Brian Addav a écrit:edit: Pour Conrad et Morris, voir Cotton Kid
Brian Addav a écrit:Pour ceux qui ont eu le temps de lire ce qu'avait écrit Alambix, je me permets d'essayer de lui répondre.
Y'a pas mal de mélange.
1. La mise en scène, si elle est influencée par les époques, n'a pas à être datée. Il n'y a pas de mise en scène vieillotte ou moderne, il n'y a que des mises en scène utile, ou non, efficace, ou non, suivant ce qu'on veut raconter.
Dans ton exemple, tu t'appuyais (puisque tu as effacé) sur une planche de Donito. (on peut la voir ici:
http://www.li-an.fr/blog/histoire-bd/donito-t1-la-sirene-des-caraibes-conrad-dupuis )
Premier pb. Cette planche ne représente en rien le travail de Conrad sur Donito. Et la mise en scène n'y a rien de moderne.
Des cases éclatées ne font pas moderne. Là, pour être méchant, je dirais juste qu'elle est bancale.
Donito, pour les trois premiers albums, c'est du 3 bandes, pur et dur. Et du 4 bandes pour les deux derniers.
Conrad y a un pb, vu les lieux où se passent l'action, essentiellement en mer, il utilise plein d'astuces pour représenter la réalité.
On est très loin de ce qu'il fera très classiquement (au sens décor et mise en scène) dans les nouveaux Innommables, puis Raj, Tigresse Blanche.
Vous pouvez allez relire Conrad, des premiers Innommables au Marsu Kid, il est très classique dans son découpage, au sens 3 bandes ou 4 bandes. Et ce n'est pas un pb de modernité ou de vintage.
Dire qu'avant on faisait du beaux 4 bandes bien propres et que maintenant, on en fait plus, parce que la bd moderne c'est autre chose, c'est faux et un petit peu idiot, sans être méchant.
Regarde tous les auteurs modernes, c'est souvent très carré ce qu'ils font (Brüno, Vallée, et plein plein d'autres).
Y'a plein d'auteurs d'avant garde qui bossent au gaufrier...
2. Le coup de l'Astérix des années 60-70.
Déjà, l'Astérix des années 60-70, ça ne veut rien dire.
Le premier album sort en 61 et Goscinny meurt en 77.
Généralement, Ferri et Conrad parlent de la grande époque du début des 70, qui correspond selon eux à la meilleure période.
Sur cette bande dessinée qui n'existe plus. C'est surtout Ferri qui en parle.
(http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2013/08/13/jean-yves-ferri-ou-comment-faire-du-goscinny_3460943_3208.html)
Il parle du découpage (verbal) très particulier de Goscinny. Si vous relisez Astérix, c'est très dense en terme d'enchaînement.
Et ils ne parlent jamais de la mise en scène. Celle-ci est propre à Uderzo et n'a rien à voir avec une quelconque temporalité ou mode de la mise en scène.
3. Et je le redis, Ferri et Conrad ne font pas du Goscinny ou de l'Uderzo. Ils font leur truc, mais comme ils le font super bien, ça fait illusion, mais ils font du Ferri et Conrad.
La mise en scène d'Uderzo est très spéciale. Déjà il cadre de loin, donc dessine énormément de trucs. (il s'économise pas comme on dit). Ensuite, il utilise le découpage très dense de Goscinny pour insuffler une dynamique en changeant les angles de vue entre chaque scène. Mais au sein d'une même scène, c'est assez statique. Il y a souvent des redondances de case (action-réaction), et là, la dynamique vient du jeu des acteurs.
Conrad est dans un tout autre style. On sait que son style naturel lorgne plus chez Morris, mais cela ne concerne pas que les persos. La mise en scène aussi.
Ouvrez en même temps le Papyrus et un Astérix de la grande époque, c'est très différent.
Conrad cadre plus serré, plus près des persos que ne le fait Uderzo. Pour représenter l'espace, faire garder en tête au lecteur où sont les persos, il est plus proche de Morris (la page du conseil), que de Uderzo.
J'ai posté la page du conseil précédemment.
C'est un truc qu'on ne voit jamais chez Uderzo ce genre de déroulement.
Bon, c'est un peu en vrac, mais Alambix a effacé son message et je ne peux pas le citer
edit: Pour Conrad et Morris, voir Cotton Kid
alambix a écrit:Par ailleurs, ils citent l'Astérix des années 70 qu'ils prennent en référence, oui mais :
- pourquoi Ferri ne redonne t'il pas à Astérix son caractère espiègle et moqueur de cette période ?
alambix a écrit:- pourquoi Conrad n'opte pas pour le cadrage uderzo de cette époque (qui rétrécirait les personnages) ?
alambix a écrit:Pour la page du conseil, euh ... tu parles de quoi ?
alambix a écrit:Je suis fan de Morris aussi, donc le lien entre Conrad et Morris m'intéresse ...
alambix a écrit:Enfin, pour le long message super intéressant que j'ai posté puis effacé et que tu seras le seul à avoir lu, je voulais rajouter une chose (qui contredis mon avis initial cela dit) : la dernière planche du papyrus augure peut-être de bonnes suprises pour la suite et prouve que Ferri et Conrad ont peut-être envie d'utiliser des codes un peu différents des années 70 :
- Ferri ose rompre avec la fin classique de la série
- Conrad utilise un découpage graphique différent de l'habituel : le banquet est cadré serré (avec même une vue légérement plongeante) qui confirme ce que tu disais, le post-scriptum est en biais, comme une page rattachée et le tombone qui sort du cadre change vraiment du cadre rectiligne rigide habituel.
alambix a écrit:Le truc, c'est de voir si F&C arrivera à composer un mix de modernité (graphique et scénaristique) avec le cadre imposée de la série.
alambix a écrit:Brian Addav a écrit:Conrad, s'il reprend la mise en scène d'Uderzo sur certains aspects, il ne le fait pas à 100%; et surtout pas tout le temps. Il fait du Conrad (donc du Morris). Il y a des pages qui sont très Uderzienne, mais beaucoup sont très Conradiennes (donc Morrissienne). Mais comme il fignole sur les persos, les arrières plans, ça passe nickel car c'est super lisible.
Si on est très loin de Donito, on est pas si loin de Raj, de Tigresse Blanche et de son Marsu Kid. (voir son Duc Béton), sur la mise en scène.
Je sèches ... en quoi le style de Conrad est Morrissien ?
C'est amusant que tu vois ce post-scriptum comme une chose exceptionnelle. Car ce n'est ni plus ni moins ce qu'aurait fait Goscinny s'il avait dû montrer l'utilité et l'efficacité de la mémoire orale au cours de 2 millénaires. Cette scène est peut-être ma préférée de l'album, mais j'y ai aussi vu une "copie" de ce qui a déjà été fait dans "Astérix en Corse" (un descendant de Figatellix dans le maquis à notre époque) ou "Le Devin" ("en général ils disent n'importe quoi")... sans compter les Astérix et Obélix bretons, dans "La rentrée" !alambix a écrit:la dernière planche du papyrus augure peut-être de bonnes surprises pour la suite et prouve que Ferri et Conrad ont peut-être envie d'utiliser des codes un peu différents des années 70 :
- Ferri ose rompre avec la fin classique de la série
La modernité, s'il doit y en avoir, viendra toute seule avec le temps. Il n'y a pas que de la nostalgie, dans notre amour des albums de Goscinny. Il y a aussi une terrible efficacité qui, bien qu'ancienne, reste encore aujourd'hui exceptionnelle et inégalée. Bref, intemporelle. Alors arriver à la retrouver, cette vieille façon d'écrire, ce serait déjà magnifique ! Parce qu'elle est mille fois mieux que tous les albums d'humour aventureux de notre époque.alambix a écrit:Le truc, c'est de voir si F&C arrivera à composer un mix de modernité (graphique et scénaristique) avec le cadre imposée de la série.
Brian Addav a écrit:Planche 14, page 18.alambix a écrit:Pour la page du conseil, euh ... tu parles de quoi ?
Il n'y a jamais eu ce genre de scène auparavant. Si longue et traitée de la sorte.
gill a écrit:Brian Addav a écrit:Planche 14, page 18.alambix a écrit:Pour la page du conseil, euh ... tu parles de quoi ?
Il n'y a jamais eu ce genre de scène auparavant. Si longue et traitée de la sorte.
??? Elle est banale, cette scène.
Il y a eu plus long dans le Devin, les Normands ou le Cadeau, et le cadrage n'est pas si serré...
Comprends pas où est la "modernité"...
Mouais... Je suis d'habitude très sensibilisé par ce que tu analyses là, mais franchement...Brian Addav a écrit:Ensuite, je ne parle absolument pas de modernité. ça c'est Alambix.
Je parle de mise en scène plutôt Morrisienne que Uderzienne.
gill a écrit:Mouais... Je suis d'habitude très sensibilisé par ce que tu analyses là, mais franchement...Brian Addav a écrit:Ensuite, je ne parle absolument pas de modernité. ça c'est Alambix.
Je parle de mise en scène plutôt Morrisienne que Uderzienne.
"Alambiqué", ça est la bonne formulation
Prenons la chose par l'autre bout.
Tu cherches à démontrer une mise-en-scène Morrissienne... en nous donnant des contre-exemples Uderzoïens ! Bizarre, non ? Prends carrément une page de Lucky Luke, ce sera plus parlant !
Je note tout de même une chose : dans les pages que tu compares, Uderzo n'utilise jamais de plans américains. C'est soit du gros plan, soit du plan d'ensemble. J'aimais il ne coupe de multiples personnages en deux, au niveau du ventre.
A la décharge de Conrad (qui me semble faire beaucoup d'efforts en ce sens), ce cas-ci est particulier. S'il avait dessiné tous les personnages en pied, on aurait eu 3 cases superposées quasi-identiques ! Celle du milieu devait donc être différente. Et pourquoi pas avec un plan américain ? CQFD. Uderzo aurait très certainement agi de même...
Ceci dit, et après avoir consulté quelques Lucky Luke, c'est vrai qu'il y a plus de plans d'ensemble américains chez Morris... contrairement aux plans d'ensemble gaulois de chez Uderzo
...mais ce n'est pas propre à Morris, ça. C'est une pratique très courante dans la BD !
Moulignac a écrit:Mais découvrir un nouvel Astérix à l'âge adulte en ayant perdu (avec la ... maturité) une certaine capacité d'enthousiasme ne peut pas avoir la même force que celle des lectures enfantines. Tout le talent (bien réel) de Ferry et Conrad n'y pourra rien.
gill a écrit:Tu cherches à démontrer une mise-en-scène Morrissienne... en nous donnant des contre-exemples Uderzoïens ! Bizarre, non ? Prends carrément une page de Lucky Luke, ce sera plus parlant !
alambix a écrit:Mais le style morris, c'est uniquement une question de plan rapproché/serré ?
alambix a écrit:Donc, si je résume, le style de Conrad sur Astérix, c'est une mise en scène morrissienne sur un graphisme uderzien ?
alambix a écrit:Et à ce jeu-là d'ailleurs, qui en est le + proche ? Conrad ou Achdé ?
creolix a écrit:Je trouve que beaucoup chipote vis à vis du travail de ferri et Conrad . Ce n'est jamais facile de reprendre le travail de quelqu'un d'autre et je trouve en l'occurrence que là la reprise est excellente avec des différences bien sûr mais on leurs a pas demandé de faire du copier coller
Il faut arrêter avec goscinny qui était immense mais il n'es plus là et l'époque à aussi changer
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