nexus4 a écrit:Avant tout il faut saluer la générosité de l'auteur quand au travail fourni. Il a su rendre l'immensité de l'espace (je n'avais pas ressenti ca depuis UW1) et l'infiniment grand même dans des espaces confinés : c'est du cinémascope, on ne prend plein les mirettes pendant 200 pages. Et les couleurs sont magnifiques, essentiellement en bleu-orange, couleurs complémentaires que j'apprécie personnellement. Le contraste entre les cases extrêmement fouillées et celles d'une grande simplicité, dépouillées, est très efficace. C'est tout simplement beau.
effectivement, à part les visages, c'est très fort
... mais je ne retrouve que l'extase des premières planches (la supernova) que sur l'épilogue
nexus4 a écrit:Le contexte Apple est juste l'allégorie comme une autre d'une société en autarcie. Mais ce n'est qu'un environnement et il ne faut pas s’arrêter à ça. Blade Runner, 1984, Monades urbaines, 2001... j'y trouve des références multiples et la finesse du livre est dans bien d’autres aspects : au détour d'une case (la cantine par exemple), d'une phrase (le chef de la rébellion qui réintroduit de la ségrégation au sein des animoïdes), etc. J'aime aussi beaucoup l'humour canin qui est imbitable. John est d'ailleurs mon personnage préféré, intériorisant maladroitement les humiliations et les brimades jusqu’à l'explosion. C'est lui le héros de l'histoire.
Bien vu.
nexus4 a écrit:Je lis bcp qu'on reproche au héros de ne pas choisir, de ne pas s'engager, et le fait est que l'histoire lui donne raison. Outre qu'il est le symbole de l’apathie qui gagne tous les habitants de la station c'est une réflexion sur l'impossibilité d'une révolution en zone de confort. Les gens ne descendent dans la rue que lorsqu'ils n'ont plus de quoi nourrir leurs enfants. Autant dire qu'avec une population au smic avec des smartphones, au mieux, on obtient Nuit debout, c'est dire. Dans ces conditions la révolution ne peut passer que par la radicalisation et faire le choix de l'extrémisme n'est jamais de bon augure. (petit aparté, je me rend compte en l'écrivant qu'il n'y a pas d'enfants dans la station. Même si ce n'est pas une piste ouvertement explorée par l'auteur, l'hypothèse du clonage et donc de la ressemblance des visages est envisageable).
effectivement, j'avais vu qu'il n'y avait ni enfants ni vieux
Et comme disait l'autre (moi, je crois
), l'amour, c'est comme la révolution, cela se fait bien mieux le ventre vide.
nexus4 a écrit:Bref, les thèmes abordés sont légions, socio-economie, contrôle des foules, résistance, ségrégation (si il n'y a pas sous race à hair, il suffit d'en créer une), l'esclavagisme contemporain, démiurge et Prométhée moderne, technologie (dépendance, hardcore science), et tout cela s'agence tout à fait bien, on en a vraiment pour son argent.
Le soin apporté à l'album est remarquable de bout en bout, jusque dans les pages de gardes avant/après.
J'ai juste un soucis sur comment Thianzu gagne des sous. Si tout lui appartient, les profits engendrés ne sont guère que les salaires qu'ils versent. Globalement la croissance est nulle.
Voilou, ceux qui se sont contentés d'y voir une relecture du sketch gimmick des Guignols "Le nouvel iPhone est une révolution" sont passé à coté du livre.
un des scénars envisagés pour nos générations futures est la décroissance.
Sinon, le principal de leur main (enfin la patte) d’œuvre canine à thianzu est gratos, non? (Q sérieuse, car j'ai lu en oblique la 2è partie du bouquin)
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une excellente chronique (à laquelle j'adhère, malgré que j'aie décroché à mi-chemin) qui pourrait me faire ré-ouvrir le bouquin et me faire changer d'avis (le garder quoi)
c'est pas pour rien qu'il est le Nex-plus-ultra, notre boss.
Mieux vaut tapis Persan volé que tapis volant percé (Uderzo.... et oui, pas Goscinny)