Il avait raison !Juho a écrit:Il m'avait dit quelque chose du genre "j'ai peur que les gens soient trop surpris, ou trop décus par l'explication de la disparition".
Moi, ce qui me surprend, c'est que Vehlmann est un très bon scénariste de nouvelles. "Green Manor", "Des lendemains sans nuage" (voire "Avez-vous déjà vu... ?")... sont des chefs d'oeuvre.
Or, dans une histoire courte, la fin est primordiale. Il faut terminer sur un choc et un sentiment de jubilation intellectuelle (que ce sentiment soit humoristique, terrible ou édifiant).
Et j'ai l'impression que SEULS a été construit comme ça : depuis le début, l'objectif principal est de nous amener à ce choc (l'objectif secondaire, et c'est dommage qu'il ait été secondaire, étant de transposer l'enfant qu'on a été dans un monde où nos jeux d'enfants deviennent réels).
Manque de bol (à mon goût), on n'est pas dans une nouvelle (cela fait 5 ans qu'on attend), et le choc final, trop attendu, trop espéré, tombe à plat. Le bon moment, pour une révélation efficace, est passé. L'orientation générale de l'histoire ne nous préparait pas à cette fin. Il n'y a pas eu de crescendo, mais un vagabondage d'histoires diverses, amenant chacune des informations étranges et parcellaires, qui ont cassé le rythme nécessaire à une fin bouleversante.
Un peu comme ces histoires joyeuses qui préparent, on le sent bien, à un drame, parce que c'est trop joyeux, trop utopique, trop idéalisé. Là, on n'était pas dans un suspense, mais dans un interrogation permanente, souvent distraite par autre chose.
On n'a pas été surpris parce qu'on attendait LA révélation. Et sans surprise, il y a forcément jugement et déception (cf LOST) ! (attention, je parle de surprise émotionnelle, qui arrive au moment où on ne s'y attend pas, pas de la surprise concernant la révélation elle-même : celle-ci est effectivement surprenante, mais comme un simple choix dans plusieurs orientations possibles. On est surpris que c'est ce choix-là qui a été fait, mais on ne saute pas brusquement sur sa chaise).
Avec cette fin, on est juste entré dans une phase de remise en question (un peu comme les accidents de la vie) et il faut faire avec. Que cela nous plaise ou pas. Mais la jubilation n'est pas là, car cela parle de quelque chose qui nous fait peur. On est dans une gêne sourde, typique des films d'auteur.
Je te comprends tout à fait.Xcorion a écrit:Je ne parviens pas à entrer dans cette bd, à la faire "exister": le dessin me fait penser à Soda sans possibilité de m'en détacher et le scénario me fait penser à Charly (je me demande bien pourquoi) sans possibilité de m'en détacher non plus