Je m'inscris en faux :
Batman n'a pas inventé les criminels ; il est une réaction aux criminels que l'Etat (à travers la police et la justice) ne combat pas ou n'a pas les moyens de combattre. Que les délinquants musclent leur jeu en réaction de la naissance de Batman ne doit pas faire oublier que la délinquance existe, avec ou sans les superhéros.
(ça va sans dire, mais c'est mieux de le rappeler, parce qu'à en lire certains ici, on pourrait avoir des doutes)
Et même si Gotham n'était pas corrompu, la criminalité prospérerait, car la faiblesse des démocraties, c'est de donner trop de droits aux criminels. En donnant trop d'importance à la forme au détriment du fond, la Justice (les tribunaux, pas l'idée de) se tire une balle dans le pied et détruit des enquêtes et le travail de la Police.
Je peux vous assurer (pour le vivre de l'intérieur) qu'alors que l'Etat se targue de "chocs de simplification", dans les faits, les administrations répressives croulent sous les procédures invraisemblables, de plus en plus lourdes, disproportionnées, qui les empêchent de faire correctement leur travail.
Qui en paye les pots cassés ?
Pas les délinquants, les fraudeurs, les violeurs, les assassins, mais les victimes, les citoyens, parce que les lois protègent les salauds plus que les victimes.
Batman, dans les comics, vient rééquilibrer un peu les choses, surtout pour les gens pauvres qui n'ont pas les moyens financiers de se protéger ; les riches, les gens de pouvoir, ont les moyens de se payer des avocats, des sécurités privées, des maisons sécurisées des villages protégés. Les autres, les classes populaires et moyennes, ne peuvent que subir la violence. Et pour eux, Batman est là. Il est en quelque sorte une mesure de redistribution sociale !
J'ai d'ailleurs l'impression que la lutte contre la violence n'est pas vue de la même façon, selon qu'on la subit ou pas.
C'est plus facile de dénigrer un Batman (comme on dénigre le "sentiment" d'insécurité) quand on ne vit pas en banlieue difficile ou qu'on ne subit pas cette violence au quotidien, je pense.
Il fait en sorte que la peur change de camp. Il joue là dessus, avec son déguisement et ses agissements. Il a l'apparence du mec dangereux, alors qu'il ne l'est pas. Sans compter, je le répète, ses garde-fous que sont ses proches.
Après, je remarque que dans les comics, depuis quelques années maintenant, les scenaristes sont tentés d'en faire un type dangereux pour les autres (Batman craint les pouvoirs de ses partenaires, alors il met en place, secrètement des contre-pouvoirs pour stopper ses partenaires si ceux-ci devenaient fous ; et bien sur, quelqu'un récupère ces plans secrets et les utilise - il me semble avoir lu ce scenario dans un run).
J'y vois une faiblesse des scénaristes, qui ne savent pas trop quoi raconter d'intéressant et qui vont vers la facilité.
Mais ça ne doit pas nous faire oublier que Batman est un chevalier, un défenseur des faibles contre les forts, un type qui pourrait utiliser sa fortune pour se la couler douce au soleil et qui fait le choix de mettre sa vie en danger pour les autres.
Une attitude très éloignée d'un prétendu fascisme, surtout quand on regarde la signification du mot.
(que j'ai fini par correctement orthographier !
