Moi, j'ai été très déçu à la première lecture, et un peu plus rassuré à la seconde.
Déçu parce que, comme d'habitude, je n'y trouve pas la "mécanique Astérix" de Goscinny : les voyages ne devraient être que des alibis pour s'amuser avec la nature humaine dans tous ces gentils travers et ses cultures typiques. Or, je trouve le scénario de Gotlib sur Tarass Boulba, par exemple, bien plus "goscinnien" que celui-ci de Ferri.
Lequel n'a toujours pas compris que c'est le Monde d'aujourd'hui qui doit servir de trame principale et pas l'époque romaine. Il ne le fait que par allusions secondaires (sites, féminisme, fake news...), dans une aventure strictement historique antique, façon "Alix" (Les Sarmates, les Pictes, Vercingétorix...).
Goscinny, lui, aurait lourdement insisté sur la culture slave ou sur leur trait principal (par exemple, une certaine brutalité slave, masculine et féminine, façon Tarass Boulba). La quête de l'objet en lui-même n'étant qu'un alibi pour faire traverser ces peuplades typiques si intéressantes à observer.
Alors qu'avec Ferri, c'est l'aventure en elle-même qui est privilégiée, dans sa version "basique" : un voyage vaguement freiné par nos amis, qui se poursuit jusqu'à son terme (les avatars, chez Goscinny ont toujours eu un côté ridicule ou humoristique : perdu un tonneau, difficulté à devenir esclave, des divinations à contre-sens, etc...)
Cependant, une fois que j'ai fait mon deuil de ce désir de scénario Goscinnien (à ma deuxième lecture, donc), j'ai trouvé cette histoire finalement plutôt sympa.
Même si plusieurs choses m'ont un peu irrité :
- Le chaman télépathe à la "Tchang" justifiant des pratiques de sorciers bobos ésotériques de yourtes, à visées charlatanesques... alors que dans la même histoire, on se moque des croyances et des fake-news. On est loin d'un Prolix ridiculisé de bout en bout ! J'ai eu beau essayer de comparer ça avec les diverses potions des druides de la forêt des Carnutes, ça ne passait quand même pas.
- Des Amazones évanescentes qui ne sont là que pour passer le relais à Astérix. Mais bon sang, elles sont où, les sauvages guerrières ?! Les Normands ou les Corses sont bien plus terribles et impressionnants qu'elles ! Par ailleurs, Ferri n'a pas réussi à ne pas parler d'amour dès lors qu'il y a des femmes, fussent-elles guerrières...
- Et des coïncidences un peu trop nombreuses et artificielles, dans le scénario : Idéfix qui part et revient selon les besoins (la meute de loups sauvages suivant manifestement les traces des Amazones), des Amazones qu'on croise par hasard quand on cherche les romains, des allusions à Hergé un peu trop fréquentes (Tchang et la neige, le torrent piloté façon "La Vallée des Cobras"...)(Goscinny disait en substance que celui qui copie se ridiculise tout seul).
Sympa, donc le road-movie d'exploration, façon "Alexandre le Grand" ou "Marco Polo", les personnages bien caractérisés, sympa le dessin (comme toujours), la plupart des gags, même un peu forcés, ravi de voir qu'ils ne nous ont pas sortis un nouveau Monstre du Lochness ou une vache volante, et l'histoire dans son ensemble se tient à peu près, malgré quelques parties un peu plus erratiques...
Dans le chapitre "caricatures", je ne vois pas du tout une Dalida dans Kalachnikovna (malgré le "paroles, paroles..."), mais plutôt une Madona,
https://www.google.com/search?q=madona& ... 5&biw=1366Et Maminovna me fait furieusement penser à Elisabeth Quin
https://www.google.com/search?q=arte+el ... 5&biw=1366