Deheffe Chevelu a écrit:Fantaroux a écrit:Brian Addav a écrit:Alors oui, si on est pas exigeant, on peut aimer, trouver ça sympa.
Si on est exigeant, par rapport à la série, par rapports au style Marcinelle, ça ne colle pas.
Tu t'es trompé, le terme c'est
chiant Je maintiens mon enthousiasme de première lecture, mais ce n'est pas facile à force de vous lire
Bis !
A l'avenir, j'ose espérer que je ne cèderai plus à la tentation et me délivrerai du mal de lire les commentaires avant l’œuvre (c'est fait, ce week-end) - à commencer par le tome 57 à venir.
Quelle plaie ! Les critiques, avis variés, avariés, descriptions anticipées, rétroactives, fatigantes analyses, décryptages de pilosités fessières, analyses des analyses, argumentaires, contre-argumentaires, témoignages de mauvaise foi, tentatives hardies de défense, cours d'autodéfense, multiplicité des points de vue, mauvaise vue, mauvaises vues, chroniques malsaines, animosité, animaux peu usités, comparaisons, rhumes de saison, invectives actives et vindicatives, logorrhées, laconismes, méchanceté et angélisme sont fruits d'une passion certes partagée mais écornée par tant de véhémence.
Alors oui, ça m’intéresse - pour plagier un magazine rétro - de lire tout ça, mais je le ferai après dorénavant ! En tout cas pour les opus que j'attendrai comme incontournables.
Et du coup, franchement, je n'ai même plus envie de donner mon opinion. Je souhaite juste de la réussite à l'équipe d'auteurs et qu'ils aillent au bout du second round annoncé.
A vrai dire je ne sais même plus qu'en penser, m'étonne aussi que certains points n'aient pas été relevés (positifs comme négatifs) et certaines questions posées.
Je digère, relis et nous y reviendrons. Probablement.
Cette fastidieuse relecture fût achevée voici quelques petites semaines. Fastidieuse car avec en arrière-pensée le fleuve de critiques lues ici et avec la tentation de noter à chaque coin de page une remarque.
Alors en vrac :
- le pitch de « Seccotine remplace Spirou pour faire équipe avec Fantasio » concluant le tome 56 s’est finalement réalisé dans cet épisode où l’on ne voit guère le groom (absent des pages 10 à 44 !!!). Les ellipses un peu abruptes sont légion dans cet album (Fantasio déboule en clown direct à Cuba dans une réception… G.A.G. en bandoulière, pas fouillé à l’entrée… certaines scènes voient arriver des personnages comme poils sur potage) et quelques cases décrivant l’incarcération de Spirou ou des échanges avec ses geôliers n’auraient pas été inutiles en alternance avec les déambulation des deux journalistes.
- Par simple curiosité : que vient faire Serge Clerc sur la poignée d’encrages effectués ? Ca parait plutôt sympa comme intervention, mais quelle en est la raison ? Crampe au doigt d’Elric ? L’ancien passait par là et pour ne pas le fâcher on l’a laissé jouer avec les pinceaux ? C’est suite à un paris stupide ? une menace ?...
- Ernesto n’est pas le personnage le plus réussi. Ni dans le caractère, ni dans la physionomie. Il manque de charisme et son charme est relatif, il est plutôt ridicule et veule. C’est vrai que les deux camps sont tournés en dérision, un peu trop peut-être, ce qui renforce le côté « pour jeune public » alors que si j’ai bien compris, la cible est plus large. Kennedy n’est pas terrible non plus et tranche trop niveau style avec les cubains façon studio Peyo et les héros. A mon goût.
- Il y a du rythme, je ne comprends pas les accusations de platitude, de manque de trépidations. C’est même un peu échevelé par moments : poursuites, captures, évasions ; pressé même.
- Globalement : manque d’homogénéité graphique, mais bons points pour les personnages principaux. Le Marsupilami est très difficile à animer et là, ça fonctionne bien, même si on croit retrouver des positions et attitudes déjà vues (reniflant, nez au sol, tenu dans les bras…). Les points de vue sur les décors sont compréhensibles. Il y a en a de réussis, d’autres travaillés mais pas super mis en lumière (première case, pas d’ombre au lampadaire ? ni ailleurs), certains rudimentaires, d’autres dont l’absence est dommageable. Il y a vraiment un problème avec les ombres, presque inexistantes. Un soleil de plomb, même très haut, créé des ombres, fortes, suivant l’orientation des bâtiments, des objets, des personnages. Elric citait récemment la Ligne Claire pour évoquer le travail de Franquin dans les années 60. Je veux bien qu’il aime Hergé, mais premièrement les historiens de la BD s’entendent pour parler de style Atome / Marcinelle en opposition avec Bruxelles / Tintin. Car justement il y a des ombres sous le ciel gris de Charleroi. Et secundo, pour rappel, il n’y a que très peu de S&F dans les années 60. Le Spirou de Franquin est typiquement 50’s.
- Ma première lecture a de toute façon été gâchée, tant pis pour moi. Si je devais donner un note toute personnelle, « La Baie » aurait la moyenne, indépendamment du contexte (1er de la série classique officielle, niveau d’exigence des gardiens du temple, nouvelle tentative de perfuser la mascotte du journal, batailles d’ego, attaques éditoriales etc.). Et c’est le cas, toujours subjectivement, comme je l’écrivais récemment pour plus de 50% de la production Spirou des 20 dernières années (hors Mademoiselle J, le Petit Spirou et le Marsupilami que je considère à part et sans tenir compte des Severin que je n’ai pas lus, pas plus que « Berlin », « Chez les Fous » et « Les amis de… ». J’ai joué à noter - ce que je fais rarement - et la moyenne est à 11,7 / 20 pour 30 BD (série principale, hors-séries et Vus par).
- Pour revenir sur la ligne éditoriale et concernant la volonté de « clarifier » la collection, j’ai l’impression que le 4ème de couve se fout un peu de notre gueule.
- Je constate qu’il n’y a pas de narrateur, ou si peu : de simples « pendant ce temps », « au même moment », « mais que devient Spirou » ne couteraient pas grand-chose et atténueraient les trop grosses ellipses.
- Certains personnages secondaires sont réussis, franquiniens. Je rejoins un peu le point de vue récent concernant le douanier. Pourquoi pas tous ? Parce qu’ils tranchent : Kennedy, les gorilles US, alors que le chauffeur de camion victime du G.A.G. ou le fonctionnaire précité collent bien à l’univers.
- Problème de sens de porte à l’hôtel planche 7, case 11, planche 8, case 2.
- Les pages de garde sont faiblardes, là pour le coup les héros ne sont plus si Fidel… fidèles.
- Fantasio : souvent traité comme un imbécile ces derniers temps. Là encore, il n’a pas le caractère « classique ». Il ne faut pas oublier que ce sont les Aventures de S & F. Fantasio n’est pas qu’un sparring-partner, un faire-valoir, un bouffon : c’est un héros. Il a des défauts, forcément plus que Spirou – le Jésus, le Tintin, le Saint de l’affaire – mais ce n’est pas un abruti. Il est maladroit / farfelu, irritable / colérique, vieux-jeu, un peu misogyne et donneur de leçons mais il est avant tout : honnête, loyal, humaniste et cohérent dans l’adversité. J’ai l’impression que nombreux sont ceux qui l’ont oublié, même Bravo, même Yann. Ici, quand il se prend la (mauvaise) tête avec Seccotine, il est ridicule, de mauvaise foi, face à la femme moderne. Il lui suffirait d’être misogyne et hâbleur comme d’habitude, c’est déjà assez déplaisant, pas la peine d’en rajouter en le faisant passer pour un débile. La seule fois où il est à la rue dans l’époque classique, c’est dans le Voyageur de Mésozoïque, car malade et shooté. Idem, quand il propose de donner le GAG aux guérilleros capitalistes, alors qu’il sait le danger que représente cette machine ; il ne peut pas trahir Champignac comme ça, ce n’est pas possible.
- Couleurs : bof
- Alors, je ne peux pas dire que je considère ce premier essai comme une réussite. Il y a du bon et du pas terrible. Mais je n’ai pas eu l’occasion de parler de l’un des tuteurs de cet album, prédécesseur d’Elric dans l’exercice classique et plus tout jeune dessinateur encensé. Fabrice Tarrin est un illustrateur exceptionnel, de nombreuses images Spirou, ses essais pour Bob Marone et sa contribution à Asterix le prouvent. Il maitrise bien l’univers de Spirou, MAIS… Sur la longueur d’un album, je trouve qu’il y a aussi à redire et ai l’impression d’être le seul ou l’un des rares à préférer Le Tombeau à Chez les Soviets. Exemples : l’agent du KGB de Tarrin : mélange déplaisant de la Castafiore et d’Obélix, est trop présente, plus drôle du tout au bout d’un moment ; le Fantasio du même opus est à mon sens souvent raté. Pourquoi les cheveux aplatis ? Il y a à redire et je trouve un peu cruel et injuste de comparer les deux dessinateurs, quand l’un a plus de bouteille et est bien imprégné du style classique, tandis que l’autre débute dans un exercice fort périlleux.
Ne dîtes plus : "critique de B.D. biodégradable", dîtes : "exégète"... Y&C