Après lecture de ce 53:
Dessins ?Les personnages principaux sont soignés et relativement constants sous le pinceau de Yoann dans cet album. Les rôles secondaires habituels sont eux aussi bien croqués.
Mention spéciale à Seccotine qui perd son côté bimbo de MQR et retrouve un graphisme plus proche de Franquin et du Janry d’Aventures en Australie.
Les nouveaux personnages, clairement de la patte de l’auteur nantais, s’intègrent bien au reste du casting.
Les plans se trouvent toujours aplatis, même si l’encrage a beaucoup gagné en nuances et en fluidité. Cette sensation d’aplatissement à l’intérieur des cases confère un aspect inachevé et gêne la lecture. N’étant pas dessinateur, la cause demeure inconnue pour moi (problème de perspective ?)
Le dessin est donc plus fin que sur le 51 et le 52, même si une certaine précipitation est perceptible en fin d’album.
Le principal point faible provient des décors. Aussi, une question me vient : si Fred Blanchard assure déjà le design, pourquoi ne pas lui laisser entièrement la main sur les décors ? La case où il assure cette fonction (vue générale du cratère) montre que cette répartition des tâches donne un résultat probant.
Hubert prend ses marques sur la série. Les teintes, moins tranchées, ne sont plus agressives. Mieux, elles s’intègrent désormais au dessin de Yoann, remplissent une fonction narrative en soulignant l’action. Ce procédé n’est d’ailleurs pas sans rappeler certains Lucky Luke.
Scénario ?Le rythme est enlevé, l’intrigue est bien construite. La fin abrupte a déjà été justement soulignée, mais le progrès est appréciable depuis les 51 et 52.
Les dialogues sont soignés et sonnent justes. J’ai eu l’impression de retrouver Spirou, Fantasio et les autres dans leur façon de s’exprimer. Spip gagne aussi des couleurs.
Les références à Tintin sont bien amenées (Spirou dans des déguisements dignes de Zorino ou des postiches du petit reporter dans
L’Affaire Tournesol, l’avion, puis le cratère, clins d’œil à
Vol 714 pour Sydney).
Certains personnages
renouent avec une heureuse crédibilité, alors que les derniers T&J accentuaient leur côté parodique.
Bilan ?Le côté parodique n’est jamais loin dans la reprise d'une série du patrimoine.
Que Spirou soit dans ses aventures même, un objet marketing, comme l’illustre très bien la couverture, risque de poser rapidement problème aux auteurs.
Une reprise est-elle viable lorsque le parodique repose, non pas sur les rôles secondaires, mais sur le héros ?
La mise en abyme, si elle est drôle et salutaire, devrait se clôturer avec ce volume. Maintenant que les auteurs ont délimité les extrémités de leur terrain de jeu (dans les 51 et 52), puis interrogé la figure du héros dans ce volume, Spirou peut ranger son costume de groom.
Ou il sera définitivement, dans l’esprit du lecteur, condamné à l’inaction, digne d’une pièce du musée vivant de la Viper.