de euh... si vous le dites » 06/06/2022 08:04
Il n'y a rien de nouveau dans les accusations d'anti-cléricalisme à l'encontre d'Emile Bravo par des tenants d'une vision traditionnaliste du catholicisme.
C'était déjà le cas avec la courte histoire "Le droit du plus fort" et ça n'a pas varié depuis.
Mais déjà, cette courte histoire étair bien plus subtile que la violente charge anti-cléricale que certains ont voulu y voir.
Elle parlait bien plus de manière générale des abus de pouvoir que permet toute autorité quand elle peut s'exercer de manière arbitraire. Cette histoire ne s'appelle pas par hasard "La loi du plus fort".
Quand on y songe, c'est bien là que se trouve le thème central de tout le Spirou de Bravo.
Combattre la loi arbitraire du plus fort, c'est là que réside l'humanisme dont Bravo se targue d'être le messager.
Ne voir dans "La loi du plus fort" qu'une charge anti-cléricale sans replacer cette histoire au sein de l'ensemble du travail de Bravo sur Spirou, ça me parait très réducteur.
D'ailleurs, "La loi du plus fort" présente trois formes d'autorité qui s'exercent de manière arbitraire, celle du clergé, celle des forces de l'ordre et celle du monde du travail. Il y a une volonté manifeste de la part de Bravo de stigmatiser l'arbitraire partout où il peut s'exercer, dans le clergé de l'époque mais pas que.
Et le prêtre résistant que Bravo met en scène ensuite dans "L'espoir malgré tout" montre, si besoin était, que le catholicisme porte avant tout des valeurs progressistes de combat contre l'arbitraire du plus fort.
Personnellement, même si je me suis à titre personnel éloigné de la foi, je viens d'une famille catholique de gauche et le discours de Bravo me touche beaucoup.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"