yannzeman a écrit:Je ne voudrais pas passer pour négatif, mais pour avoir lu la 4ème partie la semaine dernière, je ne serai pas aussi dithyrambique que certains ici.
C'est sympathique à lire, mais ce n'est pas "Spirou".
Cela aurait pu s'appeler Tartempion.
Il manque la fantaisie, la légèreté, la grande aventure, le fantastique, la science fiction, le Marsupilami... et un Spirou un peu moins naïf.
Et bin moi je vais être dithyrambique et dire au contraire que ce Spirou de Bravo, c'est SPIROU. En lettres majuscules.
Je n'avais pas du tout aimé son premier Spirou, le trouvant trop tintinesque pour du Spirou, n'aimant pas sa fin abrupte, tombant du ciel comme s'il s'était rendu qu'il fallait conclure.
Là, ce cycle sur Spirou pendant la guerre, c'est pour moi un des meilleurs trucs sortis ces dernières années.
Déjà, rien que sur l'aspect société et comportement par rapport au conflit. Il y a une humanité, un recul qui est salutaire en ces temps incertains.
Mais surtout, Bravo nous montre non seulement la genèse de Spirou, mais aussi la quintessence de ce qu'est Spirou.
Spirou, n'en déplaise au marketeux, aux colleurs d'étiquette, aux diplômés de commerce qui veulent absolument le ranger dans une case, Spirou est libre, Spirou c'est l'aventure, Spirou c'est le combat contre l'injustice (et non pas pour la justice, attention).
Et la fin de ce cycle, qui renvoie directement au Sorcier de Champignac, elle synthétise tout.
Celui qui rentre dans une case, c'est Fantasio. Celui qui est reporter, c'est Fantasio. Celui qui a un métier, qui s'inscrit dans la société, c'est toujours Fantasio.
Spirou, lui, il accompagne son pote car Spirou c'est l'amitié, en toute sincérité.
Et c'est ce qu'il fera pendant des dizaines d'albums. Suivre son instinct, ne pas se préoccuper de son costume, de ses fins de mois, et toujours agir juste, contre l'injustice, sans se soucier des médailles.
C'est certes une coquille vide, mais c'est cette coquille vide qui permet à tous les jeunes lecteurs de s'identifier, de coller au récit.
Et à l'heure où ses éditeurs plus ou moins successifs s'interrogent sur la place que pourrait avoir Spirou actuellement, sur comment nous le vendre, sur son "costume", j'aimerais juste les inviter à relire tout ce cycle et à arrêter de nous prendre la tête avec leurs tableaux excels.