Morti a écrit:Je me rappelle d'une époque où il y avait une collection Les Romans (A Suivre) chez Casterman.
Je ne me suis jamais posé la question à ce momentde savoir si c'étaient des romans graphiques ou de la BD.
Simplement le format était différent de ce qu'on trouvait : N&B souvent, grosse pagination,...
Si c'est ça, un roman graphique, je suis pour sans hésitation.
Mais si vous relisez l'avis de Béatrice Tillier, ce n'est pas ce genre de BD/Roman graphique qu'elle critique mais l'apparition d'un autre genre, qui est plus centré sur l'auteur lui-même ce dont on se fout la plupart du temps.
Dessin approximatif, pas vraiment de structure, nombrilisation, je trouve que son opinion « pas assez doué en écriture pour être romancier et pas assez bon en dessin pour être illustrateur, alors on fait du roman graphique » est assez juste.
Le problème est donc de faire la différence entre ce type de BD et une bonne grosse BD du style Bran Ruz, Silence ou Ici Même...on n'est pas du tout dans le même genre et pourtant les deux s'appellent aujourd'hui "Roman Graphique"...
A écouter Béatrice Tiller, il y aurait d'un côté une bd traditionnelle qui prend le temps de produire de beaux albums calibrés dans un cadre bien défini et de l'autre des auteurs à la limite de l'incompétence qui produisent du roman graphique au kilo.
Ce que des personnes comme elle omettent toujours de préciser, c'est que dans le domaine dans lequel elle exerce, à la grosse louche on va dire "la bd fb tradi", il y a aussi chaque année des brouettes d'albums très médiocres qui sortent.
La proportion de médiocre, elle est à peu près partout pareille. C'est une loi universelle.
"B. Tillier : "Si j’ai choisi de faire de la BD, c’est pour m’échapper de mon quotidien et surtout pas pour devoir le lire en image !"
C'est un choix de sa part et il est respectable.
Mais en tant que lecteur, même quand je lis des romans graphiques autobiographiques, ce n'est pas pour y retrouver mon quotidien.
Quand je lis par exemple le Journal de Fabrice Neaud, sa vie n'a guère de points communs avec mon quotidien. C'est justement au contraire la curiosité et l'envie de découvrir une quotidienneté radicalement différente de la mienne qui me pousse à le lire et me pousse ensuite à l'admiration face à la puissance et à l'intelligence du propos.
Quelles que puissent être leurs qualités respectives, je trouve plus d'altérité dans le Journal de Fabrice Neaud que dans une série de fantasy de Béatrice Tiller.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"