alambix a écrit:Le problème, c'est qu'en France, il est quasi-impossible d'essayer de tenter de changer les mentalités. Je parle même pas de les changer, mais d'essayer de les changer.
Exemple parfait ici : on propose des solutions, on nous répond "bah fais-le si c'est si simple".
D'emblée, au lieu d'étudier la proposition, on te répond que c'est impossible. Par principe.
Que si c'était réalisable, on l'aurait déjà fait.
Par ailleurs, Dupuis perd t'il de l'argent avec ses opé à 3 € ?
Si la réponse est non, alors il faut se poser des questions ...
J'ai répondu plusieurs fois sur le sujet, en expliquant les différents mécanismes qui viennent contredire la suggestion comme quoi baisser les prix augmenterait mécaniquement les ventes.
Dupuis avec ses opés à 3€ est un cas très particulier (séries connues déjà largement amorties, produit d'appel et opération limitée dans le temps) dont on ne sait réellement quelle est la rentabilité.
Une partie de la complexité du sujet vient du fait que pendant des années, les éditeurs ont vendu une contre-vérité: le papier coûte cher, donc un grand livre sera vendu plus cher qu'un livre de poche, CQFD. Sauf que la réalité des choses, c'est que c'est la création qui coûte cher, et que si on fait un grand livre, c'est une manière de faire passer la pilule, en donnant l'impression qu'on en a pour notre argent. Il est d'ailleurs amusant de voir comment ont évolué les formats "symboliques": les indépendants introduisant le roman graphique N&B couverture souple à rabats en contre-proposition à l'album 45CC, avant que le format ne soit récupéré par les grands éditeurs sous le format du roman graphique cartonné à dos rond.
La contre-vérité du prix du papier s'illustre dans la question du prix du livre numérique: là où les lecteurs estiment un prix raisonnable qui serait de 40% du prix de son équivalent papier (il y a eu plusieurs études sur le sujet, cf. ici par exemple), les éditeurs viennent maintenant expliquer qu'en fait, le livre numérique leur coûte quasiment autant que le livre papier, et que non, ils ne vont pas brader leur catalogue.
(pour être plus complet: l'autre coût important dans le livre papier, c'est ce coût structurel de la vente d'objets physiques, à savoir les exemplaires injectés dans le réseau de distribution qui ne trouveront pas acheteur, mais qui sont essentiels pour assurer des ventes. Ce besoin d'être présent partout où pourrait se trouver un lecteur, dans une industrie dont le nombre de références est monstrueux, fait qu'aujourd'hui, on a environ 40% des ouvrages mis en magasin qui ne seront pas vendus. C'est un avantage du numérique, mais qui, du fait d'un marché encore peu développé, n'est pas encore décisif)