J'ai découvert cet album à sa sortie. J'avais plutôt bien aimé les 3 premiers quarts et, comme tout le monde, j'ai complètement beugué sur la fin. Avant relecture, je serais parti sur un 10-11. Après relecture, je pars sur un
04/20...
Je rejoins totalement "kobaia". L'histoire de cet album ne tient tout simplement pas. Le traitement des personnages est chaotique, les références sont trop appuyées et les dialogues sonnent, selon moi, très faux. Pour ceux qui veulent en savoir plus, je détaille le tout en bas, en signalant les spoilers.
Par rapport à la fin,
je fais parti des gens qui pensent que c'était pas une bonne idée. Cet album donne l'impression d'être une vengeance des auteurs face à la commande d'un album "nostalgique-anniversaire" par Dupuis. J'ai assez peu d'estime pour les auteurs qui souhaitent se faire remarquer en cassant toute la cohérence et en modifiant radicalement l'avenir de la saga. Pour moi, un excellent auteur de Spirou, c’est quelqu'un qui parvient à faire un résultant prenant et intéressant à partir de ce qu'il hérite. Néanmoins, si on veut dire qqchose d'intéressant sur ces albums atypiques, il faut prendre le problème à l'envers. Que reste -il dans l'album si on omet les risques qu'il prend (qu'ils soient judicieux ou non) ? Que vaut cet album si on oublie sa fin ?
Par rapport au dessin : le dessin sauve t-il cet album ? oui et non. Oui parce que même quand on n'aime pas le style de Munuera, on doit reconnaître qu'il a un sacré coup de patte. Ce que j'aime c'est qu'il considère la planche en entier : le passage à 3 strips par planches, permet d'avoir des planches qui fonctionnent dans leur globalité (pl6, pl 33 ou la très belle pl41). Au niveau des personnages, Zorglub et Spirou sortent du lot, pour le reste j'ai déjà plus de mal. Ce qui me pose plus problème c'est que (sans doute sous la pression de Dupuis), les auteurs ont "franquinisés" certains personnages ( Seccotine ou encore Spip - qui n'est dans l'album que pour faire des références et une blague sur le sexe du comte). Contrairement à ce qui a été dit plus haut, je trouve que l'immersion graphique dans les différentes époques de Spirou est ratée ; les albums ne sont déjà pas assez éloignés et le style ne s'adapte que ponctuellement (souvent un "décalcage/ redessinage d'une case"). Ça aurait été intéressant d'adapter totalement son style à une période Fournier, une période Janry, ou, dans le cas de l'album, dessiner la partie dans le passé "à l'ancienne". La couverture est en effet pas terrible.
Ce qu'on peut sauver : l'ambiance, à la fois nostalgique mais également assez glaque ; les auteurs arrivent à nous faire sentir qu'on arrive au bout de qq chose. La fluidité de la lecture avant qu'on alterne le passé et le présent. Miss Flanner, un personnage féminin mémorable. La Fin, même si on la déteste, reste très émouvante et terriblement frustrante.
Pourquoi le voyage dans le temps ne fonctionne pas :Bon accrochons-nous ; ce voyage dans le temps ne marche pas car il n'est ni rigoureux, ni réellement expliqué.
L'appareil de Zorglub marche à partir d'un objet > apparemment la personne qui tient l'appareil revient à la date où elle a touché l'objet pour la première fois. Mais c'est jamais au moment pile, y a une marge pour arranger le scénariste. C'est pas toujours sur le lieu même, encore une fois, quand ça arrange. A aucun moment on explique le fonctionnement de la machine, ce qui rend son utilisation bancale. Première question ; Spirou n'a vraiment rien de plus vieux que le costume de gorille ? genre le souvenir de la Corne du Rhinocéros que l'on voit au début de l'album. Les auteurs tentent de justifier ces erreurs (les clés de la Turbo ont étés perdues, le latex s'est abîmé) mais ça ne tient pas ; Zorglub aurait pu prendre le temps d'expliquer sa requête avant de foncer et le coup du noeud papillon sort de nulle part (son introduction est trop visible) > il aurait été plus symbolique de se servir du costume de groom pour remonter dans le temps. Ensuite, les paradoxes ; une des idées intéressantes est d'utiliser ce retour en arrière pour expliquer certaines vagues de flous (le deux ex machina de la Mauvaise tête par exemple) et de montrer que c'est toujours déjà arrivé. Mais non, Spirou est parfois très attentif aux paradoxes, parfois intervient sans problème (le dictateur), parfois intervient en prévision d'autres paradoxes. Et bien entendu, toute la fin ne colle pas ; les personnages ont conscience que Spirou peut lui même s'effacer, lui et Fantasio auraient du disparaître. Quant à l'insertion dans les anciens albums, elle ne fonctionne pas non plus. J''ai relu la fin de la Corne du Rhino, Seccotine ne peut pas se trouver chez Spirou "trois minutes" après son départ. Fantasio n'a pas de noeud pap' dans les premiers Franquin et j'en passe. On peut aussi s'interroger sur pourquoi Spirou et Fantasio ne quittent pas l'université plus tôt après l'explosion, où sur pourquoi Spirou confond les décades et les décénnies. C'est un album bourré d'erreurs, en partie parce que les auteurs ne se sont pas mis d'accord sur comment fonctionnait la machine.
Les personnages hors caractères : Seccotine (j y reviens) -Zorglub, qui a toujours eu un certain respect pour le comte, le traite comme un vieux sénile ("vieux schnock" "vieux bouc" - alors qu'ils ont, selon ce même album, à peut près le même âge) - Spirou : la plus grosse erreur de l'album est d'avoir coupé le départ de Spirou dans le passé. De fait, on ne comprend pas ce qu'il le motive, que lui a dit Zorglub pour qu'il tienne à tout prix à sauver Miss Flanner. Le coup du champignon pour endormir Flanner est un acte idiot, c'était sur que le plutonium allait tomber. Je ne comprends pas ce que les auteurs essayent de faire avec la claque de Spirou. - Fantasio, mais c'est justifié pour le scénario. -Spip, même si on l'aimait pas dans les autres Morvan/ Munuera, il avait déjà plus de caractère
Petit Best-of des pires dialogues de cet album :
le ressenti des dialogues est très subjectif, j'ai trouvé que les répliques de cet album sont vraiment mauvaises. A vous d'en juger ;
-Après une chute, Spirou "ouf ! quelle chance ! La lampe n'a rien ! L'ampoule est intact" Fantasio "Hola ! Je ne peux pas en dire autant des deux miennes"
- "On n'y voit pas plus que dans l'âme de ce maudit Zantafio" ... comment caser subtilement une référence à Zantafio ...
-L'intervention des policiers
- Fantasio qui se trouve "sexy" dans son costume de général.
-Tous les passages où le comte et Zorglub se disputent l'amour de Flanner > réaction face à l'explosion "elle n'aura jamais voulu qu'on sache qui d'entre nous deux elle préférait" (Champignac)
-Le passage en Afrique avec le gosse
- Fantasio "on essaye quelle couleur ?" Spirou "La rose ! C'est la couleur préférée des filles ..." et le pire c'est que ça marche
Et bien sûr impossible de ne pas parler du baiser Spirou/ Seccotine. Les auteurs ont du sentir qu'il allait être mal venu si on n'expliquait pas que Seccotine est attirée par Spirou. Voilà, donc, comment on parvient à nous le montrer : Seccotine "Je ne sais pas , vous me pa ... vous me paraissez tellement plus ... comment dire ... moins ... comme si vous n'étiez plus le gamin bêta que je connaissais à qui on aurait pressé le nez, qu'il en serait sorti du placenta (...) Hmm, vous me donnez des petits frissons quand vous me regardez comme ça ... Hmm c'est pas désagréable d'ailleurs"
de la grande prose suivi d'un baiser et d'un "Je crois qu'il y a très longtemps que j'avais envie de faire ça !" de la part de Spirou -
Je me souviens avoir lu quelque part que le Marsu devait apparaître dans cet album, mais qu'il a du être effacé de qq cases à cause des droits (je crois me souvenir que c'était l'épisode du gorille, la case est anormalement vide et le strip sur le ion devait être sur le Marsu).
Promis la prochaine fois, je fais plus court ... mais là, c'était le tome 50.