Les deux derniers tômes des séries "Le pouvoir des innocents" et "L'esprit de Warren" ont mis un certain temps à sortir.
A quoi cela est il du : Problème de trouver la bonne fin ? nécessité de prendre du recul pour mieux finir ?
Aujourd'hui, grace à l'expèrience, cela doit être plus facile de finir ?
De telles séries étendues sur le temps d'exécution sont elles faciles, émotionellement, à terminer ? de se dire, je passe à autre chose, je tourne une page ?
Merci pour les réponses
Pour le Pouvoir des Innocents, oui, c'était clairement une grosse angoisse, parce qu'on savait que tant les libraires que les lecteurs attendaient ce dernier tome pour s'enthousiasmer définitivement. Je ne pense pas que ce soit de la parano, parce que j'en ai parlé avec quelques amis et ils m'ont confirmé qu'ils étaient convaincus qu'un jeune scénariste était incapable de porter jusqu'au bout un scénario aussi ambitieux.
De plus, c'était le dernier voyage que l'on pensait faire avec une famille de personnages avec lesquels on a vécu quotidiennement pendant 12 ans avec Laurent Hirn. Franchement, il n'y avait pas l'envie de mettre le mot fin en bas de la page et de tourner celle-ci sur autre chose (la preuve, il a fallu 4 ans à Laurent Hirn pour quitter le Pouvoir et réaliser le premier Sourire du Clown).
Bref, on a trainé, souspesé et trouvé tout un tas d'excuse pour aller le plus lentement possible
Grand bien nous a pris finalement parce que le succès a été au rendez-vous avec ce dernier tome.
Pour l'Esprit de Warren, c'est un peu différent, quoi que lié... Je devais attaquer le tome 4 de Warren au moment où le dernier Pouvoir sortait et où ma femme est tombée enceinte de notre premier enfant. Ce double choc émotionnel m'a complètement démobilisé pendant une année complète. Au chomage, Servain a attaqué le tome 2 de Siloé (avec mon accord, bien entendu)... puis, on a réalisé ce dernier tome, pas facile non plus, car très attendu avec la crainte de décevoir des lecteurs qui avaient eu le temps de se faire le film durant 7 ans.
Au final, ça a beaucoup joué contre la série... trop d'attente et des lecteurs et un éditeur un peu démobilisé.
Et pour conclure, non, ce n'est toujours pas plus facile de conclure une histoire aujourd'hui, j'en sais quelque chose alors que je suis en train de travailler sur les conclusions du Sourire du Clown et de la Mémoire dans les Poches. On sait qu'on a un potentiel énorme entre les mains et qu'il ne faut pas le gâcher. C'est parfois, juste, paralysant.