de antoinedf » 18/03/2018 16:56
Message précédent :
J'étais à peut près certain que l'album suivant serait un Fournier. Personnellement, j'aime bien le travail de Fournier, notamment ses Bizu que je me suis dévoré en un temps record ! Pour ses Spirou, j'ai toujours traîné la patte pour les lire car je trouvais que les premiers étaient assez maladroits. Ce n'est que plus tardivement que j'ai découvert les albums plus aboutis, (j'ai un excellent souvenir du grigri). Pour Tora Torapa, je pense que l'on arrive effectivement dans les bons Fournier et pour moi, ça sera un 15/20 (je sens que je vais regretter d'avoir mis des notes si hautes par la suite).
Ce que j'aime bien dans cet album : - j'aime bien l'esprit Fournier ; cette mentalité très seventies contre la guerre, le nucléaire, la pollution, l'exploitation des populations locales. Y a un côté très "hippies" qu'on retrouve totalement dans cet album. Un optimisme profond se dégage des Bds de Fournier ; il n'y a qu'à regarder ses personnages qui ont presque toujours la banane (Itoh Kata). J'aime bien que le château soit bourré d'oiseaux
-j'aime également l'humour absurde de Fournier ; les répliques sont savoureuses ("Tirez pas ... tirez donc" "- des lapins jouent avec le chapeau du cochon ! - Et alors ? Ils ont l'droit !"), des dessins me font sourire (les lapins qui tombent du chapeau pl 18/ le panneau de Champignac, modèle de modernité)
- L'intrigue est bien trouvée ; réactiver une base de Zorglub en Polynésie (même si y a aucune mention de base en Polynésie dans les albums précédents) et le coup des moustiques c'est génial ! - Je trouve que Fournier est inventif au niveau de la narration ; l'utilisation du narrateur qui ne coupe pas le récit pour autant, pl 8 bon strip où l'on voit le triangle et Spirou qui les traque en même temps, la case penchée de la pl15, la case ronde qui zoome sur la main du comte pl5 ou encore le passage de fusil pl 7.
- Une bonne utilisation de Spip (le coup du croche patte) - Ororéa
Maladresses et points de débats : - un peu trop de personnages dans cette intrigue; l'aspect réunion est sympa mais certains (le comte) deviennent de vrais figurants à la fin. - Au niveau de la composition des planches, j'ai un peu de mal avec les cases de Fournier qui s'étendent en longueur (et qui sont du coup, très étroites). - la couverture ; je la trouve très réussie mais pas assez marquante. Je ne sais pas si c'est du à l'échelle des personnages, mais j'oublie tout le temps cette couverture (la même chose pour le grigri)
- Je disais plus haut que Fournier était inventif, mais parfois c'est un peu trop ; Fournier tente de bousculer qq codes mais aujourd'hui ça fait très bizarre (les bulles, qui ont des queues très farfelues ou encore les cases arrondies pour nous expliquer que l'on a changé de lieu, pl44) - Il y a quelques digressions que je ne trouve pas très utiles ; le faux départ d'Itoh Kata que je trouve très fouilli (le lapin qui saute sur le conducteur devient un canard dans la case suivante), la grève de l'avion ou encore le jeu de cartes avec le pêcheur. - par rapport aux couleurs; je n'avais pas du tout souvenir de cette utilisation très flashy (encore une fois, très 70s, très Pop Art), c'est en effet pas toujours très bien maîtrisé et le procédé est très daté (la case de la révélation "l'insigne du triangle" pl 29) . Ce qui me choque le plus c'est les personnages qui ne sont pas mis en couleurs (laissés en blanc donc).
En vrac : - à vérifier, mais il me semble que Fournier a reprit une idée de Franquin -Beaucoup de clins d'oeil dans cet album (Gaston en latex pl5, Natacha et Benoit Brisefer pl 13, le Flagada Airways dont les initiales font BOAF) - Mac Ravash est une caricature de Delporte - l'hôtel Gauguin, fait écho au fameux peintre - Une petite pensée au quatrième lapin que Spirou oublie de sauver pl19
Désolé pour la longueur, c'est un album sur lequel il y a plus de choses à dire qu'on ne le pense.