alacoume a écrit:Kristok a écrit:Quel passioné ce jimbo
Effectivement, et ces propos donnent matière à réflexion.
Disons que j'espère surtout qu'ils donneront envie d'essayer plein de trucs. De lire des trucs nouveaux, de relire des trucs pour vérifier l'opinion qu'on en a…
alacoume a écrit:Il est vrai que Dark Knight Return était très novateur à sa sortie, qu'il a ouvert la porte à ce type de narration tout en affichant des super vieux. Mais, le découvrir aujourd'hui sans le rapporter à ce qu'il fut, ne permet pas forcément de l'apprécier à sa juste valeur. On m'en avait dit grand bien et j'ai du en attendre trop.
Alors ça, c'est un truc qui m'arrive souvent, de lire en retard des machins dont j'entends parler depuis longtemps, et de me dire "
bon, c'est pas mal, mais c'est pas un chef-d'œuvre" (le dernier, c'était
Scalped : j'aime bien, mais je trouve que c'est rien qu'un bon gros polar, quoi…).
Qui plus est, j'ai une relation particulière au
Dark Knight Returns : je l'ai découvert à 17-18 ans, en VF dans l'édition Aedena. Le même jour, je prends le tome 2 de
Batman (c'était son titre) et le tome 1 des
Gardiens (
Watchmen en VF chez Zenda), et je bouquine ça en voiture, en me disant que là, j'assistais à quelque chose de particulier. Deux fois !
Qui plus est, Miller, je le connaissais depuis ses
Daredevil dans
Strange (genre, vers 1983, ou 1982, quoi…). Je savais que ce type était particulier, qu'il changeait un peu la donne. J'avais eu du mal à suivre ses Daredevil parce que je trouvais que c'était toujours un peu la même chose (le Caid, le Tireur, Elektra, le Caid, le Tireur, Elektra…), mais vers la fin de son run (tronçonné par Lug, mais ça, c'est un autre débat), j'ai commencé à mieux saisir le truc. C'était une sorte d'opéra visuel, avec un nombre restreint de personnages qui sont autant des être vivants que des archétypes, et qui entament une sorte de danse de la mort et de la séduction. Et puis je découvre
Scarce et je lis des choses et je comprends mieux petit à petit, tout ça… Et puis, j'apprends que Miller va faire du
Batman chez DC, je découvre l'existence d'un mec qui s'appelle Alan Moore, je file acheter ses
Swamp Thing traduits dans
Spectral… Et alors que je comprends que ces deux-là sont importants, tout d'un coup, la presse spécialisée (grosso modo,
Les Cahiers de la BD) se met à parler de Miller et de Moore, tout simplement parce que ces deux auteurs arrivent en album. Moi, ça me faisait rire, parce que Moore, je le connaissais par
Scarce et
Spectral depuis un an, mais Miller, par
Strange, je le connaissais depuis cinq six ans. J'avais pas besoin d'une sortie d'album cartonné ou de longs articles pour savoir que c'était de la balle, quoi !
Bref.
Mais au-delà de ma relation affective à ces deux œuvres marquantes, je crois qu'elles supportent très bien la patine des ans justement parce qu'elles allient un propos fort (dans les deux cas, des personnages costumés, donc idéalisés, dans une Amérique en décomposition tentée par le totalitarisme) à une forme exacerbée (le gaufrier de 9 cases dans
Watchmen, où la couverture constitue la case 1 de l'épisode, le gaufrier de 16 cases dans
Dark Knight Returns et l'incessante voix off lancinante, la "
boîte noire du héros", comme ils disaient dans
les Cahiers de la BD).
Qui plus est, pour
Dark Knight Returns, c'est aussi une œuvre où Miller est en rupture avec lui-même (il remplace les cases horizontales ou verticales par un gaufrier, il change l'anatomie de ses personnages, il est plus directif sur l'encrage…). Chose qu'il fera souvent (
Sin City est une rupture,
300 est une rupture). C'est peut-être le premier récit de sa "maturité".
Je relis
Dark Knight Returns une fois tous les deux ans, à peu près. Et à chaque fois, je suis sur le cul (alors je relis assis, c'est moins dangereux). C'est vraiment un truc qui ne vieillit pas, selon moi. Une leçon de narration, malgré les années qui passent.
alacoume a écrit:Idem pour Planetary, et comme je n'ai pas pu saisir les références, je suis passé à côté : trop intellect pour moi !!
Intellectuel, non, je crois pas, enfin, je sais pas.
Mais c'est clairement le genre de trucs qu'on savoure mieux quand on sait que dans la sauce, il y a un zest de James Bond, une rondelle de Tarzan, un émincé de Fantastic Four, un soupçon de Hulk, une noix de Sherlock Holmes…
C'est comme dans les
Invisibles de Morrison, si on ne sait pas que King Mob est une relecture du Jerry Cornelius de Michael Moorcock, ça ne nuit pas à l'intrigue je crois, mais on perd une dimension, une couche de signification.
Il me semble que tu parlais de
The Boys d'Ennis : une partie du charme du truc, selon moi, c'est de décrypter de quel héros (ou de quel créateur) il se moque. Le sel se trouve dans les clés, je crois.
Le mauvais côté de ça, c'est qu'on peut s'arrêter sur la référence et reprocher au récit "à clé" de n'être que ça, justement, un récit à clé. De ne pas exister indépendamment. Réaction que je peux comprendre, aussi.
alacoume a écrit:C'est la même chose avec Spawn, les dessins étaient très novateurs pour l'époque, surtout comparé aux vieux comics de super-slips. Mais, le scénar est plutôt pauvre. Et puis, un auteur qui crache sur Marvel et sur les histoires sans fin, puis qui crée un nouveau perso autour d'une histoire qui est censée se finir mais qui ne se finit jamais, j'ai du mal à lui faire confiance... Seul le perso du clown est marrant et j'essaierais peut-être de lire son spin-off.
Sur ta remarque sur l'auteur qui recrée les conditions qu'il a reprochées précédemment, je te rejoins.
Cela dit, j'aime bien
Spawn et j'aime beaucoup la reprise actuelle (qui en VF est dans la série
Spawn : la saga infernale), à cause de son atmosphère de thriller surnaturelle, d'enquête paranormale paranoïaque. C'est pas inintéressant, et le boulot de Kudranski, dans la lignée du Maleev de
Daredevil, est pas mal.
Jim