Richard Corben

[pleyoka]

Message précédent :
Très chouette vidéo en effet, une présentation claire et concise qui donne envie de lire du Corben

[nexus4]

Dites moi les pros de Corben, est-ce que ce dessin de Moebius en fait pas directement référence à un dessin de Corben ? J'en ai l'impression mais je n'arrive pas mettre le neurone dessus.



J'ai bien ça mais je pensais à quelque chose d'encore plus évident.

[EYE OF DOOM]

Qu’est ce qui te fait dire ça ?

[nexus4]

Je viens de compléter mon post.

Sinon, la forme phalique et désaxée du totem, la chauvitude du bonhomme et le traitement graphique. Ca reste du Moeb, mais je vois Corben percer dessous.

[EYE OF DOOM]

C’est marrant, je ne pense pas avoir jamais mis en relation un dessin de Moebius et un dessin de Corben, dans le sens d’un hommage, une influence, un dialogue,.... a l’exception du dessin de Corben pour Arzach.
Pourtant il y a une proba non nulle que Moebius est a un moment donné dessiné un truc en reponse/hommage/allusion à Corben. Peut etre au debut des annees 70.
J’imagine pas dans l’autre sens, je sais pas pourquoi.

[nexus4]

Pourtant on doit pouvoir trouver un dialogue entre les deux. En cherchant bien.
Justement ces deux images par exemple.

Si ce n'a pas déjà été mis ici, le CP de Delirium sur la mort de Corben citait cette réflexion de Moebius :

« Je me souviens (...) du choc que nous avons tous ressenti lorsque la première planche de Richard Corben a littéralement jailli sous nos yeux... Bien sûr, le monde autour de nous n’était pas avare en évènements lourds, avec son cortège de guerres, de violences et misères, sans parler des piétinements sélénites mais au fond, tout ceci n’est que la toile de fond habituelle du train-train planétaire... Ce qui est plus rare et en fait, plus important, c’est Mozart. Mozart ? Vous avez dit ‘’Mozart’’ ? Je l’ai dit, et Mozart, c’est bien autre chose que l’admirable auteur de Cosi Fan Tutti, c’est, plus largement, l’intrusion dans le monde de l’Art d’une divine surprise, l’avènement inattendu d’un enfant doué, sans précédent et sans descendance unique, spécial, imitable mais inégalable et chaque fois, bien sûr, cette comète, ce météore crée un choc, un choc fatal aux dinosaures de tout poil, mais aussi capable de réveiller les endormis à la digestion laborieuse. Richard ‘‘Mozart’’ Corben s’est posé au milieu de nous comme un pic extraterrestre... Il trône depuis longtemps sur le champ mouvant et bariolé de la BD planétaire comme la statue du commandeur, monolithe étrange, sublime visiteur, énigme solitaire... Et puis j’adore les héroïnes de BD dotées d’une forte poitrine. »
MOEBIUS

Et pour être franc, je me demande si le succès de Heavy Metal outre-Atlantique ne doit pas plus à Corben qu'à Moebius.

[EYE OF DOOM]

Je vais jeter un oeil sur ses illustrations pour les livres Opta sur Robert Sheckley et Robert Bloch, on sait jamais.

[nexus4]

Tu vois, au niveau du traitement il ya quelque chose de commun.



Coté Moebius, c'est rarement aussi proche. Ca reste du Moebius, mais le rendu est très Corben.

[Cabarezalonzo]

Moi, perso, l'influence de Corben, elle m'a toujours semblée évidente, a minima, dans le logo que Moeb a dessiné pour les Humanoïdes Associés.


Mais aussi dans divers récits d'Arzach et en particulier celui qui a fourni aux deux premières éditions leur illustration de couverture,



Cette histoire où Arzach affronte un monstre hideux, à la bite énorme montrée en gros plan avec ses testicules, au cas où ce détail anatomique pourrait échapper au lecteur pressé et un rien distrait.
C'est à l'époque de la création de ce personnage que Moebius a pondu son éloge.
Aussi, quoi de plus normal finalement, que Corben, en retour, participât à l'hommage collectif vis-à-vis d'Arzach ?

Là, également, le mec agressif présente des traits communs avec Den (crâne lisse comme un œuf), pratiquement à loilpé, musclé même si moins bodybuildé que Den.
D'ailleurs, Arzach himself apparaît dans le plus simple appareil dans ce même album de 1976.


Et relevons que dans The Long to-morrow (scénar. de Dan O'Bannon mais liberté graphique de Moeb...), on retrouve au paddock un chauve bien bâti (et cette fois, Moeb nous donne aussi à contempler le phallus du type qui copule avec un alien tentaculaire qui avait initialement l'apparence d'une femme sexy).

Et un clone de Den, please !...


Calvitie et peu ou pas de vêtements... Encore un clone de Den ensablé dans le Désert B ?...


Mais à la réflexion, l'influence de Corben est déjà présente dans la couverture que Gir propose à Pilote en 1973 et dans le géant à poil de son court récit mythique "La Déviation", très souvent accolé à la saga d'Arzach.


Rien d'étonnant à cela. En supposant (tout à fait gratuitement) que Giraud n'eût jamais vu en VO la moindre BD underground de Corben à cette époque, depuis 1972 Corben (Rolf, etc...) est publié en France dans le magazine Actuel que Moebius, comme tous les auteurs d'avant-garde de sa génération, lisait !...

[EYE OF DOOM]

Bien vu.
Mais quand meme, des creatures plantureuses en tenue d’eve on en croisse pas souvent chez Moebius !
Donc j’ai du mal a voir où est la vraie influence

[Cabarezalonzo]

des creatures plantureuses en tenue d’eve on en croise pas souvent chez Moebius !

Il y en a (puisque c'est tout de même son idéal féminin), mais en effet, elles sont disséminées parcimonieusement, sauf quand il se lâche dans un recueil comme Eros libris.

Mais Corben lui-même, au bout de quelques années, est passé à autre chose. Les muscles hypertrophiés étaient toujours bien présents, mais les bites, les nibards et les derrières aux quatre vents se sont faits discrets...

[nexus4]

En plus grand.

[Sysy77]

C'est malin : vous parlez d'influences entre Corben et Moebius, mais avec le dernier dessin en gros plan sorti par Nexus, je vois du...

[Révéler] Spoiler:

Bilal !

[Cabarezalonzo]

Merci, nexus4 pour l'agrandissement.

C'est malin : vous parlez d'influences entre Corben et Moebius, mais avec le dernier dessin en gros plan sorti par Nexus, je vois du...

[Révéler] Spoiler:

Bilal !

Normal, Bilal à cette époque était un petit jeune qui pompait dur sur le Docteur Gir et son pote Moebius.

Ce dont nous sommes tous à peu près certains, c'est qu'en 1973, Corben ne pompait pas sur Bilal !

Quant à Gir, nul besoin de pomper chez lui. Il s'était affranchi de Jijé, ça n'était pas pour chercher d'autres maîtres de substitution.
De plus, on sait un peu comment il fonctionnait. Il matait des trucs, puis dormait, rêvait, les trucs cheminaient dans son subconscient, passaient à la moulinette "moebius"... Et quand ça remontait au cerveau alors qu'il se trouvait devant sa table à dessins, qu'il eût ou non fumé un pétard, lorsque sa main agitait le pinceau ou la plume les influences avaient été assimilées, digérées, mélangées à ses propres fantasmes et styles en perpétuel devenir.

[nexus4]

Si, si, il pompait grave.

[Cabarezalonzo]

Oui, une fumée qui l'inspirait, paraît-il...

[EYE OF DOOM]

Recu hier.

[archie07]

Normal, Bilal à cette époque était un petit jeune qui pompait dur sur le Docteur Gir et son pote Moebius.

un petit jeune qui pompe dur, normal, c'est le cycle de la vie.
Ca se calme après, avec l'âge ...

Voilà, c'était mon analyse artistique à moi !

[onehmouninehl]

Recu hier.

Quel talent...

[fluoxet]

Dès les premières cases on pense à Den, avec un univers fantastique peuplés de monstres, le superbe travail sur les couleurs ou les corps bodybuldés.
L'histoire est un prétexte à la découverte de ce "monde trouble" et des tribulations de son héros un peu niais, avec une boucle finale inattendue.
Pour son dernier album publié de son vivant, Richard Corben nous offre un superbe récit du niveau de Den ou des Mille et une Nuits.
Merci et chapeau l'artiste !

[Cabarezalonzo]

Il faudrait que je relise Den (même si ce n'est pas ce que je préfère chez Corben), lu il y a une éternité. Je me programme ça pour 2021.

Pour l'instant, je déguste, à raison de deux ou trois récits maximum par jour, ces fameux récits courts présentés par l'oncle Creepy et le cousin Eerie.


Ces histoires étaient jadis éparpillées dans un tas d'albums (ou de revues) avec une qualité de reproduction variable (parfois meilleure, mais parfois aussi moins bonne que l'édition Dark Horse) et on peut se réjouir qu'elles soient groupées dans les deux albums du label Délirium (visuels au-dessus) pour la VF.



Dans l'ensemble, les récits bénéficient pleinement du soin et du travail de restauration apportés par Corben et José Villarrubia. Notamment quant les éditeurs ont pu repartir des planches demeurées en la possession de Corben (quelques-unes, hélas, pas la majorité...) ou des originaux aimablement prêtés par Déesse (exclusivité pour Délirium).

Je fais donc durer le plaisir, je le prolonge autant que je peux en savourant à petites doses ces pépites dont certaines se sont bonifiées avec le temps.