Genug a écrit:Je lis : « Le temps d'une histoire – la 35e de la série, appelée Astérix chez les Pictes –, les habitants de l'irréductible village gaulois ont de nouveaux "papas" : le scénariste Jean-Yves Ferri et le dessinateur Didier Conrad, deux auteurs incontestables de la bande dessinée francophone d'aujourd'hui, choisis au terme d'un processus assez singulier dont nous vous dirons tout ces prochains jours. »
Dans « Le temps d'une histoire », vous comprenez quoi, vous...?
viguigui33 a écrit:Que ferry et conrad n ont signé que pour un album. Le duo perdurera si l album est un succès et si ils ont envie de continuer l aventure. A moins que papy uderzo veut reprendre crayon et texte pour le prochain. Ok je sors
Astérix... 2/6.
L'équation était simple au départ, on ne peut plus simple : faire un Astérix qui ressemblerait à un Astérix, au point que les lecteurs n'y voient aucune différence. Un Astérix naturellement drôle, mais aussi doté de plusieurs niveaux de lecture et qui, bien sûr, reprendrait tous les codes et gimmicks qui ont fait le succès de la série (la potion magique, les pirates naufragés, le barde insupportable, le banquet de la fin...).
Bref, un Astérix "à l'ancienne", mais sans Albert Uderzo, celui-ci ayant décidé il y a quelques années, épuisé par une carrière au long cours, d'abandonner pour toujours sa table à dessin et l'écriture des scénarios, tâche à laquelle il s'était attelé après la mort de René Goscinny, en 1977.
Avant d'arriver à la constitution du duo composé de Jean-Yves Ferri et Didier Conrad, les éditions Albert René – propriétaires de la série depuis leur création en 1979 – ont dû organiser une compétition pour le moins inédite, mêlant souci d'exigence et secret bien gardé. Une petite vingtaine d'auteurs de bandes dessinées contemporains – dessinateurs et scénaristes mélangés – ont participé à cette opération dont l'aboutissement sera, en octobre, la publication du 35e tome des aventures du petit Gaulois, Astérix chez les Pictes, le premier réalisé sans aucun de ses créateurs.
HOMME DE L'OMBRE
Tout commence, il y a trois ans, par la recherche d'un scénariste. Il est en effet acquis, à cette époque, que le dessin de l'album sera confié à un employé des éditions Albert René, du nom de Frédéric Mébarki. Ce dernier travaille dans la maison depuis plus de vingt-cinq ans en tant que responsable des visuels des produits dérivés. Il est aussi l'"encreur officiel" d'Albert Uderzo.
Homme de l'ombre, il dessine des Astérix et des Idéfix à tour de bras dans un style d'une ressemblance confondante. Dans le dernier album en date consacré aux 50 ans de la série, il a même réalisé quelques planches en solo sans que personne ne s'en rende compte.
Trouver un scénariste, donc. Quelques coups de téléphone passés dans la plus grande discrétion, ajoutés au bouche-à-oreille, aboutissent à l'élaboration d'une liste d'une dizaine de candidats. Certains ont proposé d'eux-mêmes leurs services. D'autres abandonneront vite en chemin. Tous signeront une clause de confidentialité leur interdisant de dévoiler quoi que ce soit.
"On se serait cru dans Mission impossible", s'en amuse aujourd'hui l'heureux élu, Jean-Yves Ferri, qui devra plus tard mentir comme un arracheur de dents à son propre éditeur (Dargaud) pour lui cacher les raisons du retard d'un album en cours (De Gaulle à Londres).
Chacun doit alors rédiger un "petit script" qui résume l'histoire imaginée. Certains écriront carrément un scénario complet. D'autres feront court, comme Ferri, dont l'idée est de faire voyager Astérix et Obélix en Ecosse. Les différentes propositions seront ensuite soumises "à l'aveugle" à Albert Uderzo et Anne Goscinny, la fille de René Goscinny (et codétentrice du titre). Le premier donnera sa préférence au script de Ferri. La seconde lui fera également un bon accueil même si son coeur penche plutôt en faveur du récit conçu par le dessinateur de presse et de bandes dessinées Jul.
SOUS LE REGARD D'ALBERT UDERZO
Déclaré vainqueur, Ferri se lance dans l'écriture d'un scénario "à la Goscinny ", ce qui lui prendra six mois. Comme prévu, Frédéric Mébarki se met ensuite au travail, sous le regard d'Albert Uderzo. C'est là que les choses vont se compliquer. La narration graphique de Mébarki ne satisfait pas les commanditaires, ni le dessinateur lui-même à en croire ces derniers.
Finalement, Mébarki jette l'éponge. "On s'est trompé sur ce garçon qui avait vingt-cinq ans d'Astérix derrière lui, qui sait très bien 'traiter' un dessin, mais pas une bande dessinée", dit aujourd'hui Uderzo. Deux ans plus tard, le sujet est encore sensible aux éditions Albert René. Tellement sensible que personne, sur place, ne sera en mesure de nous donner les coordonnées de Frédéric Mébarki, parti vivre à l'étranger, "loin de tout".
Rebelote. Un second concours est organisé, cette fois pour trouver un dessinateur. Une nouvelle short list d'une petite dizaine de noms est établie, à qui est proposée une épreuve commune : exécuter deux demi-planches scénarisées par Ferri. Suivra un nouveau test à l'aveugle, avec le seul Albert Uderzo comme jury. Didier Conrad (Les Innommables, Bob Marone, RAJ...) est désigné haut la main.
Ironie de l'histoire : il n'a jamais rencontré Jean-Yves Ferri. Les deux hommes ont néanmoins un point commun : ils sont nés la même année, 1959, qui est aussi celle de la création d'Astérix. Difficile de ne pas y voir un signe.
Frédéric Potet
Journaliste au Monde
Sergent Garcia a écrit:Le texte entier du 1er article, après une petite manip' sous Google chrome :
Brian Addav a écrit:Sergent Garcia a écrit:Le texte entier du 1er article, après une petite manip' sous Google chrome :
en fait, c'est une manip google tout court
Tout commence, il y a trois ans, par la recherche d'un scénariste. Il est en effet acquis, à cette époque, que le dessin de l'album sera confié à un employé des éditions Albert René, du nom de Frédéric Mébarki. Ce dernier travaille dans la maison depuis plus de vingt-cinq ans en tant que responsable des visuels des produits dérivés. Il est aussi l'"encreur officiel" d'Albert Uderzo.
Homme de l'ombre, il dessine des Astérix et des Idéfix à tour de bras dans un style d'une ressemblance confondante. Dans le dernier album en date consacré aux 50 ans de la série, il a même réalisé quelques planches en solo sans que personne ne s'en rende compte.
Finalement, Mébarki jette l'éponge. "On s'est trompé sur ce garçon qui avait vingt-cinq ans d'Astérix derrière lui, qui sait très bien 'traiter' un dessin, mais pas une bande dessinée", dit aujourd'hui Uderzo. Deux ans plus tard, le sujet est encore sensible aux éditions Albert René. Tellement sensible que personne, sur place, ne sera en mesure de nous donner les coordonnées de Frédéric Mébarki, parti vivre à l'étranger, "loin de tout".
Quand les éditions Albert René lui ont appris qu'il serait le scénariste du prochain album d'Astérix – le premier depuis la création de la série à ne porter la signature d'aucun de ses deux fondateurs (René Goscinny, mort en 1977, et Albert Uderzo) –, Jean-Yves Ferri s'est bien gardé de manifester la moindre euphorie devant ses nouveaux employeurs. "Ils étaient étonnés par ma discrétion, raconte-t-il. Quand on te propose Astérix, tu dois logiquement sauter au plafond."
Au lieu de cela, le vainqueur des tests organisés par cette petite maison d'édition, filiale à 100 % du groupe Hachette depuis 2011 (Le Monde daté 13 août), est rentré chez lui, en Ariège, sans fanfaronner, quelque peu écrasé par le poids de la "responsabilité" qui lui incombait, et en se répétant à lui-même : "C'est pas gagné."
"DES GAGS PARFOIS TRÈS CÉRÉBRAUX ET UN DÉROULÉ ENFANTIN"
Il a fallu quelque temps à Jean-Yves Ferri pour assumer la chose, et se convaincre qu'"Astérix, c'est quand même un beau jouet". L'un des plus beaux qui soient au sein du 9e art. Mais aussi l'un des plus ardus à "imiter" – car tel sera le but – en dépit de sa fluidité narrative d'une apparente simplicité. Avant d'écrire la première ligne, Jean-Yves Ferri a cru nécessaire, du coup, de relire sa collection d'albums. Et de se muer en exégète.
"Astérix est une forme de bande dessinée dotée d'un déroulé et d'un tempo qui n'existent plus, expertise-t-il. Il faut à la fois qu'il y ait du rythme, avec une 'chute' à la fin de chaque page, mais aussi une intrigue qui ne soit pas trop complexe, afin que la caricature puisse avoir libre cours. Les pitchs de Goscinny tiennent généralement en deux mots. Prenez Astérix en Corse : Astérix et Obélix ramènent l'otage à son village, il y a des batailles avec les Romains, un banquet à la fin, etc. Chemin faisant, Goscinny décline tout ce qu'on peut balancer comme concepts sur la Corse sans que ce soit jamais téléphoné. Tout cela compose un drôle de cocktail à l'arrivée où se mêlent des gags parfois très cérébraux et un déroulé enfantin qui fait que le lecteur n'est jamais perdu."
Astérix.
Jean-Yves Ferri n'est pas vraiment familier de ce type d'humour. En temps normal, l'auteur de De Gaulle à la plage et du Retour à la terre (avec Manu Larcenet) pratique le non-sens, le décalage et, plus généralement, l'understatement (l'art de la litote), comme il l'explique lui-même.
L'époque a changé par ailleurs. "Ce qu'on m'a demandé de faire, c'est de la bande dessinée des années 1970, laquelle n'a plus rien à voir avec ce qui se fait désormais. Les codes ont évolué. Vous pouvez très bien aujourd'hui, par exemple, dessiner un personnage en gros plan qui va se lancer dans un monologue de trois pages, ce qui était impensable autrefois. Toute la difficulté de l'exercice, dans le cas présent, tient au fait qu'on n'est plus dans les années 1970, mais qu'il faut que cela fasse moderne malgré tout."
On ne dévoilera pas, ici, les ressorts d'un scénario qui, dans la grande tradition des aventures d'Astérix, se déroule hors des frontières de la Gaule. Ferri a opté pour la contrée des Pictes, qui correspond à l'actuelle Ecosse. "Astérix et Obélix sont allés quasiment partout, souligne-t-il. Les envoyer en Chine ou au Mexique n'aurait pas été simple. Il restait ce pays assez caractéristique qui n'avait pas été exploité."
"FAMEUX PHRASÉ GOSCINNIEN"
Truffer le récit de gags à la mode Goscinny n'a pas été une mince affaire, on l'imagine volontiers : "Le vrai danger était que je fasse du... Ferri, dit Ferri, et que je m'éloigne de ce fameux phrasé goscinnien. Parfois, tu trouves un gag pas mal, mais il t'emmène dans une atmosphère qui n'est pas du tout celle des Astérix." Se lancer dans une parodie – un "Astérix déjanté", par exemple – aurait été "plus simple", convient le scénariste dont on apprend qu'il était plus fan de Tintin que d'Astérix quand il était enfant.
Le succès public et critique d'Astérix chez les Pictes décidera de la suite pour l'auteur. S'il est reconduit pour un deuxième album, il sait déjà que les personnages ne quitteront pas le huis clos du village, dans la lignée des histoires façon "critique sociale" qui jalonnent également la série (La Zizanie, Le Domaine des dieux, Le Devin...).
D'ici là, son scénario sera fatalement examiné, décrypté, soupesé, décortiqué à l'aune de ceux de son glorieux prédécesseur. Une grosse pression en perspective. "Astérix, c'est comme la politique et le Dom Pérignon : tout le monde a un avis dessus, formule Ferri. On n'est plus dans de la bande dessinée, mais dans le patrimoine." Bis repetita placent, comme dirait le pirate latiniste...
Prochain article : Didier Conrad, ou comment faire du Uderzo
Brian Addav a écrit:Loch AndLoll, un jeu de mot qui fela ligoler pas mal de monde j'espèle...
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