Alors,
The Filth, oui, la moquette prend trèèèèès cher. Et les limites du bon goût aussi, par la même occasion. C'est à la fois un des trucs les plus schtarbés de Morrison et l'un des plus sombres et trash (
Happy! en comparaison c'est
vraiment un pur conte de Noël, par exemple).
Par ailleurs, oui, c'est complètement indépendant. L'article Wikipedia parle de "continuité thématique" et je me souviens avoir déjà vu quelque part présenter
The Filth comme "l'envers" des
Invisibles, mais il n'y a pas de lien dans le récit lui-même. Le rapprochement vient en bonne part du fait que dans la série des années 90 on avait un groupe de résistants marginaux en lutte contre une organisation occulte imposant le conformisme, alors que dans
The Filth le "héros" fait partie d'un groupe (nom officiel : la Main, surnom : la Pourriture) qui justement exerce son emprise secrète sur le monde au nom de la préservation du
statu quo et de "l'hygiène sociale". Ce n'est même pas que le conformisme a "gagné" (vu la tronche et le look des membres de la Main, déjà...), c'est plutôt que la question ne se pose même plus en ces termes.
Greg Feely est un vieux banlieusard qui ne s'intéresse qu'à son chat aux reins fragiles et à mater du porno, beaucoup de porno. Un soir, une Black surgit soudain de sa douche et le suce, "extirpant" littéralement de lui sa véritable identité - car Greg est en fait une "para-personnalité" de fiction au travers de laquelle prenait sa retraite le super-espion Ned Slade, au service de la Main (à la base, c'était une idée de Morrison pour bosser sur
Nick Fury, Agent of SHIELD, on se demande pourquoi Marvel n'a pas accepté tiens...
). Sauf que la "para-personnalité" a déteint sur la personnalité de Ned Slade, qui se retrouve amnésique et ne veut rien tant que récupérer sa vie de Greg, au lieu de se retrouver à faire équipe avec la Black sus-mentionnée et un chimpanzé parlant soviétique tueur, responsable notamment de l'assassinat de Kennedy (et ça, ce sont les "gentils"...), pour aller combattre un ex-collègue nommé Spartacus Hugues qui a vendu une mini-Terre artificielle et sa population de nano-habitants au pervers le plus riche du monde (et ça, ce n'est que le début...). On croisera aussi un pastiche de Superman cabossé, coincé en dehors du monde "innocent" et en 2D de sa fiction natale, un magnat du porno éjaculant un sperme noir mutant, qui veut tuer toutes les femmes possédant un utérus fertile, ou encore un président des États-Unis pourvu d'implants mammaires et hypnotisé pour se comporter comme une prostituée.
Le récit est hyper-dense avec quasiment une idée - géniale, tordue ou à la con (selon les cas) - par case, et en fait, je serais assez tenté de résumer ça en disant que ça ressemble, peut-être, à ce qu'aurait pu donner un projet de remake de
Planetary de Warren Ellis pour lequel Morrison se serait associé avec Garth Ennis.