toque a écrit:Les opérations ont bel et bien réussit à recruter de nouveaux lecteur puisque cela s'est très bien vendu. Ce qu'on n'ont pas réussit à faire les éditeurs (urban et panini) c'est à les fidéliser et à les garder.
Tout est relatif.
La meilleure vente à petit prix, c'est 65 000 exemplaires.
La meilleure vente en comics depuis 2003, c'est le premier tome de The Walking Dead, 360 000 exemplaires. Suivi d'une trentaine d'autres, puisque cette meilleure vente à petit prix n'est que la 36e meilleure vente depuis qu'on a des données.
Ce que je veux dire par là, c'est que l'affirmation "on a recruté de nouveaux lecteurs" n'est pas aussi évidente qu'il n'y paraît.
(Sans compter que achat =/= lecture, comme peuvent en témoigner de nombreux livres en souffrance sur ma pile de lecture)toque a écrit:C'est certain qu'avec juste deux collections par sur des titres qui ne se suivent pas, ça va être extrêmement compliqué de fidéliser des gens. Les éditeurs espéraient un bascule vers le réseau classique, elle ne s'est pas faite.
Absolument, et c'est pour cela que je suis très dubitatif sur l'efficacité de ces opérations, pour toutes les raisons évoquées plus haut.
toque a écrit:Tu affirmes que la "modalité de prix qui rend la chose impossible d'un point de vue économique" tu as des données pour ça ? Pourquoi c'est possible en manga ? Pourquoi c'est possible en VO avec le format floppy ? Ce qui rends ce modèle impossible c'est les volumes ?
Pourquoi ne pas avoir tenter les urban nomad en grande surface ?
Pour assurer la viabilité d'un tel modèle économique à un tel niveau de prix, il faut faire beaucoup, beaucoup de chiffre. Les collections à petit prix ont des marges réduites au maximum, et ne fonctionnent que grâce au combo marques connues x grande distribution. Mais ce sont des opérations qui font face à une double faiblesse: la faiblesse de l'engagement dans la durée de la grande distribution (qui ne cherche que des trucs qui marchent très bien, et qui te lâchent dès que ça commence à fléchir), et la faiblesse de l'engagement des acheteurs qui font essentiellement de l'achat d'impulsion ou d'aubaine, et qu'il faut donc reconquérir à chaque fois.
Dire "tout le monde devrait faire pareil et les comics vendraient des caisses", c'est un peu comme dire "tous les clubs de rugby devraient venir jouer au Stade de France, et comme ça ils feraient guichés fermés à chaque fois". Sauf que ça, ça marche quand on a France-Nouvelle Zélande, ça risque d'être plus difficile pour Uruguay-Namibie, même dans un contexte de coupe du monde. Bref, c'est un modèle qui marche dans certaines conditions, qui ne sont vérifiées que pour une poignée de titres... et encore, comme on peut le voir avec l'effritement des performances des dernières opérations.
Le segment du manga ne fonctionne pas sur le même modèle, c'est une erreur de le penser. Il y a un prix standard autour de 7€ qui met bien moins en danger les éditeurs côté rentabilité -- la preuve, c'est que ces éditeurs ont longuement travaillé à conserver ce prix standard, qui n'a bougé que l'année dernière dans un contexte d'inflation galopante.
Il y a aussi un format (qui est le format d'origine) qui est pensé pour être un format de mass market -- ce que n'est pas le format des comics, qui correspondent à un marché de niche aux USA. Par ailleurs, le manga fonctionne en grande surface parce qu'il fonctionne ailleurs, et n'est donc pas obligé de sacrifier ses marges pour y exister -- ce qui a donc un effet très bénéfique sur sa performance comme sur sa rentabilité. Bref, pour moi, ce n'est pas comparable.
Pour parler des USA, la particularité du floppy, c'est que c'est un format qui s'inscrit dans un modèle économique plus large, similaire à ce que l'on avait avec les revues de prépublication. La rentabilité d'une série pour un éditeur s'envisage en combinant l'espace de R&D (si l'on veut) que représente le floppy en tant qu'exploration du marché (avec le développement de talents en prime), et l'exploitation des valeurs sûres avec les TPB. Sans compter qu'il y a des particularités structurelles du marché et des habitudes de consommation qui ne sont pas les mêmes, et qu'il serait difficile de transposer. (et puis, globalement, la santé du marché US est assez discutable sur les 30 dernières années