"Bien barré", c'est ce que je pensais en découvrant la preview. Mais en fait, après lecture de ce premier tome d'enquêtes gonzo SF cyberpunk (dévoré entre hier soir et ce matin) , "bien barré", c'est un doux euphémisme.
"
Sur cette autoroute hystérique
Qui nous conduit chez les mutants
J'ai troqué mon cœur contre une trique
Je vous attends..."
Comme dit le poète.
-- Et pourtant Ellis arrive à introduire, de temps en temps, au milieu de son délire trash speed de vrais morceaux d'humanité touchante. Je pense notamment au chapitre sur les "Ressuscités", qui plombe bien le moral. --
La parenté de style avec Hunter Thompson est évidente si on a lu ne serait-ce que quelques pages de
Las Vegas parano. La petite postface (anonyme ? dommage) pointe bien l'ambivalence du personnage de Spider Jerusalem, "
à la fois profondément exécrable et curieusement touchant", qui "
ne suit que les règles qu'il s'est lui-même fixé mais dispose pourtant d'une conscience morale immuable". Pour le dire autrement Spider est un gros connard qui ne se soucie pas un brin des dégâts qu'il peut occasionner autour de lui, mais cet apparent égocentrisme est tempéré par une quête sans faille de la Vérité, dès lors, en particulier, qu'il s'agit de s'intéresser aux exclus et aux victimes d'une société de plus en plus monstrueuse (qui n'est jamais qu'une caricature très claire de celle d'aujourd'hui...). D'une certaine manière, je suis tenté de voir Spider comme une forme de vaccin : le "système" qu'il combat, c'est lui-même en pire et en plus puissant... mais ça suffit à le rendre sympathique (Spider, je veux dire).
Vivement juillet pour la suite.