Morti a écrit:Comment un prix peut-il être décerné à une BD qui n'est pas encore parue et que donc personne n'a lue ?
Le Festival d'Angoulême ne récompense que des bandes dessinées déjà sorties, puisque le palmarès de l'édition 2019 ne couvrait que les ouvrages sortis en langue française entre le 1er décembre 2017 et le 30 novembre 2018. Donc au moment de la remise des prix, tous les ouvrages récompensés étaient disponibles dans le réseau commercial depuis deux mois.
Il y a eu il y a quelques années un cas particulier, avec le prix du Public accordé à
Paul à Québec, de Michel Rabagliati, qui à cause d'un problème du côté du diffuseur (je crois), n'était alors sorti qu'au Québec. Mais voilà, comme le règlement du Festival ne fait pas de distinction dans l'origine géographique (histoire de faire plaisir aux éditeurs belges), sa participation au prix était donc légitime.
Par ailleurs, tous les albums des diverses sélections sont lus par les jurys des sélections en question. Et ils ont de plus été lus par les personnes des deux Comités de Sélection du Festival.
Morti a écrit:Quel est donc l'intérêt de décerner ce prix ?
A mon sens, le même intérêt que celui de subventionner la culture, à savoir, rendre visible des oeuvres de qualité, sans distinction de réussite commerciale. C'est même une bonne chose que ces prix ne récompensent pas les best-sellers, qui sont déjà largement visibles.
Ce prix ayant un impact positif sur les ventes, cela permet également de soutenir indirectement la démarche de création de son éditeur, et d'encourager la publication d'autres ouvrages susceptibles d'enrichir le paysage éditorial.
Morti a écrit:Pourquoi un album qui se vend bien et est accessible au plus grand nombre ne pourrait pas avoir ce prix ?
Je n'ai jamais dit cela. Un album qui se vend bien et est accessible pourrait avoir ce prix. Par contre, ce n'est pas parce qu'un album se vend bien et est accessible qu'il devrait avoir ce prix. Et c'est cette nuance qui est importante, et que certains font mine de ne pas comprendre.
Le tout-public, l'accessible, c'est finalement viser le plus petit dénominateur commun. Ce serait un peu comme dire que le steak-haché frites est de la gastronomie, et qu'il est inadmissible que Flunch ne soit jamais considéré pour les étoiles du Michelin.
Morti a écrit:Et enfin, dois-je en déduire que ce prix a été attribué par un petit groupe de personnes (les jurés) et qui ont décidé ça entre eux ?
Oui, c'est comme ça que fonctionnent la quasi totalité des prix. Sinon, on parle de plébiscite, ou d'élection.
Comme je l'indiquais plus haut, il y a deux étapes: la sélection par le Comité de Sélection, qui lit ce que les éditeurs leur envoient, et qui choisit les ouvrages qu'il juge les plus intéressants; puis le palmarès choisi par le Grand Jury, qui lit la Sélection Officielle et y choisit les ouvrages qu'il juge les plus intéressants.
C'est un choix subjectif, qui assume cet aspect à chaque étape. Et qui vise à représenter la ligne éditoriale du Festival.