en disant aux auteurs "c'est compliqué en ce moment, je ne peux ni te donner 10% ni te faire une avance de xx€.
Et c'est là le souci, le risque a été déplacé sur l'auteur, alors que celui qui fait les choix (d'éditer, de la quantité, de soutenir) reste l'éditeur.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 01/08/2019 09:09

Karzak a écrit:
chris24 a écrit:Plusieurs choses qui ont fini par me sauter aux yeux quand même à la longue :

- le coût du diffuseur est juste énorme. Presque 31.000 € vont dans sa poche juste pour faire transiter ce tirage de 10.000 BD pris en exemple dans les différents points de vente, le ré-achalandage et gérer les retours libraire. Peut-être que pour les BD à très gros débit il y a un achalandage quotidien, mais pour celle où je vais, c'est 2 fois par semaine. Sachant que les camions font une tournée, qu'ils livrent d'autres BD en même temps et plusieurs librairies par jour ça m'a pas l'air d'être un mauvais plan cette histoire-là !

Il y a 5000 BD éditées par an environ, je vous laisse imaginer le volume et ce que ça représente en chiffre d'affaire.
On a le chiffre d'affaire globale de la BD par an ? Histoire de voir ce que ça représente avec les 22 % alloués au diffuseur ! :twisted:

- Je n'étais pas trop raccord avec le point de vue de yannzeman quant au fait de réduire la quantité de BD éditées pour vendre plus. Et je ne le suis toujours pas D'ailleurs. Moi qu'il en sorte 3000 ou 5000, je ne prendrai que les 100 qui m'intéressent et qui se situent dans le haut du panier donc ça changera pas grand chose dans mes achats. Mais sur les 5000 éditées il doit y en avoir un bon paquet qui sont des daubes éditées à 1000 ex. et qui font quelques centaines de ventes seulement...

Là où je veux en venir c'est que comme on l'a vu précédemment, il y a des frais fixes inévitables à tout projet d'édition qui se transforment en perte sèche si c'est un flan. Et c'est pas tant le coût de l'imprimeur mais surtout de l'avance sur droit qui va coûter cher. Si on part de l'hypothèse que 1000 BD éditées vont faire un flop assuré, et si on évitait de les éditer pour se concentrer sur les 4000 de meilleure qualité, alors on réduirait les pertes sèches. Du coup on augmente les bénéfices et la rentabilité. Ce qui permet en retour de mieux payer les auteurs édités.


L'idée semble plutôt fonctionner mais c'est peut-être à cette étape (cf. gras) que ça coincerait : je ne suis pas certain qu'il soit simple d'anticiper un flop. Quand l'éditeur y va c'est parce qu'il est convaincu que ça va fonctionner. L'auteur il est aussi convaincu de son truc (j'espère) ... du coup ça devient difficile d'identifier les 1000 en question.
Sans parler du fait qu'il peut y avoir (et il y a, dans certains cas, c'est certain) une différence entre le succès commercial et la qualité de l'album. Pour schématiser, tu as des daubes (non non, ne refaisons pas le débat sur ce qu'est une daube :-D ) qui vont se vendre super bien et tu as des BDs un peu "compliquées", difficiles d'accès, qui vont avoir un public très très limité mais qui, pour ce public, sont d'une grande qualité ...
Pas simple ... :(


La réponse est dans la question.
En terme de vente, la qualité n'entre pas en compte.
Vous l'écrivez vous-même : un public limité en nombre, donc de faibles ventes. Un éditeur qui ne possède pas de best-seller(s) à son catalogue (pour amortir les pertes des albums qui se vendent moins bien) ne devrait pas éditer ça, et cela laissera plus de visibilité pour les autres albums, ceux qui ont une chance de mieux se vendre.

Et je reprend mon argumentaire concernant l'intérêt d'une baisse de l'offre qui permettrait une meilleure répartition des revenus tout en ne faisait pas baisser le volume des ventes :
Lorsque j'allais plus souvent au cinéma, si je voyais un bon film, cela me donnait envie d'en voir d'autres ; par contre, si je tombais sur un navet, je n'allais pas voir d'autres films pendant un temps.
et donc, si je lis une bonne BD (généralement, ce qui est bon se vend bien), je vais vouloir en lire d'autres, et donc retourner chez mon libraire. Si le marché est inondé de BD moyennes (pour être gentil), cela ne va pas aider.

Et comme le souligne Pouffy, s'agissant des mangas, un écrémage est fait au moment de la prépublication dans les magazines, au Japon. Mais cela n'empêche pas que, au final, la baisse de l'offre ne diminue pas la demande, bien au contraire.
Alors si il n'y a plus cet écrémage, concernant les BD FB, du fait de la disparition des magazines de prépublication, c'est à l'éditeur de faire cet écrémage : c'est quand même pas compliqué de refuser d'éditer certaines BD, ne serait-ce qu'en raison de graphismes pas encore au point, ou pour des scénarii vraiment nazes.

Il y aura toujours des contre-exemples, des projets vraiment aboutis, mais qui n'ont pas trouvé leur public :
la semaine dernière, j'ai retrouvé (et relu) "AD Police", un vieux manga des années 90 que j'aime beaucoup, dont son auteur Tony Takezaki (fan assumé de Otomo), a ensuite proposé "Génocyber". Hélas, "Génocyber" n'a pas trouvé son public au japon, et s'est arrêté très vite. Pourtant, je trouvais ça super bien.

Mais globalement, les mauvais projets, un oeil averti (d'éditeur) devrait les détecter sans problème, et empêcher leur publication.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Nirm » 01/08/2019 09:33

yannzeman a écrit:En terme de vente, la qualité n'entre pas en compte.

(généralement, ce qui est bon se vend bien),

Tout et son contraire...
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 01/08/2019 09:40

Nirm a écrit:
yannzeman a écrit:En terme de vente, la qualité n'entre pas en compte.

(généralement, ce qui est bon se vend bien),

Tout et son contraire...


Bin non :
généralement, ce qui est bon se vend bien, mais la qualité n'est pas un gage de vente assurée.
ce n'est pas contradictoire, il faut juste comprendre ce que veut dire "généralement" (qui ne signifie pas "à tous les coups").
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Karzak » 01/08/2019 09:42

yannzeman a écrit:
Karzak a écrit:
chris24 a écrit:Plusieurs choses qui ont fini par me sauter aux yeux quand même à la longue :

- le coût du diffuseur est juste énorme. Presque 31.000 € vont dans sa poche juste pour faire transiter ce tirage de 10.000 BD pris en exemple dans les différents points de vente, le ré-achalandage et gérer les retours libraire. Peut-être que pour les BD à très gros débit il y a un achalandage quotidien, mais pour celle où je vais, c'est 2 fois par semaine. Sachant que les camions font une tournée, qu'ils livrent d'autres BD en même temps et plusieurs librairies par jour ça m'a pas l'air d'être un mauvais plan cette histoire-là !

Il y a 5000 BD éditées par an environ, je vous laisse imaginer le volume et ce que ça représente en chiffre d'affaire.
On a le chiffre d'affaire globale de la BD par an ? Histoire de voir ce que ça représente avec les 22 % alloués au diffuseur ! :twisted:

- Je n'étais pas trop raccord avec le point de vue de yannzeman quant au fait de réduire la quantité de BD éditées pour vendre plus. Et je ne le suis toujours pas D'ailleurs. Moi qu'il en sorte 3000 ou 5000, je ne prendrai que les 100 qui m'intéressent et qui se situent dans le haut du panier donc ça changera pas grand chose dans mes achats. Mais sur les 5000 éditées il doit y en avoir un bon paquet qui sont des daubes éditées à 1000 ex. et qui font quelques centaines de ventes seulement...

Là où je veux en venir c'est que comme on l'a vu précédemment, il y a des frais fixes inévitables à tout projet d'édition qui se transforment en perte sèche si c'est un flan. Et c'est pas tant le coût de l'imprimeur mais surtout de l'avance sur droit qui va coûter cher. Si on part de l'hypothèse que 1000 BD éditées vont faire un flop assuré, et si on évitait de les éditer pour se concentrer sur les 4000 de meilleure qualité, alors on réduirait les pertes sèches. Du coup on augmente les bénéfices et la rentabilité. Ce qui permet en retour de mieux payer les auteurs édités.


L'idée semble plutôt fonctionner mais c'est peut-être à cette étape (cf. gras) que ça coincerait : je ne suis pas certain qu'il soit simple d'anticiper un flop. Quand l'éditeur y va c'est parce qu'il est convaincu que ça va fonctionner. L'auteur il est aussi convaincu de son truc (j'espère) ... du coup ça devient difficile d'identifier les 1000 en question.
Sans parler du fait qu'il peut y avoir (et il y a, dans certains cas, c'est certain) une différence entre le succès commercial et la qualité de l'album. Pour schématiser, tu as des daubes (non non, ne refaisons pas le débat sur ce qu'est une daube :-D ) qui vont se vendre super bien et tu as des BDs un peu "compliquées", difficiles d'accès, qui vont avoir un public très très limité mais qui, pour ce public, sont d'une grande qualité ...
Pas simple ... :(


La réponse est dans la question.
En terme de vente, la qualité n'entre pas en compte.
Vous l'écrivez vous-même : un public limité en nombre, donc de faibles ventes. Un éditeur qui ne possède pas de best-seller(s) à son catalogue (pour amortir les pertes des albums qui se vendent moins bien) ne devrait pas éditer ça, et cela laissera plus de visibilité pour les autres albums, ceux qui ont une chance de mieux se vendre.

Et je reprend mon argumentaire concernant l'intérêt d'une baisse de l'offre qui permettrait une meilleure répartition des revenus tout en ne faisait pas baisser le volume des ventes :
Lorsque j'allais plus souvent au cinéma, si je voyais un bon film, cela me donnait envie d'en voir d'autres ; par contre, si je tombais sur un navet, je n'allais pas voir d'autres films pendant un temps.
et donc, si je lis une bonne BD (généralement, ce qui est bon se vend bien), je vais vouloir en lire d'autres, et donc retourner chez mon libraire. Si le marché est inondé de BD moyennes (pour être gentil), cela ne va pas aider.

Et comme le souligne Pouffy, s'agissant des mangas, un écrémage est fait au moment de la prépublication dans les magazines, au Japon. Mais cela n'empêche pas que, au final, la baisse de l'offre ne diminue pas la demande, bien au contraire.
Alors si il n'y a plus cet écrémage, concernant les BD FB, du fait de la disparition des magazines de prépublication, c'est à l'éditeur de faire cet écrémage : c'est quand même pas compliqué de refuser d'éditer certaines BD, ne serait-ce qu'en raison de graphismes pas encore au point, ou pour des scénarii vraiment nazes.

Il y aura toujours des contre-exemples, des projets vraiment aboutis, mais qui n'ont pas trouvé leur public :
la semaine dernière, j'ai retrouvé (et relu) "AD Police", un vieux manga des années 90 que j'aime beaucoup, dont son auteur Tony Takezaki (fan assumé de Otomo), a ensuite proposé "Génocyber". Hélas, "Génocyber" n'a pas trouvé son public au japon, et s'est arrêté très vite. Pourtant, je trouvais ça super bien.

Mais globalement, les mauvais projets, un oeil averti (d'éditeur) devrait les détecter sans problème, et empêcher leur publication.


Super intéressant comme réflexion ! Tu as l'air d'y avoir pas mal réfléchi ! :respect:
Mais du coup, le truc qui me fait peur c'est typiquement le jeune auteur, un peu fou fou et pas forcément bien compris mais qui est bourré de talent ... personne lui donnera sa chance ?
"Vous pouvez parler en toute franchise. Pour faire court, vous êtes ici chez les salopards, hein, c'est admis. On n'a pas des idées bien jojos et on n’a pas peur de le dire ! On fomente, on renégate, on laisse libre cours à notre fantaisie..."
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Nirm » 01/08/2019 09:46

Tu as écrit, "en terme de ventes, la qualité n'entre pas en compte".
Donc tu ne peux pas, si tu es cohérent, affirmer que ce qui est bon se vend, ce qui n'est pas bon ne se vend pas, etc.
Que ce soit généralement, occasionnellement, périodiquement ou ce que tu veux.


Écrire "En terme de légumes, l'apparence n'entre pas en compte. Généralement les beaux légumes sont bons" c'est stupide, si tu ne le comprends pas, je n'y peux rien.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Karzak » 01/08/2019 09:49

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"Vous pouvez parler en toute franchise. Pour faire court, vous êtes ici chez les salopards, hein, c'est admis. On n'a pas des idées bien jojos et on n’a pas peur de le dire ! On fomente, on renégate, on laisse libre cours à notre fantaisie..."
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 01/08/2019 10:08

chris24 a écrit:Moi j'aurais mis ça comme ça :

Un éditeur veut éditer une BD à 10.000 ex.
La BD sera vendue admettons 14 € en librairie (vendue 10 € par l'éditeur)

Frais initiaux du projet :
- Il donne une avance sur droits à l'auteur (15.000 €) (fixe ou pas ? variable selon l'auteur ? Selon la pagination ?)
- L'imprimeur lui demande 1000 € (10 %) qui sont payés initialement, quoiqu'il advienne de l'album ensuite, succès ou pas.
On va dire que ça c'est le coût initial.
Ce projet reviendrait, pour ce volume de tirage, à 16.000 € d'entrée de jeu.


Attention, les frais du diffuseurs portent sur l'ensemble des ouvrages mis en place + les retours. Et les pourcentages que tu utilises sont des moyennes pour l'ensemble de la chaîne, une fois les invendus déduits -- ce qui rend l'évaluation précise du coût dans les différents scénarios plus complexe. L'impression, par exemple, est un coût lié au tirage (avec différents facteurs qui l'impactent: type de livre, coût de la fabrication, nombre d'exemplaires imprimés...=> un Astérix tiré à 3m d'exemplaires a un coût unitaire bien plus faible d'un album 48CC similaire tiré à 3000).
Les chiffres que j'ai pu croiser indiquent que globalement, la partie la plus rentable de la chaîne du livre est celle du diffuseur, avec une marge autour de 10%. A l'inverse, la moins rentable est celle du librairie, qui est auteur de 2%.

Ce qui impacte le plus fortement la rentabilité de l'éditeur, c'est de méjuger du potentiel de vente d'un titre, et de se retrouver avec trop d'invendus. Même si dans ce cas, les gros éditeurs peuvent s'appuyer sur la notoriété de leurs marques, et s'assurer que les livres restent en rayon suffisamment longtemps pour limiter les dégâts (je pense par exemple au Titeuf #13 en 2012, qui avait vendu 230k exemplaires en France à fin décembre sur un tirage annoncé d'un million d'exemplaires).

Sous-estimer a un impact également (puisqu'il faut réimprimer, ce qui mène à un coût unitaire élevé et représente ainsi une opportunité ratée d'augmentation de rentabilité du titre), mais apporte des rentrées supplémentaires -- à condition qu'il reste suffisamment de potentiel de ventes à réaliser. Certains petits éditeurs renoncent parfois à un retirage qui leur laisserait trop d'invendus, et plomberaient ainsi ce qui est au départ une opération positive.

Ce jeu d'estimation a priori du potentiel d'un titre est très complexe, et personne n'a aujourd'hui trouvé le moyen de gagner à tous les coups. Et c'est vrai autant pour la bande dessinée que pour tous les autres domaines culturels -- il suffit de se tourner vers le cinéma pour voir combien le succès est une bête difficile à dompter. Tout cela se joue à peu de choses, et la qualité intrinsèque de l'oeuvre n'est qu'un facteur parmi beaucoup d'autres, comme beaucoup d'études l'ont prouvé. Il faut beaucoup se méfier de l'histoire écrite après coup, dans laquelle on a tendance à mettre en avant l'inéluctabilité de la réussite, face à une réalité dans laquelle la chance a joué une part incroyable.
(C'est pour cela que je suis toujours assez énervé par le discours dithyrambique qui entoure Hergé, que l'on porte aux nues en célébrant son génie, alors que ses historiens mêmes reconnaissent qu'il a souvent aussi construit cette notoriété en empêchant certains de ses collaborateurs de lui faire de l'ombre. Le talent n'explique pas tout.)
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Pouffy » 01/08/2019 10:39

yannzeman a écrit:si je lis une bonne BD (généralement, ce qui est bon se vend bien)


Non ce n'est pas forcément lié... et ce pour trois raisons :
1) le principe de l'abonnement psychologique et l'approche mono-série.
- Pour les gros amateurs : Le tome 1 était très bon, c'est de la merde depuis le tome 23... on en est au tome 46 mais je continue d'acheter en espérant que ce soit de nouveau bon (blake et mortimer, thorgal, Astérix, Lucky luke... etc...).
- Pour les petits amateurs : Je ne connais que peu de séries, ces sont celles ma jeunesse donc je continue en pensant que c'est bon sans regarder ce qui sort autour (Jérôme K Jérôme Bloche, Yoko Tsuno, Alix...).
2) le ciblage marketing hors BD. La cible des lecteurs de BD est faible donc autant en cibler une autre et leurs faire acheter des BDs alors qu'ils ne font pas parti du lectorat traditionnel. Joe Bar Team, Droit au but, les collections Paquet, Cauet, Arthur, tous les trucs sur les chanteurs, la cuisine, Kho lanta, les blondes, les infirmières... dans ces cas là, la BD peut être une sombre merde, ça n'entre pas en compte.
3) la moitié des BDs vendues ne sont pas achetées par ceux qui les lisent... donc il y a les bons cadeaux et les cadeaux de merde (là encore la qualité de la BD n'entre pas en compte) : le guide du retraité, tout sur le foot, nouveau parent, le trentenaire, les gémeaux... etc...

yannzeman a écrit:c'est à l'éditeur de faire cet écrémage : c'est quand même pas compliqué de refuser d'éditer certaines BD, ne serait-ce qu'en raison de graphismes pas encore au point, ou pour des scénarii vraiment nazes.


Là je suis parfaitement d'accord...
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