C'est avec joie que j'ai accueilli ce nouvel ouvrage de
Richard Corben édité chez
Delirium, qui vient de paraître, et poursuivre la collection en cours sur cet artiste de génie, pour le plus grand plaisir des fans. Et cette fois-ci, l'éditeur sort les pelles pour exhumer ce grimoire sacré, qui fut trop longtemps oublié... car à force de contempler le ciel pourchassant le songe, l'homme a oublié que sous ses pieds repose ses morts, et que ces derniers, eux, rêvent pour toujours.
Qui n'a jamais rêvé, étant enfant, de vivre des aventures épiques dans des mondes aussi étranges qu'étrangers, comme celles de ses héros favoris ?
Imaginez un instant, un petit garçon chétif se retrouve mystérieusement transporté à Neverwhere, une terre qui lui semble inconnue. Dans ce monde fantastique, sauvage et donc, terriblement hostile, la magie règne et les guerres font rage. Cela semble être un destin cruel, mais un autre phénomène étrange s'est également produit, son corps qui était si frêle et faible est maintenant celui d'un homme adulte aux muscles saillants d'une virilité insolente. Est-ce que vous ne fonceriez pas vous aussi, tête baissée dans une quête dangereuse pour combattre des hordes d'ennemis et sauver une demoiselle en détresse intégralement nue ?
Den est une épopée magique et onirique imaginée par Richard Corben en 1973, qu'il poursuivra et terminera en 1978. Pour la plupart de ses fidèles, ce voyage vers nulle part est son plus grand chef-d'œuvre. Car cette fois-ci, à l'image de son héros, Corben se met à nu et puise au fond de lui-même tout ce qui l'a nourri, pour que son fantasme le plus secret puisse enfin prendre vie. C'est un hommage à tous ces auteurs qui l'ont tant fait voyager tels que
Edgar Rice Burroughs, Tolkien, Robert E. Howard, H.P. Lovecraft... Aux peintres rupestres, aux maîtres de la Renaissance, à
Frank Frazetta. Au cinéma grandiose des années 50 ainsi que les pulps et autres magazines d'épouvante. L'homme, libre, crée et c'est toutes ses influences qui explosent dans un feu d'artifice de couleurs dont lui seul, a le secret.
Je recommande cette lecture, le récit est bourré d'action et les dessins sont somptueux.
Concernant l'édition, celle-ci est soignée, comme toujours chez cet éditeur, on y retrouve une préface exclusive de
Mike Mignola, une postface de
Bruce Jones ainsi qu'une galerie de couvertures et croquis.