zourbi le grec a écrit:Chacun son opinion mais je trouve que tu es injuste avec Goscinny.
J'ai volontairement forcé le trait pour montrer combien ta manière très cavalière d'écarter la génération qui suivait était hautement subjective. Que tu aies une préférence pour cette génération (avec laquelle, comme tu le dis, tu as appris à lire), c'est ton droit. De la même manière que les premiers clubs de défense de la bande dessinée portaient aux nues les oeuvres avec lesquelles ils avaient découvert le médium (cf. les premiers numéros de
Giff-Wiff), l'aspect nostalgique joue un grand rôle dans notre appréciation immédiate de telle ou telle période de création.
C'est pour cela que je rappelais l'épisode qui a entraîné le départ de Mandryka de
Pilote (avec Gotlib, Druillet et Bretécher, si je ne me trompe pas), qui montre bien qu'il y avait une volonté de créer autre chose, quelque chose de nouveau. Goscinny a été un incroyable rédacteur en chef, mais pour autant, il s'est retrouvé dépassé à un moment, par quelque chose qu'il n'était probablement prêt à accompagner. Ce n'est pas remettre en question ses qualités pour autant -- simplement faire preuve d'objectivité, et éviter de tomber dans cette forme d'hagiographie qui entoure Hergé et qui me hérisse au plus haut point.
Uderzo est un grand dessinateur, et a été à l'origine (avec Goscinny) de grands livres. Oui,
Astérix est important, mais il reste à mon sens représentatif d'un genre de bande dessinée (la bande dessinée d'aventure tout public, pour faire très vite) qui a permis au médium de s'épanouir et de prendre de l'ampleur, avant de devenir un carcan qu'il a fallu casser. A ce titre, l'audace d'un Moebius lorsqu'il se lance dans
La déviation, ou l'ambition pour la bande dessinée affichée par "la bande de l'Asso" (et les autres indépendants) au début des années 1990 sont tout autant remarquables -- surtout lorsque l'on considère, avec le recul, ce que l'un et l'autre ont pu apporter.