JYB a écrit:Quelques réflexions et quelques questions (qui ne portent pas d'accusations contre Yves Sente personnellement ; ce n'est pas mon but ; je vais le citer parce que c'est lui le scénariste de l'album dont nous parlons, mais le scénariste s'appellerait Jules Tartempion, je l'aurais appelé Jules Tartempion ; je ne viserais pas davantage ce Jules Tartempion en paraisant l'accuser de tous les maux) :
- pourquoi est-ce Yves Sente qui écrit un scénario racontant l'aventure qui précède Le secret de l'Espadon et racontant où et comment Blake, Mortimer et Olrik se sont rencontrés pour la première fois ? Pourquoi ne serait-ce pas Jean Van Hamme ou Jean Dufaux, autres scénaristes repreneurs de la série, qui écriraient cette "préquelle" comme on dit ? Les trois scénaristes ont tiré à "courte-paille" et c'est Sente qui a gagné ? Ou alors, pourquoi ne serait-ce pas un quatrième scénariste, venu d'ailleurs (par exemple ce Jules Tartempion dont je parlais plus haut) ? Est-ce "le doigt de Dieu" qui a désigné Yves Sente pour écrire cet "avant Espadon" ?
- comment sait-on qu'Yves Sente va donner la vraie et/ou la meilleure version des circonstances de cette rencontre ? Je veux dire : comment le sait-on à l'avance, et comment les lecteurs le sauront-ils quand ils auront l'album entre les mains ? Il faudra prendre ce scénario comme parole d'Evangille et dire : "Voilà, c'est COMME CA, et pas autrement, que Blake, Mortimer et Olrik se sont rencontrés".
si la version qu'Yves Sente raconte dans Le bâton de Plutarque ne satisfait personne, ou s'avère bourrée d'erreurs et d'incohérences comme on le dit sur Centaurclub, pourrait-on donner sa chance à un autre scénariste qui proposerait une autre histoire racontant une nouvelle version plus admissible ? Oui, mais, l'album Le bâton de Plutarque étant paru, on ne pourrait plus réaliser un autre album contredisant ce dernier... N'aurait-il pas mieux valu ne rien faire du tout ? Imaginons que l'album soit catastrophique, que les critiques du forum Centaurclub soient justifiées et que finalement, l'éditeur se rende compte que ça coince et reconnaisse une erreur de casting, que va-t-il faire ? Supprimer cet album du catalogue et laisser un autre scénariste tenter sa chance pour écrire une bonne préquelle ?
- si Yves Sente publie un scénario racontant l'origine de la rencontre et des premières bisbilles Morti/Blake/Olrik, pourquoi tout autre scénariste ne le ferait-il pas aussi ? Yves Sente a-t-il l'exclusivité ? Si Yves Sente l'a fait, d'autres peuvent le faire : autant de scénaristes, autant de versions différentes... Du coup, les lecteurs achèteraient tous les albums sortant et feraient le bilan en disant: "Voilà, c'est Jules Tartempion qui a produit la meilleure préquelle" ?
- si Yves Sente ou tout autre scénariste a une idée géniale racontant la rencontre B/M/O, pourquoi devrait-il en tirer automatiquement une BD ? Ne pourrait-il se contenter d'écrire un petit article d'une demi-page, pour une revue spécialisée genre Casemate, dBD, L'Immanquable, etc, et expliquant : "Voilà ma version à moi..." ? Selon ce que je lis ici et sur d'autres forums (il n'y a pas que Centaurclub...), cela ferait moins de déçus et moins de vagues.
le seul scénariste au monde capable de nous raconter en BD comment Blake, Mortimer et Olrik se sont rencontrés, ne serait-ce pas Jacobs lui-même, créateur des personnages et de la série ? Hélas, Jacobs est mort... Dans ce cas, en 2014, ne faudrait-il pas s'abstenir de vouloir raconter une telle préquelle ? Et n'y aurait-il pas une sorte de sacrilège à vouloir le faire ? La mort de Jacobs ne crée-t-elle pas de fait une sorte d'interdit, empêchant tout scénariste de vouloir se mettre à la place de Jacobs - et laissant juste les lecteurs libres d'imaginer ce qui a pu se passer "avant" ?
Cette question pose simplement le fait de la possibilité ou non de continuer une série après la mort de son créateur. Pour B&M, la réponse a été oui, on peut ne pas être d'accord, mais il ne faut pas vouloir refaire l'histoire, il n'y a pas d'interdit. Jacobs a permi cette reprise, seul lui ou ses ayants droits pouvaient l'interdir. Qui serions nous, lecteurs lambda, pour remettre en question ce choix ?
- je ne connais pas l'univers de Jacobs (je connais beaucoup mieux celui de JM Charlier) mais sait-on si Jacobs a pensé de son vivant à créer une préquelle, et... y aurait renoncé, se rendant compte que ce serait bancal, en fonction des éléments qui figurent dans l'histoire de l'Espadon ? Si Jacobs lui-même s'est abstenu, ses successeurs ne devraient-ils pas s'abstenir également ?
Croaa a écrit:Vous ne m'oterez pas de l'idée que sous ces questions faussement naives il y a un regret concernant la reprise de cette série, non ?
TILLIERTON a écrit:Il y a le plan général. Ce que j'appellerais l'idée fondamentale c'est-à dire la" macro".
Puis à partir de là les développements du sujet ponctuellement scène par scène ce qu'on peut qualifier de" micro".
Le problème de Sente, c'est aussi qu'il maitrise mal la" micro ".
Morti a écrit:Désolé JYB mais je ne peux pas être d'accord avec toi concernant les reprises.
tzynn a écrit:Les ayant-droits de Plutarque ont donné leur accord, pour une fois qu'on pense à eux et qu'ils risquent de toucher quelques euros...
darKman7 a écrit:tout à fait, les auteurs qui l'on fait savoir de leur vivant c'est évident... et les cas d'espèces en l'occurence sont vraiment des exemples de héros "fusionnels" avec leurs auteurs!
darKman7 a écrit:Et d'ailleurs JYB même de leur vivant les auteurs ont droit de vie et de mort sur leur héros: Charlier et sa cohorte de héros que l'on adore retrouver bon album/mauvais album
JYB a écrit:1) les créateurs des séries, par le fait qu'ils les ont créées et que c'est leur "bébé", sont libres d'en faire ce qu'ils veulent. Y compris de rater une fois ou deux un scénario (car là, on parle surtout scénario, mise en scène des personnages, etc). On ne peut pas vraiment reprocher à des auteurs qui ont créé leurs propres séries, leurs propres personnages, de tâtonner à leurs débuts, ou d'avoir des baisses de régime quand, à leur époque, ils devaient assurer une production importante, tout en tenant à bout de bras leurs séries respectives et en défendant leur bout de gras, ou d'être moins performants l'âge venant. Pour toutes ces raisons, ils ont le DROIT de se planter. Dans le cas de reprises, on est dans un tout autre domaine, une toute autre optique, d'autres circonstances et une autre logique. En particulier parce que les séries reprises sont déjà bien installées, connaissent le succès depuis des décennies.
JYB a écrit:Hélas, tout cela, ce sont des donnés bassement matérialistes : le succès, le fric, les droits, etc. Or, je me situe dans un autre domaine (purement artistique) et à un autre niveau : celui du respect dû à des oeuvres majeures qui doivent rester intactes, tels des temples anciens oubliés dans la jungle que l'on visite en osant à peine pénétrer car on sent tout de suite qu'il s'agit d'un endroit sacré à ne pas profaner.
Toute œuvre suppose critique (positive ou négative, mais avant tout constructive), même s'il est bien connu que "La critique est facile, mais l'art est difficile". Pointer la création d'incohérences avec le reste du corpus (alors qu'il suffit de lire les oeuvres originales), regretter la mollesse d'un scenario ou les imprécisions d'un dessinateur de son propre aveu un rien paresseux, n'est en rien se faire l'adversaire des auteurs.
C'est juste relever qu'il s'agit là d'un travail de commande relativement bâclé, mais ils ne sont pas les premiers à qui cela arrive, et il faut bien payer ses impôts.
C'est toutefois dommage pour les amoureux de B&M.
TILLIERTON a écrit:Morti : "je ne vois vraiment pas le problème d'un reprise tant est qu'on respecte quand même un certain niveau de qualité."
c'est bien là le noeud du problème. Van Hamme et Benoit (il faut lire "Histoire d'une reprise" du même auteur) ont travaillé sans aucune pression, je dirais en orfèvres, Benoit s'étant pratiquement affranchi du facteur temps/rendement. Sans eux et le succès de l'album, je me demande même si d'autres auraient ensuite surfé sur la vague, profitant de l'effet-relance dans l'esprit du public. Sente venant plus tard apparait plus comme un homme d'édition, endossant davantage les habits de l' homme d'affaire.
Bon, il est encore temps pour sa part de reconnaitre son échec et d'arrêter ce "Bâton de Plutarque" dont on se demande ce que le titre a à voir avec l'histoire, Plutarque le Philosophe qui n'aurait pas voulu qu'on se serve ainsi de son nom
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