Nirm a écrit:Quelqu'un pour m'éclairer?
J'y vais de ma petite théorie. Selon moi il y a aussi un facteur qui doit expliquer ça, un facteur qui me touche moi-même: le rythme. Je précise que je ne suis pas un gros lecteur bd mais que j'aime énormément ce média. Dans cette profusion j'essaie de me limiter. Bref, quand on est pas habitué à la bd, et que nos gouts ne vont pas spécialement vers les séries populaires au rythme de sortie acceptable, c'est difficile d'accepter une narration extrêmement lente.
Quelques exemples de ce que je lis:
- Skydoll. La dernier tome date de 2006. Le prochain devrait -enfin- débarquer en 2015. Et je ne suis pas à plaindre j'ai lu la série il n'y a pas très longtemps.
- Azimut. C'est grosso modo 2ans entre chaque tome. (série que j'ai commencé après avoir lu La Confrérie du Crabe. Trilogie que j'ai pu bouffer d'une traite et j'en étais fort heureux!)
- Urban, c'est un an et demi.
- Sambre, j'en parle même pas. L'inter-tome est long mais en plus je me demande si le gars qui a ouvert le tome 1 en 1986 prévoyait d'avoir la fin 35 ans plus tard (si on fait une petite prévision pour l'ultime tome 9).
- END, j'ai acheté le premier tome de cette trilogie à sa sortie...il y a deux ans et demi. Le tome 2 arrivera au mieux en fin d'année 2015.
etc...
Et je parle là d’œuvres pour lesquels il s'agit d'une continuité directe entre les tomes. Je mets un point d'honneur à me limiter donc aux œuvres achevées, aux one shot ou aux œuvres courtes dont on connait déjà le nombre de tomes prévu. Parce que c'est vraiment les boules d'attendre autant de temps pour une série qui finit par partir à la dérive. Et je me limite surtout aux nombres de séries que j'ai en cours. Sans ça, vu la profusion, on s'y perd sans aucun doute facilement. Quelqu'un qui lit très régulièrement de la BD voit couler beaucoup d'eau entre deux tomes d'une série. Pas étonnant que certaines se voient un peu sombrer dans l'oubli ou le désintéressement. Et un lecteur occasionnel qui flash sur Urban, aura probablement oublié la série à la sortie du tome 2 s'il ne tombe pas dessus.
Et au delà de ça, il y a également une conséquence sur la narration en elle-même. Ce que je soulevais dans le topic d'Holmes avec Cécil -sans parler spécifiquement de Holmes d'ailleurs-. Avec de longs silences, on perd de son auditoire. C'est inévitable.
Là où la BD galère j'ai l'impression c'est que le reste des médias narratifs, regroupant bien plus d'effectifs, vont bien plus vite. Peter Jackson case une trilogie de Hobbit (3x3h en gros) entre deux tomes de END. Les séries offrent un rythme d'une saison/an. Un peu moins pour les séries anglaises et française. Même en bd, les ricains travaillent à plusieurs et à la chaine pour des comics qui sortent à un rythme assez élevé j'ai l'impression -je m'y connais bien peu en comics-.
Je me trompe peut-être, mais je pense que le rythme n'aide pas à garder ses lecteurs jusqu'au bout ou de façon super fidèle. A une époque où les gens passe facilement "à autre chose" c'est probablement pénalisant. Personnellement je supporte parce que je trouve dans ce média quelque chose d'inédit, une liberté qui fait un peu défaut au cinéma, un lien au dessin/aux styles, j'aime l'objet -beaucoup moins glamour pour les séries à gros tirage d'ailleurs-...mais c'est vrai que refermer un tome et se dire qu'on aura la suite 2ans après, et le fin mot de l'histoire dans 7 ou 8ans c'est chaud.