nexus4 a écrit:Exhumation d'un vieux topic pour cette phrase entendue hier sur France Inter. L'invité était Francois Schuiten. Une heure d'interview pour parler de La Douce, en prenant son temps. C'est rare. Par contre, l'animatrice n'a pas pu s'empêcher de conclure :Cette si belle, j’allais dire bande dessinée mais c’est plus, c’est un livre, un vrai livre.
C'est agaçant, hein. Chui tout agacé.
Prétendre, donc, que la bande dessinée est un premier pas vers la lecture est tout bonnement faux. Encore une fois, il s’agit de deux activités de nature différente. Et l’on se demande bien, si tel n’était pas le cas, pourquoi la République se serait donné la peine d’ouvrir des écoles, alors que, depuis le Moyen-Âge, les masses analphabètes avaient à leur disposition, pour « lire », la tapisserie de Bayeux ou les vitraux de Chartres.
Kais a écrit:yo man & girl
un moment d'absence et ma sister prend le relais, la coquine, et tout ça pour parler dun truc mem pas ke g trop rien capté
http://bullkritik.blogspot.com/
héhéhéhé
(voici un post pour les coquinours)
nexus4 a écrit:Ah, a propos de la réflexion de Kathleen Evin, Xavier Guilbert rappelle ce morceau d'anthologie.
http://blog.lefigaro.fr/education/2010/ ... uelle.htmlPrétendre, donc, que la bande dessinée est un premier pas vers la lecture est tout bonnement faux. Encore une fois, il s’agit de deux activités de nature différente. Et l’on se demande bien, si tel n’était pas le cas, pourquoi la République se serait donné la peine d’ouvrir des écoles, alors que, depuis le Moyen-Âge, les masses analphabètes avaient à leur disposition, pour « lire », la tapisserie de Bayeux ou les vitraux de Chartres.
Elle est vraiment complètement con la Natacha Polony. Je la croyais que nunuche. (d'un autre coté, je ne la connais que par le zapping).
Une bande dessinée n’est pas un livre parce qu’elle ne met pas en jeu les mêmes processus mentaux dans le cerveau de celui qui la lit
Olaf Le Bou a écrit:C'est curieux ce besoin de reconnaissance envers la BD, de la part des médias institutionnels et des zélites zintellectuelles, qui est exprimé ici.
Thierry_2 a écrit:Olaf Le Bou a écrit:C'est curieux ce besoin de reconnaissance envers la BD, de la part des médias institutionnels et des zélites zintellectuelles, qui est exprimé ici.
le plus curieux, ce que je lis souvent des demandes de ce genre de reconnaissance doublée d'une peur inavouée d'être dépossédé de "sa" bande dessinée, qui deviendrait l'otage de je ne sais pas trop quoi qui la rendrait ennuyeuse et élitiste.
Alors que la bande dessinée doit son succès, comme tous les autres médias, au public. Ce n'est pas parce qu'il y a des structures et aides à la création au cinéma ou en musique que, subitement, tout ce qui plaît au public a disparu du jour au lendemain. Que les médias parlent peu, ou mal, de la bande dessinée est un fait. Cela dit, hormis la presse spécialisée, on parle souvent très mal du cinéma, de la musique ou de la littérature dans la presse.
Olaf Le Bou a écrit:C'est curieux ce besoin de reconnaissance envers la BD, de la part des médias institutionnels et des zélites zintellectuelles, qui est exprimé ici.
Faut-il donc que vous vous sentiez honteux, secrètement indigne et méprisable, pour vouloir ainsi notre cher 9ème art consacré adoubé par les tauliers de la bienséance culturistique ?
Le mépris est généralement la marque de l'ignorance et des préjugés, et je ne me sens pas l'âme suffisament prosélyte pour aller combattre les impies, alors rien à fout' d'être guettoïsé par les tenants de l'ordre du Bon Goût, je sais qui je suis, et ça suffit à ma bonne santé morale.
Et j'estime avoir suffisament de légitimité pour donner moi-même ses titres de noblesse à ce qui m'émeut, à ce qui me meut, sans avoir à les quemander auprès de je ne sais quelle instance autoproclamée.
je ne suis pas allé voir l'expo Crumb
Perso, je suis pas trop pour le changement... gardons "notre BD"
En fait quasi toute tentative d'adaptation au cinoche ou téloche de BD (quelle qu'elle soient FB, US ou Jap) me fait royalement chier et recolte ma non-participation (j'irai d'office pas!!) et mon indifférence totalec (outre mon irritation initiale)... c'est valable pour les dessins animé aussi!!
geep a écrit:Tout à fait OK et j'ajoute que ça me bouffe un peu de voir des gens comme Crumb, Spiegelman, Moebius, Pratt et plein d'autres exposés dans des musées d'art machin et surtout des fans en extase parce que leurs auteurs favoris sont enfin "reconnus" et "donnent leurs lettres de noblesse à la BD". Je crois que pour le coup, la BD n'a pas besoin de la reconnaissance de l'intelligentsia du Monde ou de Télérama pour exister (allez, j'ajoute les Inrocks, l'Express et l'Obs pour faire bon poids), juste de lecteurs qui se laissent porter. Pour dire, j'étais à Paris le week-end dernier et je ne suis pas allé voir l'expo Crumb malgré la Nuit des musées, alors que si on m'en avait parlé ado, j'aurais fait le chemin à genoux pour ne pas manquer ça. Times are a changin' ou alors c'est moi.
Thierry_2 a écrit:et si ses lettres de noblesse (expression un peu creuse qui revient finalement à parler de se reconnaissance "officielle") dépassait le sentiment de possession des lecteurs sur la bande dessinée (ce qui suit revient souvent)je ne suis pas allé voir l'expo CrumbPerso, je suis pas trop pour le changement... gardons "notre BD"En fait quasi toute tentative d'adaptation au cinoche ou téloche de BD (quelle qu'elle soient FB, US ou Jap) me fait royalement chier et recolte ma non-participation (j'irai d'office pas!!) et mon indifférence totalec (outre mon irritation initiale)... c'est valable pour les dessins animé aussi!!
Si cette reconnaissance permettait aussi une meilleure protection des auteurs et des oeuvres ? une possibilité pour des auteurs comme Paape d'éviter d'être encore obligé de travailler à plus de 70 ans "pour faire bouillir la marmite" et pas par choix ?
Une protection pour les jeunes auteurs qui doivent travailler dans des conditions de plus en plus difficiles ? Une structure pour conserver son patrimoine autrement qu'en comptant sur quelques bonnes volontés et éviter des http://www.actuabd.com/+Des-documents-de-Claude-Moliterni+?
La reconnaissance de la bande dessinée, c'est plus que flatter l'égo des lecteurs.
Olaf Le Bou a écrit:je crois qu'on mélange deux choses là : d'une part un besoin de reconnaissance "institutionnelle", que la BD ne soit plus considéré comme un divertissement, ou un art mineur, enfin recevoir l'onction de l'intelligentsia des gens-de-goûts ; et de l'autre un besoin de reconnaissance "publique", synonyme de visibilité dans les médias et de beurre dans les épinards de nos auteurs chéris.
Pas sur que les deux soient vraiment liés. Le sort de pratiques culturelles on ne peut plus reconnues, opéra, danse, théâtre, etc, par les médias est aussi dramatiquement nul que celui réservé à la BD. A part de rares média élitistes spécialisés.
Xavier Guilbert a écrit:Olaf Le Bou a écrit:je crois qu'on mélange deux choses là : d'une part un besoin de reconnaissance "institutionnelle", que la BD ne soit plus considéré comme un divertissement, ou un art mineur, enfin recevoir l'onction de l'intelligentsia des gens-de-goûts ; et de l'autre un besoin de reconnaissance "publique", synonyme de visibilité dans les médias et de beurre dans les épinards de nos auteurs chéris.
Pas sur que les deux soient vraiment liés. Le sort de pratiques culturelles on ne peut plus reconnues, opéra, danse, théâtre, etc, par les médias est aussi dramatiquement nul que celui réservé à la BD. A part de rares média élitistes spécialisés.
Le problème de la bande dessinée n'est pas une question de visibilité, mais de traitement. Si on arrêtait de la décrire comme un divertissement pour ados attardés, elle pourrait conquérir de nouveaux lecteurs. C'est ce qui ressort très nettement de l'étude sur le lectorat de la bande dessinée présentée au dernier salon du livre: la bande dessinée est en premier lieu une lecture que l'on a abandonnée, parce que l'on n'y trouvait plus d'intérêt ou parce qu'il y avait d'autres choses à faire (ce qui revient au même), ou encore parce que c'était trop cher. C'est là que se situe une partie des enjeux.
Xavier Guilbert a écrit:Ensuite, ton évocation d'une reconnaissance institutionnelle avec l'idée d'une récupération par une "intelligentsia des gens-de-goûts" -- on retrouve un peu la violence symbolique évoquée par Bourdieu dans ces attaques régulières contre une sorte de conspiration bobo parisianniste qui viendrait dérober la bande dessinée à ceux qui l'aiment vraiment. Comme je l'ai indiqué plus haut, ce n'est pas d'obtenir l'adoubement de Télérama ou des Inrockuptibles qui compte, mais bien plus de ce que, au sens large (et oui, même auprès des institutions), la bande dessinée soit plus reconnue. Et ce, parce que ce sont ces institutions qui agissent sur le plan économique et législatif, et qui permettent à certaines initiatives de bande dessinée de plus ou moins bien exister et survivre.
Quand on voit par exemple que la définition du livre électronique (rédigée par les institutions) n'a absolument pas pensé à la bande dessinée et encore moins à ses incarnations numériques actuelles (sans même parler des potentialités à venir), cela veut dire qu'une partie du développement de la bande dessinée va galérer pour pouvoir être soutenue, créée et exploitée. Et ça, ça va faire nettement moins de beurre dans les épinards de tes auteurs chéris, comme tu dis.
Xavier Guilbert a écrit:Le terme d'"auteurs chéris" est intéressant, en fait. Comme si il y avait une relation privilégiée et implicitement directe avec ces auteurs, et que l'arrivée d'une "intelligentsia des gens-de-goûts" viendrait à vous priver ce cette dimension particulière. Cela rejoint par ailleurs les discours historiques identifiés autour de la bande dessinée: d'une part le discours "amoureux", et d'autre part le discours "hyper-critique", comme exposé dans "La théorie du 0 %. Petite étude critique de la critique en bande dessinée". Mais c'est un autre sujet...
Olaf Le Bou a écrit:j'ai lu attentivement cette étude à sa parution, et si effectivement il est clair que la bande dessinée est avant tout une pratique culturelle que l'on abandonne massivement à l'adolescence (ce qui n'est sans doute pas étranger au préjugé assimilant le lectorat adulte à des ados attardés), les raisons m'en paraissent bien davantage liées à un manque d'intérêt qu'à un quelconque déficit de prestige, qu'à un sentiment dévalorisant que représenterait cette lecture.
Il est certes probable qu'un meilleur traitement serait propice à élargir le cercle des lecteurs, mais de là à générer de gros contingents de néo-bédéphiles par la seule grâce de la reconnaissance de cet art par les élites, j'ai comme un doute.
Olaf Le Bou a écrit:En résumé, je n'attaque pas le besoin de reconnaissance en tant que tel, je ne rejoue pas "gardarem lou pais" contre les bonnes âmes voulant sortir la BD de son ghetto, j'y vois bien l'intérêt culturel à moyen terme, je m'interroge seulement sur le choeur des pleureuses se lamentant du sort indigne réservé à cette lecture, comme s'ils se sentaient dénigrés, comme s'ils n'avaient pas assez foi en leur passion pour faire fi du jugement des ignorants.
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