Bolt a écrit:Le roman graphique, symbole de la gentrification de la BD ? (1/3)
Extraits:
Un article d'Alexander Dunst publié il y a quatre mois dans la revue US Jacobin, une revue marquée à gauche, mettait en évidence l'idée que le roman graphique, ou "graphic novel" dans son acception étasunienne, serait une évolution gentrifiée de la bande dessinée : plus noble, plus luxueuxe, plus chère, orientée quasi exclusivement vers les classes moyennes, les CSP+ comme disent les marqueteurs.
(...) Une élite intellectuelle, économique et artistique se serait donc emparée de nos cases et de nos bulles pour créer sa propre discipline sensiblement différente et infiniment plus noble que l’originale ? Suivant cette logique, un grand nom du roman graphique comme Maus serait intrinsèquement supérieur au meilleur des Tintin, au plus réussi des Superman. Comme si, en opérant une telle distinction en deux genres différents, l’un se plaçait par défaut au dessus de l’autre. Au nom de quoi, en fait ?
Cette thèse est impossible à soutenir, ne serait-ce qu’en raison de la grande perméabilité de la mythique frontière. Comment classer Watchmen, d’Alan Moore et Dave Gibbons ? L’œuvre est universellement considérée comme un roman graphique, pourtant lors de sa première publication en feuilleton, Watchmen était perçu comme un comics pur et dur. Il en va de même pour Batman : The Dark Knight Returns de Frank Miller, autre monstre sacré du roman graphique qui, avec les deux précédents constituent le canon du genre. Ce n’est que lors de leur publication en trade paperback (que l’on appelle par chez nous "intégrales") qu’ils gagnent cette nouvelle étiquette.
Et c’est là qu’est le twist : le comics prend du galon et devient Graphic Novel lorsque son écrin se fait plus luxueux. Rien de nouveau sous le soleil : La Comédie humaine de Balzac était d’abord passée en feuilleton avant de devenir un classique de la littérature. (...)
revoilà le marronier du roman graphique
j'ai l'impression que cette expression n'est plus qu'un prétexte remettre une pièce dans le bastringue
et dans le bingo du concept à la con, la gentrification a définitivement remplacé le bobo