Lu l'album aussi, après relecture du précédent, et j'apprécie cette histoire en deux tomes.
En fait pour moi c'est l'une des aventures les plus intéressantes et originales depuis longtemps.
Je trouve qu'on passe un bon moment à la lecture, c'est rythmé, surprenant (aussi bien sur le plan narratif que graphique, avec un découpage et des planches vraiment
). Les scènes d'action, que je ne spoile pas ici, sont réussies. Dans l'ensemble bah ça se lit vachement bien, on ne sait jamais trop à quoi s'attendre !
En revanche, j'ai trouvé comme d'autres ici que la Fête simulée de Champignac était un peu longue, en tout cas jusqu'à l'arrivée de Cyanure. Même si c'est plein de bonnes idées (la queue du Marsupilami difficile à calculer), c'est un ventre mou. Tant qu'on est dans ce qui m'a moins plu dans l'album, j'ai l'impression que ça manquait parfois de transition entre différentes scènes. Par exemple, j'aurais aimé qu'il y ait un peu plus d'espace pour la fin, afin qu'elle soit moins abrupte. L'histoire va un peu vite parfois, et ça se sent. Mais c'est sans doute dû à ce ramassage sur deux tomes au lieu de trois. Dommage, honnêtement j'étais partant pour un triptyque, malgré la frustration que ça aurait pu engendrer de connaître le fin mot de l'histoire au bout de 6 ans.
Mais surtout, au-delà de ce plaisir immédiat, y a toute la réflexion qui est instillée derrière. C'est un des Spirou les plus denses de ce côté-là, peut-être un peu trop pour son propre bien, mais c'est ce qui m'a le plus happé. L'histoire offre plein de pistes thématiques riches et métas. Je comprends que certains n'accrochent pas, mais de mon côté j'ai beaucoup aimé la façon dont c'était réalisé. Si le pari était de nous questionner sur notre rapport à Spirou, sur ce qu'il incarne dans le monde actuel, sur la façon dont peut perdurer un héros si jeune/si vieux, il est réussi. Tout en évitant la plupart du temps d'être un maxi best-of indigeste. Une vraie célébration. Finalement, La Mémoire de Spirou, c'est peut-être ce qu'aurait voulu être le tome 50 de la série ?
Les personnages sont bien utilisés, et
voir Spirou dépossédé de sa propre histoire, avec un rôle passif pendant la majorité de l'album, fait sens. La relative complexité apportée à toutes les "méchantes", Cyanure comme Korallie, est intéressante. Complexité (toujours relative hein) que l'on retrouve d'ailleurs aussi dans les enjeux contemporains abordés, que ce soit la simulation via IA, le coût écologique des technologies, etc. Ce sont des sujets qui sont bien traités, le lectorat n'est pas pris pour un idiot.
J'aime aussi beaucoup la construction en miroir entre les deux tomes, que ce soit par exemple au niveau des couvertures ou
du personnage de Fantasio, très gaffeur dans le premier tome, beaucoup moins dans le deuxième. Un mini arc de rédemption d'une certaine façon
En fait malgré certaines précipitations, il y a plein d'éléments scénaristiques qui sont très bien amenés. C'est un diptyque que j'aurais plaisir à relire, pour en capter les nombreux détails (et les quelques malheureuses incohérences ou questions qui restent sans réponse...).
Bref j'y trouve plein de bonnes choses dans cet album, je suis content ! Et très curieux de lire la suite