Rusty Brown - Chris Ware

[BDbilos]

Message précédent :
merci

[Bolt]

Heureuse nouvelle hein

Au fait euh... si vous le dites, toi qui a la VO, le livre est aussi à l'italienne... mais est-ce qu'il fait la même taille ?

D'après l'édition française que j'ai vu en librairie, je dirais qu'en effet, c'est la même taille.

Chris Ware est un control freak en ce qui concerne l'édition de ses bouquins, même en langue étrangère. Il ne devrait pas avoir de différence.

[euh... si vous le dites]

A propos de cet album, je me joins aux critiques laudatives concernant le segment inédit Joanne Cole.
Ware avait atteint des sommets avec le segment Jordan Lint, véritable tour de force narratif. Il y déployait son regard d'entomologiste d'une précision et d'une justesse extraordinaires pour décrire la vie d'un homme de sa naissance à sa mort en y consacrant une planche par année. Malgré une apparente froideur dans le regard, Ware parvenait à susciter de réelles émotions.
Avec Joanne Cole, Ware s'attarde sur un autre personnage à la vie "banale" mais ici il réduit la distance et joue à fond cette fois la carte de l'empathie pour le personnage. Il s'y révèle tout aussi précis et juste, tout aussi rigoureux au travers d'une narration éclatée pleine de pudeur mais qui explose dans un final d'une émotion rare en bande-dessinée. Un pur chef d'oeuvre.

[onehmouninehl]

Joanne Cole est la seule partie que je n'ai pas encore lue. Mais j'ai passé ma nuit d'insomnie avec Jordan Lint, et j'ai profité de ma matinée pour relire tous les passages concernant Rusty Brown et Chalky White que l'on peut trouver dans




(une de mes rares BD achetée chez Amazon : coins écrasés comme à leur habitude)
Du pur bonheur. Et quel talent !

[BDbilos]

ho oui relecture prévue itou ! Retrouver les récits sur Rusty devenu adulte, en ayant en tête son passé...
Tout est d'une cohérence extraordinaire, sur des années de travail

[onehmouninehl]

Il y a un côté Zola dans cet ensemble d'oeuvres, je trouve...

[Le Tapir]

Eh franchement les amis, la maquette, le graphisme, le façonnage de ce Rusty Brown: c'est tout simplement le truc le plus beau que j'ai vu jusqu'à présent en bd...

[BDbilos]

Mais au risque de me répéter, personne n'a eu de problèmes de décollement des cahiers ?

[Gaston68]

Je peux te donner un retour dès que j'ai eu le temps de le lire...surement pendant mes vacances de fin d'année. C'est un tel pavé, que je veux prendre le temps de l'apprécier.

[BDbilos]

Merci. Je suis peu être tombé sur un exemplaire avec le défaut

[mistercoyote]

Un auteur que je ne connaissais pas mais Ambre Chalumeau dans Quotidien l'a super bien vendu, commence à exploser mon budget

[chienvert]

Un auteur que je ne connaissais pas mais Ambre Chalumeau dans Quotidien l'a super bien vendu, commence à exploser mon budget

la même ... me suis trouvé bien con en me demandant comment, depuis le temps que je lis tout ce qui sors, j'ai pu passer à côté d'un tel auteur ? j'ai survolé plusieurs fois ses ouvrages, feuilleté sous divers conseils sans jamais oser franchir le pas, et après cette chronique, j'ai vraiment eu l'impression de passer à côté de quelque chose !

[jfmal]

Vous emballez pas avant d’avoir lu quand même...
Pour moi, Chris Ware c’est la définition de la bande dessinée chiante

[Marapelisse]

Vous emballez pas avant d’avoir lu quand même...
Pour moi, Chris Ware c’est la définition de la bande dessinée chiante

T'as aimé ?

[jfmal]

Je n’ai jamais réussi à achever la lecture d’un de ses ouvrages
Pourtant les originaux, la fabrication des livres...etc, je trouve tout ça très beau. Mais à la lecture, je suis immanquablement pris d’une profonde torpeur, pour ne pas dire d’un mortel ennui!

[Marapelisse]

Je n’ai jamais réussi à achever la lecture d’un de ses ouvrages
Pourtant les originaux, la fabrication des livres...etc, je trouve tout ça très beau. Mais à la lecture, je suis immanquablement pris d’une profonde torpeur, pour ne pas dire d’un mortel ennui!

Il est vrai qu'avec Chris Ware on est pas dans la bd lambda,

Déjà il faut faire un effort pour lire certains textes/cases (heureusement j'ai de bonnes lunettes), ça part dans tous les sens, il y en a partout (même sur les tranches de certains bouquins, écriture microscopique), sous tous les formats,

Bon avec Rusty Brown on est plutôt dans la sobriété de ce côté,

Après, mais ce n'est que mon avis, c'est vraiment bien foutu si tu arrives à rentrer dedans

[Philemon]

Je n’ai jamais réussi à achever la lecture d’un de ses ouvrages
Pourtant les originaux, la fabrication des livres...etc, je trouve tout ça très beau. Mais à la lecture, je suis immanquablement pris d’une profonde torpeur, pour ne pas dire d’un mortel ennui!

Evidemment, il faut avoir un peu l'habitude de lire de la BD...

[abrahamT]

:ok:
Mais au risque de me répéter, personne n'a eu de problèmes de décollement des cahiers ?

Alors pour l' avoir malmené durant cette très longue et savoureuse lecture, aucun souci de ce coté là pour ma part.



A l' achat de ce pavé, je suis tombé dans un premier temps en admiration devant ce somptueux objet.
Qu' il est beau !!
Je n' en finissais pas de l' admirer, et encore maintenant ... Pas envie de le ranger sur une étagère, mais de le garder en mains, le manipuler, l' admirer sans fin ...
Tout comme Building Story ou Jimmy Corrigan, le travail de l' éditeur (sous les exigeantes directives de CW j' imagines) est impressionnant !

Fantastique lecture de l' ensemble avec une préférence pour les deux premières histoires Rusty Brown et celle qui suit avec W.K Brown. Le principal protagoniste est tellement pathétique dans son grand désespoir que j' avais de la peine pour lui. Toutes ses petites bribes de vies parfois anecdotiques, mouvementées, cruelles, rendent les personnages tellement "humain" avec tout ce qu 'il a de meilleur et de plus abject.
Je n' en reviens pas que l' Auteur arrive via une Bande Dessinée à transmettre autant d' informations et d' émotions.
Tellement l' impression de passer à coté de quelque chose de fondamental parfois, de ne pas saisir avec précision ce que l' Auteur a voulu nous transmettre. Tout comme le bouquin, ça reste une expérience de lecture hors norme.
Pas facile à digérer à mes yeux et qui reste encré en tête, mais une fois terminée j' ai une irrésistible envie de me replonger dedans pour découvrir les choses qui m' auraient éventuellement échappées.
Moins accroché à la partie Jordan Lint avec encore une fois l' impression d' être passé a coté de quelque chose.
d' ailleurs :

[Révéler] Spoiler:

Je ne capte pas bien pourquoi un coup c' est Jordan et de l' autre Jason. Un surnom ou un diminutif

.
La narration avec son sens parfois compliqué à discerner ne m' a pas toujours aidé je pense ... Le découpage de cette partie est différente des autres et rappelle celui de Building story.
Je ne tarderais pas pas à ré-attaquer cette partie.
La dernière qui est inédite (d' après ce que j' ai compris) est tout simplement bouleversante !
Pouvoir donner autant de détail et de complexité aux personnages avec un dessin aussi linéaire, c 'est tout simplement prodigieux.
Les mots me manquent pour décrire ce chef d' œuvre
Je rejoins ce qui a été dit plus haut, l' écriture patte de mouche affaiblie également mes yeux de presque quarantenaire ...

[Le Tapir]

Très sympa ce retour !

[BDbilos]

Merci abrahamT, et pour le retour sur la reliure (je suis dégoûté j'ai dû tomber sur un exemplaire avec un défaut de colle...et je ne vais pas le renvoyer à BDFugue...) et pour ta lecture.

J'en suis au début de ma quatrième lecture. A chaque fois un nouveau détail me pète à la figure, en fonction des choses que j'ai intégré peu à peu de la vie des personnages. C'est fascinant, et semble inépuisable.

Concernant Jordan/Jason

[Révéler] Spoiler:

Je pense que le traumatisme de la mort de sa mère quand il a 6 ans fait qu'ensuite, dès le début du primaire à 7 ans il décide de refuser qu'on le nomme Jason, comme si le petit garçon qui a connu sa mère était mort avec elle, comme si seule sa maman avait le droit de l'appeler ainsi. Ce trauma primitif va le poursuivre toute sa vie.
La scène de son onzième anniversaire est de ce point de vue absolument extraordinaire et terrible : "je veux... je veux..." Gloups !

Concernant la lecture de la partie Lint l'auteur précise quelque part sur la sur-couverture que chaque page représente une année de la vie de Jason. C'est assez linéaire en fait, mais comme il lui revient des trucs du passé en tête par bribes, en fonction de son présent, ça crée des hiatus de lectures perturbants, comme d'ailleurs ça perturbe le "héros" lorsque ces souvenirs surgissent.
Je mets "héros" entre guillemets au fait car

[Révéler] Spoiler:

pour moi ce personnage est un sale con égotique, j'emploie des mots durs désolé mais c'est comme ça que j'ai ressenti le bonhomme.
Ce qui est encore et toujours extraordinaire chez Ware c'est qu'il arrive grâce à sa narration, et une fine utilisation des couleurs et graphie des textes, à nous placer exactement dans la tête du type. Le passage à l'adolescence est absolument génial, avec des trucs violents qui apparaissent très brutalement, et qui vont se calmer peu peu. (sans parler de l'histoire avec son cadet).
Mais comment fait Ware pour arriver comme ça à se mettre dans la tête d'une personne qui je crois doit être à l'opposé de sa propre personnalité ? Du génie.

On retrouve cette problématique avec Mlle Cole, comment il arrive à se mettre vraiment dans la peau, et à nous y mettre concomitamment, de cette héroïne, femme, noire ? Taiseuse mais dont on comprend les moindres pensées grâce aux allers retours incessants passés présent. Résiliente

[Révéler] Spoiler:

ayant connu de très grandes épreuves, seule, mais ne se plaignant presque jamais, sauf de rares soliloques qu'il nous est donné de connaitre. Plus toutes les petites cruautés plus ou moins volontaires qu'elle subit chaque jour

la partie qui m'a gêné à la première lecture est celle qui se passe sur Mars, car elle arrive sans crier gare et je n'ai pas compris du tout où Ware voulait en venir, du coup au premier degré ça me semblait faiblard et un peu ennuyeux.
Bien évidement ensuite tout s'éclaire !

[Révéler] Spoiler:

Sur le pourquoi et le comment de cette nouvelle de SF pas terrible : écrite par W.K Brown avec son vécu et son caractère. La vie du jeune William et sa nouvelle s'éclairent d'une l'autre , mise en abyme , échos, obsessions, inconscient, refoulé...

Un mot encore sur la couverture : le décryptage après la lecture de l'œuvre est passionnante. Et Ware continue à apporter des éclairages divers, des infos supplémentaires, dans les moindres détails.
Peut-être que Ware est fou génial, peut-être qu'il m'a rendu fou, mais je vais avoir du mal à sortir de ce livre fou.

[Le Tapir]

Lire du Ware un jour de pluie. Le décalage entre le gaufrier magnifique aux couleurs chaleureuses, au dessin parfaitement exécuté, et le propos psy glaçant.
Chris Ware, en fait c'est un karateka. Il te prend, te balance sur le mur direct. Au bout de deux pages t'es crucifié par le propos. Tu vois ta propre vie insupportable qui t'es racontée par un autre.